10 juin 2015

Âme noire (1962) de Roberto Rossellini

Titre original : « Anima nera »

Âme noireAdriano et Marcella viennent de se marier et emménage dans un appartement à Rome. Lui est un menteur invétéré, combinard et sans le sou, aux multiples aventures féminines. Elle est une jeune femme simple, désireuse de fonder un foyer durable. Le passé un peu agité d’Adriano va se manifester rapidement… Adaptation d’une pièce de Giuseppe Patroni Griffi, le peu connu Âme noire est le dernier film de Rossellini pour le cinéma. C’est un film un peu délicat à interpréter : on peut, comme le fait Hélène Frappat dans sa monographie sur Rossellini, y voir une oeuvre de transition entre son oeuvre entamée pendant la guerre et le projet encyclopédique auquel il se consacrera exclusivement par la suite. On peut également y voir, comme Marie-Pierre Lafargue dans le Dictionnaire du cinéma italien, une tentative désespérée de se plier au cinéma de l’époque, « le cinéaste se risquant à la manière antonionienne en faisant subir à son personnage principal l’expérience du vide ». Certes, mais si les thèmes forts du film en sont le mensonge, la culpabilité, les valeurs bourgeoises du couple, on peine à en cerner le fond du propos si ce n’est de nous offrir une vision très sombre de l’âme humaine : le titre Âme noire n’est pas usurpé ! Dans sa forme, le film n’a rien d’enthousiasmant si ce n’est un très beau plan de fin : un traveling arrière partant d’un gros plan sur Annette Stroyberg en plein discours de ses intentions qui vient se terminer sur un gros plan sur Vittorio Gassman qui, de dos, l’écoute résigné.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Nadja Tiller, Annette Stroyberg, Eleonora Rossi Drago
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Vittorio Gassman et Nadja Tiller dans Âme noire de Roberto Rossellini

Remarque :
Vittorio Gassman a raconté à propos du film : « Ma faible motivation au travail s’est parfaitement accordée avec la distance que Roberto prenait avec le cinéma. Un jour, pour éviter de se déplacer de Rome à Ostie, il a inventé un système compliqué de miroirs pour projeter un arrière-plan de mer dans une scène de studio. Le résultat est horrible : Nadja Tiller et moi-même donnons l’impression d’être dans un aquarium. »
(Il est vrai que cette scène est assez épouvantable…)

29 avril 2015

La Marche sur Rome (1962) de Dino Risi

Titre original : « La marcia su Roma »

La marche sur RomeAu lendemain de la Première Guerre mondiale, à Milan, deux ex-soldats désoeuvrés se laissent embrigader dans le mouvement fasciste par leur ancien capitaine. Sans grande conviction, ils participent à la Marche sur Rome organisée par Mussolini… D’un évènement historique assez sombre (octobre 1922) qui marque l’arrivée au pouvoir du dictateur italien, Dino Risi parvient à faire une comédie. C’est là tout l’art de la comédie italienne. Les deux compères, deux véritables Pieds-Nickelés admirablement interprétés par Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi en grande forme, sont assez affligeants par leur bêtise et leur inconséquence ; on peut dire qu’ils sont acteurs d’évènements qui les dépassent mais leurs attitudes sont finalement assez représentatives de celles qui vont permettre à une poignée de fascistes d’accéder au pouvoir malgré une idéologie imprécise. L’humour est constant, y compris dans les scènes les plus graves. Le terme « tragi-comique » prend ici toute son essence. A noter la présence de Roger Hanin qui étonnamment campe un chef fasciste très crédible.  Le film s’achève par des images d’archives montrant l’arrivée des partisans de Mussolini à Rome et Risi y ajoute une note tragi-comique en faisant dire au roi Victor-Emmanuel III : « Essayons ces fascistes quelques mois… » (Mussolini a gardé le pouvoir pendant 20 ans).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Roger Hanin, Mario Brega
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La marche sur Rome
Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi dans La marche sur Rome de Dino Risi

15 décembre 2014

Valse d’amour (1990) de Dino Risi

Titre original : « Tolgo il disturbo »

