12 avril 2018

Le Milliardaire (1960) de George Cukor

Titre original : « Let’s Make Love »

Le MilliardaireDescendant d’une famille française qui a construit une fortune colossale depuis deux siècles, Jean-Marc Clément est un milliardaire qui multiplie les conquêtes féminines. Apprenant qu’une revue off-Broadway va se moquer de lui, il décide d’aller assister à l’une des répétitions. Il est pris pour un acteur venu auditionner pour le rôle…
Le début de Let’s Make Love a de quoi nous réjouir avec le superbe My Heart Belongs to Daddy (de Cole Porter) dansé et chanté par une Marilyn Monroe pleine de naturel et de sensualité. Il fait partie de ces numéros qui ont construit le mythe Marilyn. Hélas, le reste n’est pas aussi enthousiasmant. Malgré tout le potentiel de la situation de départ, l’histoire paraît bien poussive et Yves Montand s’y montre vraiment sans éclat. Malgré l’idylle entre les deux acteurs, rien ne passe à l’écran entre eux. La piètre performance d’Yves Montand serait-elle due au fait que l’acteur serait rétif à l’américanisation (1), américanisation qui est, somme toute, le sujet-même du film ? Rien ne fonctionne. George Cukor, en grand spécialiste des portraits de femme, a pourtant eu une approche intéressante, celle de prendre à contrepied l’image de son actrice : Marilyn n’a rien de vénale ou de frivole, elle est juste une jeune femme simple et désintéressée. Mais finalement, ce sont ses numéros et chansons qui sont les seuls points d’intérêt : outre le morceau précité, Marilyn Monroe interprète Let’s Make Love, Incurably Romantic et Specialization.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Yves Montand, Tony Randall, Wilfrid Hyde-White
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.

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Let's Make Love
Marilyn Monroe,  Yves Montand et Tony Randall dans Le Milliardaire de George Cukor.

Let's Make Love
My Heart Belongs to Daddy : Marilyn Monroe dans Le Milliardaire de George Cukor.

Remarques :
* George Cukor a réalisé quatre films sur le monde du spectacle dans la décennie des années 50 :
Une étoile est née (A Star is Born) avec Judy Garland en 1954
Les Girls (Girls) avec Gene Kelly en 1957
La diablesse en collant rose (Heller in Pink Tights) avec Sophia Loren en 1960
Le Milliardaire (Let’s Make Love) en 1960

* Arthur Miller serait intervenu dans l’écriture du script pour étoffer le rôle de sa femme Marilyn.

(1) La formule est de Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier dans 50 ans de cinéma américain.

Let's Make Love
Arthur Miller, Simone Signoret, Yves Montand et Marilyn Monroe lors d’une conférence de presse pour Le Milliardaire de George Cukor.

3 avril 2018

Parias de la gloire (1964) de Henri Decoin

Parias de la gloireEn 1944, lors de la campagne d’Alsace, André voit son demi-frère mourir sous ses yeux, tué par un officier allemand. Ecoeuré par l’absurdité de cette mort, André prolonge son engagement et part trois ans plus tard pour l’Indochine. Il est affecté dans un petit poste avancé dans la Plaine des joncs…
Sur un scénario original de Roger Delpey, le rare Parias de la gloire est l’avant-dernier film d’Henri Decoin. Le cœur du propos est une réflexion sur la guerre qui dresse les hommes les uns contre les autres. Les intentions sont certainement louables mais la réflexion n’est guère poussée et la situation si particulière (les ennemis d’hier se réconcilient alors qu’ils font face à un nouvel ennemi) mal exploitée. Le film pêche aussi dans ses scènes d’action, très nombreuses, qui sont bien en deçà de ce que l’on peut attendre : elles ne sont absolument pas crédibles et paraitront certainement ridicules à beaucoup. Pour ne rien arranger, la musique ne paraît pas adaptée. Le talent de Maurice Ronet et de Curt Jürgens ne peut sauver l’ensemble. Henri Decoin semble avoir perdu son énergie créatrice. La dernière décennie de ce grand cinéaste est vraiment déconcertante.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Curd Jürgens, Maurice Ronet, Folco Lulli
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Remarque :
Maladroitement parachuté et aussi improbable qu’inutile, le seul personnage féminin est interprété par une star de la chanson de l’époque : Tiny Young est une chanteuse française d’origine vietnamienne surnommée « la yéyé du pays du sourire » qui a connu une période de gloire entre 1963 et 1968, sous la houlette d’Henri Salvador. (Merci Wikipedia)

Parias de la Gloire
Curd Jürgens, Maurice Ronet et Folco Lulli dans Parias de la gloire de Henri Decoin.

