10 août 2020

Pouic-Pouic (1963) de Jean Girault

Pouic-PouicPour l’anniversaire de son mari, Cynthia Monestier pense avoir trouvé le cadeau idéal : une concession pétrolière sur les bords de l’Orénoque. Son mari découvre rapidement qu’elle a été dupée par un escroc. Pour se refaire de ce mauvais investissement, il espère que sa fille Patricia parviendra à convaincre le très riche Antoine, qui s’intéresse beaucoup à elle, de racheter la « fabuleuse » concession. Mais pour le plus grand malheur de son père, au même moment, Patricia a recruté un faux mari afin de se débarrasser de son fortuné soupirant…
Pouic-Pouic est le premier film vraiment construit autour de Louis de Funès et marque le départ de la seconde partie de sa carrière où sa popularité ne fléchira jamais. Au départ, Pouic-Pouic était une pièce de théâtre, titrée Sans cérémonie, écrite par le tandem Jean Girault et Jacques Vilfrid en 1952. Louis De Funès y tenait déjà un petit rôle, celui du maître d’hôtel. La pièce n’avait eu que peu de succès. Cette fois, l’acteur a le premier rôle et il l’occupe avec force mais sans excès. Jacqueline Maillan est même prête à lui voler la vedette par moments. L’histoire est dans la tradition française du théâtre de boulevard avec quiproquos et de nombreux rebondissements. Les seconds rôles sont bien tenus et hauts en couleur. Pouic-Pouic est un divertissement joyeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Mireille Darc, Roger Dumas, Jacqueline Maillan, Christian Marin, Philippe Nicaud, Guy Tréjan
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Girault sur le site IMDB.

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Remarques :
* Première collaboration entre Jean Girault et Louis de Funès qui feront ensemble 12 films entre 1963 et 1982.
* Caméo : Au début du film, à la bourse, on peut voir Jean Girault (le boursicoteur chauve) et Jacques Vilfrid.

Pouic-PouicMireille Darc, Roger Dumas, Philippe Nicaud et Louis de Funès dans Pouic-Pouic de Jean Girault.

3 août 2020

Les Bons Vivants (1965) de Gilles Grangier et Georges Lautner

Un grand seigneur: Les bons vivantsLes Bons Vivants, alias Un grand seigneur, est un film en trois sketches :
1) La Fermeture (réal. Gilles Grangier) : Monsieur Charles et Madame Blanche sont bien tristes : leur maison close doit fermer, c’est la Loi. En guise d’adieu, ils offrent un cadeau à chacune des pensionnaires. L’une d’elle, Lucette, reçoit l’enseigne (une lanterne)…
2) Le Procès (réal. Gilles Grangier) : Quelques années plus tard, Lucette est devenue baronne. Deux petits truands ont dérobé chez elle des bijoux et la fameuse lanterne à laquelle elle tient beaucoup. Elle vient témoigner à leur procès…
3) Les Bons Vivants (réal. Georges Lautner) : Léon Haudepin, notable d’une petite ville et célibataire, rencontre Héloïse, ancienne pensionnaire de la maison close…
Le scénario de ces trois sketches est signé par Albert Simonin et Michel Audiard. Il s’agit de variations humoristiques sur le thème des maisons closes. Le sujet permet de montrer des jeunes filles en tenue légère, ce qui pouvait perturber les esprits les plus émotifs dans les années soixante. Aujourd’hui, cet effet un peu racoleur, ne fonctionne plus vraiment. Mais le film a été mal considéré et beaucoup l’ont qualifié de « vulgaire » ce qui paraît un peu injuste car, précisément, les scénaristes parviennent à éviter de tomber dans le « salace ». Non, l’humour repose essentiellement sur le fait de parler d’une maison close comme d’une activité respectable et de transformer en moral ce qui est habituellement considéré comme amoral. La seule chose que l’on puisse reprocher, c’est d’en offrir une vision idyllique et bon enfant, c’est une vision de « client » : la réalité des maisons closes était certainement loin d’être aussi joyeuse. Le premier sketch paraît un peu long, mais les deux autres sont plus enlevés, très amusants et même hilarants par moment. Les acteurs  s’en donnent à coeur joie et semblent aussi beaucoup s’amuser.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Bernard Blier, Mireille Darc, Andréa Parisy, Jean Lefebvre, Bernadette Lafont, Frank Villard, Pierre Bertin, Darry Cowl, Jean Carmet, Jean Richard
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Remarques :
* En avril 1946, la loi Marthe Richard a aboli le régime de la prostitution réglementée en France qui existait depuis 1804. Elle a imposé la fermeture des maisons closes (alias « maisons de tolérance »). La loi a pu bénéficier du climat ambiant, la plupart des tenanciers étant mouillés dans la collaboration.

