5 juin 2011

Elle (1979) de Blake Edwards

Titre original : « 10 »

ElleLui :
A 42 ans, George Webber est en pleine crise de la quarantaine. Il a beau être riche et célèbre, rouler en Rolls décapotable, il envie son voisin plus jeune dont la vie ressemble à une orgie permanente. En voiture, il croise le regard d’une jeune mariée qu’il considère comme la plus belle fille qu’il ait jamais vue. Il devient obsédé par elle… Cette comédie de Blake Edwards mêle assez habilement l’humour pur et la comédie dramatique chargée d’une certaine mélancolie. Ce sont toutefois les scènes d’humour pur qui sont les plus réussies, elles rattrapent un scénario qui serait passablement ennuyeux sans elles. Le film fut un énorme succès commercial pour d’autres raisons, essentiellement centrées sur la plastique irréprochable de la jeune actrice Bo Derek, courant sur la plage en maillot de bain.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dudley Moore, Julie Andrews, Bo Derek, Robert Webber
Voir la fiche du film et la filmographie de Blake Edwards sur le site IMDB.
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Remarques :
* C’est ce film qui lança la pratique machiste de noter les femmes de 0 à 10. En réalité, dans le film, c’est le psychanalyste qui demande à George Webber combien il donnerait sur une échelle de 0 à 10 à la jeune mariée qu’il a aperçue, ce à quoi il répond : « onze ».
* Le film donna une nouvelle vie au Boléro de Ravel (la jeune femme ne veut faire l’amour que sur le Boléro de Ravel).
* On ne peut pas dire que Bo Derek ait eu ensuite une grande carrière d’actrice. Il faut préciser qu’elle a essentiellement tourné sous la direction de son mari, John Derek, réalisateur sans talent. Le couple s’est couvert de ridicule, dont le summum fut probablement le film Bolero (1984).
* Un remake est prévu pour 2011… (MAJ: le projet n’a semble t-il pas abouti).

4 juin 2011

Caught in the rain (1914) de Charles Chaplin

Titre français : « Charlot et la somnambule »

Caught in the RainLui :
(Court métrage de 11mn) Caught in the Rain est le premier film dont Chaplin signe seul le scénario et la réalisation. Il se déroule en trois temps : 1) Dans un parc, Charlot fait des avances à une femme mariée sous les yeux du mari. 2) Dans le hall de son hôtel, Charlot passablement ivre, conte fleurette aux clientes et a bien du mal à monter l’escalier. 3) Après s’être trompé de chambre, Charlot se couche enfin mais la voisine d’en face est somnambule et vient dans sa chambre… Chaplin enchaîne ici plusieurs situations qu’il connaît bien, à la fois par son expérience de la scène en Angleterre (le mondain ivre) et par ses quelques films précédents (le parc, les erreurs de chambres). C’est dans le numéro du mondain ivre qu’il excelle, c’est assez phénoménal ce qu’il arrive à faire avec un simple escalier : on ne peut pas dire qu’il arrive à le monter au premier essai ! Le film n’est pas très novateur mais fut un succès. Chaplin aura ainsi de plus en plus les mains libres pour faire exactement les films qu’il souhaite.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Mack Swain, Alice Davenport
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4 juin 2011

Twenty minutes of love (1914) de Charles Chaplin et Joseph Maddern

Titre français : « Charlot et le chronomètre »

Twenty Minutes of LoveLui :
(Court métrage de 11mn) Après avoir tourné une douzaine de films de qualité inégale sous la direction de Mack Sennett, Henry Lehrman, Mabel Normand et George Nichols, Chaplin obtient enfin le droit d’écrire un scénario et de le réaliser… enfin de le coréaliser seulement car Mack Sennett tient à garder le contrôle. Twenty Minutes of Love Le résultat est une assez bonne comédie reposant sur une base simple mais très bien exploitée avec un bon enchaînement de gags. Chaplin a son costume complet et interprète le rôle d’un empêcheur de tourner en rond. Twenty Minutes of Love fait penser à In the Park que Chaplin tournera pour Essanay l’année suivante, pour lequel il reviendra tourner au même endroit.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Minta Durfee, Edgar Kennedy
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3 juin 2011

