Ariane Felder, juge quadragénaire un peu coincée, célibataire, est totalement réticente à l’idée de fréquenter des hommes. Lors du réveillon du jour de l’an, fortement incitée par ses collègues de travail, elle boit plus que de raison et perd le contrôle d’elle-même. Six mois plus tard, Ariane découvre qu’elle est enceinte et elle ignore l’identité du père… 9 mois ferme est un film français écrit et réalisé par Albert Dupontel. Il s’agit d’une histoire assez farfelue, aussi originale qu’improbable, portée par Sandrine Kiberlain au sommet de sa forme. Le scénario fourmille de scènes désopilantes et Albert Dupontel n’hésite à grossir le trait (comme quand il se moque des scènes d’autopsie !) C’est assez surréaliste par moments. Dans les seconds rôles, Nicolas Marié fait un numéro d’anthologie en avocat bègue. Gros succès en salles récompensé par deux Césars. Elle: – Lui :
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Bouli Lanners et Sandrine Kiberlain dans 9 mois ferme de Albert Dupontel.Nicolas Marié dans 9 mois ferme de Albert Dupontel.Albert Dupontel dans 9 mois ferme de Albert Dupontel.
Dans la famille Bellinsky : il y a Salomon le père, 80 ans, débordant de vie. Il se bat pour ne pas être enterré trop vite, entre des cours de claquettes et la recherche d’une compagne. La mère, Geneviève, ne rêve que d’une chose : poursuivre tranquillement son infantilisation auprès de son aide ménager, protecteur et ange gardien, Mr Mootoousamy. Et Sarah, la fille qui a bien du mal à trouver sa place… Faut que ça danse! est un film français coécrit et réalisé par Noémie Lvovsky. L’idée de départ est à priori prometteuse, sur la base d’un renversement des rôles : les personnages refusent de faire ce qu’on attend d’eux, jusqu’au saugrenu. Hélas, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes, l’humour ne fonctionne pas (ou trop rarement) malgré un plateau d’acteurs plutôt prestigieux. Il se dégage une impression de lourdeur et il est bien difficile d’aller au bout. La critique a apprécié le film mais le public beaucoup moins. Elle: Lui :
Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d’une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays… La Conspiration du Caire est un film suédois écrit et réalisé par Tarik Saleh, suédois d’origine égyptienne par son père et suédois par sa mère, réalisateur déjà remarqué pour son film Le Caire confidentiel(2017). Pour écrire ce film d’espionnage politique, il dit s’être inspiré à la fois de son grand-père qui, issu d’un petit village, a été admis à Al-Azhar, et du roman d’Umberto Eco Le Nom de la rose afin de mettre en scène ces luttes de pouvoir entre politique et religieux. L’université Al-Azhar est en effet une institution islamique d’enseignement qui existe depuis plus d’un millénaire ; épicentre international de l’islam sunnite, elle est crainte par le pouvoir politique qui cherche en vain à la dominer. Le scénario est solidement bâti pour maintenir la tension et joue bien de la dualité des personnages. La réalisation est parfaitement maitrisée. Persona non grata en Egypte, Tarik Saleh a dû tourner en Turquie. Un film assez original, captivant et un brin exotique. Elle: – Lui :
Tawfeek Barhom et Fares Fares dans La Conspiration du Caire (Boy from Heaven) de Tarik Saleh.La Conspiration du Caire (Boy from Heaven) de Tarik Saleh.
