5 septembre 2019

Cherchez la femme (2017) de Sou Abadi

Cherchez la femmeÉtudiants à Science Po, Armand et Leila sont en couple. Mahmoud, le grand frère de Leila, revient d’un long séjour au Yémen qui l’a radicalement transformé. Il s’impose comme chef de famille et maintient sa sœur enfermée. Pour revoir Leila, Armand enfile le voile intégral et se fait passer pour une femme…
Après son très remarqué documentaire SOS Téhran (2002), la réalisatrice d’origine iranienne Sou Abadi n’a pas réussi à tourner d’autres films avant d’écrire cette comédie. Traiter de l’intégrisme islamiste sur le mode de l’humour est une démarche risquée mais elle remporte son pari grâce à une indéniable spontanéité et une absence de malice. Bien entendu, les clichés ne sont pas totalement évités. Les amis intégristes ressemblent à une bande de Pieds Nickelés plus inoffensifs qu’autre chose et il y a un parti-pris de simplicité dans l’approche globale. L’ensemble est amusant, presque bon enfant, en tous cas pétri de bonnes intentions.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Félix Moati, William Lebghil, Camélia Jordana, Anne Alvaro
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Cherchez la femmeFélix Moati dans Cherchez la femme de Sou Abadi.

Homonymes :
Cherchez la femme (Herzogin Satanella, 1921) film muet autrichien de Michael Kertesz alias Michael Curtiz (film perdu?)
Cherchez la femme (1955) de Raoul André avec Georges Marchal et Geneviève Page (film perdu?)

3 septembre 2019

Le Poirier sauvage (2018) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Ahlat Agaci »

Le Poirier sauvageSinan vient de terminer des études qui le destinent à être instituteur, avenir qu’il envisage sans enthousiasme. Il a écrit un livre qu’il aimerait voir publié mais cela demande de l’argent. Son père est couvert de dettes à cause de son ancienne passion pour le jeu et cela le désespère…
Nuri Bilge Ceylan et sa femme Ebru Ceylan ont écrit le scénario en se basant sur les souvenirs d’un ami, Akin Aksu, qui a lui aussi participé à l’écriture. Cette histoire aborde plusieurs thèmes. Le jeune Sinan se sent différent des autres habitants de son village et aspire à une autre vie que celles qu’il peut voir autour de lui. Mais, ne pouvant concrétiser ses espoirs, il s’enferme dans une semi solitude avant de s’apercevoir qu’elle est la même que celle de son père qu’il méprise. Il est donc question d’affirmation, d’acceptation sociale, d’héritage avec des digressions sur la modernité, le dogme religieux, la place de la femme. Le propos de Nuri Bilge Ceylan est loin d’être direct ou concis. Ce film de 3 heures se présente sous la forme de longs dialogues filmés en plans-séquences, qui reformulent souvent la même idée plutôt que l’explorer. Le réalisateur aime aussi déstabiliser le spectateur par des ellipses inattendues ou même le lancer sur de fausses pistes (en mêlant rêve et réalité). La photographie est travaillée, assez belle et parfois très belle. Le Poirier sauvage a été particulièrement louangé par la critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Bennu Yildirimlar, Hazar Ergüçlü
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Remarque :
* Akin Atsu, qui a co-écrit le scénario, interprète le rôle d’un des deux imams, celui qui parle beaucoup.

Le Poirier sauvageDogu Demirkol (le fils) et Murat Cemcir (le père) dans Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan.

Le Poirier sauvageAhmet Rifat Sungar dans Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan.

1 septembre 2019

Les Héritières (2018) de Marcelo Martinessi

Titre original : « Las herederas »

Les héritièresÀ Asuncion au Paraguay, Chela, une femme presque septuagénaire issue d’une famille riche, a vécu avec Chiquita pendant plus de trente ans. Ruinée, elle est obligée de vendre meubles, tableaux et argenterie qu’elle a reçus en héritage. Par ailleurs, Chiquita, accusée de fraude, doit aller en prison. Chela se retrouve seule…
Les héritières a été écrit et réalisé par le paraguayen Marcelo Martinessi qui signe là son premier long métrage. Il s’agit d’un film très mélancolique qui met en lumière le crépuscule d’une vie bourgeoise qui s’étiole doucement. Marcelo Martinessi n’affiche toutefois aucune nostalgie, il semble plutôt vouloir se placer en observateur. De la réalité du pays, nous ne verrons rien : Chela et les personnes qu’elle rencontre semblent presque vivre en marge de la société (impression probablement renforcée par l’âge des personnages). Hormis l’arbitraire des arrestations, le réalisateur ne fait que peu d’allusions à la politique de son pays et il faut lire certaines de ses déclarations pour mieux la comprendre (1). Le film est assez lent mais émouvant. Tourné avec peu de moyens, le film a bénéficié d’une distribution internationale. Le cinéma paraguayen est plutôt rare. Ne serait-ce que pour cette raison, le film est intéressant à voir.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ana Brun, Margarita Irun, Ana Ivanova, Nilda Gonzalez
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Remarques :
* Certaines phrases semblent dites dans une autre langue que l’espagnol. C’est bien le cas. En fait, au Paraguay, il existe deux langues officielles : le guarani et l’espagnol.