L’homme de la plaine (1955) d’ Anthony Mann

Titre original : « The man from Laramie »

L'homme de la plaineLui :
Will Lockhart, un ancien capitaine de l’armée, arrive dans une petite ville du Nouveau-Mexique à la tête d’un convoi de marchandises destinées au magasin local. Mais il vient aussi pour rechercher un trafiquant d’armes, l’assassin indirect de son jeune frère… L’homme de la plaine est tiré d’une histoire parue dans le Saturday Evening Post, adaptée par Philip Yordan. L’histoire est forte avec une belle caractérisation des personnages et une remarquable mise en situation. Anthony Mann a déclaré qu’il avait traité cette histoire comme une libre interprétation du Roi LearL’homme de la plaine est effectivement un drame shakespearien par ce personnage du père et de ses trois fils (1). Anthony Mann tourne pour la première fois en Cinémascope, utilisant parfaitement ce nouveau format. James Stewart apporte beaucoup par son interprétation à la fois sobre et puissante, très authentique. Ce qui est remarquable dans L’homme de la plaine, c’est qu’il n’y a rien de superflu, rien n’est trop appuyé, tout est parfaitement à sa place. On touche là la quintessence du genre.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Arthur Kennedy, Donald Crisp, Cathy O’Donnell, Alex Nicol
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Remarques :
L’homme de la plaine est le cinquième et ultime western d’Anthony Mann avec James Stewart. Ces cinq westerns sont parmi les plus beaux du genre.
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

(1) Jacques Lourcelles résume admirablement le drame de L’homme de la plaine :
« Dave est le fils réel qu’il regrette d’avoir, Hansbro est le fils de substitution (fils adoptif) dans lequel il place de chimériques espoirs, Lockhart est le fils idéal qu’il aurait souhaité et qu’il n’aura jamais, proche de lui par le caractère et l’obstination. » Tout le film est là…

2 juin 2011

Le caporal épinglé (1962) de Jean Renoir

Le caporal épingléLui :
Dans un camp de prisonniers allemand de 1940, trois amis se retrouvent. L’un deux n’a qu’une idée en tête : s’évader… Adapatation des mémoires d’un prisonnier de guerre signées Jacques Perret, Le caporal épinglé a souvent été présenté comme un remake de La Grande Illusion. A tort, car si le lieu est plus ou moins le même, le propos est tout autre. La Grande Illusion traitait des différences de classes et plus particulièrement d’une noblesse à l’agonie qui tentait de se placer au dessus des guerres. Dans Le caporal épinglé, le propos est centré sur l’individu et, s’il est question d’une noblesse, c’est plutôt celle de l’esprit. Renoir place également l’amitié au-dessus de tout, c’est elle qui peut nous pousser à lutter et à vivre comme des hommes. L’amitié et aussi l’amour, par l’intermédiaire de cette jeune fille qui « aime les hommes qui ne sont pas des esclaves ». Le caporal épinglé fut le dernier long métrage de Jean Renoir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur, Claude Rich, Jacques Jouanneau, Guy Bedos
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1 juin 2011

À l’origine (2009) de Xavier Giannoli

À l'origineLui :
Dans le nord de la France, un escroc solitaire se fait passer pour un chef de chantier venu relancer la construction d’une autoroute. Très rapidement, la nouvelle de son arrivée se répand et fait renaître l’espoir dans cette petite ville touchée par l’isolement et le chômage. Alors qu’au départ il était surtout pressé d’empocher les dessous de table qui s’offraient à lui, l’escroc va peu à peu se laisser gagner par ce grand projet qu’il a relancé malgré lui… Aussi incroyable qu’elle puisse paraître, l’histoire de A l’origine est inspirée d’un fait divers authentique, certes ici plutôt idéalisé et fortement romancé. Xavier Giannoli parvient à donner une dimension autre qu’anecdotique à son film. Plus que l’arnaque en elle-même, c’est la personnalité de l’escroc qui l’intéresse. Il tente donc d’expliquer par quel processus cet imposteur en est venu à changer de but. A l’origine est aussi la peinture d’un grand et bel élan collectif.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Emmanuelle Devos, Gérard Depardieu, Soko, Vincent Rottiers
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Remarques :
Dans la réalité, la tromperie a duré douze jours en mars 1997. Philippe Berre a embauché une équipe et réalisé des travaux mais n’est pas intervenu sur le chantier de l’autoroute elle-même (l’A28 dans la Sarthe, dont les travaux n’ont repris qu’en 2004). Il a été condamné à cinq ans de prison pour cette escroquerie. Début 2010, il a cherché à rencontrer Xavier Giannoli. Il est actuellement à nouveau en prison pour une autre usurpation d’identité. Il est décrit comme un personnage très énigmatique dans ses motivations.

