22 août 2019

L’Homme qui défiait l’infini (2015) de Matt Brown

Titre original : « The Man Who Knew Infinity »

L'Homme qui défiait l'infiniAu tout début du XXe siècle, Srinivasa Ramanujan, passionné par les mathématiques, peine à trouver un travail dans sa ville de Madras en Inde et parvient in extremis à se faire embaucher comme comptable. Il envoie certaines de ses formules à divers mathématiciens anglais et l’un d’eux le fait venir à Cambridge…
L’Homme qui défiait l’infini est un film britannique basé sur la biographie écrite par l’américain Robert Kanigel. C’est un biopic assez classique dans sa forme et son déroulement. Il a toutefois le mérite d’être fidèle à la réalité. Il met bien en relief le choc entre deux approches des mathématiques : celle qui s’appuie sur les démonstrations, vision qui prévalait à l’époque en Angleterre, et celle qui laisse la part belle à l’intuition. Cette partie n’est pas exagérée : dans la réalité, il a effectivement fallu attendre presque un siècle entier pour que toutes les équations de Ramanujan soient démontrées et vérifiées. Le film est l’occasion de revoir Dev Patel, le garçon de Slumdog Millionaire. Jeremy Irons offre comme toujours une interprétation parfaite, même s’il est un peu âgé pour le rôle (G.H. Hardy n’avait que 36 ans quand il a fait venir Ramanujan), et sa voix est toujours un délice pour les oreilles. Le film n’est pas sorti en salles en France.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irons, Dev Patel, Toby Jones, Stephen Fry
Voir la fiche du film et la filmographie de Matt Brown sur le site IMDB.
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L'Homme qui défiait l'infiniJeremy Irons et Dev Patel dans L’Homme qui défiait l’infini de Matt Brown.

 

* Autre film sur le mathématicien Srinivasa Ramanujan :
Ramanujan de Gnana Rajasekaran (Inde, 2014) avec Abhinay Vaddi.

25 juillet 2019

Sa Majesté des Mouches (1963) de Peter Brook

Titre original : « Lord of the Flies »

Sa majesté des mouchesLors d’un conflit atomique mondial, un groupe d’écoliers britanniques de la haute société est mis dans un avion pour aller se réfugier en Australie. L’avion s’écrase sur une île déserte. Seuls rescapés, une quinzaine d’enfants vont tenter de s’organiser pour survivre…
Lord of the Flies est au départ un roman de William Golding édité en 1954, devenu un classique de la littérature anglaise, tout en suscitant souvent la controverse. L’auteur y explore l’opposition entre l’influence civilisatrice de la raison et la barbarie instinctive de l’homme. Chacun des enfants principaux a un caractère propre : Ralph symbolise la raison et la République, Piggy le savoir et la connaissance, Jack le pouvoir guerrier, etc. Le roman a été porté au grand écran par deux fois mais cette version du très grand metteur en scène de théâtre qu’est Peter Brook est de loin la plus importante des deux. Beaucoup a été improvisé : plus de 60 heures de film avec les enfants ont été tournées pour ne garder que 90 minutes. Le propos de Lord of the Flies est philosophiquement assez fort, on retrouve l’éternelle opposition entre Hobbes et Rousseau, et cette force est bien présente dans le film de Peter Brook.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Aubrey, Tom Chapin, Hugh Edwards, Nicholas Hammond
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Sa majesté des mouchesJames Aubrey dans Sa majesté des mouches de Peter Brook.

Remarques :
* Contrairement au roman, le film n’explique pas le titre même si l’on voit fugitivement la tête de porc attirant les mouches. A noter que « Lord of the Flies » est aussi une traduction possible du mot « Belzébuth ».

* De tous les enfants, seuls James Aubrey (qui interprète Ralph, celui qui est élu chef) et Nicholas Hammond (Robert) ont eu ensuite une carrière d’acteur.

* Le tournage s’est déroulé pendant les vacances scolaires des enfants. Le film ayant été classé X par le British Board of Film Censors, les enfants qui ont joué n’ont pu voir le film à sa sortie.