2 avril 2018

Aux postes de combat (1965) de James B. Harris

Titre original : « The Bedford Incident »

Aux postes de combatEn pleine Guerre froide, un journaliste (Sidney Poitier) est héliporté à bord d’un destroyer de Marine américaine au large du Groenland pour un reportage. Son capitaine (Richard Widmark) traque un insaisissable sous-marin soviétique qu’il soupçonne de violer les eaux territoriales de l’OTAN…
Producteur de films de Stanley Kubrick, l’américain James B. Harris n’a que peu tourné lui-même. The Bedford Incident est sa première réalisation. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Mark Rascovich, un suspense basé sur le jeu du chat et de la souris, mêlé d’un zeste de folie obsessionnelle qui pourrait le rapprocher de Dr Folamour. On retrouve en effet cette crainte de l’emballement dans l’équilibre de la terreur où le moindre faux-pas peut provoquer un cataclysme nucléaire. La tension monte constamment, bien entretenue par le personnage du commandant jusqu’au-boutiste auquel Richard Widmark (qui est aussi producteur) donne chair. Il s’agit d’une production britannique, avec des capitaux américains : les moyens sont visiblement limités, on le ressent dans les scènes d’extérieur (icebergs et maquettes) sans que cela n’entrave sa force. The Bedford Incident n’eut que peu de succès et reste assez méconnu aujourd’hui. Il mérite mieux que cela.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Sidney Poitier, James MacArthur, Martin Balsam, Eric Portman
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The Bedford Incident
Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.

Remarques :
* James B. Harris a produit The Killing, Paths of Glory et Lolita mais a cessé son partenariat avec Kubrick avant Dr. Folamour. Certaines sources le créditent d’avoir participé à l’écriture de ce dernier mais rien n’est moins sûr.

* The Bedford Incident n’est pas basé sur des faits réels mais on sait depuis l’ouverture des archives soviétiques qu’un incident presque similaire a eu lieu. En octobre 1962 (donc avant la crise de Cuba), un sous-marin soviétique a été pris en chasse par un destroyer américain. Ce dernier, ignorant la présence d’armes nucléaires dans le sous-marin, a utilisé des charges explosives pour forcer le forcer à faire surface. Pensant qu’une 3e guerre mondiale avait éclaté, le capitaine soviétique voulut répliquer mais, fort heureusement, fut empêché par le commandant de la flotte qui se trouvait exceptionnellement à bord.

The Bedford Incident
Eric Portman, Sidney Poitier et Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.

The Bedford Incident
L’un des tous premiers rôles de Donald Sutherland : Aux postes de combat de James B. Harris.

18 mars 2018

Goldfinger (1964) de Guy Hamilton

GoldfingerJames Bond est chargé d’enquêter sur un certain Goldfinger, un milliardaire obsédé par l’or. L’homme va se révéler être bien plus dangereux qu’escompté…
C’est avec ce troisième volet de ses aventures que le mythe James Bond  prend une ampleur inégalée. Les producteurs réalisent un sans-faute commercial par une habile campagne de préparation et en plaçant la majorité de l’intrigue aux Etats-Unis afin de gagner définitivement le public américain. Cet épisode ancre définitivement les ingrédients et le style de la série.  L’histoire est bien équilibrée et les innombrables invraisemblances n’ont aucune importance car elles nourrissent le « rêve ». Le détachement, très empreint de flegme britannique, est toujours de mise : le méchant a des rapports très courtois avec l’agent secret tout en ayant la ferme intention de le tuer. Le modernisme est encore plus poussé avec l’utilisation d’un laser (peu connu à cette époque) et l’introduction de l’Aston Martin aux multiples gadgets. Guy Hamilton a une approche sans doute moins esthétique que Terence Young mais se montre efficace dans sa réalisation : il sait indéniablement créer des scènes fortes qui restent dans les esprits. Goldfinger est sans doute le premier blockbuster du cinéma moderne : le succès fut en effet fulgurant et planétaire, James Bond devint un phénomène de société. Pour un film britannique (c’est à dire non américain), c’est vraiment assez unique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Gert Fröbe, Honor Blackman, Shirley Eaton, Tania Mallet, Harold Sakata, Bernard Lee
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Remarques :
* Quelques semaines avant la sortie du film, Ian Fleming décédera d’une crise cardiaque durant une partie de golf.
* Gert Fröbe est doublé (par Michael Collins) car l’acteur allemand ne parle pas anglais (contrairement à ce qu’on avait affirmé à Guy Hamilton).
* La majorité du tournage s’est déroulé en Angleterre. Sean Connery n’a même pas mis les pieds aux Etats-Unis pour le tournage.