Une fillette, la petite Emili, est violée et tuée dans une école. Ses quatre amies ont vu l’agresseur mais, bizarrement, sont incapables de se souvenir du visage de l’assassin. La mère d’Emili, dévastée par le chagrin et la rancœur, déclare aux quatre écolières qu’elle pensera désormais à elles quotidiennement et les condamne à la « pénitence » tant qu’elles n’auront pas expié leur faute ou aidé à retrouver le coupable. Quinze ans plus tard, … Shokuzai (= Pénitence) est au départ une mini-série japonaise en cinq épisodes écrite et réalisée par Kiyoshi Kurosawa, d’après un best-seller de la Japonaise Kanae Minato. Elle est sortie en France (et dans d’autres pays) sous la forme d’un long métrage en deux parties : Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir (121 minutes) et Shokuzai – Celles qui voulaient oublier (152 minutes). Vu ainsi, le film souffre des défauts inhérents aux séries (longueurs, ostensibles techniques d’écriture, …) mais l’histoire en elle-même est assez remarquable. Hormis le prologue, le récit se déroule quinze ans plus tard et développe deux aspects : d’une part, quatre portraits de jeunes femmes, montrant comment le crime a marqué la vie des quatre fillettes et, d’autre part, le dénouement de l’affaire, partie qui est certainement la plus puissante. L’histoire garde une part de mystère et le fantastique semble à plusieurs reprises prêt à surgir (sans que ce soit le cas toutefois). Belle mise en scène de Kiyoshi Kurosawa. Très bien accueilli par la critique. Elle: – Lui :
Remarque : • Le titre original du roman signifie « Pénitence » mais le réalisateur explique : « Ce titre original m’a en quelque sorte été imposé, puisque c’est celui du roman. Mais je ne l’ai pas du tout interprété sous l’angle de la religion. Plutôt comme quelque chose qui a effectivement à voir avec l’idée de destin. » (Extrait dossier de presse)
• Les cinq comédiennes héroïnes de Shokuzai sont toutes très populaires au Japon grâce à leurs rôles dans des films ou séries télévisées ; quant à Kyôko Koizumi (l’actrice présente sur l’affiche ci-dessus), elle est une chanteuse pop extrêmement médiatisée depuis son enfance. Kiyoshi Kurosawa leur a offert des rôles à contre-emploi qui pouvaient surprendre les fans. (Extrait dossier de presse)
Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa.Kyôko Koizumi dans Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa.
Antonia, dite Toni, élève ses cinq enfants adolescents. Elle a connu vingt ans plus tôt une certaine notoriété comme chanteuse et chante encore parfois le soir pour arrondir ses fins de mois. Mais, alors que ses deux ainés s’apprêtent à suivre leur voie, elle s’interroge sur sa vie et commence à avoir envie de lui donner une autre orientation… Toni, en famille est un film français écrit, réalisé et monté par Nathan Ambrosioni, jeune réalisateur qui signe ainsi son second long métrage après Les Drapeaux de papier (2018). Il est un peu surprenant qu’un réalisateur de 24 ans veuille dresser le portrait d’une femme de 42 ans. Dire qu’il y parvient serait excessif car l’ensemble manque vraiment de profondeur. Il est très difficile de croire au personnage principal et les enfants ressemblent à une galerie de clichés. Le scénario ne nous livre que peu de choses, abusant de l’effet scénaristique de donner la clé d’une scène, d’un comportement ou d’une réplique, que bien plus tard. L’ensemble manque d’étoffe et beaucoup de scènes paraissent inutiles. Le film a été très bien reçu par la critique qui a salué l’émergence d’un nouveau cinéaste. Elle: Lui :
Danny Rourke est un inspecteur du Austin Police Department, traumatisé par l’enlèvement de sa fille de de 7 ans survenu il y a quelques années et dont le corps n’a jamais été retrouvé. Informée de manière anonyme que le coffre-fort d’une banque va être cambriolé dans la journée, la police surveille les lieux et Danny remarque un mystérieux homme auprès duquel les personnes ont un comportement très étrange… Hypnotic est un film d’action américain coécrit, produit et réalisé par Robert Rodriguez qui s’aventure ici sur un terrain nouveau pour lui, une intrigue tortueuse à la Christopher Nolan où la réalité est malmenée. Assez rapide, le déroulement du scénario nous réserve des surprises de taille (à condition de tout ignorer au départ, bien entendu). Il s’agit d’un petit film de divertissement, bien réalisé et qui se regarde sans déplaisir. Il est difficile de comprendre pourquoi il a été si mal accueilli, aussi bien par la presse que le public. Il ne méritait pas une telle volée de bois vert. Une courte séquence post-générique de fin laisse une porte entrouverte sur une suite mais ce n’est pas certain qu’elle voie le jour… Elle: – Lui :