* Peter Brook a utilisé deux caméras : tandis qu’il soignait ses cadrages sur la première, Gerald Feil avait toute liberté pour filmer ce qu’il désirait avec la seconde. Peter Brook a déclaré avoir largement utilisé des plans de cette seconde caméra au montage.

* Autre adaptation :
L’Île oubliée (Lord of the Flies) par l’anglais Harry Hook (1990)

9 juin 2019

L’Arnaqueuse (1970) de Peter Hall

Titre original : « Perfect Friday »

L'arnaqueuseA Londres, Mister Graham (Stanley Baker) est un sous-directeur de banque qui envie ses riches clients et trouve sa vie bien ennuyeuse. Il décide de voler de l’argent dans la chambre forte. Pour cela, il a besoin d’un et d’une complice. Ce seront Lady Britt Doreset (Ursula Andress), aussi dépensière que désargentée, et son mari, un Lord oisif (David Warner)…
Peter Hall (Sir Peter Reginald Frederick Hall) a beaucoup plus marqué le théâtre shakespearien britannique que le cinéma, pour lequel il n’a que peu tourné. Son film le plus marquant est certainement Akenfield (1974), adaptation d’un roman de Ronald Blythe. Perfect Friday est beaucoup plus léger : il s’agit d’une histoire d’escroquerie, qui ne parait pas particulièrement originale (surtout à nos yeux modernes) mais qui repose sur un bon trio d’acteurs. Ils font tous trois une solide prestation. Bien entendu, le film utilise largement les charmes d’Ursula Andress pour rendre l’ensemble plus avenant et plaisant. Le suspense est assez présent dans la dernière partie. On notera l’importance du mensonge dans cette histoire : les personnages se mentent mutuellement à peu près constamment, sans que ce soit caché au spectateur, bien au contraire…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ursula Andress, Stanley Baker, David Warner
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Perfect Friday
Ursula Andress et Stanley Baker dans L’arnaqueuse de Peter Hall.

8 juin 2019

Flash Gordon (1980) de Mike Hodges

Flash GordonUn tyran intergalactique, l’empereur Ming de Mongo, met la Terre en grand danger. Le Docteur Zarkov est le seul humain à en avoir conscience et a construit une fusée pour aller à l’origine de la menace. Il force la journaliste Dale Arden et « Flash » Gordon, jeune star de football américain, à être du voyage. A peine arrivé près de Mongo qu’ils sont capturés par Ming…
Flash Gordon est une bande dessinée d’Alex Raymond publiée à partir de 1934 (en France, sous le nom Guy l’Eclair), probablement la plus éclatante réussite de la bande dessinée de science-fiction : son inventivité, ses riches décors en couleurs, son univers futuriste et ses étranges personnages lui assurèrent un succès et une longévité rare. Il fut adapté à l’écran dès les années trente sous forme de serial. Fellini et George Lucas tentèrent d’acquérir les droits mais c’est Dino De Laurentiis qui finit par les acheter et confia la réalisation à l’anglais Mike Hodges. Le budget alloué fut très important (équivalent au second Star Wars par exemple) mais hélas le résultat est bien décevant. Malgré des décors et costumes assez exubérants et faisant preuve d’une belle imagination, la magie n’opère pas. L’histoire est assez simplifiée et le jeu de l’acteur principal Sam Jones, un sportif bellâtre sans expérience d’acteur, est vraiment épouvantable ; il tend à transformer l’ensemble en nanar. Max von Sydow et Ornella Muti sont d’un tout autre niveau mais sont pratiquement les seuls à faire preuve de présence à l’écran. Techniquement, le film utilise beaucoup les incrustations qui sont parfois très visibles, surtout à nos yeux modernes. La musique a été composée et interprétée par la groupe Queen.  Flash Gordon n’eut aucun succès et les suites prévues ne virent jamais le jour.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sam J. Jones, Melody Anderson, Max von Sydow, Ornella Muti, Timothy Dalton
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Flash Gordon
Sam J. Jones et Ornella Muti dans Flash Gordon de Mike Hodges.

Flash Gordon
Max von Sydow et Peter Wyngarde dans Flash Gordon de Mike Hodges. Le costume de Max von Sydow pesait plus de 35 kgs et il ne pouvait le porter plus de quelques minutes d’affilée.

