26 avril 2017

La Grande Muraille (1933) de Frank Capra

Titre original : « The Bitter Tea of General Yen »
Autre titre français (TV) : « Muraille chinoise »

La Grande murailleShanghai, fin des années vingt. Missionnaire dans une Chine en pleine guerre civile, la jeune Megan est sauvée in extremis d’une foule de réfugiés par l’énigmatique Général Yen. Il la mène dans sa vaste résidence d’été d’où elle ne peut repartir car les routes sont bien trop dangereuses… The Bitter Tea of General Yen est un film franchement inhabituel dans la filmographie de Frank Capra dont les mélodrames sont le plus souvent purement américains. Il est ici plus proche de Josef von Sternberg dont le superbe Shanghai Express était sorti quelques mois plus tôt. Loin de reproduire les stéréotypes raciaux de l’époque, le film n’épargne guère les missionnaires, montre les différences de culture et surtout aborde de front la question des amours interraciaux, sujet tabou. Tout cela est fait de façon subtile, sans profusion de dialogues. Le point fort, et presque son pivot central, est cette étonnante (et célèbre) scène du rêve où le tabou est transgressé. Cette scène est remarquable car elle met en images ce mélange d’attirance/répulsion que ressent l’américaine et la scène qui suit nous met plutôt en empathie avec le général qui n’a bien entendu pas connaissance du rêve qu’elle vient de faire. Capra trouve là une façon remarquable de faire basculer son public. Pour le rôle du général, Capra a intelligemment écarté l’idée de prendre un acteur connu et a porté son choix sur le suédois Nils Asther dont la grande stature rend le personnage très imposant. Barbara Stanwyck n’était sans doute pas l’actrice idéale mais fait une bonne prestation. Le film fut un échec commercial. C’est pourtant une petite merveille.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Nils Asther, Toshia Mori, Walter Connolly
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Capra sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Capra chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Frank Capra

Remarques :
* En Angleterre, le film n’a été accepté par la censure qu’après certaines coupes. Aux Etats-Unis, il a réussi à passer la censure (le Code Hays n’était pas encore systématiquement appliqué). En revanche, la censure à réussi à bloquer sa ressortie dans les années cinquante. La scène du rêve était bien entendu au centre de toutes ces réticences.
* Dans son autobiographie, Frank Capra attribue l’insuccès du film au fait qu’il n’est jamais sorti en Angleterre et dans tout le Commonwealth… ce qui n’est pas tout à fait exact.
* Fassbinder a rendu hommage à Capra en donnant à son très beau film le titre Les larmes amères de Petra von Kant (ce qui en anglais donne The Bitter Tears of Petra von Kant).

The Bitter Tea of General Yen
Barbara Stanwyck, Nils Asther et Toshia Mori dans le train du Général Yen dans The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra.

The Bitter Tea of General Yen
Walter Connolly et Nils Asther dans The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra.

The Bitter Tea of General Yen
Barbara Stanwyck et Nils Asther dans The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra.

25 avril 2017

The Girl from Mexico (1939) de Leslie Goodwins

The Girl from MexicoUn jeune publicitaire engage une fougueuse chanteuse mexicaine et la fait venir à New York pour un contrat… The Girl from Mexico est une comédie tournée rapidement qui exploite le tempérament volcanique de l’actrice Lupe Velez. Tout repose sur son exubérance, c’est une explosion permanente. D’un rythme soutenu, le film est heureusement assez court : plus long, il serait certainement assez fatiguant. L’histoire en elle-même est classique et sans surprises. Donald Woods est particulièrement fade.  Le meilleur de l’ensemble est dans le second rôle tenu par Leon Errol, l’oncle bon vivant, qui apporte beaucoup d’humour et même un peu de finesse (qui fait cruellement défaut). Le film connut un tel succès que la RKO décida de faire toute une série de suites, toutes nommées Mexican Spitfire (spitfire, littéralement « cracheur de feu », désigne en argot une sauvageonne). Les critiques s’accordent pour dire que ce premier film est le meilleur de la série.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Lupe Velez, Donald Woods, Leon Errol, Linda Hayes
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Remarques :
La vie sentimentale de Lupe Velez a défrayé la chronique : elle prit la place de Garbo auprès de John Gilbert à la fin des années vingt puis eut des relations avec Gary Cooper et Johnny Weissmuller qu’elle épousa (et dont elle divorcera, comme il se doit, un peu plus tard). Elle se donnera la mort en 1944. A noter que le récit répugnant que Kenneth Anger fait de son suicide dans son livre de commérages, Hollywood Babylon, (version que l’on retrouve dans le film d’Andy Warhol Lupe en 1966) s’est trouvé démenti lorsqu’une photographie a refait surface en 2013.

