5 juin 2020

Les Grandes Gueules (1965) de Robert Enrico

Les grandes gueulesAprès plusieurs années au Canada, Hector Valentin est de retour dans les Vosges où il hérite de la scierie familiale après la mort de son père. L’entreprise est presque en ruines mais il décide de la faire revivre. Laurent et Mick, deux anciens prisonniers en cavale se font embaucher et lui suggère d’employer des détenus en liberté conditionnelle…
Les Grandes Gueules est adapté du roman Le Haut-Fer (1) de José Giovanni qui a écrit lui-même l’adaptation (2). Le scénario est fort bien construit avec de récurrentes montées de tension qui rendent le récit très prenant. Bourvil (ici dans un rôle dramatique) et Ventura tiennent merveilleux les premiers rôles, bien secondés par un plateau d’acteurs tous très bien utilisés. C’est une histoire rude et virile. Les grandes gueules a été qualifié par certains critiques de « western vosgien », une expression qui décrit très bien le film.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Lino Ventura, Marie Dubois, Jess Hahn, Jean-Claude Rolland, Michel Constantin, Paul Crauchet
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Enrico sur le site IMDB.

(1) Le terme « haut-fer » désigne, dans le massif des Vosges, une scierie traditionnelle dont la force motrice est hydraulique et constituée d’un banc, porteur de la grume (appelée tronce) qui avance en face d’une lame verticale à mouvement alternatif. (source Wikipédia)

(2) José Giovanni est un ex-condamné à mort qui, après avoir été gracié, s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers et de scénarios de cinéma. On lui doit les scénarios de Le Trou de Becker (récit autobiographique de sa tentative d’évasion), Classe tous risques de Sautet et beaucoup d’autres. Il a en outre réalisé 19 films dont La Scoumoune avec Belmondo.
Le film suivant de Robert Enrico, Les Aventuriers (1967) avec Delon et Ventura, sera de nouveau une collaboration avec Giovanni.

Les grandes gueulesLino Ventura, Jean-Claude Rolland et Bourvil dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico.

13 juillet 2017

La Fiancée du pirate (1969) de Nelly Kaplan

Titre original : « La fiancée du pirate »

La Fiancée du pirateEmployée de ferme, la jeune Marie vit misérablement dans une cabane à l’écart du village avec sa mère. Lorsque celle-ci meurt renversée par un chauffard, les notables du village préfèrent enterrer l’affaire pour éviter toute intrusion extérieure. Face aux harcèlements des hommes, Marie décide se venger… Le scénario de La fiancée du pirate a été écrit par Nelly Kaplan et Claude Makovski (qui est également producteur du film et interprète du représentant de commerce à la R16). Le film semble débuter comme un drame social et naturaliste mais tourne rapidement à la farce. Bien entendu, on peut le replacer dans l’esprit Mai 68 et le désir de bousculer l’ordre social, mais il ne développe aucune grande théorie. Il fustige surtout la bêtise, l’hypocrisie et la sexualité primitive de l’hominidé mâle… Marie retourne à son avantage le « droit de cuissage collectif » dont elle est la victime et, malgré l’arme qu’elle emploie dans ce but, le film a indéniablement une portée féministe. L’art de Nelly Kaplan est d’avoir fait de cette régénération une fable surréaliste à la Buñuel où l’humour est omniprésent ; le récit en devient jubilatoire. Et tout cela sur l’air de Barbara qui chante « Moi, je me balance… »
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Georges Géret, Claire Maurier, Jacques Marin, Michel Constantin
Voir la fiche du film et la filmographie de Nelly Kaplan sur le site IMDB.

Voir les livres sur Nelly Kaplan

Remarques :
* L’ouvrier agricole étranger est interprété par Louis Malle.
* Nelly Kaplan n’a pas réussi à vraiment trouver de financement autre que l’avance sur recettes pour tourner son film (budget total de 450 000 francs, soit l’équivalent de 400 000 euros d’aujourd’hui). Refusé par les distributeurs, il n’est sorti que dans deux salles. Il a été heureusement très bien reçu par la critique.
* La fiancée du pirate a échappé de peu à l’interdiction totale pour « apologie du vice » et est finalement sorti avec l’interdiction au moins de 18 ans. Cette restriction est restée jusqu’en 1989 où le film a été classé « tous publics ».
* Quand elle a écrit sa (première) autobiographie, Bernadette Lafont l’a titrée La Fiancée du Cinéma.

La fiancée du pirate
Georges Géret, Michel Constantin et Bernadette Lafont dans La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan.

6 juin 2014

Ne nous fâchons pas (1966) de Georges Lautner

Ne nous fâchons pasAncien truand retiré des « affaires », Antoine Beretto dirige paisiblement sa petite entreprise de location de bateaux lorsque son passé ressurgit sous la forme de deux anciens comparses qui lui demandent son aide : il s’agit de récupérer une certaine somme auprès d’un petit escroc minable, Michalon. Cela va l’entraîner beaucoup plus loin qu’il ne le souhaitait… Réalisé deux ans après Les Tontons Flingueurs et Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas joue sur le même registre de l’humour avec une partie de la même équipe. Malgré le titre, on se doute que Lino Ventura va avoir beaucoup de mal à garder son calme et le premier à en faire les frais sera Michalon / Jean Lefebvre qui, entre deux claques, prend son air de chien battu qui lui va si bien. Les dialogues sont de Michel Audiard qui distille ses belles réparties tout au long du film. Sans être aussi réussis que les deux films précités, Ne nous fâchons pas est un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Mireille Darc, Jean Lefebvre, Michel Constantin
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Lautner sur le site IMDB.

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Remarques :
* A la fin du film, le morceau qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Gloria des Them (à ce niveau de ressemblance, on peut parler de plagiat) est chanté par… Graeme Allright !* La scène incroyable du pont a été tournée au viaduc de Malvan, détruit pendant un bombardement en 1944 et dont seul le pilier central avait résisté. Ce pilier fut détruit par le génie civil au printemps 1966, permettant à Lautner de mettre dans la boîte une scène assez unique en son genre.