Flash Gordon

Autres adaptations :
1936 : Flash Gordon de Frederick Stephani et Ray Taylor (245 mn en 13 épisodes) avec Buster Crabbe
1938 : Flash Gordon’s Trip to Mars (Les nouvelles aventures de Flash Gordon) de Ford Beebe et Robert F. Hill (299 mn)
1940 : Flash Gordon Conquers the Universe (Flash Gordon à la conquête de l’univers) de Ford Beebe et Ray Taylor (220 mn)
La bande dessinée a également été adaptée en série TV en 1954-55 : Flash Gordon (produite en Allemagne pour la TV américaine) ainsi qu’en série d’animation à plusieurs reprises (1982, 1986, 1996).
A noter également une parodie mâtinée de pornographie, Flesh Gordon (1974) de Michael Benveniste et Howard Ziehm (film réputé très mauvais).

22 mai 2019

La Mort de Staline (2017) de Armando Iannucci

Titre original : « The Death of Stalin »

La Mort de StalineLa Mort de Staline est une comédie satirique britannico-franco-belge réalisée par l’écossais Armando Iannucci. Il s’agit de l’adaptation de la bande dessinée française homonyme de Thierry Robin et Fabien Nury. L’histoire se concentre sur luttes de pouvoir entre les six principaux membres du Politburo, le tout artificiellement concentré sur les quelques jours qui suivent la mort du dictateur.
Mettre en scène des personnages si sombres avec humour n’est pas sans poser des problèmes de principe. Si Beria est bien présenté comme un personnage odieux et criminel, d’autres comme Malenkov apparaissent plus grotesques que dangereux alors qu’ils sont en réalité responsables chacun de dizaines de milliers de morts. Mais l’humour ne pourrait-il pas être l’une des meilleures armes contre les dictatures ? Ne serait-ce qu’en rappelant ces (mé)faits ?
Tous ces questionnements nous viennent toutefois après la projection car le film se révèle un vrai délice au niveau des dialogues, avec un humour acide et toujours très vif. Les acteurs sont anglais et américain. La prestation de Steve Buscemi en Khrouchtchev est la plus démonstrative et jouissive. On notera aussi la présence de l’ex-Monty Python Michael Palin. L’histoire reste assez proche de la réalité historique ; le plus terrifiant dans tout cela est que ce sont les évènements qui paraissent les plus improbables qui sont en fait les plus authentiques (1).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Steve Buscemi, Simon Russell Beale, Jeffrey Tambor, Michael Palin, Jason Isaacs, Olga Kurylenko, Rupert Friend
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Remarques :
* Entendre tous ces soviétiques s’exprimer en anglais/américain populaire (avec la cargaison de f… qui s’impose) dérange quelque peu en début de film mais on s’y habitue.
* Le film a été interdit de projection en Russie au motif qu’il « s’en prend à des symboles nationaux. »

(1) Par exemple sont authentiques : le concert refait, les repas-souleries face à Staline, le corps inanimé gisant dans une flaque d’urine pendant des heures, l’absence de secours car personne n’osait prendre d’initiative, l’absence de médecin personnel car tous avaient été congédiés ou déportés, les 1600 morts dans la bousculade des funérailles, la femme de Molotov libérée, etc… En revanche, les luttes de pouvoir ont été bien plus étalées dans le temps. L’éviction de Béria eut lieu trois mois après le décès, on ne connait d’ailleurs toujours pas le déroulement exact de son exécution.

La Mort de Staline
Michael Palin (Molotov), Jeffrey Tambor (Malenkov), Rupert Friend (fils de Staline), Steve Buscemi (Khrouchtchev) et Simon Russell Beale (Beria) dans La Mort de Staline de Armando Iannucci.

La mort de Staline
Steve Buscemi, Olga Kurylenko (la pianiste Maria Youdina) et Simon Russell Beale dans La Mort de Staline de Armando Iannucci.

La Mort de Staline
Steve Buscemi, Simon Russell Beale et Adrian McLoughlin (au sol) dans La Mort de Staline de Armando Iannucci.

