13 juillet 2017

La Fiancée du pirate (1969) de Nelly Kaplan

Titre original : « La fiancée du pirate »

La Fiancée du pirateEmployée de ferme, la jeune Marie vit misérablement dans une cabane à l’écart du village avec sa mère. Lorsque celle-ci meurt renversée par un chauffard, les notables du village préfèrent enterrer l’affaire pour éviter toute intrusion extérieure. Face aux harcèlements des hommes, Marie décide se venger… Le scénario de La fiancée du pirate a été écrit par Nelly Kaplan et Claude Makovski (qui est également producteur du film et interprète du représentant de commerce à la R16). Le film semble débuter comme un drame social et naturaliste mais tourne rapidement à la farce. Bien entendu, on peut le replacer dans l’esprit Mai 68 et le désir de bousculer l’ordre social, mais il ne développe aucune grande théorie. Il fustige surtout la bêtise, l’hypocrisie et la sexualité primitive de l’hominidé mâle… Marie retourne à son avantage le « droit de cuissage collectif » dont elle est la victime et, malgré l’arme qu’elle emploie dans ce but, le film a indéniablement une portée féministe. L’art de Nelly Kaplan est d’avoir fait de cette régénération une fable surréaliste à la Buñuel où l’humour est omniprésent ; le récit en devient jubilatoire. Et tout cela sur l’air de Barbara qui chante « Moi, je me balance… »
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Georges Géret, Claire Maurier, Jacques Marin, Michel Constantin
Voir la fiche du film et la filmographie de Nelly Kaplan sur le site IMDB.

Voir les livres sur Nelly Kaplan

Remarques :
* L’ouvrier agricole étranger est interprété par Louis Malle.
* Nelly Kaplan n’a pas réussi à vraiment trouver de financement autre que l’avance sur recettes pour tourner son film (budget total de 450 000 francs, soit l’équivalent de 400 000 euros d’aujourd’hui). Refusé par les distributeurs, il n’est sorti que dans deux salles. Il a été heureusement très bien reçu par la critique.
* La fiancée du pirate a échappé de peu à l’interdiction totale pour « apologie du vice » et est finalement sorti avec l’interdiction au moins de 18 ans. Cette restriction est restée jusqu’en 1989 où le film a été classé « tous publics ».
* Quand elle a écrit sa (première) autobiographie, Bernadette Lafont l’a titrée La Fiancée du Cinéma.

La fiancée du pirate
Georges Géret, Michel Constantin et Bernadette Lafont dans La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan.

29 juin 2017

Le marquis s’amuse (1981) de Mario Monicelli

Titre original : « Il marchese del Grillo »

Le Marquis s'amuseRome, début du XIXe siècle alors que les troupes françaises de Napoléon occupent la ville. Bien qu’il soit attaché au service du pape Pie VII et membre d’une famille austère, le marquis Del Grillo est un anticonformiste, amateur de femmes et de plaisanteries. Avec son fidèle valet Ricciotto, il joue des tours parfois cruels à ses proches et à ceux qu’il rencontre… Le personnage du marquis Onofrio Del Grillo a bien existé mais les historiens ont du mal à dater son existence avec exactitude. Le personnage est une figure légendaire assez populaire en Italie. C’est un bon sujet pour Mario Monicelli car le récit est riche et picaresque. Il réussi à en faire une comédie fort drôle, souffrant certes quelques baisses de rythme du fait de sa longueur (2h20), mais assez relevée et où une certaine satire sociale se mêle à l’humour. Monicelli donne en effet une certaine éthique de pensée à son personnage dont les plaisanteries peuvent exprimer ses aspirations progressistes (démontrer la corruption, prôner l’égalité à la française). Monicelli en profite pour dresser un portrait de cette portion de l’histoire de la Rome papale. Alberto Sordi fait une excellente prestation, sans aucun excès et heureusement car il est dans toutes les scènes. Le marquis s’amuse est aujourd’hui un film plutôt rare, hélas.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Paolo Stoppa, Flavio Bucci
Voir la fiche du film et la filmographie de Mario Monicelli sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mario Monicelli chroniqués sur ce blog…

Le Marquis s'amuse
Alberto Sordi dans Le marquis s’amuse de Mario Monicelli.