* Dans son livre d’entretiens avec Bernard Bastide, Une vie de cinéma, Bernadette Lafont raconte quelques anecdotes sur  Louis de Funès, qui n’admettait pas que l’on fasse des gros plans sur d’autres acteurs que lui. Pour éviter qu’il reste à râler dans un coin, un assistant lui proposait de l’accompagner pour boire un verre à la buvette du studio. En revenant et comprenant le subterfuge, il faisait un signe avec ses doigts qui signifiait « on coupera au montage ! »

Un grand seigneur: Les bons vivantsBernard Blier décroche sa lanterne dans le 1er sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.

Un grand seigneur: Les bons vivantsMireille Darc, Louis de Funès et Bernadette Lafont dans le 3e sketch de Les bons vivants de Gilles Grangier et Georges Lautner.

1 août 2020

Les Grandes Vacances (1967) de Jean Girault

Les grandes vacancesSon fils Philippe ayant échoué au bac, M. Bosquier décide de l’envoyer étudier en Angleterre. En contrepartie, il accueille Shirley, la fille de Mac Farrel, un distillateur de whisky écossais. Mais Philippe préfère rester en vacances en France et envoie son copain Michonnet à sa place…
L’histoire en elle-même n’est pas l’élément le plus important dans cette comédie burlesque. Elle est surtout là pour engendrer des poursuites rocambolesques avec le maximum de moyens de locomotion différents. Elle doit aussi permettre à Louis de Funès de s’énerver et piquer de grandes colères pour notre plus grand plaisir. Vu aujourd’hui, le film se révèle plutôt amusant. A noter que la scène du repas anglais traduit les forts préjugés de l’époque envers la cuisine anglaise. Enorme succès populaire à sa sortie.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Louis de Funès, Ferdy Mayne, Martine Kelly, Claude Gensac
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Remarques :
* Le cascadeur Jean Falloux est décédé pendant le tournage de ce film lors d’une cascade aérienne. Il était l’époux de la speakerine Anne-Marie Peysson. Ce film lui est dédié.
* Le fils sage est interprété par le fils de Louis de Funès, Oliver de Funès, qui a tourné dans six films avec lui.
* La scène de la fête des mariages semble trop incroyable pour être inventée. Effectivement, Gretna Green existe bel et bien. Voici ce que nous dit Wikipédia : « Gretna Green est un village du Sud de l’Écosse, célèbre pour la possibilité qu’il offrait aux couples mineurs de s’y marier sans autorisation des parents (…) Gretna Green est l’un des lieux du monde les plus populaires pour se marier. Il s’y célèbre en effet quelque 5 000 mariages chaque année. Sa réputation dans ce domaine a commencé en 1754. »  Etonnant… non ?

Les grandes vacancesLouis de Funès et Maurice Risch dans Les grandes vacances de Jean Girault.

