Alors qu’il fait ses courses, Fabrice ne peut montrer sa carte de fidélité car il l’a oubliée « dans son autre pantalon » affirme-t-il. La caissière appelle un vigile. Fabrice parvient à s’enfuir en les menaçant avec un poireau. Commence alors une longue cavale. Les médias s’emparent de l’affaire, le pays est en émoi, il est devenu l’ennemi public numéro 1… Zaï Zaï Zaï Zaï est une comédie française réalisée par François Desagnat. Il s’agit d’une adaptation de la bande dessinée homonyme de Fabcaro (Fabrice Caro) qui est devenue un best-seller. Le cinéaste s’est allié à Jean-Luc Gaget pour en écrire l’adaptation. Ils en ont bien restitué l’humour absurde, proche du nonsense britannique. Le film montre une belle utilisation du détail et des arrière-plans, il y a d’excellentes trouvailles de gag et aucune lourdeur. De nombreux aspects de notre société moderne sont tournés en dérision. Une belle comédie loufoque avec du contenu qui n’a pas eu le succès qu’elle mérite. Elle: Lui :
Remarques : * La bande dessinée a été adaptée plusieurs fois sur les planches. * Caméos : Fabcaro est le dessinateur du portrait-robot. Jean-Luc Gaget joue le rôle d’un réalisateur. * Dans la bande dessinée, le délinquant était condamné par le tribunal à chanter en karaoké public la chanson Siffler sur la colline de Joe Dassin. D’où le titre… La chanson apparait aussi dans le film mais dans une situation différente (probablement pour éviter de terminer sur une scène insoutenable qui risquait de vider les salles de cinéma avant le générique de fin).
Jean-Paul Rouve dans Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat.Jean-Paul Rouve dans Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat.
Le jeune Gascon fougueux D’Artagnan est laissé pour mort après avoir tenté de sauver une femme d’un enlèvement. Une fois arrivé à Paris, il tente par tous les moyens de retrouver ses agresseurs, mais il ignore que sa quête le mènera au cœur d’une véritable guerre où se joue l’avenir de la France… Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan est un film français réalisé par Martin Bourboulon, première partie de l’adaptation du roman Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, déjà porté de multiples fois à l’écran. C’est une adaptation assez libre. En comparaison avec les versions précédentes, la modernisation du récit reflète vraiment l’humeur de notre société : on n’est plus là pour rire, l’atmosphère est sombre. La légèreté du récit, le panache des mousquetaires ont été écartés pour laisser la place à une histoire très noire où les combats sont âpres. Même si personnellement je regrette ce changement de ton un peu trop dans l’air du temps, l’ensemble est assez réussi. Le film a bénéficié d’un beau budget et les choix des acteurs pour les quatre mousquetaires est aussi judicieux que prestigieux. La distribution des seconds rôles est moins brillante mais elle est adéquate. Le film a connu un beau succès, y compris (et c’est le plus remarquable) à l’international. La seconde partie, Milady, a été tournée pour une sortie prochaine en salles. Elle: – Lui :
b) Versions du parlant : 1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard 1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel 1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie) 1942: Los tres mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie) 1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly 1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil 1954: I cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie) 1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie) 1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot 1973: The Three Musketeers de Richard Lester (UK) avec Michael York et Raquel Welch 1974: The Four Musketeers de Richard Lester (UK) avec Michael York et Raquel Welch 1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie) 1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell 2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve 2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart 2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich 2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil et d’innombrables versions TV… … et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)
Tout juste diplômée de Sciences Po, Madeleine part préparer les oraux de l’ENA en Corse avec Antoine, son amoureux avec qui elle partage des convictions politiques très à gauche. Elle vient d’un milieu très modeste tandis que lui est le fils d’un riche avocat. Mais une altercation avec un automobiliste violent sur une petite route tourne au drame et va sceller leur destin… De grandes espérances est un film français coécrit et réalisé par Sylvain Desclous. Le film n’a aucun lien avec le roman de Charles Dickens dont le réalisateur s’est, sans vergogne, approprié le titre. Il s’agit d’un thriller sur la réussite personnelle dans le domaine de la politique et sur la confrontation de l’idéalisme avec la réalité. Après une belle mise en place, la tension se maintient tout au long du récit. L’interprétation est de bonne facture. Si le film est convaincant dans sa forme, il y aurait beaucoup à redire sur le fond. Le réalisateur justifie le manque d’éthique de ses deux jeunes personnages principaux et leur individualisme en déclarant : « Je considère qu’en matière politique, la justesse d’une cause justifie les moyens mis en œuvre pour que celle-ci triomphe ». Brrr… Elle: Lui :