16 mai 2017

Les Nouveaux Sauvages (2014) de Damián Szifron

Titre original : « Relatos salvajes »

Les nouveaux sauvagesCoproduit par les frères Almodóvar, ce film argentin renoue brillamment avec la tradition des films à sketches. Il n’est pas sans rappeler Les Monstres de Dino Risi. Les six histoires qui composent Les Nouveaux Sauvages mettent en relief les travers de la société et de la nature humaine. La colère, le désir de vengeance, la corruption, l’abus de pouvoir sont la cause de situations qui dégénèrent en drames et c’est d’autant plus frappant que le point de départ n’a parfois qu’une importance très relative. Sur ce plan, le sketch de l’ingénieur Bombita est l’un des plus savoureux car on le voir partir en guerre et détruire sa vie pour finalement peu de choses. Cinq des six sketches sont ainsi basés sur des réactions (très) excessives, sur des personnages qui « pètent les plombs ». La forme est tout autant enthousiasmante : Damián Szifron, qui a écrit lui-même le scénario, en maitrise parfaitement le déroulement et l’image est vraiment très belle, surtout dans la composition des plans. Le film fut un immense succès en Argentine et ailleurs, il fut même nominé aux Oscars. Les Nouveaux Sauvages est un film savoureux.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: María Marull, Leonardo Sbaraglia, Ricardo Darín, Oscar Martínez, Erica Rivas
Voir la fiche du film et la filmographie de Damián Szifron sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Les Nouveaux Sauvages
María Marull dans le sketch « Pasternak » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Dans un avion, les passagers réalisent qu’ils ont un étrange point commun…

Les Nouveaux Sauvages
Julieta Zylberberg et Rita Cortese dans le sketch « Les Rats » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> La serveuse d’un restaurant reconnait un mafieux qui a détruit sa famille. La cuisinière propose une solution plutôt radicale…

Les Nouveaux Sauvages
Water Donado et Leonardo Sbaraglia dans le sketch « La Route de l’enfer » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Sur la route, des petits incidents peuvent dégénérer… vraiment.

Les Nouveaux Sauvages
Ricardo Darín (au centre) dans le sketch « Bombita » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Un ingénieur ne supporte pas que sa voiture ait été mise en fourrière…

Les Nouveaux Sauvages
Osmar Núñez, Diego Velazquez et Oscar Martínez dans le sketch « La Proposition » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Le fils d’un bourgeois aisé a renversé une femme enceinte. Pour protéger sa famille, le père va proposer un arrangement très particulier…

Les Nouveaux Sauvages
Erica Rivas dans le sketch « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.
>> Quand la jalousie s’invite à un mariage, le résultat peut être passablement explosif…

Les Nouveaux Sauvages
Superbe plan : Erica Rivas et Marcelo Pozzi dans le sketch « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » de Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron.

3 avril 2017

Snobs! (1962) de Jean-Pierre Mocky

Snobs!Le directeur d’une coopérative laitière se noie dans une cuve. Des quatre directeurs adjoints, celui qui obtiendra le contrat de l’économe des écoles sera assuré de prendre sa place. Les stratégies sournoises vont fleurir… Snobs! est le troisième film de Jean-Pierre Mocky, sa première comédie. Il s’agit d’un portrait très caustique des notables de province (à noter que le terme snob était visiblement plus global dans son usage à cette époque). Bourgeois, militaires et évêque, personne n’est épargné : ils ont tous une bizarrerie, une lubie. Les bonnes œuvres sont centrées sur les enfants (sans qu’il y ait d’allusion explicite à la pédophilie, même si l’un d’entre eux en est proche). L’humour est omniprésent mais jamais vraiment méchant. Le film fit néanmoins scandale et fut rapidement retiré de l’affiche pour ressortir à la fin des années soixante-dix. L’ensemble est un peu brouillon et a sans doute un peu vieilli mais le plateau d’acteurs finit de le rendre attrayant : même Pierre Dac y fait une courte apparition.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Francis Blanche, Elina Labourdette, Michael Lonsdale, Gérard Hoffman, Noël Roquevert, Jacques Dufilho
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Mocky sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean-Pierre Mocky chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jean-Pierre Mocky

Remarques :
* Le film a été tourné dans la Manche, à Granville.

Snobs
Elina Labourdette, Francis Blanche (bérêt blanc) et Jean Galland (l’évêque) dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

Snobs
Jean Tissier, Jacques Dufilho et Gérard Hoffman dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

Snobs
Michael Lonsdale et Noël Roquevert dans Snobs! de Jean-Pierre Mocky.

