9 juin 2006

Kamchatka (2002) de Marcelo Piñeyro

Kamchatka Elle :
Un film argentin d’une grande intensité et à la mise en scène dépouillée. 1976, à Buenos Aires, le général Videla prend le pouvoir par la force. Marcelo Piñeyro nous fait vivre le drame d’une famille chaleureuse par les yeux d’un enfant qui tente de comprendre l’univers et les mensonges des adultes. A l’écart du monde, la famille doit se cacher et tente malgré tout de vivre normalement malgré la lourde menace d’être arrêtée et de disparaître à jamais. La force du film est de créer ce climat d’attente et d’angoisse entrecoupé de grands moments de bonheur. Des liens très forts unissent les parents et les enfants. La dictature rôde mais on ne la voit et on ne l’entend pas. Tout est suggéré par des regards, des silences, le souffle du vent. On sent peu à peu que le destin des parents est inéluctable. Kamchatka est un film très émouvant qui fait ressurgir les fantômes des dictatures.
Note : 5 étoiles

Lui :
Aucune scène de violence ni de torture dans ce film qui témoigne de l’après-coup d’état militaire de 1976 en Argentine. C’est tout juste si l’on entrevoit des militaires dans une scène. Non, tout est vu depuis les yeux d’un enfant de 10 ans dont les parents fuient une menace qui reste invisible mais bien réelle. Le film traite surtout de la relation parents/enfants dans cette situation d’urgence, où tout peut basculer d’un moment à l’autre. Filmé avec délicatesse, en accordant une grande place à ces petites choses qui remplissent l’univers d’un enfant, Kamchatka est un film assez attachant mais qui pêche parfois par un certain académisme. L’interprétation des acteurs, les deux parents tout comme les deux enfants, est vraiment remarquable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ricardo Darín, Cecilia Roth, Matías Del Pozo
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcelo Piñeyro sur le site IMDB.

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2 juin 2006

Amours chiennes (2000) de Alejandro González Iñárritu

Titre original : « Amores perros »

Amours Chiennes Elle :
Une belle découverte avec ce film mexicain d’une grande dextérité et intensité dramatique. Il nous montre trois destins qui se croisent au même endroit, lors d’un accident de voiture à Mexico. Le réalisateur nous dévoile peu à peu ces trois histoires d’amour qui se déroulent en compagnie de chiens, présents tout au long du film. Chiens de combat pour faire gagner de l’argent à un jeune couple sans le sou, chien de riche qui tient compagnie à une jeune femme accidentée, chiens errants avec un vagabond grisonnant qui rêve de retrouver la fille qu’il a lâchement abandonnée. Alejandro González Iñárritu nous plonge dans un monde de violence, de pauvreté, d’amour déçu et de rêves avortés. Le montage du film est incisif, nerveux et inventif; les personnages laissent passer sur leurs visages beaucoup d’émotion. Un film plein d’humanité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Amour chiennes : Il se dégage une grande force de ce film, que ce soit sur le plan du scénario qui fait se croiser trois histoires se déroulant dans un monde totalement différent, ou sur le plan de la mise en scène : Alejandro González Iñárritu utilise parfaitement une camera très vive, avec une bonne utilisation des gros plans et surtout un montage très dynamique qui donne des images que l’on a parfois l’impression de recevoir comme un coup de poing. La scène qui ouvre le film nous met d’ailleurs tout de suite dans le bain, elle nous attrape pour ne plus nous lâcher ensuite. L’ensemble est très réussi, assez sombre dans son propos et sur le monde qu’il nous décrit, avec seulement quelques faiblesses en milieu de film sur la deuxième histoire.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emilio Echevarría, Gael García Bernal, Goya Toledo
Voir la fiche du film et la filmographie de Alejandro González Iñárritu sur le site IMDB.

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1 décembre 2005

La Cité de Dieu (2002) de Fernando Meirelles et Kátia Lund

Titre original : « Cidade de Deus »

La Cité de Dieu Elle :
Quel film fascinant et quel cinéma ! Du grand art. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film si fort de par son sujet, ses interprètes et ses images. Une réelle expérience forte en émotions. C’est à travers la voix off d’un gosse de la favella de la Cité de Dieu qu’on voit de l’intérieur la vie et l’évolution de la favella sur une période de vingt ans. Un montage savant dont aucune image n’est gratuite rythme en accélérés, ralentis, pauses, fondus le coeur de la cité avec tout son lot de malheurs, de pauvreté et de crimes commis par des enfants et adolescents. On est happé par la brutalité et crudité des situations sans jamais voir une goutte de sang. C’est dans ce choix réaliste de montrer la violence sans jamais tomber dans le voyeurisme sanguinolent que les deux réalisateurs excellent. La bande-son mâtinée de rythmes brésiliens et de percussions ponctue sourdement tous ces destins sans avenir. Un film à ne manquer sous aucun prétexte.
Note : 5 étoiles