Deux hommes volent occasionnellement des bébés abandonnés par leurs parents dans la boîte à bébé de l’église pour les revendre sur le marché noir de l’adoption. Mais, cette fois, la jeune mère revient. Elle les découvre et décide de se joindre à eux pour interviewer les nouveaux parents et toucher sa part… Les Bonnes Étoiles (le sens du titre original est « courtier ») est un film sud-coréen écrit, réalisé et monté par Hirokazu Kore-eda. Le cinéaste japonais a tourné pour la première fois en Corée du Sud, dans une langue qui lui est inconnue. Une fois passée l’étonnement face à l’existence de ces « boites à bébés » (1), nous pensons avoir affaire à une dénonciation des trafics d’enfants. Il n’en est rien. Le sujet traité par Kore-eda est (une fois de plus) la famille, plus exactement la façon dont une famille peut se former dans des circonstances à priori antagonistes. Il traite ainsi de la parentalité, des diverses formes qu’elle peut prendre, souhaitée, réelle ou fantasmée. La démarche du cinéaste est audacieuse car nous avons du mal au départ à trouver ces trafiquants d’enfants sympathiques mais il sait aller en profondeur. Et son film est finalement assez touchant (peut-être juste un peu trop long). Elle: Lui :
(1) On trouve ces « boites à bébés » au Japon et, plus encore, en Corée, dixit le dossier de presse. A noter qu’il en existe aussi en Europe (Allemagne, Belgique mais pas en France) et même aux Etats-Unis. Dans tous les cas, leur présence est liée à des institutions catholiques.
Dong-won Gang, Lee Ji-eun, Im Seung-soo et Song Kang-ho dans Les bonnes étoiles (Beurokeo) de Hirokazu Koreeda.
Sur l’île croate où elle vit, Julija, 17 ans, souffre de l’autorité excessive de son père. Le réconfort, elle le trouve au contact de sa mère et de la mer, un refuge dont elle explore les richesses. L’arrivée d’un riche ami de son père exacerbe les tensions au sein de la famille. Serait-ce pour elle l’occasion de s’émanciper ? Murina est un film croate écrit et réalisé par Antoneta Alamat Kusijanović, son premier long métrage. Dans une nature belle mais austère, celle de ces îles arides et caillouteuses, l’histoire met en scène un affrontement familial tendu. Tout est vu à travers les yeux de la jeune fille. La réalisatrice précise : « Il était important, pour moi, de raconter l’histoire de ces deux générations de femmes piégées dans le machisme et la violence, ce que beaucoup d’entre nous appellent la « mentalité croate ». » La tension est forte, l’atmosphère rendue oppressante par les colères retenues du du père. Celui-ci espère vendre à son ami (et ancien patron) un projet d’hôtel sur son terrain. L’ensemble est peu glaçant mais mérite notre intérêt. Caméra d’Or à Cannes. Elle: Lui :
Remarque : La réalisatrice a probablement cherché à tirer l’ensemble vers la mythologie en associant la jeune fille à une murène, animal (à mauvaise réputation) qui serait dit-on capable de s’arracher un morceau de chair pour se libérer d’un piège. Cela est souligné par certains critiques mais cela peut paraître secondaire.
Leon Lucev et Gracija Filipovic dans Murina de Antoneta Alamat Kusijanovic.
Luis est accroc aux paris sportifs. Sa femme menace de le quitter. Malgré sa promesse d’arrêter de jouer, il se rend « une dernière fois » chez son bookmaker habituel accompagné de ses enfants pour se refaire. Des braqueurs font irruption, la police est rapidement sur les lieux et les clients sont retenus en otage… Fatum est un film espagnol coécrit et réalisé par Juan Galiñanes. L’idée de départ est plutôt bonne ; le cinéaste a visiblement cherché à aller plus loin que la situation classique du hold-up avec otages en y juxtaposant une seconde situation reposant sur la notion de responsabilité et d’attachement (j’emploie des mots très globaux pour ne rien dévoiler). L’idée paraît bonne mais, en pratique, son exploitation fait retomber l’ensemble dans des schémas classiques que l’on a l’impression d’avoir vu mille fois. On peut aussi reprocher à cette histoire d’être hautement improbable. Juan Galiñanes a toutefois réussi à installer une tension qui ne faiblit pas, même si l’issue est trop prévisible. Le film n’est pas sorti en salles en France. Elle: – Lui :
Dans la Rome des années 1970, une jeune adolescente ressent toutes les tensions dans le couple de ses parents. Mal dans sa peau, elle voudrait s’affirmer en tant que garçon. Sa mère compense les infidélités de son mari en ayant une relation fusionnelle avec ses enfants… L’immensità est un film italien co-écrit et réalisé par Emanuele Crialese. Le cinéaste précise qu’il s’agit d’un film personnel qu’il souhaitait faire depuis de nombreuses années. Contrairement à ce que la mise en place nous laisse supposer, le sujet principal n’est pas la transidentité. Le metteur en scène explique : « c’est une enquête sur un type de famille qui ne parvient pas à offrir une protection, où les enfants ne trouvent pas la sécurité, où manque l’amour conjugal, la complicité et la maturité des figures de référence. » L’ajout de la question de l’identité de genre est probablement opportuniste. Le problème principal du film est son manque de direction claire, les scènes paraissant juxtaposées sans but précis. La belle prestation de Penelope Cruz ne suffit pas, l’ensemble peine à nous intéresser. Elle: Lui :
Remarque : L’immensità est le titre d’une chanson de variétés italiennes datant de 1967 et qui fut un gros succès. Est-ce celle qui est chantée sur scène par l’adolescente dans la longue scène finale (scène dont la présence n’est pas expliquée d’ailleurs) ? Probablement mais pas sûr… (Je pourrais mais n’ai pas vraiment envie de vérifier car ces chansons de variétés des années 70 sont assez insupportables.)
