2 septembre 2017

Les Patriotes (1994) de Eric Rochant

Les patriotesPar idéalisme, un jeune juif parisien de 18 ans décide de partir en Israël. Postulant pour entrer au Mossad, il est finalement recruté par un service indépendant appelé Unité 238. Il est envoyé en mission à Paris… Après le succès, aussi énorme qu’inattendu, d’Un monde sans pitié, Eric Rochant a pu bénéficier d’un budget très important pour tourner cette histoire d’espionnage qui détaille les méthodes impitoyables des services secrets. Le jeune réalisateur a visiblement été très inspiré par John Le Carré pour l’écrire. Le film démarre très bien mais s’essouffle ensuite par manque de rythme. Le restant du film se déroule mollement et paraît bien long ; nous regardons d’un œil presque distrait des évènements pourtant assez extraordinaires. Le film met en scène une fictive « unité 238 », unité sans aucun doute inspirée du « Lekem », service en marge du Mossad et spécialisé dans le renseignement scientifique ; ce service, dont l’existence fut longtemps tenue secrète même en Israël, fut officiellement supprimé en 1986 à la suite de l’affaire Pollard qui est très similaire à celle de Jeremy Pelman dans le film. Eric Rochant se concentre sur la mise en place de la manipulation des individus, plutôt que sur l’action ; en soi, ce n’est pas un problème, bien entendu, mais demanderait un personnage central plus fort. Ce n’est hélas pas le cas et Yvan Attal paraît bien fade. Les seconds rôles sont assez bien tenus ; c’est le premier grand rôle de Sandrine Kiberlain qui montre une belle présence. Le film fut un échec commercial.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yvan Attal, Richard Masur, Yossi Banai, Nancy Allen, Maurice Bénichou, Sandrine Kiberlain, Bernard Le Coq, Jean-François Stévenin, Emmanuelle Devos
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Rochant sur le site IMDB.
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Les Patriotes
Yvan Attal et Richard Masur dans Les patriotes de Eric Rochant.

Les Patriotes
Sandrine Kiberlain dans Les patriotes de Eric Rochant.

13 novembre 2013

Au nom du peuple italien (1971) de Dino Risi

Titre original : In nome del popolo italiano

In nome del popolo italianoLe juge Bonifazi (Ugo Tognazzi) est chargé de l’enquête sur la mort soudaine d’une call-girl. Particulièrement motivé à lutter contre la corruption, il est bien décidé à ne pas lâcher prise quand il découvre que la jeune femme était en relation avec Santenocito (Vittorio Gassman) un industriel véreux et magouilleur… Le scénario d’Au nom du peuple italien a été écrit par un tandem de choix, les scénaristes Age (Agenore Incrocci) et Furio Scarpelli. Cette bouffonnerie sociale est un habile mélange de film politique et de comédie, porté par un magnifique face à face entre deux grands acteurs. Le film est étonnamment lucide dans le constat porté sur l’Italie de ce début des années soixante-dix : après le réveil difficile de l’Après-guerre, le miracle économique repose sur une certaine corruption avec pour conséquence pollution excessive et malfaçons généralisées. Mais le film de Dino Risi va beaucoup plus loin : peut-on, sous le couvert d’une cause moralement juste, aller au-delà des lois ? C’est la question qu’il pose dans son étonnante fin, qui montre en outre avec quelle promptitude les vieux démons de l’Italie peuvent ressortir. Il pose aussi la question du rôle des juges, question qui sera si fondamentale deux ou trois décennies plus tard. Tout ce propos et ces questionnements sont enrobés dans une comédie brillante aux dialogues savoureux, c’est là le grand art de la comédie italienne.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Yvonne Furneaux
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17 novembre 2011

Girlfriend experience (2009) de Steven Soderbergh

Titre original : « The girlfriend experience »

Girlfriend ExperienceIl faut le savoir : Girlfriend Experience (GFE pour les habitués) est un type de service proposé par les prostituées, à savoir se comporter comme une petite amie… Soderbergh a maintenant l’habitude d’intercaler des petits films, tournés très rapidement, entre ses grosses productions. Ici, il nous fait suivre l’une de ces escort-girls sur environ cinq journées avec une chronologie éclatée (Soderbergh oblige…) L’ensemble n’est pas exactement passionnant. Très ennuyeux au début, le film finit tout de même par intéresser grâce au regard porté sur les relations humaines : les clients de cette geisha moderne sont très stressés et ne lui parlent que d’angoisses économiques (nous sommes juste avant l’élection d’Obama qui leur fait très peur). Ses relations avec son (vrai) petit ami ont du mal à trouver un équilibre. Mais le personnage principal de Girlfriend Experience, on ne le voit pas vraiment mais tout le monde en parle : c’est l’argent. Il s’insinue partout dans les rapports sociaux, règne sur les comportements. Soderbergh a choisi une actrice principale venant du cinéma pornographique (mais il n’y a aucune scène explicite, ni même de nudité d’ailleurs). Et le réalisateur expérimente : personnages flous, séquences très libres visiblement improvisées, etc. Le film n’est toutefois pas totalement convaincant, notamment quand il aborde le thème de la pudeur et de la fragilité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sasha Grey, Chris Santos, Philip Eytan
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