Lui :
La cité de Dieu La Cité de Dieu est un film assez étonnant qui parvient à nous plonger dans l’univers d’une favella brésilienne et de la guerre des gangs qui y perdure. La mise en scène est très innovante, que ce soit dans le déroulement narratif, avec ses flash-back tout en douceur, ou dans le jeu de caméra, une caméra qui se fait très véloce ou avec de brusques accélérations ; ces effets, loin d’être gratuits, viennent accentuer le climat créé. La mise en scène est aussi extrêmement réaliste, authentique même. Un film vraiment convaincant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino, Phellipe Haagensen
Voir la fiche du film et la filmographie de Kátia Lund et de Fernando Meirelles sur le site imdb.com.

14 novembre 2005

Les Neuf Reines (2000) de Fabián Bielinsky

Titre original : « Nueve reinas »

Les Neuf Reines Elle :
Malgré de bonnes choses et de bons acteurs dans ce film argentin, on n’adhère pas complètement et même on s’ennuie parfois. Deux hommes s’associent pour escroquer les gens. Leurs confrontations sont assez longues. Nous sommes au royaume de l’arnaque, des combines foireuses et de la débrouille. La crise économique est là et le système D est roi. On ne peut se fier à personne et tout le monde manipule ou se fait manipuler. La fin est excellente avec un retournement de situation inattendu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans le style « escroqueries et manipulations », le film Les Neuf Reines est plutôt réussi : les apparences sont trompeuses, tout relève de la manipulation et la fin n’est pas celle que l’on imaginait. Le film dresse un portrait assez amer de l’Argentine, portrait où les magouilles et corruptions sont omniprésentes. Les Neuf Reines se laisse regarder, assez plaisant avec de bonnes notes d’humour, mais que l’on oubliera sans doute trop vite.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gastón Pauls, Ricardo Darín, Leticia Brédice
Voir la fiche du film et la filmographie de Fabián Bielinsky sur le site IMDB.

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8 octobre 2005

Carnets de voyage (2004) de Walter Salles

Titre original : « Diarios de motocicleta »

Carnets de voyage Elle :
Je sais que je risque de choquer mais je n’ai beaucoup accroché au film de Walter Salles. Je dirais même que j’ai trouvé ces Carnets de voyage assez ennuyeux. Je trouve les intentions louables mais je n’ai pas été touchée et happée par le traitement de cette histoire qui je trouve manquer de souffle et d’émotion. Le réalisateur semble avoir du mal à remplir ce périple. Ces deux jeunes bourgeois, dont le futur Che, voyagent à travers l’Amérique latine pour le plaisir mais finissent par se rendre compte de la réalité de la misère et de l’injustice qui accablent les pays traversés. Le mythe du Che suffit-il à nous tenir en haleine ?
Note : 2 étoiles

Lui :
Le film de Walter Salles est plutôt agréable à regarder mais on peut lui reprocher son côté consensuel : le sujet est plutôt dans l’air du temps, les images sont belles et le réalisateur a choisi de se concentrer sur les relations entre nos deux voyageurs… l’ensemble paraît trop poli, arrondi aux entournures. Bien sûr, il y a la misère sous-jacente, celle qui doit entraîner une certaine prise de conscience chez le futur Che Guevara mais, même elle, parait trop esthétique. Ceci engendre un manque de force émotionnelle au film et ce n’est que dans la dernière partie, à la léproserie, que le film est plus convaincant. C’est toutefois un film qui se laisse regarder, mais sans franchement déclencher d’enthousiasme.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gael García Bernal, Rodrigo de La Serna
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2 octobre 2005

Avril brisé (2001) de Walter Salles

Titre original : « Abril Despedaçado »

Avril briséElle :
Adaptation du roman de l’écrivain albanais Ismail Kadare. Une histoire de haine ancestrale entre deux familles perdues au fond du désert brésilien où tour à tour il faut venger la mort d’un fils. Les pères sont tyranniques et font en sorte que la tradition perdure. Le réalisateur de Central do Brasil rend compte de la rudesse de la vie et la pauvreté des âmes. Les enfants subissent le destin que leurs parents ont forgé pour eux. Les deux fils sont attachants de par leur méconnaissance des autres et du monde. Ils ne demandent qu’à s’ouvrir vers l’extérieur et apprendre. Les images sont magnifiques.
Note : 4 étoiles