31 mai 2011

Sommaire de mai 2011

Infidèlement vôtreSoyez ma femmeIl faut marier papaLes révoltés du BountyTabouIl était une fois en AmériqueMélodie en sous-solMabel's Strange Predicament

Infidèlement vôtre

(1948) de Preston Sturges

Soyez ma femme

(1921) de Max Linder

Il faut marier papa

(1963) de Vincente Minnelli

Les révoltés du Bounty

(1935) de Frank Lloyd

Tabou

(1931) de F.W. Murnau

Il était une fois en Amérique

(1984) de Sergio Leone

Mélodie en sous-sol

(1963) de Henri Verneuil

Mabel’s Strange Predicament

(1914) de Mabel Normand

Kid Auto Races at VeniceThe Man I MarriedLes grandes manoeuvresLe vilainA fool there wasLa femme sur la plageNanaJoueuse

Kid Auto Races at Venice

(1914) de Henry Lehrman

The Man I Married

(1940) de Irving Pichel

Les grandes manoeuvres

(1955) de René Clair

Le vilain

(2009) de Albert Dupontel

A fool there was

(1915) de Frank Powell

La femme sur la plage

(1947) de Jean Renoir

Nana

(1926) de Jean Renoir

Joueuse

(2009) de Caroline Bottaro

NickelodeonRuptureLe fils du désertLes trois mousquetairesLa reine des pommesLes nuits blanchesOcéansSwords and Hearts

Nickelodeon

(1976) de Peter Bogdanovich

Rupture

(1961) de J-C. Carrière et Pierre Étaix

Le fils du désert

(1948) de John Ford

Les trois mousquetaires

(1921) de Henri Diamant-Berger

La reine des pommes

(2009) de Valérie Donzelli

Les nuits blanches

(1957) de Luchino Visconti

Océans

(2009) de Jacques Perrin

Swords and Hearts

(1911) de David W. Griffith

The BattleThe Ghost WriterLe refugeL'école des auteursCinquième colonneLe temps qu'il resteLes surprises de l'amourFrigo et la baleine

The Battle

(1911) de David W. Griffith

The Ghost Writer

(2010) de Roman Polanski

Le refuge

(2009) de François Ozon

L’école des auteurs

(1933) de Germain Fried

Cinquième colonne

(1942) d’ Alfred Hitchcock

Le temps qu’il reste

(2009) de Elia Suleiman

Les surprises de l’amour

(1909) de Max Linder

Frigo et la baleine

(1923) de Buster Keaton et E. Cline

Nombre de billets : 32

30 mai 2011

Infidèlement vôtre (1948) de Preston Sturges

Titre original : « Unfaithfully Yours »