29 mars 2019

Temps sans pitié (1957) de Joseph Losey

Titre original : « Time Without Pity »

Temps sans pitiéUn homme d’âge mûr assassine une jeune fille dans un appartement moderne orné d’une peinture de Goya. Plus tard, un romancier arrive à Londres après une cure de désintoxication au Canada. Son fils doit être exécuté dans les vingt-quatre heures pour le meurtre de la jeune fille…
Temps sans pitié est librement adapté d’une pièce policière d’Emlyn Williams. Mais le film n’est pas une énigme policière puisque nous savons dès les premières minutes qui est le coupable (dans une scène particulièrement puissante). Ce n’est pas non plus un pamphlet contre la peine de mort, même si le sujet est brièvement évoqué. Temps sans pitié est essentiellement un suspense où Losey joue avec le temps et crée une très forte tension basé sur le rythme et sur un certain malaise qui émanent des personnages dont on perçoit peu à peu les perturbations les plus profondes. Losey introduit aussi une bonne dose de fragilité, essentiellement par le personnage du père toujours sur le point de céder à son alcoolisme. Le film est remarquablement bien construit, avec certaines scènes qui répondent à d’autres. La fin est particulièrement forte et inattendue. Temps sans pitié marque le retour de Joseph Losey à la pleine lumière après avoir été victime du maccarthysme. Il signe de nouveau de son vrai nom et son succès, notamment en France, lui ouvrira les portes d’une reconnaissance internationale.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Redgrave, Ann Todd, Leo McKern, Paul Daneman, Peter Cushing, Alec McCowen
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Temps sans pitié
Michael Redgrave et Leo McKern dans Temps sans pitié de Joseph Losey.

17 mars 2019

Non-Stop (2014) de Jaume Collet-Serra

Non-StopLe vol sans escale de New York à Londres commence plutôt bien pour Bill Marks, puisqu’il a une charmante voisine de siège. Mais peu après le décollage, il va se retrouver précipité dans une suite d’évènements plutôt énigmatiques…
Il n’est pas facile d’innover dans les histoires de détournement d’avion : c’est pourtant ce que réussissent les scénaristes de Non-Stop, une production anglo-franco-américano-canadienne réalisée par le catalan Jaume Collet-Serra. L’enchaînement des évènements intrigue et étonne et la tension monte continuellement. Il est inutile d’en dire plus, moins l’on en sait avant de regarder le film et mieux ce sera. Liam Neeson fait une bonne prestation, Julianne Moore étant plutôt en pilotage automatique. Plaisant sans être vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Liam Neeson, Julianne Moore
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Non-Stop
Liam Neeson dans Non-Stop de Jaume Collet-Serra.

13 mars 2019

Man on the Moon (1999) de Milos Forman

Man on the MoonMan on the Moon retrace la carrière du comédien humoriste américain Andy Kaufman. Nous ne l’avons pas connu en France mais il fût, pendant une décennie (jusqu’à sa mort en 1984), l’une des grandes figures de la contre-culture américaine. Il est totalement inclassable : ce n’est pas un humoriste qui raconte des blagues, disons qu’il pratiquait plutôt les happenings humoristiques. Il créait des situations où toutes les barrières entre scène et vie réelle n’existaient plus : selon Scott Alexander, l’un des coscénaristes du film, « il remettait en cause toutes les perceptions de la réalité autour de lui ». Et il entretenait le doute : par exemple, la vérité de l’histoire avec le catcheur n’a été connue que dix ans après sa mort. Jim Carrey s’est totalement investi dans son personnage, pour lequel il a une grande admiration, s’effaçant pour mieux s’identifier à lui. Il nous fait passer par tout le spectre des sentiments, de la consternation à la jubilation. Et il sait aussi être émouvant. Du grand art.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love, Paul Giamatti
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Remarques :
* Le titre Man on the Moon vient du morceau enregistré par le groupe R.E.M. en 1992 en hommage à Andy Kaufman.
* Jerry Lawler (le catcheur) joue son propre rôle, le véritable George Shapiro (interprété dans le film par Danny DeVito) interprète le patron de boîte qui vire Kaufman en début de film, le véritable Bob Zmuda (le compère interprété  dans le film par Paul Giamatti) interprète le producteur de la série Fridays avec lequel Jim Carrey/Andy Kaufman se bagarre.
* On peut aujourd’hui voir sur YouTube les sketches réels d’Andy Kaufman et constater que le film est vraiment très proche de la réalité.