23 juillet 2020

La Belle Américaine (1961) de Robert Dhéry

La Belle AméricaineUn ouvrier se retrouve possesseur d’une superbe automobile américaine, achetée un prix dérisoire à une veuve qui a l’obligation de donner le montant de la vente à la maitresse de son défunt mari. Cette bonne affaire va lui causer bien des déboires…
Le scénario de La Belle Américaine, signé Robert Dhéry et Pierre Tchernia (dialogues Alfred Adam) est construit sur une idée de base amusante, presque plausible. Cette comédie bien française porte un regard très bienveillant sur un petit quartier populaire et chaleureux. L’humour est marqué par son époque, le début des années soixante, mais un bonne partie des gags fonctionne toujours très bien aujourd’hui. Il y a un petit brin de folie dans tout le film et une dérision des machines (machine dans l’usine, machine à café, …) Mais le plus remarquable est le défilé d’acteurs du cinéma comique français dans les seconds rôles, ou plutôt les troisièmes rôles, puisqu’ils ne sont parfois présents que pour deux à trois répliques seulement ; certains étaient déjà connus, d’autres l’étaient en devenir. Tous ces personnages sont vraiment très pittoresques et leurs apparitions procurent une bonne partie du plaisir à revoir ce film aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Dhéry, Colette Brosset, Alfred Adam, Christian Marin, Louis de Funès
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Remarques :
* Le film est en noir et blanc mais un budget particulièrement bien tenu permit d’offrir au spectateur les trois dernières minutes en couleurs.
* 500 nouveaux francs (50 000 anciens francs) de 1961 sont équivalents à environ 800 euros de 2020.

* Seconds rôles (acteurs comiques les plus connus seulement) :
Pierre Dac, Jacques Fabbri, Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jacques Legras, Christian Marin, Jean Richard, Michel Serrault, Jean Carmet, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Jacques Balutin, Claude Piéplu, Fernand Raynaud.

La Belle AméricaineLa superbe Oldsmobile de La Belle Américaine de Robert Dhéry.

17 juillet 2020

La Charge de la brigade légère (1968) de Tony Richardson

Titre original : « The Charge of the Light Brigade »

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Dans les années 1850, en Angleterre, le capitaine Nolan rejoint le 11e régiment de hussards commandée par le colonel Cardigan. Une rivalité s’installe rapidement entre les deux hommes. Le régiment va se retrouver en première ligne lors de la Guerre de Crimée…
Dans sa version anglaise de 1968 réalisée par Tony Richardson, l’un des principaux animateurs du Free Cinema britannique des années 60, La Charge de la brigade légère est bien différent du film homonyme américain de Michael Curtiz (1936). Il n’est plus question ici de glorifier le militarisme et l’héroïsme mais au contraire de dresser un portrait mordant et caustique du système militaire britannique. Le récit souligne l’incompétence, et même la bêtise, des officiers supérieurs. Notre première impression est de trouver le propos exagéré mais il n’en est rien (voir ci-dessous) ; même l’épisode de la « bouteille noire » est authentique. On peut se demander d’ailleurs si le film est antimilitariste ou s’il est simplement anti-bêtise. Personne n’est épargné : même le personnage présenté positivement pendant les trois quarts du film est montré ensuite sous un jour fort différent. L’humour est toutefois très présent. De plus, à divers moments, Tony Richardson a inclus de courtes séquences d’animations exaltant le patriotisme dans le style des dessins politiques satiriques, initiative aussi originale que réussie. La Charge de la brigade légère est un film assez remarquable dans le style très britannique de la satire. Commercialement parlant, le film n’eut pas le succès escompté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Trevor Howard, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Harry Andrews, Jill Bennett, David Hemmings
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La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)John Gielgud et David Hemmings dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

Contexte historique :
Pendant la Guerre de Crimée, une brigade de cavalerie britannique reçut l’ordre inconsidéré d’attaquer de front une série de batteries d’artillerie russe et en sortit décimée. Cet événement fut étudié dans les écoles militaires d’Europe comme le contre-exemple à ne pas suivre : un ordre imprécis, une hiérarchie confuse (on est entre Lords !), la morgue toute britannique qui n’a que mépris pour ses alliés français et ses ennemis russes: toutes ces fautes accumulées conduisent au désastre. (Source Wikipédia)

Les mêmes faits historiques avaient inspirés Michael Curtiz pour son film La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, 1936, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland) mais le film de Tony Richardson n’est pas un remake du film de Michael Curtiz.