GoldfingerDean Connery dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerGert Fröbe dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerHonor Blackman (ex-Avengers) dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerHarold Sakata dans Goldfinger de Guy Hamilton.

GoldfingerL’Aston Martin DB5  de James Bond dans Goldfinger de Guy Hamilton.
(Le modèle réduit Corgi Toys de cette Aston Martin allait faire la joie de toute une génération de jeunes bambins.)

 

15 février 2018

Bons baisers de Russie (1963) de Terence Young

Titre original : « From Russia with Love »

Bons baisers de RussieL’organisation criminelle Spectre projette de mettre la main sur une machine de déchiffrement soviétique. Pour ce faire, elle entend se servir des services secrets britanniques en leur faisant croire qu’une employée de l’ambassade soviétique à Istanbul est prête à leur livrer la machine…
Dès les premiers signes de succès de Dr. No, la décision est prise de mettre en chantier un second film avec l’agent secret 007. Le choix se porte naturellement sur le roman le plus vendu de la série écrite par Ian Fleming, Bons baisers de Russie, l’un des dix livres préférés du président Kennedy (!) Le film est incontestablement plus abouti, avec moins de maladresses mais a perdu son côté « diamant brut ». Les péripéties sont nombreuses et mouvementées, avec beaucoup de lieux différents, ce qui bizarrement n’empêche pas certaines longueurs. Après l’exotisme des tropiques, c’est l’exotisme oriental qui sert d’attrait (nous avons même droit à une (interminable) danse du ventre). Les gadgets commencent à apparaitre. L’ensemble semble pencher vers le style Hitchcock, à la fois par le suspense de la poursuite et aussi par le style « beauté froide » de la James Bond girl Daniela Bianchi. Bons baisers de Russie est considéré comme l’un des meilleurs de la série par certains amateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendáriz, Robert Shaw, Bernard Lee, Eunice Gayson
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Bons baisers de Russie
Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Sean Connery pénétrant dans votre chambre vêtu d’une seule serviette de bain… L’image avait de quoi affoler la gent féminine de l’époque et promût Sean Connery au rang des sex-symbols.  Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Robert Shaw est un méchant difficile à vaincre dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

9 février 2018

James Bond 007 contre Dr. No (1962) de Terence Young

Titre original : « Dr. No »

James Bond 007 contre Dr. NoLorsque deux agents britanniques disparaissent mystérieusement en Jamaïque, le chef des services secrets britanniques envoie l’agent spécial 007 James Bond pour enquêter. Dès son arrivée, il est espionné et se retrouve rapidement en grand danger…
Premier d’une longue série, James Bond 007 contre Dr No est adapté du roman Docteur No de Ian Fleming, publié en 1958. Il fut produit avec un budget modeste mais n’en établit pas moins les standards du genre avec un agent secret élégant et détaché personnifié à la perfection par Sean Connery, des James Bond girls  très avenantes, des méchants implacables et le fameux générique. Seuls, les gadgets ne sont pas encore là. Le propos est moderne, utilisant des thématiques comme la radioactivité et la conquête de l’espace. Terence Young donne le ton de la mise en scène avec une belle intégration de scènes d’action réalistes. Le succès fut immédiat, d’une ampleur inattendue. Les acteurs Sean Connery et Ursula Andress, alors quasi-inconnus, devinrent du jour au lendemain des stars mondiales. Terence Young signera encore deux autres films de la série.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, Jack Lord, Bernard Lee, Anthony Dawson, Eunice Gayson
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James Bond contre Dr No
« Bond, James Bond »… Le premier plan de Sean Connery dans James Bond 007 contre Dr. No de Terence Young établit un style qui durera…

James Bond contre Dr No
L’une des scènes les plus célèbres du cinéma : l’apparition d’Ursula Andress dans James Bond 007 contre Dr. No de Terence Young. Ian Fleming avait écrit « elle sort de l’eau et apparaît telle la Vénus de Botticelli ». Terence Young parvient merveilleusement à recréer cet enchantement tout en restant très simple (après tout, comme l’actrice l’a répété, elle ne fait que marcher…) Belle utilisation de la lumière naturelle et des nuages (la même scène sur fond de ciel bleu aurait sans doute été plus anodine).
Du fait de son fort accent (Ursula Andress est originaire de la Suisse alémanique), l’actrice est doublée. Ce sera d’ailleurs le cas de beaucoup de James Bond Girls des années soixante.