Man on the moon
« Here I come to save the daaaay »…
Jim Carrey est Andy Kaufman dans Man on the Moon de Milos Forman (nota : il « chante »  la chanson générique de Mighty Mouse, un dessin animé  de la Warner des années 40 que Kaufman regardait certainement lorsqu’il était enfant).

Man on the Moon
Jim Carrey est aussi Tony Clifton, le double odieux et maléfique d’Andy Kaufman, dans Man on the Moon de Milos Forman.

13 janvier 2019

45 ans (2015) de Andrew Haigh

Titre original : « 45 Years »

45 ansKate et Geoff habitent une maison de la campagne anglaise. Septuagénaires, ils se préparent à fêter leurs quarante-cinq ans de mariage. Un matin, Geoff reçoit une lettre qui le bouleverse : les autorités suisses lui signifient qu’avec la fonte des glaciers, on a retrouvé le corps d’une femme, pris dans la glace, qui pourrait être une certaine Katya, disparue dans une crevasse cinquante ans plus tôt. A l’époque, Katya et Geoff se faisaient passer pour un couple marié…
Adapté de la nouvelle In Another Country de David Constantine, 45 ans nous fait partager la vie d’un couple de retraités sans enfant, lors d’une semaine très délicate. Alors que la proximité d’un anniversaire de mariage incite à faire le point sur sa vie, un évènement fait vaciller toutes les certitudes. L’histoire est vécue au travers des yeux de la femme car c’est elle qui a l’impression que les fondements de son couple s’effritent. Sa réaction paraît vraiment excessive, ce qui enlève beaucoup à la crédibilité de l’ensemble. Le propos, alourdi de quelques poncifs, n’est pas vraiment éclairant, mais l’approche d’Andrew Haigh (quarante-deux ans au moment du tournage) est subtile et délicate. Il peut même faire penser à Bergman (en plus superficiel). L’interprétation de charlotte Rampling est excellente.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Tom Courtenay
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45 ans
Tom Courtenay et Charlotte Rampling dans 45 ans de Andrew Haigh.

11 janvier 2019

Moi, Daniel Blake (2016) de Ken Loach

Titre original : « I, Daniel Blake »

Moi, Daniel BlakeA la suite d’un accident cardiaque, les médecins de Daniel Blake lui interdisent de travailler. Il est toutefois déclaré apte par une compagnie privée mandatée par l’administration. Lors d’un rendez-vous au centre d’emploi, il fait la connaissance de Katie Morgan et se prend de sympathie pour elle…
Pour écrire leur scénario, Ken Loach et Paul Laverty se sont livrés à une longue enquête sur le terrain et recueilli de nombreux témoignages. Leur histoire met en évidence les incohérences et la déshumanisation des services administratifs qui prend souvent des allures kafkaïennes et broie les individus. Tout l’art de Ken Loach est de le faire sans misérabilisme, pointant les défauts sans chercher la polémique ; son propos est surtout humaniste : il nous rappelle qu’il ne faut pas oublier l’humain. Il est difficile de ne pas se prendre de sympathie pour ses personnages. Palme d’or au Festival de Cannes 2016.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Dave Johns, Hayley Squires
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Contexte social (pour mieux comprendre la situation bizarre où Daniel Blake se retrouve) :
Depuis octobre 2008, les autorités du Royaume-Uni considèrent que de nombreuses personnes présentant des problèmes de santé ou de handicap peuvent accéder à un travail. C’est une compagnie privée qui évalue cette possibilité par questionnaire sans consultation du médecin. S’ils sont déclarés aptes, une prestation est versée, l’ESA (Employment and Support Allowance), pour les aider à retrouver une activité. Ils sont tenus de participer à une série d’entretiens concernant leur recherche d’emploi. (Texte repris de Wikipedia et complété)

Moi, Daniel Blake
Dave Johns et Hayley Squires dans Moi, Daniel Blake de Ken Loach.