Dans les années 1970, dans une petite ville reculée d’Anatolie, deux enfants rejoignent leur famille au retour de l’école… Kasaba est un film turc écrit et réalisé par Nuri Bilge Ceylan, son premier long métrage. Il s’agit de l’adaptation d’une histoire écrite par Emin Ceylan, sœur du cinéaste, inspirée des souvenirs de leur enfance commune. Le cinéaste fit appel à son entourage proche pour interpréter la quasi-totalité des rôles principaux (hormis les deux enfants) et tourna en équipe réduite, au rythme des saisons. Avant même d’être cinéaste, Nuri Bilge Ceylan était photographe et cela se sent dans toute la première moitié du film : presque sans paroles, chaque plan est magistralement composé et l’on a l’impression de voir une expo-photo animée. Ses « photos » nous montrent la réalité d’un tout petit village isolé et pauvre. Hélas, il poursuit ensuite avec une longue de discussions (ou plutôt une série de monologues) entre les membres d’une famille autour d’un feu de camp, avec une nette divergence de vues entre les trois générations et beaucoup d’amertume, de regrets et de nostalgie. On retrouve le poids de la tradition opposé à l’érudition ou à l’espoir d’évasion. A cette époque, Ceylan était, de son propre aveu, « pas très doué pour faire parler les personnages ». En revanche, on ne peut qu’admirer son talent à photographier la nature. Elle: Lui :
Dans un petit village du sud de la France, Dog et Miralès vivent une amitié forte mais asymétrique : Miralès n’a de cesse d’asticoter son ami, allant jusqu’à l’insulter. Taiseux, Dog accepte d’être ainsi bousculé mais l’arrivée d’Elsa, une jeune femme dont Dog tombe amoureux, va exacerber les tensions… Chien de la casse est un film français co-écrit et réalisé par Jean-Baptiste Durand, son premier long métrage. Il est lui-même originaire de la région où il a tourné son film qui dresse un portrait « de jeunes péri-urbains qui trainent ensemble ». En fait, c’est surtout le portrait d’un seul, un personnage mal dans sa peau, éternel insatisfait, névrosé, qui semble vouloir changer les autres pour éviter de se regarder lui-même. Le personnage est complexe, plein de contraires, volubile en paroles avec une violence latente et constante. L’atmosphère est lourde. Raphaël Quenard a une très forte présence, il est souvent inquiétant, mais aussi étonnant. Le personnage est fort (mais profondément antipathique, ou plus exactement, il nous met mal à l’aise). Très bon accueil de la critique et du public avec deux Césars à la clef. Elle: Lui :
Remarque : « Chien de la casse » est une expression qui tient son origine des banlieues. « Le Chien de la casse, c’est celui qui fait les choses pour lui, malgré ses amis. C’est une personne qui n’hésite jamais sur un moyen pour obtenir ce qu’il veut », précise le metteur en scène.
Anthony Bajon, Galatéa Bellugi et Raphaël Quenard dans Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand.
Suzume, une jeune fille de 17 ans vivant dans une ville tranquille du sud-ouest du Japon, rencontre un jeune homme à la recherche d’une « porte ». Intriguée, Suzume trouve par elle-même une vieille porte dans des ruines dans la montagne. Lorsqu’elle ouvre la porte, elle est attirée à l’intérieur et déclenche malgré elle des évènements inquiétants dans tout le Japon… Suzume est un film d’animation japonais écrit et réalisé par Makoto Shinkai, issu du studio CoMix Wave Films. Au-delà du simple conte fantastique mettant en scène des forces maléfiques, c’est une histoire, très riche et parfaitement équilibrée entre optimisme et vision d’un monde en danger. Makoto Shinkai met notamment en scène les conséquences du séisme de 2011. Le graphisme est très beau et l’ensemble émerveille. Une très belle histoire. Elle: – Lui :