Emprisonnés, Laurel et Hardy réussissent à s’évader après plusieurs essais infructueux en se faisant passer pour des peintres… The Second Hundred Years est un film muet américain réalisé par Fred Guiol. Ce film est souvent considéré comme le premier du célèbre duo comique Laurel et Hardy, c’est-à-dire le premier qui montre beaucoup d’interactions entre les deux acteurs pour créer l’humour. Ecrite par Leo McCarey, l’histoire de ce court métrage de deux bobines s’articule en trois parties : 1) La prison où Laurel et Hardy donnent du fil à retordre à leurs gardiens ; 2) L’évasion en se faisant passer pour des peintres, une longue scène hilarante avec un humour absurde du meilleur cru ; 3) le dîner mondain avec un gag délirant de la cerise insaisissable (repris plus tard dans From Soup to Nuts, 1928). James Finlayson est également présent et nous gratifie de fort beaux double-take, sa spécialité. The Second Hundred Years est très réussi et préfigure bien l’humour de Laurel et Hardy. Elle: – Lui :
À la fin du XIXe siècle, Lucas, prêtre danois, arrive en Islande avec pour missions de construire une église et de photographier la population. Ce voyage va mettre sa foi à rude épreuve du fait de conditions difficiles et d’une nature belle mais inhospitalière… Godland est un film dano-franco-islandais écrit et réalisé par l’islandais Hlynur Pálmason. Il s’agit d’une pure fiction, même si un panneau en exergue nous laisse supposer le contraire (1). Ce récit est original et plutôt riche, puisqu’il aborde plusieurs thèmes : la foi, la peur de Dieu, le besoin de trouver sa place, les difficultés de communication, ce qui rapproche ou oppose les hommes. La nature rend ces questions plus aigües : les paysages sont beaux mais la nature est plutôt hostile, du moins très exigeante. Le cinéaste adopte un rythme très lent, avec peu de paroles échangées mais une importance donnée au détail. Il a opté pour un format proche du 1:1 (carré) des chambres photographiques de l’époque (2). Tout le tournage a été fait en Islande dans la région où vit le réalisateur, les décors sont des espaces qu’il connait bien. L’ensemble est sans doute un peu austère mais aussi assez envoutant. Elle: – Lui :
(1) Un panneau annonce juste après le titre du film : « Un coffret en bois, contenant sept négatifs sur plaque en verre pris par un prêtre danois, fut découvert en Islande. Ce sont les plus anciennes photographies de la côte sud-est islandaise. Le film est inspiré de ces clichés. » Cette annonce est à considérer comme partie intégrante de la fiction : un tel coffret n’a jamais été découvert dans la réalité.
(2) La technique photographique utilisée par le prêtre est celle du « collodion humide » : La plaque de verre au collodion humide (ioduré et bromuré), inventée en 1851 par Frederick Scott Archer (1813-1857), était trempée dans une solution de nitrate d’argent afin de synthétiser l’iodure et le bromure d’argent qui sont photosensibles. Malgré sa complexité, cette technique permettait un temps de pose inférieur à 30 secondes. Le procédé présentait un inconvénient majeur : Le négatif devait être préparé, exposé, puis développé aussitôt, car, une fois sec, il devenait insensible. C’est ce procédé qu’a utilisé le photographe Eadweard Muybridge pour produire ses photographies du galop d’un cheval. (Lire sur Wikipedia)
Dans un ranch isolé en Californie, Otis « O. J. » Haywood et son père élèvent des chevaux qu’ils font travailler dans des films. Un jour, des petits objets tombent du ciel et blessent mortellement le père. Quelques mois plus tard, les chevaux se montrent de plus en plus nerveux et d’étranges phénomènes apparaissent… Nope est un film de science-fiction américain écrit, co-produit et réalisé par Jordan Peele. Il parvient à créer un mélange original de film fantastique, de science-fiction et même d’horreur (légère). Le cinéaste s’est inspiré de Rencontres du 3e type mais son film n’a pas la magie de celui de Spielberg. Le récit n’en est pas moins très prenant (du moins lorsque l’on n’a pas lu de critiques ou commentaires qui dévoilent tout) et habilement mis en scène sans moyens spectaculaires (tourné en 65mm et IMAX tout de même). Elle: – Lui :
Remarques : * Je me suis interrogé le sens du titre Nope ( = « non » en langage familier). Le réalisateur explique que ce serait un clin d’oeil à la façon dont les spectateurs de cinéma réagissent à l’horreur. * Le petit clip du galop d’un cheval existe bel et bien. Il s’agit d’une succession de photographies prises par l’américain Eadweard Muybridge en 1878. En revanche, si l’identité du cheval est connue, celle du jockey l’est moins. Et rien n’indique avec certitude qu’il soit noir (mais c’est fort possible). Le physiologiste français, pionnier de chronophotographie, Jules-Etienne Marey et le photographe Eadweard Muybridge sont deux pionniers du cinéma. En désaccord avec tous les spécialistes, Marey affirmait que le cheval n’a jamais les quatre pattes en l’air en extension comme il était d’usage de le représenter en peinture ou en dessin. Muybridge a permis de vérifier cela avec sa série de photographies : le décollage des quatre pattes ne se produit que lors du regroupement des pattes sous le corps. Sa séquence de photographies est l’une des toutes premières séquences animées, ancêtres du cinéma.