Animations :
Les séquences en animation ont été dessinées par Richard Williams (futur directeur de l’animation sur Who Framed Roger Rabbitt ?) Les dessins sont basés sur le style d’un magazine satirique très influent à Londres dans les années 1850 :  Punch; or, The London Charivari.

La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade)Harry Andrews (au centre) dans La Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade) de Tony Richardson.

15 juin 2020

Mamma Roma (1962) de Pier Paolo Pasolini

Mamma RomaMamma Roma, prostituée romaine d’une quarantaine d’années, tente de refaire sa vie et reprend avec elle son fils Ettore, âgé de seize ans, qui ignore son passé et a grandi à la campagne. Elle travaille désormais comme vendeuse sur un petit marché et nourrit beaucoup d’espoir pour son fils. Elle est prête à se sacrifier pour qu’il ait une vie meilleure…
Mamma Roma est le deuxième long métrage de Pasolini. C’est un film très ancré dans le sillage du courant néoréaliste, c’est le film le plus néoréaliste de sa filmographie. Il dresse un portrait de ces faubourgs pauvres de Rome et met en relief la difficulté de se sortir de son milieu social. Le cinéaste montre déjà des traits qui marqueront ses films ultérieurs : une lumière très blanche et une approche personnelle et artistique de sa façon de filmer (1). On ne peut que remarquer ses longs mouvements de caméra, les plus spectaculaires étant les travelings-arrière d’Anna Magnani arpentant le pavé tout en se lançant dans un long monologue et accompagnée par des personnages successifs. Anna Magnani fait ici l’une de ses prestations les plus mémorables.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Magnani, Ettore Garofolo, Franco Citti
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Remarques :
* Mamma Roma n’est sorti en France qu’en janvier 1976, peu après l’assassinat du cinéaste en novembre 1975.
* Mamma Roma a été tourné dans le quartier Don Bosco à Rome, alors en pleine « modernisation ». Dans le terrain vague, ce sont les vestiges antiques du Parc des aqueducs et de l’aqueduc de l’Aqua Claudia. Le dôme que l’on aperçoit au loin, symbole tutélaire, est celui de la basilique San Giovanni Bosco.

(1) La scène de mariage du début évoque la peinture murale de La Cène de Vinci, la scène finale christique évoque le tableau La Lamentation sur le Christ mort d’Andrea Mantegna. La musique est également très présente, souvent en contraste avec la scène.

Mamma RomaEttore Garofolo et Anna Magnani dans Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini.

11 juin 2020

Model Shop (1969) de Jacques Demy

Model ShopLos Angeles. Après des études d’architecture, George est actuellement sans emploi car il refuse d’être employé dans un cabinet. Il doit absolument trouver cent dollars dans la journée pour payer une traite de sa voiture. En allant voir un ami, il aperçoit une belle femme vêtue de blanc dans une voiture blanche et se met à la suivre…
A l’été 1968, Jacques Demy était initialement venu à Los Angeles pour des vacances mais, fasciné par la ville, il voulut y faire un film. Model Shop fut ainsi produit par la Columbia mais Demy n’est aucunement rentré dans le jeu d’Hollywood. Il a préféré éviter stars et gros budgets qu’il aurait pu obtenir après le succès des Parapluies de Cherbourg. C’est un film très personnel qui, à la fois capte l’esprit de son temps, entre désillusion et quête de sens, et donne une vision de cette mégapole quadrillée par ses longues rues rectilignes aux multiples poteaux électriques. Anouk Aimée, qui reprend le personnage de Lola quelques années plus tard, apporte une touche d’onirisme et va être le déclencheur d’un nouvel espoir de vivre. A noter la présence du groupe pop Spirit dont les membres symbolisent une certaine insouciance ou une autre voie, l’esprit hippie naissant. Le film n’eut aucun succès et reste aujourd’hui l’un des films les plus méconnus de Jacques Demy.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anouk Aimée, Gary Lockwood, Alexandra Hay
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Remarque :
* Jacques Demy avait initialement choisi Harrison Ford, alors totalement inconnu, pour le rôle principal. La Columbia l’a refusé et lui a imposé Gary Lockwood, alors auréolé du succès de 2001, l’odyssée de l’espace. Le bout d’essai qu’Agnès Varda (qui avait accompagné son mari à Los Angeles) avait fait tourner à Harrison Ford figure dans son film-documentaire Les Plages d’Agnès.