Les héritièresAna Brun et Ana Ivanova dans Les héritières de Marcelo Martinessi.

(1) « Le coup d’État le plus récent (2012) a montré qu’il y a toujours eu une sorte de complicité entre notre petite- bourgeoisie et les régimes autoritaires. Et je ne parle pas seulement des personnages forts qui ont façonné leur époque à coups de bottes et de fusils jusqu’à la fin des années 80. Les nouveaux leaders « démocratiques », qui partagent désormais les bénéfices de la corruption et du trafic de drogue, ont eux aussi besoin de cette complicité pour inspirer les mêmes peurs et maintenir les mêmes silences. Personnellement, je m’intéresse à la vie quotidienne en dehors de ces zones de pouvoir, même au sein de la classe dirigeante. Il n’était pas pertinent de placer Les héritières à un moment précis de notre histoire politique puisque la sensation de vivre dans une prison géante reste la même. Aussi, ce film est fait essentiellement sur ce sentiment d’enfermement. » Marcelo Martinessi (Extrait du dossier de presse repris du site Allociné)

Marcelo Martinessi a été directeur exécutif de la première chaîne de télévision publique du Paraguay jusqu’au coup d’État de juin 2012. Capturant le traumatisme de son pays au cours de ce chaos politique, il a écrit et réalisé ‘La Voz Perdida’ et remporté le prix du meilleur court métrage au Festival de Venise en 2016. (Extrait du dossier de presse repris du site Allociné)

Précision : En juin 2012, Fernando Lugo, le premier président de gauche du Paraguay, a été destitué par un vote du Sénat. Cette destitution est qualifiée de « coup d’état » par de nombreuses voix (lire un article sur Le Monde).

Homonyme :
Les héritières (Örökség, 1980) de la hongroise Márta Mészáros avec Isabelle Huppert.

30 août 2019

The House That Jack Built (2018) de Lars von Trier

The House That Jack BuiltAux Etats-Unis, dans les années 70, Jack est un tueur en série qui voit ses meurtres comme des œuvres d’art. Il raconte ses méfaits à un « passeur » …
The House That Jack Built est un film particulièrement gore et brutal. J’avoue ne pas avoir été capable de regarder jusqu’au bout ce déballage de violence sadique et de torture. C’est épouvantable (dans le sens littéral du terme). De plus, la vision qu’il donne des femmes me paraît très discutable : cela est particulièrement net avec sa première victime qui joue un jeu stupide et très dangereux, elle pousse Jack au crime. Par ce procédé, Lars von Trier cherche-t-il à inclure le spectateur dans la vision du tueur? Il laisse, en tous cas, sous-entendre que la victime « n’a que ce qu’elle mérite ». On aimerait croire que ce type de discours est aujourd’hui dépassé, alors que nous tendons à avoir une vision différente sur les violences subies… Le passeur  emprunté à Dante était en revanche une bonne idée mais je n’ai pu voir ce qu’elle apportait vraiment. Une partie de la critique, visiblement bien décidée à suivre Lars von Trier dans tous ses excès, a été louangeuse.
Elle:
Lui : pas d'étoile

Acteurs: Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
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The House That Jack BuiltUma Thurman et Matt Dilon dans The House That Jack Built de Lars von Trier.

 

Remarque :
This Is the House That Jack Built est au départ une comptine anglaise pour enfants, de type conte cumulatif (on commence avec la phrase seule et on rajoute ensuite une phrase avant et ainsi de suite, chaque couplet se terminant par « in the house that Jack built »).
The House That Jack Built est également le titre d’un (excellent) épisode de Chapeau melon et bottes de cuir (saison 4, 1965).