Valse d'amourAncien directeur de banque, Augusto sort de l’hôpital psychiatrique où il a passé plus de dix-huit ans. Il revient habiter dans son ancienne maison qui est maintenant occupée par sa belle-fille Carla et sa petite fille Rosa avec laquelle il se sent rapidement plus proche…
Le thème de la complicité entre un enfant et son grand-père a été déjà plusieurs fois traité au cinéma mais Dino Risi inverse ici les rôles : c’est la fillette qui incarne l’ordre et la raison face à un grand-père sans repère, qui peine à retrouver ses marques dans un monde qui n’est plus le sien et qui accepte mal les codes sociaux des adultes. S’il ne peut se mesurer aux meilleurs films de Dino Risi, Valse d’amour ne manque tout de même pas de charme et de délicatesse. La belle prestation de Vittorio Gassman y contribue grandement. Parmi les seconds rôles, Elliott Gould est certainement le plus remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Dominique Sanda, Valentina Holtkamp, Elliott Gould
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Remarques :
* Les distributeurs français ont affublé le film d’un titre, Valse d’amour, assez éloigné du sujet ou du moins anecdotique (parfois Augusto entend dans sa tête une valse). Le titre original, Tolgo il disturbo qui peut se traduire par « Je ne vous dérangerai plus », a bien plus de sens.
* Fils de médecin, Dino Risi a suivi des études de médecine et même soutenu une thèse en psychiatrie avant de renoncer pour devenir cinéaste.
* On peut considérer que Valse d’amour est le dernier vrai film de Dino Risi qui avait alors soixante-treize ans et qui ne tournera que fort peu par la suite et principalement pour la télévision. Dino Risi s’est éteint en 2008 à l’âge de quatre-vingt-onze ans.

Vittorio Gassman dans Valse d'Amour de Dino Risi
Vittorio Gassman est un ex-banquier en partie amnésique dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990)

Valse d'amour de Dino Risi
Valentina Holtkamp est la petite-fille de Vittorio Gassman dans Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi (1990).

13 novembre 2013

Au nom du peuple italien (1971) de Dino Risi

Titre original : In nome del popolo italiano

In nome del popolo italianoLe juge Bonifazi (Ugo Tognazzi) est chargé de l’enquête sur la mort soudaine d’une call-girl. Particulièrement motivé à lutter contre la corruption, il est bien décidé à ne pas lâcher prise quand il découvre que la jeune femme était en relation avec Santenocito (Vittorio Gassman) un industriel véreux et magouilleur… Le scénario d’Au nom du peuple italien a été écrit par un tandem de choix, les scénaristes Age (Agenore Incrocci) et Furio Scarpelli. Cette bouffonnerie sociale est un habile mélange de film politique et de comédie, porté par un magnifique face à face entre deux grands acteurs. Le film est étonnamment lucide dans le constat porté sur l’Italie de ce début des années soixante-dix : après le réveil difficile de l’Après-guerre, le miracle économique repose sur une certaine corruption avec pour conséquence pollution excessive et malfaçons généralisées. Mais le film de Dino Risi va beaucoup plus loin : peut-on, sous le couvert d’une cause moralement juste, aller au-delà des lois ? C’est la question qu’il pose dans son étonnante fin, qui montre en outre avec quelle promptitude les vieux démons de l’Italie peuvent ressortir. Il pose aussi la question du rôle des juges, question qui sera si fondamentale deux ou trois décennies plus tard. Tout ce propos et ces questionnements sont enrobés dans une comédie brillante aux dialogues savoureux, c’est là le grand art de la comédie italienne.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Yvonne Furneaux
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3 octobre 2013

Le Pigeon (1958) de Mario Monicelli

Titre original : « I soliti ignoti »