James Bond contre Dr No
Le premier « méchant » des James Bond : Joseph Wiseman dans James Bond 007 contre Dr. No de Terence Young.

James Bond contre Dr No
Dans la salle à manger du Dr. No, James Bond remarque la présence d’un portrait du duc de Wellington par Goya. Le vol de ce tableau exposé à la National Portrait Gallery avait fait la une des journaux britanniques en 1961. La décision de faire ce clin d’œil à l’actualité n’a été prise que la veille du tournage de la scène. Le tableau ne sera retrouvé qu’en 1965. L’histoire réelle du vol de ce tableau a fait l’objet d’un film en 2020 : The Duke

6 janvier 2018

Bullitt (1968) de Peter Yates

BullittLe lieutenant de police Frank Bullitt est chargé par un sénateur de protéger un témoin prêt à témoigner contre la Mafia pendant un week-end…
Bullitt est un film que tout le monde connaît pour sa scène centrale de 10 minutes, une poursuite automobile qui a révolutionné le genre. Depuis ses tous débuts, le cinéma a bien moult fois montré des courses-poursuites motorisées de toutes natures mais jamais de façon si spectaculaire. Utilisant avec une certaine maestria la topologie si particulière de San Francisco, l’anglais Peter Yates transforme les bolides en animaux qui bondissent et rugissent de leurs huit cylindres. Il multiplie les angles de vue, adoptant même une vision subjective qui donne des haut-le-cœur dans les descentes, avec un montage particulièrement efficace. Toute cette scène fut tournée sans trucage, sur les lieux réels, comme le restant du film qui offre cependant beaucoup moins d’intérêt. L’histoire n’est guère passionnante.  Si Peter Yates sait créer de belles images, avec un certain style d’ailleurs (on le voit dès le générique), il se révèle totalement incapable de donner la moindre épaisseur à ses personnages. Il se contente de les filmer, in situ, parfois au plus près de leur quotidien, dans un esprit presque Nouvelle vague ! Gros succès commercial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Steve McQueen, Robert Vaughn, Jacqueline Bisset, Don Gordon, Robert Duvall
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Bullitt
Course-poursuite dans les rues de San Francisco dans Bullitt de Peter Yates.

Bullitt
Steve McQueen pilote lui-même dans certaines scènes de Bullitt de Peter Yates, mais pas toutes. On peut le remarquer à la position du rétroviseur : quand il est plus haut et ne montre rien, c’est Bud Ekins qui pilote. Les vitesses réelles ont été jusqu’à 170 km/h. Pour en savoir plus sur les voitures

30 décembre 2017

Il boom (1963) de Vittorio De Sica

Il boomA Rome, Giovanni fréquente les milieux huppés avec sa femme Sylvia qu’il a habituée à un luxueux train de vie. Comme il dépense deux fois ce qu’il gagne, il est couvert de dettes. Ses amis ne voulant plus lui prêter de l’argent, il est au bord du gouffre. C’est alors que la femme d’un promoteur aisé va lui faire une proposition invraisemblable… Ecrit par Cesare Zavattini, Il boom est une comédie assez grinçante qui se moque de la course à l’argent dans l’Italie de la reconstruction. Il pousse l’axiome « tout s’achète » jusqu’aux pires extrémités, au point que l’on en soit un peu mal à l’aise. Alberto Sordi donne à cette vision mordante du miracle toute sa dimension car il sait rendre son personnage sympathique malgré tous ses défauts. Sa course désespérée à l’argent paraît d’autant plus vaine que la société dont il tient tant à faire partie est montrée futile et vide, où l’hypocrisie règne en maitre. L’ensemble manque sans doute un peu de richesse (!) et soufre de quelques répétitions.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Gianna Maria Canale
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Il Boom
Alberto Sordi dans Il boom de Vittorio De Sica.