7 avril 2016

L’invitation (1973) de Claude Goretta

L'invitationRémy Placet est un modeste employé de bureau avec des manies de vieux garçon, toujours très proche de sa mère. Peu après la mort de cette dernière, il invite ses collègues de bureau à passer une journée dans la luxueuse maison à la campagne qu’il a obtenue en échange de la maison maternelle, convoitée depuis longtemps par des promoteurs. Il engage même un maitre d’hôtel stylé pour bien les recevoir… Dans la filmographie du réalisateur suisse Claude Goretta, L’invitation tient une place un peu à part puisqu’il s’agit d’une satire sociale sous forme de comédie : sous l’effet du cadre champêtre et de l’alcool, les inhibitions vont tomber et chacun va révéler un pan plus ou moins insoupçonné de sa personnalité. Nos yeux modernes pourront trouver que le film a vieilli, notamment parce que ce procédé de « faire tomber les masques » n’est plus aussi original aujourd’hui qu’il pouvait l’être en 1973. Goretta met en relief deux points principaux : la façade sociale et le conformisme. Le propos n’est donc pas si daté que cela, même si les termes ne recouvriraient plus exactement la même chose aujourd’hui. Avec le recul, on peut trouver qu’une certaine naïveté émane du propos, ce qui ajoute à son charme. Les personnages sont suffisamment tranchés et Goretta introduit un maître d’hôtel assez inhabituel et énigmatique. Tous les rôles sont très bien tenus avec une mention particulière à la pétillante Cécile Vassort et à Michel Robin dont le jeu est, comme toujours, aussi juste que délicat.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Luc Bideau, François Simon, Jean Champion, Corinne Coderey, Michel Robin, Cécile Vassort, Rosine Rochette
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Goretta sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Goretta chroniqués sur ce blog…

L'invitation
Cécile Vassort, Rosine Rochette et Jean-Luc Bideau dans L’invitation de Claude Goretta.

invitation-large3
Jean Champion, Jean-Luc Bideau, , Pierre Collet et Michel Robin dans L’invitation de Claude Goretta.

L'invitation
Debouts : Rosine Rochette, Neige Dolsky, Corinne Coderey et Jean Champion
Penchés : Pierre Collet, Jean-Luc Bideau et François Simon
Au sol : Michel Robin.

26 octobre 2015

Les infidèles (1953) de Mario Monicelli et Steno

Titre original : « Le infedeli »

Les infidèlesUn industriel de haute société romaine demande à une agence de détectives de faire suivre sa femme qu’il soupçonne d’être infidèle. Mis sur l’affaire, le jeune Osvaldo rencontre Liliana, son ancienne fiancée, aujourd’hui mariée à un industriel anglais… Les infidèles est un film assez peu connu de Mario Monicelli, co-réalisé avec Steno. Précisons tout de suite que Gina Lollobrigida n’a vraiment qu’un très petit rôle mais le succès de Plus fort que le diable de John Huston quelques mois plus tard l’a propulsée tout en haut de l’affiche! La réelle vedette du film est la débutante May Britt, une jeune beauté suédoise âgée de 20 ans (teinte en brune et bien évidemment doublée) qui a une fort belle présence à l’écran, dans le genre beauté froide (1). C’est le français, tout aussi peu connu, Pierre Cressoy qui lui fait face. Le scénario est très bien fait : alors que les premières minutes laissent présager d’une histoire assez conventionnelle, la suite montre qu’il n’en est rien, assez riche avec de nombreuses interactions des personnages entre eux. Cela devient rapidement une peinture sociale de la haute bourgeoisie qui monte en puissance pour aboutir sur un final assez fort. Les infidèles est un film qui mérite largement d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gina Lollobrigida, May Britt, Pierre Cressoy, Irene Papas, Marina Vlady, Anna Maria Ferrero
Voir la fiche du film et la filmographie de Mario Monicelli et de Steno sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mario Monicelli chroniqués sur ce blog…

Les Infidèles
Pierre Cressoy et May Britt dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

Remarques :
* Au début de sa carrière, Mario Monicelli a co-réalisé tous ses films avec Steno. Son film suivant, Proibito (Du sang dans le soleil, 1954), sera le premier qu’il réalisera seul.

* On remarquera également la présence de Marina Vlady (orthographiée Marina Wlady au générique) dans un tout petit rôle.

Les Infidèles
Marina Vlady dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

Les Infidèles
May Britt et Pierre Cressoy dans Les infidèles de Mario Monicelli et Steno.

(1) Après ce premier film, May Britt ne fera pas une grande carrière d’actrice : un peu plus d’une douzaine de films de second plan où elle personnifiera souvent des femmes fatales. Elle abandonnera sa carrière en 1960 après avoir épousé Sammy Davis, Jr.

