30 août 2019

The House That Jack Built (2018) de Lars von Trier

The House That Jack BuiltAux Etats-Unis, dans les années 70, Jack est un tueur en série qui voit ses meurtres comme des œuvres d’art. Il raconte ses méfaits à un « passeur » …
The House That Jack Built est un film particulièrement gore et brutal. J’avoue ne pas avoir été capable de regarder jusqu’au bout ce déballage de violence sadique et de torture. C’est épouvantable (dans le sens littéral du terme). De plus, la vision qu’il donne des femmes me paraît très discutable : cela est particulièrement net avec sa première victime qui joue un jeu stupide et très dangereux, elle pousse Jack au crime. Par ce procédé, Lars von Trier cherche-t-il à inclure le spectateur dans la vision du tueur? Il laisse, en tous cas, sous-entendre que la victime « n’a que ce qu’elle mérite ». On aimerait croire que ce type de discours est aujourd’hui dépassé, alors que nous tendons à avoir une vision différente sur les violences subies… Le passeur  emprunté à Dante était en revanche une bonne idée mais je n’ai pu voir ce qu’elle apportait vraiment. Une partie de la critique, visiblement bien décidée à suivre Lars von Trier dans tous ses excès, a été louangeuse.
Elle:
Lui : pas d'étoile

Acteurs: Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman
Voir la fiche du film et la filmographie de Lars von Trier sur le site IMDB.

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The House That Jack BuiltUma Thurman et Matt Dilon dans The House That Jack Built de Lars von Trier.

 

Remarque :
This Is the House That Jack Built est au départ une comptine anglaise pour enfants, de type conte cumulatif (on commence avec la phrase seule et on rajoute ensuite une phrase avant et ainsi de suite, chaque couplet se terminant par « in the house that Jack built »).
The House That Jack Built est également le titre d’un (excellent) épisode de Chapeau melon et bottes de cuir (saison 4, 1965).

6 réflexions sur « The House That Jack Built (2018) de Lars von Trier »

  1. Moi, j’ai vu le film jusqu’au bout mais j’ai eu tort de rester !! Je ne sais pas si vous avez vu la scène la plus horrible. Elle est vraiment épouvantable. Tout ça pour quoi ? Je me le demande encore.

  2. Entre la misogynie récurrente et éclatante de Lars Von Trier, son goût pour la violence psychologique et son voyeurisme, cela fait trois bonnes raisons de ne plus aller voir ses films… et surtout pas celui-là. Vos deux avis me dissuadent définitivement d’essayer.

  3. Je n’ai pas vu tous les films de LVT, mais j’ai longtemps été septique. Puis des avis contraires aux miens (et l’intuition que le gars ne peut pas être seulement ce type provocateur pour festival) m’ont poussé à revoir Antichrist, Nymphomaniac, et ce House… Eh bien je dois dire que j’ai carrément changé d’avis.
    J’aimerais juste dire que je ne pense pas qu’il soit misogyne : tout le monde s’en prend pour son grade dans ses films, hommes ou femmes. Et il fait des femmes des personages souvent plus interessants que les bonhommes (bon pas dans ce House, d’accord…). Mais justement, dans ce House, les femmes sont vu par l’esprit malade d’un psychopathe. C’est juste plausible non ?
    Ce qui me semble également évident, c’est que c’est un grand inventeur de forme. Il se renouvelle de film en film, et son language est passionnant. Il ne faut pas s’arrêter à ses déclarations maladroites et volontiers provocatrices, car derriere il y a un cinéaste très intelligent, il suffit de lire sa dernière interview dans les cahiers pour s’en convaincre.
    Et c’est aussi un sale gamin, qui aime provoquer. J’aime bien ça (car derrière il y a un vrai artiste, assez exigeant envers lui-même). Il oblige à choisir son camp, mais il est malin, il ne cherche pas à plaire. Il n’en a rien à faire du bon goût, du beau, il n’a pas peur du vulgaire non plus. C’est assumé.
    The House… est assez dur par moment, et je conçois que ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Mais ce n’est pas aussi horrible qu’on le dit.
    Tout ça c’est un peu comme si on disait que les Stones sont misogynes et qu’il ne faut pas écouter leur disques (certains le disaient sûrement à l’époque), ou que Pasolini est un gros dégueulasse parce qu’il a réalisé Salò (qui montre des choses ignoble, mais le film est tenu en haute estime non?).

  4. @Luc Jardin : non, je n’ai pas vu la scène à laquelle vous faites allusion (du moins, je pense), j’ai lu sa description après avoir arrêté et je me suis dit que j’avais bien fait. 😉

    @ Olive : Le parallèle avec Salò est effectivement intéressant. Je ne sais pas si l’on peut dire que c’est un film tenu en haute estime, mais c’est un film marquant. C’est toutefois un film que l’on n’a pas envie de revoir une fois qu’on l’a vu (personnellement, je n’en ai aucune envie, une fois suffit).
    La différence est que ce dernier film de Pasolini (qui a été, rappelons-le, assassiné de façon lamentable quelques jours après sa sortie ce qui accroit son impact) se voulait être une mise en garde. Que ce cri d’alarme était justifié ou pas peut faire l’objet de discussions mais c’est un film qui s’inscrit dans une démarche, qui évoque un sujet sociétal, qui soulève de nombreuses questions, un film qui a un sens.

    Peut-on en dire autant du film de Lars von Trier ? Je ne peux évidemment répondre, puisque je ne l’ai pas vu en entier mais ce que j’ai pu lire ensuite sur ce film m’est apparu un peu confus…

  5. @ Films : Le sens du film de LVT m’échappe autant qu’à vous. Faut-il qu’un film ait un sens qui justifie sa représentation de la violence, qui permette de l’accepter ? Haneke semble le penser, il peut nous montrer les pires horreurs, mais les justifie en les condamnant. Haneke c’est le vieux prof un peu sévère qui nous fait la leçon. LVT semble nous dire que non. c’est le sale gosse qui vient nous bousculer, qui vient tagger sur nos murs les trucs qu’on ne veut pas voir.
    Vous savez bien que la représentation de la violence au cinéma existe depuis toujours, et on a tous sa limite quand à ce qu’on peut supporter (j’en ai une, mais si!).
    C’est juste le portrait d’un serial killer, d’un type inacceptable pour la société (je défends le film, pas le personage). Comme Nymphomaniac est le portrait bouleversant (faut le voir en entier pour comprendre) d’une femme elle aussi inacceptable, et qui décide de se connaître plutôt que de se conformer à ce qu’on attend d’elle. C’est en ce sens que ces films sont des autoportrait, peut-être.
    Sa forme brillante, son coté sale gosse, son humour noir, me suffisent. Après, on peut l’interpréter comme on veut, ce n’est pas LVT qui nous dit comment le voir, dieu merci.

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