Infidèlement vôtreLui :
Au retour d’une tournée, un célèbre chef d’orchestre anglais, très épris de sa femme, apprend que celle-ci l’a probablement trompé pendant son absence. Après une première réaction d’incrédulité, il est pris de jalousie… Infidèlement vôtre est un film très original par plusieurs aspects. Le film de Preston Sturges mêle de façon inhabituelle comédie et drame. L’humour est très présent et sous plusieurs formes. Le début évoque les comédies des années trente (les « screwball comedies ») alors que, dans la dernière partie, l’humour est plus proche de l’humour des films muets (« slapstick ») ; cette partie est d’ailleurs presque dénuée de paroles, tout en étant copieusement bruitée. La partie centrale est assez unique en son genre : pendant un concert, nous entrons dans les pensées du chef d’orchestre qui imagine trois scénarios différents de l’après-concert, l’explication avec sa femme. Ces trois scénarios sont très différents car ils collent à la musique qui le met dans un état d’esprit particulier. Rex Harrison, dans un style très anglais et sûr de lui, utilise tout son registre pour passer de la comédie au drame. Linda Darnell apporte quant à elle beaucoup de charme. Globalement, Infidèlement vôtre évoque les films de Lubitsch. Le film dérouta le public et la critique de l’époque du fait du mélange des genres et de son caractère inhabituel. Il apparaît bien plus intéressant aujourd‘hui, car très original.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Linda Darnell, Kurt Kreuger, Lionel Stander
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Remarques :
Les trois morceaux joués :
1) L’ouverture de Semiramis de Rossini
2) L’ouverture de Tannhaüser de Wagner
3) Francesca da Rimini de Tchaikovsky
Le scénario est de Preston Sturges lui-même, une idée qui remonte à ses débuts et qu’il a même proposée à Lubitsch dans les années trente.

29 mai 2011

Soyez ma femme (1921) de Max Linder

Titre original : « Be My Wife »

Soyez ma femmeLui :
(Film muet 55 mn) Max est amoureux. Hélas, la charmante enfant vit avec une tante revêche qui a pris Max en grippe. Il va donc devoir user de stratagèmes pour parvenir à épouser la belle. Mais les ennuis ne feront alors que commencer… Be My Wife, Soyez ma femme est le second des trois longs métrages faits par Max Linder aux Etats Unis au tout début des années vingt. Depuis qu’il avait été redécouvert, seules treize minutes du début du film étaient visibles. Heureusement, il a été récemment restauré par Lobster dans une version qui semble complète. En plus de la scène hilarante du combat simulé avec un cambrioleur imaginaire, scène absolument extraordinaire, il y a nombre d’excellents gags dans le restant du film, notamment une désopilante scène de danse endiablée lors du mariage et une autre dans un placard à chauffage. Soyez ma femme Toute la seconde moitié du film est basée sur une histoire assez complexe, mais réglée au cordeau, de couples qui s’entrecroisent, où chacun soupçonne l’autre d’infidélité. C’est très bien mis en place et développé. On admirera les délirants mécanismes qui transforment un salon d’essayage de haute-couture en pièce de rendez-vous galants où l’on peut boire illégalement. Be My Wife témoigne de la formidable inventivité de Max Linder. C’est une grande chance de pouvoir le voir aujourd’hui dans son intégralité.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Max Linder, Alta Allen, Caroline Rankin, Lincoln Stedman
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Remarques :
La version restaurée du film a été diffusée pour la première fois le 22 mai 2011 à la télévision dans l’émission de Serge Bromberg « Retour de flamme » sur la chaîne CineClassics.

Homonyme :
Be My Wife (1919) de Hal Roach avec Harold Lloyd (film perdu)

28 mai 2011

Il faut marier papa (1963) de Vincente Minnelli

Titre original : « The courtship of Eddie’s father »

Il faut marier papaLui :
Après avoir perdu sa mère, le jeune Eddie, 9 ans, a bien l’intention de participer au choix de la nouvelle épouse de son père… Il faut marier papa est l’adaptation d’un roman de Mark Toby. Il s’inscrit dans une période où la MGM, mal en point, cherchait des valeurs sûres pour remonter la pente. Le film repose donc sur de solides piliers pour en faire un succès : un jeune garçon qui a perdu sa mère est toujours émouvant et mettre un raisonnement d’adulte dans la bouche d’un enfant provoque immanquablement l’attendrissement. Père et fils sont pleins de charme, Glenn Ford est plus séduisant que jamais et le tout jeune Ron Howard (futur réalisateur, entre autres, d’Appolo 13 et Da Vinci Code) est mignon comme tout. Le scénario est très basique et le film serait certainement insignifiant sans la réalisation absolument parfaite de Minnelli. Il faut marier papa fut un succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Ron Howard, Shirley Jones, Stella Stevens, Dina Merrill, Roberta Sherwood
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Autres adaptations :
The Courtship of Eddie’s Father (TV 1969-72) avec Bill Bixby et Brandon Cruz
The Courtship of Eddie’s Father (prévu pour 2013) de ???