11 décembre 2014

Alice (1990) de Woody Allen

AliceAlice est une jeune quarantenaire de la haute bourgeoisie new yorkaise qui mène une vie aisée mais futile. Elle consulte le Docteur Yang pour un vague mal de dos. Ce docteur qui a des ressources étonnantes et la rencontre fortuite d’un homme vont l’amener à reconsidérer sa vie… Le thème d’Alice n’est pas original en soi mais son traitement l’est beaucoup plus. Non seulement, Woody Allen choisit la légèreté et l’humour mais en plus il fait intervenir une bonne dose d’irrationnel dans ce portrait de femme, nouvelle preuve de cet amour du cinéaste pour la magie (1). Il parvient à mêler les genres et c’est ce mélange qui rend le film attrayant malgré la grande superficialité de son personnage principal. En filigrane, on retrouve cette même recherche de la vraie vie que l’on trouvait dans plusieurs de ses films précédents : Alice est finalement assez proche sur le fond de Une autre femme, même si les formes sont bien différentes : ici, c’est la satire et l’humour qui soutiennent le propos.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mia Farrow, William Hurt, Joe Mantegna, Keye Luke, Judy Davis
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Woody Allen

(1) Si Alice est l’un des plus marqué sur ce plan, il est facile de remarquer que la plupart de ses films comportent une ou plusieurs petites touches de magie. Cet amour de la magie remonte à son adolescence : Woody Allen était alors très habile et impressionnait tout son entourage par ses tours de cartes et de magie.

Mia Farrow et Keye Luke dans Alice (1990)
(ci-dessus) Mia Farrow et Keye Luke dans Alice
Mia Farrow et Joe Mantegna dans Alice (1990)
(ci-dessus) Mia Farrow et Joe Mantegna dans Alice.

25 juillet 2014

Quelques jours avec moi (1988) de Claude Sautet

Quelques jours avec moiFils d’une famille propriétaire d’une grande chaine d’hypermarchés, Martial sort d’une dépression qui lui a valu un séjour en hôpital psychiatrique. Il est taciturne et ne montre aucune émotion. Il se rend à Limoges pour contrôler les livres de comptes d’une succursale et découvre que le directeur a trafiqué les comptes. Il accepte toutefois l’invitation à dîner à son domicile et, là, il remarque Francine, la jeune bonne… En adaptant un roman de Jean-François Josselin, Claude Sautet a trouvé un bel équilibre car Quelques jours avec moi est autant une satire sociale, qu’une étude psychologique ou encore un drame de l’amour passionné. L’humour est assez présent dans la première moitié du film qui prend alors l’aspect d’une comédie. Mais le film tire sa force de son personnage central, assez complexe, puissant et fragile, qui cherche sa place tout en restant étranger au monde qui l’entoure. Autour du couple formé par Daniel Auteuil et la jeune et resplendissante Sandrine Bonnaire, les seconds rôles sont parfaitement définis, parfois typés ou haut en couleur, mais toujours assez justes au final.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire, Jean-Pierre Marielle, Dominique Lavanant, Danielle Darrieux, Vincent Lindon
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Sautet sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Sautet chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Claude Sautet

9 février 2013

La Chaleur du sein (1938) de Jean Boyer

La chaleur du seinUn jeune homme se retrouve à l’hôpital après avoir tenté de se suicider. Trois mères aimantes se présentent successivement à son chevet mais aucune n’est sa vraie mère. Celle-ci est morte à sa naissance et son père s’est remarié ensuite trois fois. Le père, égyptologue, étant en déplacement, les trois « mères » vont devoir unir leurs efforts pour que le fils puisse retrouver une certaine joie de vivre… La Chaleur du sein est l’adaptation d’une pièce de théâtre à succès écrite par André Birabeau. Sa pièce était une satire sociale, raillant les mœurs modernes et le divorce qui mettent à mal la famille. En portant la pièce à l’écran, Jean Boyer a gardé le même acteur pour interpréter le jeune homme, Jean d’Orgeix, alias Jean Pâqui (1), et l’a entouré de plusieurs excellents acteurs. Comme toutes les comédies qui reposent sur une satire sociale de leur époque, La Chaleur du sein peine un peu à traverser le temps et peut paraître très daté. Néanmoins, les bons dialogues, vifs et intelligents, et l’interprétation parfaite permettent de garder l’intérêt intact. L’humour repose beaucoup sur la juxtaposition des mentalités différentes des trois mères, Arletty, la plus jeune des trois, étant bien entendu la plus moderne et la plus libérée. Il manque toutefois un petit quelque chose pour faire de La Chaleur du sein un très bon film. Il reste néanmoins plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Arletty, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jean Pâqui, Jeanne Lion, Marguerite Moreno, François Périer
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Boyer sur le site IMDB.

Remarques :
* Dans la scène où le jeune Gilbert et son ami se font des confidences sur leur enfance, l’ami est interprété par François Périer ; il s’agit de sa première apparition au cinéma.
* Le film était perdu mais fut heureusement retrouvé dans les années 80.

(1) Jean d‘Orgeix avait alors 17 ans. Il sera ensuite également champion du monde de voltige aérienne, pilote de stock-car, champion olympique d’équitation, guide de chasse en Afrique… Il est décédé en 2006 à l’âge de 85 ans.