Penélope Cruz et Vincenzo Amato et Luana Giuliani dans L’immensità de Emanuele Crialese.
Dédale est un inventeur travaillant au service du roi de Crète, Minos. Son fils Icare est son apprenti. Un jour, en allant livrer au palais une pelote de fil à la princesse Ariane, Icare tombe dans une pièce secrète en ruines. Là vit une créature moitié garçon, moitié taureau nommée Astérion… Icare est un long-métrage d’animation franco-belge-luxembourgeois réalisé par le luxembourgeois Carlo Vogele en 2022. Il s’inspire librement de la mythologie grecque, plus particulièrement des mythes d’Icare, du Minotaure, d’Ariane et de Thésée. Sa plus grande liberté est de montrer le Minotaure comme une créature sage et pacifique. Le personnage d’Icare n’étant que peu développé dans les mythes grecs, seulement le vol et la chute, les deux scénaristes (Carlo Vogele et Isabelle Andrivet) avaient le champ libre pour le développer afin d’en faire le personnage principal de cette histoire. La technique d’animation est particulière : les personnages sont en 3D plaqués sur des décors en 2D. Le résultat est esthétiquement réussi et évoque la bande dessinée. Voilà une belle façon de moderniser la mythologie grecque. A partir de 8 ans. Elle: – Lui :
Dans la France révolutionnaire, en 1793, François Athanase Charette de La Contrie se voit rappeler par des paysans en colère pour prendre le commandement de l’insurrection vendéenne. Sous le nom de Charrette, il devient alors un chef de guerre charismatique, défiant la République avec son armée de paysans… Vaincre ou mourir est un film historique français produit par le parc Le Puy du Fou de Philippe de Villiers. Inévitablement, il est donc fortement teinté de propagande, ce qui lui enlève une bonne partie de sa pertinence historique. Mais ce n’est pas son idéologie sous-jacente qui dérange le plus, ce qui frappe dès les premières minutes est plutôt du côté de la forme : tout sonne faux dans cette copie maladroite de films hollywoodiens. Le jeu des acteurs est épouvantable, la musique prête à sourire, les dialogues sont très pauvres avec une voix-off explicative insistante, le montage sert surtout à masquer les faiblesses des scènes d’action. J’avoue avoir sauté de nombreux passages. Elle: – Lui :
Remarque : Sur le site Allociné, la note des spectateurs est très suspecte : beaucoup trop de notes maximales par des comptes qui n’ont publié aucune autre critique. Wikipédia rapporte que « le jour de la sortie du film, dès sept heures du matin, la page du film sur Allociné était déjà inondée de plusieurs centaines d’avis favorables. » Visiblement, le site Allociné n’a pas mis en place de garde-fous contre ce type de manipulation.
Vaincre ou mourir de Paul Mignot & Vincent Mottez.
Dans les années 1930 aux Etats-Unis, un homme mystérieux hanté par ses démons, Stanton Carlisle croise par hasard la route d’un cirque mêlant fête foraine et freak show. Embauché comme homme à tout faire, il se lie avec la clairvoyante Madame Zeena et son mari alcoolique qui lui enseigne tout sur l’art de la fausse télépathie… Nightmare Alley est un thriller américain co-écrit et réalisé par Guillermo del Toro. Il s’agit d’une adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, déjà brillamment adapté au cinéma sous ce nom par Edmund Goulding en 1947. Malgré la qualité de la réalisation, le soin porté aux décors et l’excellente interprétation des acteurs principaux et secondaires, je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette histoire où tous les personnages sont plus ou moins détestables voire repoussants. Critiques et public lui ont cependant réservé un bon accueil, sans que le film ne soit toutefois un succès. Elle: – Lui :