26 août 2019

Monsieur et Madame Adelman (2017) de Nicolas Bedos

Mr & Mme AdelmanSarah Adelman enterre son mari, un écrivain à succès, prix Goncourt et membre de l’Académie française. Elle reçoit un journaliste venu l’interviewer pour écrire une biographie. Elle évoque alors les quarante-cinq années de leur relation…
Monsieur et Madame Adelman est un film fait en circuit fermé : le couple (à la ville comme à l’écran) Nicolas Bedos / Doria Tillier ont écrit un scénario fortement inspiré de leur vie personnelle, tiennent les deux rôles principaux et l’un des deux le dirige. Comme leurs personnages, ils théâtralisent leur vie (c’est Nicolas Bedos lui-même qui le reconnait). L’histoire n’est pas très originale, bourrée de lieux communs et de procédés scénaristiques standardisés. Le meilleur est dans la vivacité des dialogues, même si l’humour est souvent assez facile et veut visiblement donner dans l’humour mordant ou même méchant. Le film est amusant sur le moment mais s’oublie très vite.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Doria Tillier, Nicolas Bedos, Denis Podalydès, Antoine Gouy, Christiane Millet, Pierre Arditi
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Mr & Mme AdelmanDoria Tillier et Nicolas Bedos dans Mr & Mme Adelman de Nicolas Bedos.

23 août 2019

Foxtrot (2017) de Samuel Maoz

FoxtrotUne famille israélienne doit affronter une terrible nouvelle à propos de leur fils en poste sur un check-point isolé…
Foxtrot est le second long métrage du réalisateur israélien Samuel Maoz qui en a écrit le scénario. Contrairement à son film précédent Lebanon, cette histoire n’est pas autobiographique. Le réalisateur porte un regard sur son pays et surtout sur la  présence toujours forte de la Shoah dans la mémoire collective. Ainsi, certaines circonstances vont révéler des fêlures, des faiblesses profondes qui trouvent leurs origines dans ce « legs » lourd et générateur de culpabilité. La forme est originale, surtout par les cadrages et le placement de la caméra : le plus spectaculaire sont ces vues de haut, à la verticale, qui donne le sentiment que les personnages sont de petits pions sur un vaste échiquier. Dans la partie dans le désert, le cinéaste utilise des éléments oniriques ou surréalistes pour souligner l’absurdité de la situation. Finalement, il joue plus avec la forme qu’il n’étoffe son contenu, c’est sans doute le reproche que l’on peut lui faire mais son film mérite d’être remarqué.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray
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Remarque :
* La ministre israélienne de la Culture, Miri Regev, a fortement critiqué le film en proclamant qu’il donnait une mauvaise image de l’armée israélienne. Comme souvent en pareil cas, ces attaques ont apporté au film une publicité inespérée et Foxtrot a connu un fort succès commercial en Israël.

FoxtrotLior Ashkenazi et Sarah Adler dans Foxtrot de Samuel Maoz.

FoxtrotLior Ashkenazi dans Foxtrot de Samuel Maoz.

22 août 2019

L’Homme qui défiait l’infini (2015) de Matt Brown

Titre original : « The Man Who Knew Infinity »

L'Homme qui défiait l'infiniAu tout début du XXe siècle, Srinivasa Ramanujan, passionné par les mathématiques, peine à trouver un travail dans sa ville de Madras en Inde et parvient in extremis à se faire embaucher comme comptable. Il envoie certaines de ses formules à divers mathématiciens anglais et l’un d’eux le fait venir à Cambridge…
L’Homme qui défiait l’infini est un film britannique basé sur la biographie écrite par l’américain Robert Kanigel. C’est un biopic assez classique dans sa forme et son déroulement. Il a toutefois le mérite d’être fidèle à la réalité. Il met bien en relief le choc entre deux approches des mathématiques : celle qui s’appuie sur les démonstrations, vision qui prévalait à l’époque en Angleterre, et celle qui laisse la part belle à l’intuition. Cette partie n’est pas exagérée : dans la réalité, il a effectivement fallu attendre presque un siècle entier pour que toutes les équations de Ramanujan soient démontrées et vérifiées. Le film est l’occasion de revoir Dev Patel, le garçon de Slumdog Millionaire. Jeremy Irons offre comme toujours une interprétation parfaite, même s’il est un peu âgé pour le rôle (G.H. Hardy n’avait que 36 ans quand il a fait venir Ramanujan), et sa voix est toujours un délice pour les oreilles. Le film n’est pas sorti en salles en France.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irons, Dev Patel, Toby Jones, Stephen Fry
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L'Homme qui défiait l'infiniJeremy Irons et Dev Patel dans L’Homme qui défiait l’infini de Matt Brown.

 

* Autre film sur le mathématicien Srinivasa Ramanujan :
Ramanujan de Gnana Rajasekaran (Inde, 2014) avec Abhinay Vaddi.