The Girl from Mexico
Lupe Velez et Donald Woods dans The Girl from Mexico de Leslie Goodwins.

The Girl from Mexico
Leon Errol et Lupe Velez dans The Girl from Mexico de Leslie Goodwins.

Série des Mexican Spitfire, tous dirigés par Leslie Goodwins :
Girl from Mexico (1939)
Mexican Spitfire (1940)
Mexican Spitfire Out West (1940)
The Mexican Spitfire’s Baby (1941)
Mexican Spitfire at Sea (1942)
Mexican Spitfire Sees a Ghost (1942)
Mexican Spitfire’s Elephant (1942)
Mexican Spitfire’s Blessed Event (1943)

1 mars 2017

The Big Broadcast of 1938 (1938) de Mitchell Leisen

The Big Broadcast of 1938Deux paquebots futuristes, le Colossal et le Gigantic, font la course pour traverser l’Atlantique. Le propriétaire du Gigantic (W.C. Fields) envoie son frère maladroit (W.C. Fields aussi) sur le Colossal pour y semer la pagaille mais celui-ci atterrit sur le Gigantic… Inédit en France, The Big Broadcast of 1938 est le quatrième d’une série de films de la Paramount sur le même modèle : une comédie entrecoupée de numéros musicaux avec un plateau varié d’acteurs et de chanteurs, le tout étant censé être une retransmission de radio (d’où le titre). W.C. Fields apparaît dans celui-ci mais ses scènes sont hélas trop peu nombreuses. On remarquera particulièrement une variation (très différente) de son sketch sur le golf et une partie de billard qui n’est pas sa meilleure (1) mais où il utilise sa célèbre queue courbée. Le film marque la première apparition de Bob Hope dans un long métrage, il chante son « Thanks for the Memory » qui deviendra sa chanson fétiche. Le film sera oscarisé pour cette chanson. Le reste offre beaucoup moins d’intérêt, l’humour est marqué par son époque et l’ensemble forme un galimatias musical quelque peu insupportable.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: W.C. Fields, Martha Raye, Dorothy Lamour, Shirley Ross, Lynne Overman, Bob Hope
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Remarques :
* Il s’agit du dernier film de W.C. Fields pour la Paramount qui tournera ensuite pour Universal.

* Série des Big Broadcast de la Paramount :
The Big Broadcast (1932) de Frank Tuttle avec Bing Crosby
The Big Broadcast of 1936 (Symphonie burlesque) de Norman Taurog avec Jack Oakie
The Big Broadcast of 1937 de Mitchell Leisen avec Jack Benny et George Burns
The Big Broadcast of 1938 de Mitchell Leisen avec W.C. Fields et Bob Hope

Big Broadcast of 1938
Shirley Ross et Bob Hope chantent « Thanks for the Memory » dans The Big Broadcast of 1938 de Mitchell Leisen.

The Big Broadcast of 1938
W.C. Field dans The Big Broadcast of 1938 de Mitchell Leisen.

(1) Pour voir une belle version de son sketch sur le billard : Youtube.

29 janvier 2017

Le Petit Roi (1933) de Julien Duvivier

Le Petit roiAu début du XXe siècle, le Royaume de Pannonie, durement gouverné, est au bord de la révolte. Un attentat se prépare contre le jeune roi de 12 ans, un garçon bien trop jeune pour la charge dont il vient d’hériter de son terrible père, mort assassiné. Sans parent, n’ayant pour amie qu’une bienveillante gouvernante, le jeune garçon dépérit sans que les intrigants de la Cour ne s’en inquiètent… Librement adapté d’un roman de l’écrivain-historien d’origine alsacienne André Lichtenberger, Le Petit Roi est resté longtemps introuvable, pour des raisons juridiques semble t-il. Le film se déroule en deux parties, une première partie sombre avec une atmosphère assez lourde, marquée par la claustration du jeune garçon (même son lit ressemble à une cage). C’est cette partie qui est la plus réussie ; elle est heureusement la plus longue. La seconde partie, plus lumineuse et même joyeuse, est bien moins remarquable. Elle utilise des procédés assez conventionnels pour devenir un redoutable tire-larmes. Julien Duvivier retrouve Robert Lynen, le jeune acteur avec lequel il avait tourné sa seconde version de Poil de Carotte l’année précédente. Il fait une belle prestation, exprimant bien le mélange d’innocence et de fatalisme qui caractérise son personnage (on peut mesurer la différence quand il rencontre une fillette qui a un jeu vraiment épouvantable). Le Petit Roi est un film qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Lynen, Arlette Marchal, Béatrice Bretty
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Remarques :
* Le roman a été écrit en 1910, donc juste avant la Première Guerre mondiale.
* Le Royaume de Pannonie est bien entendu fictif mais la Pannonie existe bel et bien : c’est une ancienne région de l’Europe centrale qui correspond à l’ouest de la Hongrie actuelle et une partie de l’ex-Yougoslavie. Après avoir été de nombreux siècles sous domination romaine, cette région fut intégrée au nouvellement formé Royaume de Hongrie à la fin du IXe siècle (voir l’article sur Wikipedia). Il n’y a donc jamais eu de « Royaume de Pannonie » à proprement parler, à fortiori au XXe siècle.