Laura nourrit quelques doutes sur la fidélité de son mari. Elle se confie à son père, extravagant playboy qui se met en tête de mener une enquête approfondie… On the Rocks est une comédie américaine écrite et réalisée par Sofia Coppola. Le film a été fait pour une sortie en streaming puis en DVD, sans sortie en salles. Sofia Coppola retrouve Bill Murray dix-sept ans après Lost in Translation pour un film très léger et amusant. Les dialogues sont enlevés et assez brillants. Tout l’humour repose sur Bill Murray et son jeu laconique, les autres acteurs paraissent bien ternes. Divertissant. Elle: Lui :
Dans les années 1950, le corps d’une jeune femme est retrouvé Place Vintimille dans le 9e arrondissement de Paris. La victime est vêtue d’une robe de soirée mais les enquêteurs ne retrouvent aucun papier d’identité dans son sac à main. Le commissaire Maigret et ses hommes du 36, quai des Orfèvres, siège de la PJ parisienne sont chargés de l’enquête… Maigret est un film franco-belge réalisé par Patrice Leconte. Il s’agit de l’adaptation du roman Maigret et la Jeune Morte de Georges Simenon, publié en 1954. Le livre avait déjà été porté plusieurs fois à l’écran en téléfilm, dont une fois en France. Patrick Leconte a simplifié l’intrigue, c’est plus un film d’atmosphère qu’un film d’enquête. Le film parait modelé pour convenir pleinement à Gérard Depardieu : le commissaire Maigret est las, sombre, usé ; il a « perdu l’envie ». Il fait avancer son enquête avec une lenteur pachydermique dans un Paris lugubre, tout en montrant sa légendaire faculté à percevoir toutes les nuances de l’âme humaine. Un film très triste et assez décevant. Malgré un accueil critique plutôt favorable, le film fut un échec commercial. Elle: – Lui :
Remarque : Le commissaire Maigret n’avait pas été incarné au cinéma depuis 1963 (par Jean Gabin).
Maigret au cinéma (France uniquement) : La Nuit du carrefour (1932), réalisé par Jean Renoir, avec Pierre Renoir Le Chien jaune (1932), réalisé par Jean Tarride, avec Abel Tarride La Tête d’un homme (1933), réalisé par Julien Duvivier, avec Harry Baur Picpus (1943), réalisé par Richard Pottier, avec Albert Préjean Cécile est morte (1944), réalisé par Maurice Tourneur, avec Albert Préjean Les Caves du Majestic (1945), réalisé par Richard Pottier, avec Albert Préjean Brelan d’as (1952), film à sketches réalisé par Henri Verneuil, avec Michel Simon Maigret dirige l’enquête (1956), réalisé par Stany Cordier, avec Maurice Manson Maigret tend un piège (1958), réalisé par Jean Delannoy, avec Jean Gabin Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959) par Jean Delannoy, avec Jean Gabin Maigret voit rouge (1963), réalisé par Gilles Grangier, avec Jean Gabin Maigret (2022), réalisé par Patrice Leconte, avec Gérard Depardieu.