Le pigeonCosimo est arrêté alors qu’il tentait de voler une voiture. Il aimerait sortir au plus vite car il a eu un tuyau pour un coup infaillible. Il cherche donc un « pigeon » c’est-à-dire quelqu’un pour prendre sa place… Le Pigeon est l’un des plus beaux joyaux de la comédie italienne. Mario Monicelli réussit là un équilibre parfait entre l’humour et le regard bienveillant porté sur ces petits malfrats marginaux. L’humour repose beaucoup sur leur maladresse, leur incapacité à mener quelque chose à bien mais c’est un humour sans méchanceté, empreint au contraire d’une certaine tendresse. C’est aussi un regard sur l’Italie de l’après-guerre. Le scénario est intelligemment écrit, avec de belles trouvailles, très riche en petits détails ; sans aucun temps mort, son développement nous réserve d’amusantes surprises. La fin est hilarante. Les personnages sont typés mais sans excès, les seconds rôles sont savoureux : Carlo Pisacane (et sa dégaine unique) en simplet éternel affamé, Tiberio Murgia en fier sicilien qui séquestre sa soeur (Claudia Cardinale dans son premier vrai rôle à l’écran) et le merveilleux Totò en retraité-instructeur en perçage de coffre (1). Le pigeon est un film qui ne vieillit pas.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Carlo Pisacane, Tiberio Murgia, Claudia Cardinale, Totò
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Suites (moins réussies) :
Hold-up à la milanaise (Audace colpo de I soliti ignoti) de Nanni Loy (1959) avec Vittorio Gassman, Renato Salvatori, Claudia Cardinale, Carlo Pisacane et Tiberio Murgia.
Le Pigeon vingt ans après (I soliti ignoti vent’anni dopo) d’Amanzio Todini (1985) avec toujours Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Carlo Pisacane, Tiberio Murgia.

(1) On remarquera que Totò, bien qu’il n’ait qu’un rôle assez limité, est au centre de l’affiche originale, témoin de sa grande popularité à l’époque.

18 août 2013

L’homme aux cent visages (1960) de Dino Risi

Titre original : « Il mattatore »

L'homme aux cent visagesUn vendeur se présente chez Gerardo et sa femme pour tenter de leur vendre un objet en argent. Gerardo repère vite la tentative d’escroquerie puisque qu’il est lui-même expert en la matière et commence à raconter ses exploits passés… L’homme aux cent visages est le premier film que Dino Risi tourne avec Vittorio Gassman. L’acteur deviendra son interprète fétiche, ils feront ensemble 17 films. C’est ici un rôle en or pour l’acteur puisqu’il apparaît sous une quinzaine de déguisements lors de ses arnaques, avec à chaque fois un style et une gestuelle différents. Il s’en tire remarquablement bien, on peut même dire qu’il excelle dans cette multi-interprétation et montre ainsi l’étendue de son registre. L’homme aux cent visages est une amusante comédie qui montre une belle inventivité dans son scénario. Son défaut est peut-être d’avoir voulu en montrer trop : les escroqueries sont nombreuses et s’enchaînent rapidement, c’est presque de l’abattage ! Ceci dit, certaines, parmi les plus courtes, sont vraiment très amusantes (comme ce bijoutier qui est payé en gâteaux !) mais ce sont tout de même les plus développées qui sont les plus remarquables (comme ce contrat de fourniture de pâtes à l’armée). Au-delà de l’humour, on peut déceler un certain regard sur la société italienne de l’Après-guerre, les victimes étant assez souvent des bourgeois profiteurs et plutôt magouilleurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Dorian Gray, Anna Maria Ferrero, Mario Carotenuto
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13 juin 2013

Riz amer (1949) de Giuseppe De Santis

Titre original : « Riso amaro »