Model ShopAnouk Aimée et Gary Lockwood dans Model Shop de Jacques Demy.

Model Shop Gary Lockwood dans Model Shop de Jacques Demy.

5 juin 2020

Les Grandes Gueules (1965) de Robert Enrico

Les grandes gueulesAprès plusieurs années au Canada, Hector Valentin est de retour dans les Vosges où il hérite de la scierie familiale après la mort de son père. L’entreprise est presque en ruines mais il décide de la faire revivre. Laurent et Mick, deux anciens prisonniers en cavale se font embaucher et lui suggère d’employer des détenus en liberté conditionnelle…
Les Grandes Gueules est adapté du roman Le Haut-Fer (1) de José Giovanni qui a écrit lui-même l’adaptation (2). Le scénario est fort bien construit avec de récurrentes montées de tension qui rendent le récit très prenant. Bourvil (ici dans un rôle dramatique) et Ventura tiennent merveilleux les premiers rôles, bien secondés par un plateau d’acteurs tous très bien utilisés. C’est une histoire rude et virile. Les grandes gueules a été qualifié par certains critiques de « western vosgien », une expression qui décrit très bien le film.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Lino Ventura, Marie Dubois, Jess Hahn, Jean-Claude Rolland, Michel Constantin, Paul Crauchet
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(1) Le terme « haut-fer » désigne, dans le massif des Vosges, une scierie traditionnelle dont la force motrice est hydraulique et constituée d’un banc, porteur de la grume (appelée tronce) qui avance en face d’une lame verticale à mouvement alternatif. (source Wikipédia)

(2) José Giovanni est un ex-condamné à mort qui, après avoir été gracié, s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers et de scénarios de cinéma. On lui doit les scénarios de Le Trou de Becker (récit autobiographique de sa tentative d’évasion), Classe tous risques de Sautet et beaucoup d’autres. Il a en outre réalisé 19 films dont La Scoumoune avec Belmondo.
Le film suivant de Robert Enrico, Les Aventuriers (1967) avec Delon et Ventura, sera de nouveau une collaboration avec Giovanni.

Les grandes gueulesLino Ventura, Jean-Claude Rolland et Bourvil dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico.

14 mai 2020

Objectif Lune (1967) de Robert Altman

Titre original : « Countdown »