Maigret à la télévision (France uniquement) : 1967-1990 : Les Enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard. 1991-2005 : Maigret avec Bruno Cremer.
Une famille de la campagne profonde doit payer une traite au risque de perdre sa propriété hypothéquée. Le bureau de recouvrement se trouve à Hollywood. Arrivés sur place, ils visitent la ville et se trouvent pris dans un hold-up qu’ils prennent pour un tournage de film… 45 Minutes from Hollywood est un court métrage muet américain réalisé par Fred Guiol et produit par Hal Roach. Le film est connu pour être le premier film que tournent ensemble Stan Laurel et Oliver Hardy (si l’on écarte The Lucky Dog (1921) qui était resté sans lendemain). Les deux futurs compères apparaissent bien tous deux, mais pas ensemble. De plus, si Oliver Hardy est bien reconnaissable en détective d’hôtel, Stan Laurel est impossible à reconnaitre. Le film a été conçu comme un « all-stars », tous les acteurs sous contrat avec Hal Roach y apparaissent (y compris Theda Bara dans un très court extrait de Madame Mystery) sauf Charley Chase qui manque à l’appel. Stan Laurel, encore peu connu, a eu l’idée saugrenue d’y apparaitre déguisé en James Finlayson ! Voilà pourquoi il est si difficile à reconnaitre. Il est le client avec un bonnet de nuit qui est pris dans une bagarre sur le lit de sa chambre. Hormis tout cela, le film n’est pas vraiment mémorable par son humour qui reste très classique. Elle: – Lui :
Poursuivis par des rangers qui veulent les réquisitionner pour éteindre un incendie de forêt, Laurel et Hardy trouvent refuge dans une riche demeure dont le propriétaire est absent pour plusieurs mois. Les domestiques devaient recevoir de nouveaux locataires mais ils se sont absentés pour le week-end… Duck Soup est un film muet américain réalisé par Fred Guiol. C’est le premier film où Stan Laurel et Oliver Hardy apparaissent en formant un vrai duo, avec déjà certains de leurs traits de caractère qu’ils conserveront par la suite. Le film a été perdu pendant presque cinquante ans avant d’être retrouvé en Belgique en 1974. L’histoire est basée sur un sketch écrit par le père de Stan Laurel. Les deux compères prennent la place du propriétaire et de sa bonne de maison, Stan Laurel se travestissant (gag très en vogue à cette époque) pour ce faire. Il y a de bons gags, une belle poursuite entre une auto et un vélo (!) et une bonne fin. L’ensemble est encore un peu rudimentaire. Les films suivants n’exploiteront pas le duo de la même façon, les deux acteurs faisant leur numéro chacun de leur côté. Il faudrait attendre un peu pour que l’on s’aperçoive du potentiel réel du duo. Elle: – Lui :
Voir les autres films de Fred Guiol chroniqués sur ce blog…
Remarque : * Ne pas confondre avec le célèbre film des Marx Brothers Duck Soup (1933). * « Duck Soup », en argot américain, signifie « une chose facile à faire ».
Remake (de la partie dans la maison) : Another Fine Mess de James Parott (1930, film parlant) avec Stan Laurel et Oliver Hardy.