Riz amerPour échapper à la police, un voleur de petite envergure demande à sa complice Francesca de se joindre à un convoi de « mondines », ces ouvrières saisonnières qui viennent chaque année dans les rizières de la plaine du Pô (1). Elle y fait la connaissance de Silvana… Riz amer est à la fois un film policier, un film d’amour et un film néoréaliste. C’est ce dernier aspect qui est de loin le plus réussi (et le plus novateur en 1949), le film nous faisant découvrir les dures conditions de travail des mondines ; Giuseppe De Santis nous gratifie de quelques superbes plans d’ensemble et de beaux mouvements de caméra. Avec la jeune Silvana, il nous montre aussi comment ces jeunes femmes pouvaient rêver d’une vie facile, abreuvées des images factices des fumetti (romans-photos populaires). Riz amer est un film de femmes (2), les deux personnages masculins sont fades, caricaturaux et sans intérêt. Les intrigues secondaires où ils jouent un rôle sont d’ailleurs bâclées. Riz amer
Doris Dowling montre une belle présence à l’écran mais c’est bien entendu la jeune Silvana Mangano (19 ans, Miss Rome 1946) en short et en cuissardes qui a beaucoup marqué les esprits. A ce titre, la démarche de De Santis fut souvent, et à juste titre, jugée plutôt ambigüe car, tout en critiquant la génération dévoreuse de fumetti, il joue avec l’érotisme pour s’attirer un large public. Riz amer fut un énorme succès. Le film paraît plutôt surestimé, encore aujourd’hui, mais il reste assez unique par le monde qu’il décrit.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Silvana Mangano, Doris Dowling, Vittorio Gassman, Raf Vallone
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Remarques :
* Riz amer fait partie des tous premiers films produits par Dino De Laurentiis (alors âgé d’à peine 30 ans). Il épousera Silvana Mangano à la fin du tournage.
* Actrice américaine, Doris Dowling est doublée par Andreina Pagnani.
* Plus surprenant : Silvana Mangano est également doublée (par Lydia Simoneschi).

(1) Le riz est cultivé dans la plaine du Pô depuis plusieurs siècles. Les mondines (de l’italien monda : désherbage) sont les travailleuses saisonnières qui venaient au printemps planter les jeunes plants et enlever les mauvaises herbes, toute l’opération se déroulant alors que le champ est inondé afin de protéger les jeunes pousses des écarts de température. Les mondines devaient donc travailler avec de l’eau jusqu’aux cuisses, le dos courbé toute la journée, c’est-à-dire dans des conditions très dures.

(2) Que Riz amer soit un film de femmes est particulièrement net dans la scène finale où les hommes se retrouvent condamnés à l’impuissance ; ce sont les deux femmes qui vont déterminer l’issue.

15 janvier 2013

Un mariage (1978) de Robert Altman

Titre original : « A Wedding »

Un mariageLa fille d’une famille de nouveaux riches épouse le fils d’une grande famille bien établie. Cette grande cérémonie très planifiée va être émaillée d’une multitude de petits évènements de tous ordres… Après Nashville (1975), Robert Altman reprend le principe de nous faire suivre une petite cinquantaine de personnages dans un même milieu. Sa démarche pour Un mariage n’est pas de raconter une histoire mais d’observer le comportement d’un certain nombre de personnes dans un environnement qui n’est pas le leur (1). Le début du film peut paraître un peu alourdi par le cérémonial à l’église mais rapidement l’humour relance l’intérêt et la richesse des mini-tragédies qui se déroulent ensuite devant nos yeux est remarquable. Les personnages sont parfois hauts en couleur mais, à aucun moment, Altman ne force le trait, tout semble plausible. Tout ce qui paraît idyllique à première vue se révèle être tout autre ; en ce sens, Altman s’attaque à ce qui forge un modèle social. Le caractère contestataire de ses films dans les années soixante-dix est toujours vivace aujourd’hui. Un mariage peut dérouter car il ne repose pas sur scénario traditionnel mais le film est un petit plaisir à regarder, un joli patchwork rehaussé par un humour finalement assez corrosif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Lillian Gish, Carol Burnett, Mia Farrow, Geraldine Chaplin, Howard Duff
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Remarque :
John Malkovich et Gary Sinise font ici leur première apparition au cinéma comme figurants.