24 décembre 2017

Un coin de ciel bleu (1965) de Guy Green

Titre original : « A Patch of Blue »

Un coin de ciel bleuUne jeune fille aveugle, maintenue sans éducation et maltraitée par une mère et un grand-père alcooliques, fait la rencontre d’un homme qui va lui ouvrir de nouveaux horizons. Elle ignore que cet homme est noir…
Adapté d’un roman d’Elizabeth Kata, A Patch of Blue est un film sur lequel il est difficile de porter un jugement en faisant abstraction de son impact social. Ses intentions de combattre les à-priori sur la couleur de peau sont louables et il ne faut pas négliger que ce film est sorti dans le contexte très raciste des années soixante : les évènements sanglants du Bloody Sunday en Alabama et le Voting Rights Act interdisant les discriminations raciales dans le vote datent de la même année 1965. Il est donc difficile de dire du mal de ce film. Toutefois, on peut trouver ses ficelles assez grossières. Les personnages de la mère et du grand-père, qui sont les seuls à être ouvertement racistes, sont absolument abominables. Shelley Winters a avoué avoir été malade de jouer un tel rôle. On la comprend. Le personnage interprété par Sydney Poitier est, quant à lui, parfait sous tous rapports : intelligent, équilibré, attentionné. Malgré ces excès de typage, le film est émouvant, notamment lorsque l’apprentissage de la jeune fille devient un véritable éveil à la vie. Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sidney Poitier, Shelley Winters, Elizabeth Hartman, Wallace Ford
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A patch of blue
Sidney Poitier et Elizabeth Hartman dans Un coin de ciel bleu de Guy Green.

Remarques :
* Pour le rôle, Elizabeth Hartmann portait des lentilles opaques qui lui ôtaient effectivement la vue.
* Les scènes de baiser furent enlevées des copies destinées aux états du Sud des Etats-Unis où le mariage mixte était encore interdit par la loi.
* A Patch of Blue est le premier film d’Elizabeth Hartmann (21 ans) qui s’est retrouvée nominée aux Oscars pour le rôle. Cette lumineuse actrice n’a hélas pas fait une grande carrière par la suite. Dépressive, elle s’est donné la mort à l’âge de 43 ans.
* Excellent directeur de la photographie, oscarisé pour Les Grandes Espérances de David Lean (1946), l’anglais Guy Green est passé à la réalisation au milieu des années cinquante où sa carrière fut moins remarquable.

3 décembre 2017

Boom (1968) de Joseph Losey

BoomChris Flanders, qui se dit poète et un peu gigolo, parvient à se rendre sur l’île que la milliardaire Flora Goforth possède au large de la Sardaigne. Il dit connaître cette femme excentrique et tyrannique, plusieurs fois divorcée. Entouré de ses domestiques et dictant ses mémoires, elle se sent actuellement sur le point de mourir… Boom est adapté d’une pièce de Tennessee Williams qui en a écrit lui-même l’adaptation. Le film est construit autour du couple formé par Elizabeth Taylor et Richard Burton alors que ni l’un ni l’autre n’ont vraiment l’âge requis : la femme est censée être bien plus âgée et l’homme plus bien plus jeune. Comme toujours chez Tennessee Williams, les caractères sont exacerbés pour mieux nous faire plonger au plus profond de la nature humaine. Comme on le sait, Elizabeth Taylor n’est pas une actrice qui donne dans la subtilité ; elle appuie le caractère tempétueux de son personnage mais peine à montrer sa vulnérabilité. Face à elle, Richard Burton a un jeu plus en retenue pour son personnage que Tennessee Williams a décrit comme étant « toujours à mi-chemin entre une sainteté presque sincère et une malhonnêteté également sincère ». En second rôle, Noël Coward fait une plaisante intervention. La photographie gorgée de soleil de Douglas Slocombe est très belle et on notera les petites notes d’influence indienne et orientale dans les décors et les costumes. Boom peut bloquer certains spectateurs du fait de l’outrance des personnages. Ce n’est pas un très grand film mais mérite notre intérêt. Ce fut un échec commercial.
Elle: 1 étoile
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton, Noël Coward, Joanna Shimkus
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Remarques :
* La pièce de Tennessee Williams « The Milk Train Doesn’t Stop Here Anymore » (1963) fut également un échec commercial à Broadway.
* Tennessee Williams a déclaré qu’il considérait que Boom était la meilleure adaptation cinématographique d’une de ses pièces.
* Boom est le 8e des 11 films du couple Elizabeth Taylor et Richard Burton.

Boom
Elizabeth Taylor et Richard Burton dans Boom de Joseph Losey.

Boom
Elizabeth Taylor et Noël Coward dans Boom de Joseph Losey.