Dans le Paris de 1955, René Goscinny et Jean-Jacques Sempé décident de créer ensemble Le Petit Nicolas pour un journal du dimanche. Se basant sur un simple dessin, chacun imagine Nicolas évoluant à ses côtés, l’inspirant, et conçoit une aventure le mettant en scène, à côté de sa famille ou ses copains… Le Petit Nicolas : Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? est un film d’animation français réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre. À l’origine, il devait s’agir d’un film documentaire mêlant des vidéos d’archives de Sempé et Goscinny aux histoires dessinées du Petit Nicolas. Finalement, c’est devenu un film d’animation qui parle autant du personnage du Petit Nicolas que de leurs créateurs. Les deux univers sont habilement mêlés, le petit personnage interagissant avec Sempé et Goscinny, tenant même la place de narrateur. Il y a de bonnes trouvailles d’interactions. L’ensemble est élégant : l’esprit de la bande dessinée est bien respecté, et le dessin tout autant. De cet univers poétique et amusant se dégage une légèreté bienvenue et toute l’insouciance de l’enfance. Une réussite et un très bel hommage à Sempé et Goscinny. Elle: – Lui :
Adaptations du Petit Nicolas en images réelles : Le Petit Nicolas de Laurent Tirard (2009) avec Kad Merad et Valérie Lemercier Les Vacances du petit Nicolas de Laurent Tirard (2014) avec Kad Merad et Valérie Lemercier Le Trésor du Petit Nicolas de Julien Rappeneau (2021) avec Jean-Paul Rouve et Audrey Lamy
Un homme, fils de marchand, doit laisser temporairement son épouse pour aller faire des affaires dans une ville éloignée pendant cinq ans. Un esprit prend malicieusement son apparence, et tombe amoureux de sa femme tout en lui avouant la supercherie. Mais le mari finit par revenir… Duvidha (également sous-titré Le Dilemme) est un film indien réalisé par Mani Kaul. C’est l’adaptation d’une histoire courte du même nom écrite par Vijaydan Detha. Originaire du Rajasthan (nord-ouest de l’Inde), Mani Kaul est un cinéaste indien peu connu en occident (1), que le l’on peut classer dans le « Nouveau Cinéma indien » des années soixante-dix. La sortie récente de quatre de ses films nous permet de le découvrir. Duvidha, son troisième long métrage, est sa première réalisation en couleurs. Il s’agit d’un conte sur le dilemme entre l’amour et l’argent. Mais ce n’est tant l’histoire qui est importante, ce qui enflamme les critiques est plutôt à chercher du côté de la forme, très épurée, avec de nombreux plans fixes, parfois agrémentés d’un lent traveling, des dialogues épars dits en voix off ou par les personnages quand ils sont hors-champ, d’une voix égale et monocorde. Cette recherche de l’épure évoque le cinéma de Robert Bresson. Personnellement, je dois avouer avoir beaucoup de mal avec ce genre de recherches. Elle: – Lui :
(1) Ne cherchez pas Mani Kaul dans vos dictionnaires de cinéma, vous ne le trouverez pas. Personnellement, je ne l’ai trouvé dans ma bibliothèque que rapidement mentionné dans un ouvrage sur le cinéma indien où il est décrit ainsi : « Le style individualiste de Kaul enchante ceux qui y voient l’abstraction et l’intellectualisme propres aux films dits d’auteur, plutôt rares pour la scène indienne. » (Dictionnaire de 65 cinéastes indiens par Aruna Vasudev et Partha Chatterjee dans Les Cinémas indiens, série CinémAction n°29-30, Editions du Cerf 1984.)
Autres longs métrages de Mani Kaul ressorti en 2023 : – Uski Roti (1970) – Un jour avant la saison des pluies (1971) – Nazar (1990), adaptation de La Douce de Dostoïevski, précédemment adapté par Robert Bresson en 1969. (Je n’ai réussi à regarder aucun de ces trois autres films jusqu’au bout (!) donc il me semble inutile de les commenter. Je réessayerai peut-être plus tard…)
Tahiti, de nos jours. Le haut-commissaire de la République en Polynésie française tente de prendre le pouls de la population locale de l’île alors que de vagues rumeurs annoncent la reprise des essais nucléaires de la France… Pacifiction : Tourment sur les îles est un film franco-germano-luso-espagnol réalisé par l’espagnol Albert Serra. On peut dire que c’est un film pour les amateurs d’expériences de cinéma. Le réalisateur a utilisé simultanément trois caméras filmant les scènes sous trois angles différents, de telle sorte que les acteurs ne pouvaient se positionner et jouer par rapport à l’une d’entre elles. Les dialogues étaient communiqués aux acteurs par oreillette en temps réel. Il en résulte une forte impression de naturel et la sensation d’immersion est forte. En revanche, l’histoire (la montée d’une bête paranoïa) passe au second plan, il ne se passe pas grand-chose, les dialogues sont extrêmement pauvres, de nombreuses scènes sont vides et interminables. Le réalisateur montre une attirance pour les lieux interlopes qu’il filme (très) longuement. La présence de Benoit Magimel (césarisé pour ce rôle) sauve un peu l’ensemble sans toutefois que sa prestation soit si mémorable que cela. La critique a adoré, le public beaucoup moins semble-t-il. Elle: – Lui :