(1) Robert Altman raconte : « Nous nous sommes plus intéressés au comportement qu’à la psychologie. A la façon dont les gens se comportant quand ils sont conscients de leur propre présence. Ils ne portent pas leurs habits habituels, ne sont pas à l’aise. On leur dit où se mettre, de faire telle et telle chose. Chacun, mis dans une position sociale inconfortable de ce type, agit différemment, un peu n’importe comment. Chacun essaie de présenter une image dont il n’a pas l’habitude, qu’il ne contrôle pas. » (Entretien avec Jean-Pierre Le Pavec et Dominique Rabourdin, Cinéma 78, n°239, nov 1978)

2 septembre 2012

Brancaleone s’en va-t’aux croisades (1970) de Mario Monicelli

Titre original : « Brancaleone alle crociate »

Brancaleone s'en va-t'aux croisadesBrancaleone et ses compagnons partent aux croisades. Menés par Dieu lui-même, ils embarquent pour traverser la Méditerranée et atteignent un peu trop rapidement la Terre sainte. En réalité, ils n’ont traversé qu’un lac… Tel est le début de Brancaleone s’en va-t’aux croisades, comédie loufoque qui fait suite à L’armata Brancaleone (L’armée Brancaleone) qui avait connu un formidable succès, quatre ans auparavant. Le film peut être vu comme une suite de sketches ou plutôt de séquences sur les rencontres qui ponctuent le périple de cette « armée ». L’esprit général est de démystifier le Moyen Âge(1) en insistant sur l’ignorance et l’intolérance. Avec son petit groupe de parias ou d’éclopés, Brancaleone se situe en marge de cette société cruelle. Les trouvailles de scénario sont nombreuses, avec des exagérations toujours au service de l’humour. Le film peut faire penser à ce que faisaient les Monty Python, à peu près à la même époque en Angleterre. On notera quelques clins d’oeil cinématographiques(2). Il faut aussi remarquer le travail fait sur les dialogues qui utilisent une sorte de dialecte, mélange d’italien courant et de latin. Grâce à son registre de jeu très étendu, Vittorio Gassman est vraiment l’interprète idéal de ce héro frapadingue et multi-facettes. Brancaleone s’en va-t’aux croisades est une bouffonnerie très réussie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Adolfo Celi, Stefania Sandrelli, Beba Loncar
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Remarque :
Le film n’est sorti en France qu’en 1977 dans le cadre du festival d’humour de Chamrousse. Le premier opus n’avait pas été distribué en France.

(1) « Nous voulions démystifier le Moyen Âge, celui qu’on enseigne dans les écoles, avec ses paladins, ses chevaliers, ses pucelles, tout ce ballet de gens raffinés qui est non seulement invraisemblable mais historiquement faux. Le Moyen Âge a été une époque barbare, obscurantiste, cruelle et misérable. » (Entretien avec Mario Monicelli dans Cinéma n°230 de février 1978)

(2) Les dialogues de Brancaleone avec la Mort évoquent Le septième sceau de Bergman et le stylite sur son pilier évoque fortement Simon du désert de Bunuel.

1 juin 2012

Fantômes à Rome (1961) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Fantasmi a Roma »

Fantômes à RomeA Rome, Don Annibale est très attaché à son palais, certes délabré mais riche de souvenirs. Il se doute même que certains fantômes de ses aïeuls vivent avec lui dans cette grande demeure. Un promoteur immobilier se fait insistant pour racheter l’ensemble et y construire un supermarché… Fantômes à Rome (le titre français à sa sortie était Les joyeux fantômes) est une comédie italienne assez amusante qui utilise, avec beaucoup de liberté, le thème du fantôme qui vient influencer les vivants. Marcello Mastroianni y interprète trois rôles et semble bien s’y amuser ; Eduardo De Filippo campe un excentrique prince vieillissant avec beaucoup de pittoresque. L’humour assez subtil est agrémenté d’une petite satire sociale, avec l’éternel problème des dessous de table et de la corruption dans l’immobilier. Sans faire partie des grandes comédies italiennes, Fantômes à Rome se regarde avec beaucoup de plaisir et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Belinda Lee, Sandra Milo, Eduardo De Filippo, Tino Buazzelli, Vittorio Gassman
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Remarque :
A l’écriture du scénario, Ruggero Maccari fut assisté par Ettore Scola, Ennio Flaiano et Ruggero Maccari.
La musique est signée Nino Rota.