21 août 2019

Les étoiles restantes (2018) de Loïc Paillard

Les étoiles restantesAlors qu’il vient de se faire larguer par sa petite amie, Alexandre, trentenaire un peu paumé, décide de se lancer dans la vie active et de mettre de l’ordre dans sa vie. Mais tout semble aller mal. Son père, cancéreux en phase terminale, vient de décider d’arrêter sa chimiothérapie. Et ce n’est pas son colocataire cloîtré chez lui pour chercher « une méthode universelle pour réussir sa vie » qui lui sera d’une aide quelconque. Heureusement Alexandre rencontre Manon…
Après quelques courts métrages, Loïc Paillard réalise son premier long métrage qu’il produit lui-même. Il dit s’être inspiré de sa propre vie pour écrire cette comédie dramatique. Il réussit à aborder le thème de la mort sans faire un film sombre pour autant, il parvient même à donner une indéniable légèreté à son récit. Sur ce plan, le film est bien équilibré. Le personnage principal, interprété par Benoît Chauvin, est assez réussi ; il a quelque chose d’attachant dans sa façon d’être désarçonné par sa propre vie. En revanche, le scénario gagnerait à être étoffé et un peu de profondeur aurait réellement profité à l’ensemble. néanmoins, Les étoiles restantes méritait bien d’être remarqué.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Chauvin, Camille Claris, Jean Fornerod, Sylvain Mossot
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Les étoiles restantesBenoît Chauvin et Camille Claris dans Les étoiles restantes de Loïc Paillard.

19 août 2019

Everybody Knows (2018) de Asghar Farhadi

Titre original : « Todos lo saben »

Everybody KnowsLaura qui vit en Argentine revient dans son village natal en Espagne pour assister au mariage de sa sœur. Alors que la fête bat son plein, un évènement tragique bouleverse l’atmosphère joyeuse et va faire ressurgir un passé enfoui…
L’iranien Asghar Farhadi a écrit son scénario en farsi, l’a tourné en espagnol et en Espagne ; les distributeurs français l’ont affublé d’un titre américain. Autant dire qu’il s’agit d’un film international mais, même si le dossier de presse brode sur le choc des cultures, rien de tel n’est en réalité perceptible à l’écran. Il s’agit d’un thriller familial plutôt classique qui bénéficie d’une interprétation assez forte du couple Penélope Cruz et Javier Bardem. Il se passe réellement quelque chose entre les deux acteurs (rappelons qu’ils sont mari et femme à la ville). Asghar Farhadi manque un peu de clarté dans le déroulement de son scénario, ce qui nuit beaucoup à l’impression générale. Et la mise en place est vraiment interminable.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darín, Eduard Fernández, Inma Cuesta
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Everybody KnowsPenélope Cruz et Javier Bardem dans Everybody Knows de Asghar Farhadi.

16 août 2019

Plaire, aimer et courir vite (2018) de Christophe Honoré

Plaire, aimer et courir vite1990. Jacques est un écrivain connu qui vit à Paris avec son jeune fils. Lors d’un déplacement à Rennes, il fait la rencontre d’Arthur, jeune étudiant, homosexuel comme lui et qui mord la vie à pleine dents…
Après deux adaptations littéraires, Christophe Honoré revient à un récit réaliste qu’il a écrit lui-même. Son récit met face à face deux êtres à des positions très différentes, presque opposées, de leur vie : l’un est à l’aube de ses vingt ans, avide de tout, prenant tous les plaisirs qui passent à sa portée, irréfléchi, repoussant à plus tard toute réflexion ; l’autre est bientôt quarantenaire, il a vécu beaucoup et tente d’être maintenant maitre de ses choix car il sait son temps limité. Cette opposition de caractères pourra paraître artificiellement poussée mais c’est, après tout, le propre de toute scénarisation, afin de mieux faire ressortir certains traits. Le plus remarquable dans le film de Christophe Honoré est sa façon de mettre en scène l’homosexualité, de montrer sans fard la naissance d’une histoire d’amour que l’on sait brève. La lourde présence du sida n’entraine aucun excès de pathos, l’humour est même plutôt dominant tout au long du film. Le flirt entre Jacques et Arthur prend la forme d’un amusant badinage et, si le sexe est souvent présenté de façon directe, c’est toujours sans vulgarité. Les interprétations de Vincent Lacoste et de Pierre Deladonchamps sont très fortes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès
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Plaire, aimer et courir vitePierre Deladonchamps et Vincent Lacoste dans Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré.