16 septembre 2016

Chambre avec vue (1985) de James Ivory

Titre original : « A Room with a View »

Chambre avec vueFlorence, 1907. Une jeune anglaise Lucy est en vacances accompagnée de sa tante Lucie. Elles logent dans une pension de famille. Elles y rencontrent les Emerson, un père et son fils, tous deux libres-penseurs, qui leur proposent gentiment d’échanger leurs chambres afin qu’elles profitent de la vue. Un baiser furtif va provoquer le retour prématuré de la très prude Lucy en Angleterre… Cette adaptation d’un roman d’E.M. Forster met en scène ce tournant de civilisation où la rigidité des codes de la société victorienne dut commencer à plier face à l’expression des sentiments. Certes, il y a un peu condescendance facile vis-à-vis de l’ancienne société, on frôle même la caricature avec le personnage de l’intellectuel corseté interprété par Daniel Day-Lewis, mais James Ivory a su montrer avec beaucoup de finesse cette belle ardeur qui point sous les convenances figées. Il le fait avec une indéniable délicatesse et d’esthétisme : certaines scènes sont picturalement très belles (la ville de Florence, le baiser dans le champ, les corps nus du lac qui évoquent les statues de Florence, etc.) L’interprétation est parfaite. Tous ces éléments contribuent au charme de ce Chambre avec vue.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maggie Smith, Helena Bonham Carter, Julian Sands, Simon Callow, Judi Dench, Daniel Day-Lewis, Rupert Graves, Denholm Elliott
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Voir un livre sur James Ivory et E.M.Forster

Remarques :
* La musique sur le générique de début est O moi babbino caro de Puccini. Tout en délicatesse, il donne le ton.
* James Ivory adaptera deux autres romans d’E.M. Forster avec Maurice (1987) et Retour à Howards End (1992).

Room with a view
Julian Sands et Helena Bonham Carter dans Chambre avec vue de James Ivory.

Room with a view
Daniel Day-Lewis dans Chambre avec vue de James Ivory.

Room with a view
Julian Sands et Helena Bonham Carter dans Chambre avec vue de James Ivory.

26 août 2016

Le Château dans le ciel (1986) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tenkû no shiro Rapyuta »

Le Château dans le cielUne fillette nommée Sheeta possède une pierre magique également convoitée aussi bien par un mystérieux personnage officiel flanqué d’un bataillon militaire que par des pirates particulièrement intrépides. Cette pierre permettrait de retrouver Laputa, une île légendaire flottant dans le ciel. Pour échapper à ses poursuivants, Sheeta va être aidée par Pazu, un jeune garçon très débrouillard qui l’a recueillie… Tourné en 1986 mais découvert en Europe qu’en 2003, Le Château dans le ciel est la première production des Studios Ghibli. Hayao Miyazaki a déclaré qu’il s’agissait de son préféré. Le scénario est assez riche, on y trouve tous les thèmes chers au réalisateur : le monde de l’enfance, le fantastique, les machines volantes, la plénitude de la Nature, le rejet des armes et du totalitarisme. L’idée de l’île volante lui a été inspirée par un passage des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le rythme est très enlevé avec beaucoup de scènes d’action mais aussi de très belles scènes poétiques. Le Château dans le ciel est une petite perle de plus de la filmographie d’Hayao Miyazaki.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Le Château dans le cielSheeta et Pazu, les héros de Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.

Le Château dans le cielLaputa, l’île volante dans Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.

Le Château dans le cielDessin préparatoire pour Laputa, l’île volante dans Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki.
Laputa est dans son état initial ; l’arbre au sommet (qui a une grande importance par la suite) n’est pas encore présent.

24 août 2016

Cutter’s Way (1981) de Ivan Passer

Titre français parfois utilisé : « La Blessure »

Cutter's WayGigolo à ses heures, Richard Bone est témoin d’un meurtre. Il pense reconnaitre le meurtrier quelques jours plus tard en voyant un riche notable local. Son ami Alex Cutter, que la Guerre du Vietnam a laissé infirme, décide de tout faire pour confondre le meurtrier… Co-scénariste de Milos Forman, Ivan Passer a été l’un des principaux chefs de file de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, poussé à l’exil après le Printemps de Prague. Il adapte ici un roman de l’américain Newton Thornburg où l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour traiter du mal-être de l’Amérique des années post-Vietnam. L’idéalisme de la fin des années soixante a laissé la place à une amertume et une défiance confuse mais puissante. L’histoire est ici centrée sur un trio de personnalités très (et même trop) typées : Richard le détaché, un peu lâche aussi, Cutter l’enragé qui en veut à la Terre entière et sa femme Mo, femme désillusionnée et triste, aux rêves brisés. Si l’intention est louable et le propos émaillé de quelques pistes de réflexions intéressantes, il n’en est pas moins un peu confus et s’éternise sur les interrogations à répétition des protagonistes. Finalement, Cutter’s Way nous laisse sur une impression mitigée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, John Heard, Lisa Eichhorn
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Remarque :
* Le film a été distribué dans les premiers mois sous le titre Cutter and Bone, le même titre que le roman. Ce titre pouvant évoquer une comédie sur les chirurgiens (!), il fut rapidement changé.

Cutter's way
Jeff Bridges dans Cutter’s Way de Ivan Passer.

Cutter's way
Lisa Eichhorn et John Heard dans Cutter’s Way de Ivan Passer.

22 août 2016

Blow Out (1981) de Brian De Palma

Blow OutJack est un ingénieur du son qui travaille pour des films de troisième zone. Lors d’une séance de prises de sons nocturnes, il assiste à un accident de voiture. Il parvient à sauver la jeune passagère mais le conducteur, un politicien en vue, a trouvé la mort. Jack sait, d’après ce qu’il entendu et enregistré, qu’il ne s’agit pas d’un simple accident… Le titre ne laisse aucune équivoque : Blow Out est une transposition de Blow-Up, il est au son ce que le film d’Antonioni était à l’image. Il n’a pas toutefois la même dimension philosophique, le propos étant plus centré sur une intrigue policière à suspense que sur le rapport d’un media à la perception d’une réalité : l’enregistrement n’est ici qu’une trace fidèle de ce que le preneur de son a entendu, il ne participe pas en lui-même à la création de cette perception comme ce pouvait être le cas pour Conversation secrète de Coppola. Prévue de taille modeste, la production a triplé son budget du fait du choix de John Travolta pour le rôle principal. Une fois de plus, De Palma marche dans les traces d’Hitchcock pour mettre en place une tension forte. Il fait preuve d’une belle virtuosité technique de tous les instants (même si elle a tendance à être parfois un peu trop visible). Le film fait preuve d’une étonnante noirceur, notamment dans son dénouement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Travolta, Nancy Allen, John Lithgow, Dennis Franz
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Blow Out
John Travolta et son micro-canon dans Blow Out de Brian De Palma.

Remarques :
* L’accident évoque fortement l’accident de Chappaquiddick (18 juillet 1969) où la spécialiste de campagne politique Mary Jo Kopechne, âgée de 28 ans, trouva la mort dans une voiture conduite par le sénateur démocrate Ted Kennedy. L’affaire fit scandale et l’image du sénateur en sorti très écornée. Elle a probablement influencé sa décision de ne pas se présenter aux élections présidentielles des États-Unis en 1972 et 1976.

Blow out
John Travolta dans Blow Out de Brian De Palma.

Blow out
Bel exemple de « split-focus » dans Blow Out de Brian De Palma : ce n’est pas un montage mais une technique qui permet d’avoir une mise au point différente sur deux parties de la même image. Le résultat est assez bizarre : les distances sont abolies laissant plutôt une impression d’un homme lilliputien face à un animal géant.

12 août 2016

Mon voisin Totoro (1988) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tonari no Totoro »

Mon voisin TotoroDeux fillettes viennent s’installer avec leur père dans une petite maison à la campagne afin de se rapprocher de leur mère soignée dans un hôpital. Proche de la maison, une forêt avec de grands arbres très anciens va être une source de découvertes vraiment étonnantes pour les fillettes… Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, au début de sa carrière, Mon voisin Totoro est un joli conte qui pourra être autant apprécié par un enfant de cinq ans que par un adulte. Le thème général est l’amour de la famille et l’harmonie avec la nature. Miyazaki réussit à mêler habilement la vie quotidienne avec un monde magique et féérique. La première analogie qui vient à l’esprit est bien entendu avec Alice au pays des merveilles. L’animation est parfaite. Le comportement des fillettes est vraiment très réaliste et les êtres magiques sont très originaux… et particulièrement attachants. De l’ensemble se dégagent une douceur et une harmonie que l’on ne peut trouver dans les productions américaines ; notons qu’il n’y a pas de « méchants ». Autre différence, il n’y a pas ces multiples références et clins d’œil à la culture populaire. A la place, il y a une histoire pleine de vie et de féérie qui nous illumine et nous charme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* Totoro est devenue la mascotte des studios Ghibli et même leur logo.
* Le nom Totoro, donnée par la fillette à son gros ami à poils, est une mauvaise prononciation de sa part du mot « troll » (qui se prononce to-ro-ru en japonais).
* Mon voisin Totoro n’a eu qu’un succès limité à sa sortie au Japon. Il lui a fallu deux années pour vraiment se faire connaitre. Il a connu depuis un succès planétaire.
* L’histoire est en partie autobiographique puisque la mère de Hayao Miyazaki, qui souffrait de la tuberculose, a été longuement hospitalisée quand il était jeune. Le nom de la maladie n’est jamais prononcé dans le film.

Mon voisin Totoro
L’une des scènes de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki qui évoquent le plus Alice au pays des merveilles.

6 août 2016

La Guerre des Rose (1989) de Danny DeVito

Titre original : « The War of the Roses »

La Guerre des RoseBarbara et Oliver Rose forment un couple aisé et apparemment heureux. Ils décident pourtant de se séparer après presque vingt ans de mariage. Le divorce s’annonce difficile car aucun des deux ne veut quitter la luxueuse maison qu’ils ont ensemble achetée… Basé sur un roman de Warren Adler et réalisé par Danny DeVito, La Guerre des Rose est une comédie d’humour noir sur les charmes du divorce « à l’amiable ». La mise en place est interminable mais lorsque les rapports entre les deux ex-tourtereaux tournent à la bataille rangée, l’humour fonctionne bien sur la surenchère : deux êtres, jusque là sensés, vont perdre tout sens de la mesure, par orgueil et entêtement, au mépris de toute intelligence. La morale, donnée par le conteur Danny DeVito, est de réfléchir à deux fois avant de se précipiter dans un divorce, par définition toujours douloureux. Kathleen Turner fait de montre de charme et de pugnacité, Michael Douglas personnifie une fois de plus un yuppie (c’est un brillant avocat d’affaires), Danny DeVito joue au sage. L’ensemble est amusant, du moins dans la seconde moitié du film. J’avais beaucoup plus apprécié le film à sa sortie, le propos est sans doute moins nouveau aujourd’hui. Il faut noter qu’il est assez rare de voir un film à l’humour si noir produit par une major d’Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Marianne Sägebrecht
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Remarque :
* Le titre fait référence à la guerre des Deux-Roses (War of the Roses en anglais) qui désigne la série de guerres civiles qui ont eurent lieu, entre 1455 et 1485, en Angleterre entre la maison royale de Lancaster et la maison royale d’York, deux branches de la famille des Plantagenêts. La dernière partie de cette guerre est illustrée par la pièce de Shakespeare Richard III, porté à l’écran (entre autres) par Laurence Olivier.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.

21 juillet 2016

Susie et les Baker Boys (1989) de Steve Kloves

Titre original : « The Fabulous Baker Boys »

Susie et les Baker BoysLes frères Baker se produisent dans les bars et les hôtels en jouant à deux pianos des grands standards du jazz. Les contrats ayant tendance à se raréfier, ils ont l’idée d’engager une chanteuse… Ecrit et réalisé par Steve Kloves, Susie et les Baker Boys doit sa notoriété à une scène : Michelle Pfeiffer toute de rouge vêtue, chantant lascivement Makin’ Whoopee allongée sur le piano de Jeff Bridges. C’est d’autant plus remarquable que l’actrice démontre des qualités de chanteuse puisqu’elle n’est à aucun moment doublée. Pour le reste, l’histoire n’offre que peu d’intérêt, basée sur l’opposition classique de deux personnalités contraires : l’un des deux frères est terne, marié, pragmatique et sans talent, tandis que l’autre est un solitaire, irresponsable mais talentueux. Les trois personnages principaux n’ont que peu de profondeur, seul le caractère taiseux du personnage interprété par Jeff Bridges laisse supposer quelque chose de plus… mais nous ne l’aurons pas. Steve Kloves reste au niveau des clichés. Malgré la caméra fluide, notamment dans les environnements urbains et nocturne de Seattle, malgré une belle interprétation, Susie et les Baker Boys est plutôt ennuyeux.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, Michelle Pfeiffer, Beau Bridges
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Susie et les Baker Boys
Michelle Pfeiffer et Jeff Bridges dans Susie et les Baker Boys de Steve Kloves.

Remarques :
* Susie et les Baker Boys (1989) et Flesh and Bone (1993) sont les deux seules réalisations de Steve Kloves qui sera ensuite scénariste sur la série des Harry Potter.

* Makin’ Whoopee est un standard du jazz écrit en 1928 aux multiples interprétations. Si l’expression argotique signifie littéralement « faire la fête », le sens est ici plutôt sexuel puisque le propos est de mettre en garde les hommes contre le mariage : s’ils vont pouvoir faire whoopee avec leur femme au début, bébés et responsabilités arriveront vite derrière et, là, finis les whoopees… Inutile de dire que, même si elle a été interprétée par des femmes (et non des moindres : Ella Fitzgerald, Dinah Washington, etc.), la chanson a été écrite par un homme…

* Si Michelle Pfeiffer chante réellement, les frères Bridges sont bien évidemment doublés. C’est le pianiste Dave Grusin qui joue. Les deux acteurs ont toutefois beaucoup travaillés pour rendre leur jeu de mains réaliste, ce qui est le cas.

19 juin 2016

Le Retour de Martin Guerre (1982) de Daniel Vigne

Le Retour de Martin GuerreDans un petit village paysan de l’Ariège au XVIe siècle, sous le règne de François 1er, Bertrande épouse à 12 ans Martin qui en a 13 dans un mariage arrangé par les familles. L’harmonie n’est pas totale mais ils se forcent à avoir un enfant. Lassé de cette vie et de ses mésententes avec son père, Martin un jour disparaît. Lorsqu’il réapparaît huit ans plus tard, il est devenu un homme séduisant mais tout le monde le reconnaît sans hésiter et l’accueille chaleureusement… Le retour de Martin Guerre est basé sur une histoire authentique que l’historienne américaine Natalie Zemon Davis a relatée dans un livre du même nom. Jean-Claude Carrière et Daniel Vigne l’ont adaptée pour en faire un film où l’intrigue se révèle assez prenante, où notre intérêt croît au fil des rebondissements. La reconstitution historique est soignée et met en lumière certains des codes sociaux du monde paysan de l’époque, où la notion d’héritage a une grande force. Le film montre bien l’organisation sociale d’une petite communauté d’individus et souligne les difficultés de s’assurer de l’identité d’une personne à cette époque. Gérard Depardieu fait une très belle prestation et montre une grande présence à l’écran. Face à lui, Nathalie Baye est d’une belle douceur ; elle est éclairée de telle sorte qu’elle semble souvent échappée d’un tableau de Georges de La Tour. Sans spectaculaire et sans académisme, Le retour de Martin Guerre fait montre de belles qualités.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Maurice Barrier, Bernard-Pierre Donnadieu
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Remarques :
* En 2014, Daniel Vigne a réalisé pour la télévision un documentaire de 52 minutes intitulé Martin Guerre, retour au village qui revient, trente ans après, à Balagué en Ariège où a été tournée une partie du film. Daniel Vigne vient rendre visite aux habitants du village qui, pour la plupart d’entre eux, s’étaient transformés en paysans du XVIe siècle pour son film.
* Tchéky Karyo est ici dans son premier rôle à l’écran, Dominique Pinon dans son second.

Remake américain (très réussi) :
Sommersby (1993) de Jon Amiel avec Jodie Foster et Richard Gere.

Le retour de Martin Guerre
Gérard Depardieu et Nathalie Baye dans Le Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne.

Le Retour de Martin Guerre
?, Nathalie Baye et Gérard Depardieu dans Le Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne. L’un de ces plans très inspirés des tableaux de Georges de La Tour.

9 juin 2016

Les Liaisons dangereuses (1988) de Stephen Frears

Titre original : « Dangerous Liaisons »

Les liaisons dangereusesLa marquise de Merteuil (Glenn Close) demande à son ancien amant, le vicomte de Valmont (John Malkovich), de séduire la très jeune fille de sa cousine, Cécile de Volanges (Uma Thurman). Jugeant la proie trop facile, Valmont refuse tout d’abord cette proposition, d’autant plus qu’il a choisi de séduire la prude Madame de Tourvel (Michelle Pfeiffer) qui séjourne chez sa tante. Mais une découverte va le faire changer d’avis… Le célèbre roman épistolaire Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos a été adapté de nombreuses fois au cinéma mais la version de Stephen Frears est particulièrement remarquable. Le film a été tourné entièrement en France dans divers châteaux et demeures historiques d’Île-de-France qui forment de superbes décors naturels, intérieurs et extérieurs. Mais ce sont surtout la fluidité et l’élégance de l’ensemble qui charment et enthousiasment, rendant ce cruel marivaudage fascinant. Nullement handicapée par les lourdes conventions sociales de l’époque, l’interprétation est empreinte de naturel. Si l’on peut trouver que Glenn Close appuie parfois un peu trop le côté vénéneux de son personnage, la très belle Michelle Pfeiffer joue tout en retenue et John Malkovitch est un vrai plaisir de tous les instants : il montre un subtil mélange d’élégance et d’impertinence avec une rare perfection. C’est probablement son plus grand rôle au cinéma. Les Liaisons dangereuses est ainsi un film que l’on revoit toujours avec le même plaisir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Glenn Close, John Malkovich, Michelle Pfeiffer, Keanu Reeves, Mildred Natwick, Uma Thurman
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Voir les autres films de Stephen Frears chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Cette version est directement adaptée de la pièce que Christopher Hampton a monté à Broadway en 1987.
* Durant le tournage, John Malkovich et Michelle Pfeiffer ont eu une liaison qui a certainement contribué à les faire entrer pleinement dans leur personnage…
* Le film fait plusieurs références au peintre Fragonard (qui est contemporain de Choderlos de Laclos), la plus visible étant la scène où Madame de Tourvel lit une lettre de son mari dans la position de La Liseuse de Fragonard. Par ailleurs, le peintre est réputé s’être inspiré du roman de Choderlos de Laclos, mais ce n’est pas le cas toutefois de son célèbre tableau Le Verrou qui est antérieur de quelques années au roman (1777 pour le tableau vs 1782 pour le roman).

* Les autres principales adaptations du roman de Choderlos de Laclos :
Les Liaisons Dangereuses 1960 de Roger Vadim (1959), avec Jeanne Moreau et Gérard Philipe
Valmont de Milos Forman (1989), avec Colin Firth et Annette Bening
Cruel Intentions de Roger Kumble (1999), avec Sarah Michelle Gellar (+ 2 suites)
Les Liaisons Dangereuses de Josée Dayan (2003), film TV franco-canadien avec Catherine Deneuve et Rupert Everett.

Les liaisons dangereuses
Michelle Pfeiffer et John Malkovich dans Les liaisons dangereuses de Stephen Frears.

18 mai 2016

Mort d’un commis-voyageur (1985) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Death of a Salesman »

Mort d'un commis-voyageurReprésentant de commerce, Willy Loman rentre chez lui. A soixante ans, il est fatigué de toutes ces années sur les routes et sa femme lui suggère de demander à son patron un poste plus sédentaire. Willy avait de grands espoirs pour la carrière de son fils Biff mais celui-ci n’a pas encore trouvé sa voie. Il est revenu vivre temporairement chez ses parents. Willy en est mortifié…

Célèbre en son temps et toujours jouée et tenue en haute estime aujourd’hui, la pièce Mort d’un commis-voyageur a été écrite par Arthur Miller en 1949. Elle fut portée une première fois à l’écran en 1951 et Volker Schlöndorff en fit cette nouvelle adaptation pour la télévision américaine CBS quelque trente cinq ans plus tard. Le personnage central en est un homme victime de ses idéaux de réussite sociale, un homme qui se berce d’illusions de réussite facile et d’être devenu « quelqu’un ». Il a transmis son haut niveau d’exigence et son interprétation particulière du rêve américain à ses deux fils mais l’aîné remet en cause le modèle du père à la suite d’un évènement particulier qui lui a ouvert les yeux.

Volker Schlöndorff n’a pas cherché à cacher les origines théâtrales de son film. Il n’a pas non plus cherché à en donner une interprétation personnelle. En grand pratiquant de la Méthode (Actor’s Studio), Dustin Hoffman se régale avec ce genre de rôle qui ouvre la porte à une performance d’acteur. Il a un jeu très riche, il vit son personnage dont les chimères nourrissent d’incessantes explosions verbales, passant de l’exaltation à l’abattement en quelques secondes, paraissant souvent proche de la démence. Face à lui, John Malkovich, ici dans l’un de ses premiers grands rôles, fait une belle prestation, beaucoup plus retenue. Si l’ensemble paraît tout d’abord très séduisant et même fascinant par la profondeur des personnages et la richesse du propos, une certaine lourdeur se fait ensuite quelque peu sentir, notamment du fait du jeu très chargé de Dustin Hoffman. Certes, il s’agit d’un téléfilm et non d’un film mais, venant de Volker Schlöndorff, Mort d’un commis-voyageur ne paraît être qu’une demi-réussite.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Kate Reid, John Malkovich, Stephen Lang, Charles Durning
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Précédente adaptation :
Mort d’un commis-voyageur (Death of a Salesman )de Laslo Benedek (1951) avec Fredric March.

Mort d'un commis-voyageur
Dustin Hoffman et John Malkovich dans Mort d’un commis-voyageur de Volker Schlöndorff.