Objectif Lune (Countdown)Alors que le programme Apollo de la NASA a besoin encore d’une année pour envoyer des hommes sur la Lune, les américains apprennent que les russes sont sur le point d’aboutir. Pour ne pas se faire doubler, Washington décide d’envoyer dès maintenant un homme seul qui devra attendre un an dans un abri spécial la mission Apollo capable de le ramener sur la Terre…
Countdown est adapté du roman The Pilgrim Project de Hank Searls paru en 1965. Le film marque le retour de Robert Altman au cinéma après dix années de télévision. Il l’a tourné… mais pas monté, puisqu’il fut renvoyé par la Warner (1). Le récit tend à opposer l’humain au scientifique : d’abord par les réticences de tous les proches de l’astronaute choisi, par celles du médecin et aussi par les réactions incontrôlées de l’homme lors de la mission. Tout cela aurait pu donner un film intéressant mais, hélas, donne trop souvent l’impression d’un soap-opera sans grande profondeur. En outre, les scènes dans la capsule ou sur la Lune trahissent un manque de budget (la démarche de James Caan sur la Lune consiste à trainer des pieds dans un scaphandre d’opérette). On peut penser que le résultat final aurait certainement été différent si Robert Altman avait contrôlé son projet jusqu’au bout.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Caan, Joanna Moore, Robert Duvall, Barbara Baxley
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Remarques :
* Le film est sorti aux Etats-Unis dix-huit mois avant la mission Apollo 11 qui a permis à un homme de marcher sur la lune.
* Countdown est sorti aux Etats-Unis en double-programme avec le film de John Wayne Les Bérets verts. Ce dernier engendra une telle polémique que personne ne parla de Countdown qui fut rapidement retiré des circuits.

(1) Robert Altman fut renvoyé le soir du dernier jour de tournage par Jack L. Warner parce qu’il avait filmé des scènes où plusieurs acteurs parlaient en même temps, ce qu’il considérait comme une faute professionnelle. Quelques scènes additionnelles furent tournées par le producteur William Conrad.

Objectif Lune (Countdown)James Caan dans Objectif Lune (Countdown) de Robert Altman.

24 avril 2020

Les Camarades (1963) de Mario Monicelli

Titre original : « I compagni »

Les camarades (I compagni)Turin, 1900. Dans une usine textile, les ouvriers travaillent 14 heures par jour, de 6 heures à 20 heures 30, avec un seul arrêt d’une demi-heure le midi. A la suite d’un accident, dû à la fatigue en fin de journée, un comité est formé pour réclamer une journée plus courte. Un ex-professeur, militant socialiste recherché venu se réfugier chez un ami, va les convaincre d’aller plus loin…
Mario Monicelli est un cinéaste plutôt réputé pour ses comédies. On lui doit aussi ce premier grand film politique italien sur la condition ouvrière, basé sur des faits réels. Il en a écrit le scénario avec l’aide de l’excellent duo Age & Scarpelli. Le film débute de façon descriptive des conditions de travail au sein de l’usine et des conditions de vie des familles à cette époque qu’il a reconstituée avec beaucoup d’attention. Ensuite dans le récit, Monicelli introduit des éléments d’humour dans la tragédie, sans altérer la puissance du propos. Le film a beaucoup été comparé aux grands films soviétiques avec lesquels il présente une nette différence d’approche : point de lyrisme, ni d’envolées épiques exaltantes, mais de petits éléments de comédie qui renforcent le caractère humaniste du récit. En revanche, Monicelli est plus proche des grand maîtres russes dans ses travellings et grands mouvements de caméra. On remarque la présence de trois acteurs français, Annie Girardot, Bernard Blier et François Périer, le film étant une coproduction franco-italienne.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Gabriella Giorgelli, Folco Lulli, Bernard Blier, Annie Girardot
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Remarques :
* Monicelli a raconté que le schéma de la harangue de Marcello Mastroianni face aux ouvriers est emprunté au discours de Marc Antoine dans le Jules César de Shakespeare : il semble d’abord donner raison à ses adversaires avant retourner leur raisonnement en sa faveur.

* Dans son Dictionnaire du cinéma italien, Dominique Sabourdin nous fait remarquer que les trois grands responsables de la direction artistique (costumes, décors, photo) sont des collaborateurs habituels de Visconti, qui ont travaillé sur Rocco et ses frères, ce qui peut expliquer « une telle magnificence réaliste, dont on ne retrouve aucune trace dans aucun autre film de Monicelli ».

 Les camarades (I compagni)Bernard Blier, Renato Salvatori et Marcello Mastroianni dans Les camarades (I compagni) de Mario Monicelli.