Lui :
Avril brisé est surtout un film assez esthétique, basé sur une histoire assez improbable de vendetta meurtrière entre deux familles voisines. Les images sont plutôt belles, le héros (et l’héroïne) sont beaux mais en final on reste sur une impression de légère inutilité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: José Dumont, Rodrigo Santoro, Rita Assemany, Ravi Ramos Lacerda
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7 août 2005

Historias mínimas (2002) de Carlos Sorin

Historias mínimas Elle :
Une belle surprise avec ce film argentin qui jette un regard tendre et plein d’humour sur les espoirs et les doutes de trois personnages qui se mettent en route pour San Jullian afin d’y réaliser leurs rêves. Ce road-movie traverse les grands et beaux déserts de Patagonie dont l’éclairage n’est pas toujours raccord avec les scènes intérieurs de voiture. Mais peu importe, l’essentiel est ailleurs avec ces trois personnes qui deviennent très attachantes. Maria va passer dans un jeu télévisé miteux pour gagner au final une trousse de maquillage; le grand-père Don Justo est à la recherche de son chien moraliste ; Roberto fait réaliser un gâteau en forme de tortue pour l’enfant de la fille dont il est amoureux. L’enjeu de ces trois parcours qui parait au premier abord dérisoire témoigne des histoires intimes qui habitent chacun d’entre eux et qui sont essentielles à leur survie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Trois histoires qui s’entremêlent, sans rapport entre elles si ce n’est qu’elles se passent au fin fond de la Patagonie. Des histoires simples, assez attachantes, et qui mine de rien font intervenir tout un lot de sentiments élémentaires. Le parcours de ce nonagénaire qui part chercher son chien à pied n’est d’ailleurs pas sans rappeler Une histoire vraie de David Lynch, avec ses rencontres aussi inattendues que chaleureuses. Au final, c’est un beau film, à la fois simple et fort.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Javier Lombardo, Antonio Benedicti, Javiera Bravo
Voir la fiche du film et la filmographie de Carlos Sorin sur le site IMDB.

5 août 2005

« La Ciénaga » (2001) de Lucrecia Martel

CienagaElle :
Abandon au bout de 30 mn. On assiste au délitement de familles oisives au bord d’une piscine nauséeuse. L’ambiance glauque qui met très mal à l’aise devient vite insupportable. On ne voit pas bien où le metteur en scène a voulu en venir.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Il m’est un peu difficile de parler de ce film auquel je n’ai absolument pas accroché. D’une part, cette façon de filmer très près des personnages est on ne peut plus désagréable et stressante, et d’autre part cette famille en semi-décomposition, sans but, n’est pas très attirante. Sans doute, le réalisateur a t-il voulu montrer ainsi sa vision de la société argentine actuelle mais il faut arriver à dépasser le côté un peu nauséeux du film.
Note : pas d'étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Lucrecia Martel sur le site imdb.com.

11 juin 2005

« Le Premier jour » (1998) de Walter Salles et Daniela Thomas

Titre original : « O Primeiro Dia »

Le Premier jourElle :
Les ruelles de Rio de Janeiro, trois personnages dont on suit pendant 24 heures le parcours à la veille de l’an 2000. C’est un film à la fois singulier, désespéré et beau. Un détenu doit tuer son meilleur ami s’il veut s’évader ; cet ami a un gang à ses trousses ; enfin une jeune femme abandonnée par son amant veut se suicider. Ces personnages vont se croiser mais ils sont englués dans leur avenir alors qu’ils vont changer de millénaire. C’est donc sur fond de fêtes et de meurtre, que Walter Salles promène sa caméra agile dans les ruelles en pente de Rio. Ce labyrinthe d’escaliers fait penser aux destins inextricables auxquels ils sont condamnés. Les lumières chaudes et les beaux éclairages donnent du souffle au film.
Note : 4 étoiles

Lui :
Après une mise en place des personnages un peu confuse, le film parvient bien à établir son atmosphère, particulièrement au travers de la vision que Walter Salles nous offre des favelas, une vision réaliste mais sans misérabilisme. Il faut noter qu’il s’agit de la version longue d’un téléfilm produit pour Arte dans la série « 2000 vu par…. » et donc ce film souffre un peu des limitations du genre. Il aurait certainement profité d’un scénario un peu plus élaboré et travaillé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernanda Torres, Luiz Carlos Vasconcelos
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