Le Petit Roi
Béatrice Bretty et Robert Lynen dans Le Petit roi de Julien Duvivier.

27 décembre 2016

Friends and Lovers (1931) de Victor Schertzinger

Friends and LoversLe capitaine de l’armée anglaise Geoff Roberts tombe amoureux de la femme d’un escroc qui cherche à lui soutirer de l’argent. Envoyé aux Indes, il découvre que son meilleur ami est amoureux de la même femme… Adapté d’un roman du français Maurice Dekobra, Friends and Lovers est plus remarquable par sa distribution que par son scénario, classique et sans surprise. On ne peut que regretter qu’un tel plateau ne donne qu’un film si terne ; pourtant Adolphe Menjou est comme toujours excellent, le jeune (24 ans) Laurence Olivier a un jeu assez subtil et Erich von Stroheim exprime bien le côté retors de son personnage. Il ne faut pas s’étonner si la vedette féminine a un petit accent français : Lili Damita, Liliane Carré de son vrai nom, est née à Blaye. L’actrice française ne fera pas une grande carrière à Hollywood où elle se fera plus connaitre en épousant Errol Flynn en 1935 que par ses films. Victor Schertzinger a eu une carrière de chef d’orchestre, de compositeur et de réalisateur. Friends and Lovers fut un échec à sa sortie mais se laisse regarder sans ennui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Adolphe Menjou, Lili Damita, Laurence Olivier, Erich von Stroheim, Hugh Herbert
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Fiends and Lovers
Adolphe Menjou, Hugh Herbert et Laurence Olivier dans Friends and Lovers de Victor Schertzinger.

Friends and Lovers
Erich von Stroheim et Lili Damita dans Friends and Lovers de Victor Schertzinger.

Friends and lovers
Erich von Stroheim et Lili Damita dans Friends and Lovers de Victor Schertzinger. Même s’il s’agit d’une photo publicitaire, nous sommes de toute évidence en présence d’un film pre-Code, c’est à dire d’avant la généralisation du code Hays…

22 novembre 2016

Dernier Round (1937) de Michael Curtiz

Titre original : « Kid Galahad »

Le Dernier roundUn manager de boxe se sépare de son meilleur poulain qui s’était laissé acheter par son concurrent aux méthodes de gangster. Il ne tarde pas à lui trouver un remplaçant, un groom de son hôtel, jeune garçon naïf et séduisant… Kid Galahad mêle deux genres de prédilection de la Warner : le film de gangsters et le film de boxe. Il retient l’attention par son beau plateau d’acteurs sous la direction efficace de Michael Curtiz. Edward G. Robinson et Bette Davis ne se sont pas très bien entendu, l’acteur tentant dès le premier jour de la faire remplacer et persistant jusque dans ses mémoires à déclarer qu’elle ne savait pas jouer. L’actrice fait pourtant preuve de beaucoup de présence à l’écran avec une indéniable personnalité. Elle illumine le film. Humphrey Bogart a son rôle habituel, d’avant sa notoriété du moins (qui viendra deux ou trois ans plus tard), celui d’un gangster antipathique, destiné à mourir sans gloire. Warner mettait alors beaucoup d’espoir dans le jeune Wayne Morris dont la carrière sera stoppée par la guerre pour rester ensuite cantonnée dans les rôles mineurs. La censure fut très vigilante pour que soit gommé tout ce qui aurait laissé supposer une relation entre le jeune boxeur et l’amie de son manager. Le déroulement de l’histoire est sans grande surprise, l’intérêt du film étant plus dans son interprétation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Bette Davis, Humphrey Bogart, Wayne Morris, Jane Bryan, Harry Carey
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

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Remakes :
The Wagons Roll at Night de Ray Enright (1941) avec Humphrey Bogart et Sylvia Sydney (histoire transposée dans le monde du cirque, Bogart ayant un meilleur rôle)
Kid Galahad (Un direct au coeur)de Phil Karlson (1962) avec Elvis Presley en boxeur.
Après ce film Paramount, Warner a renommé le sien The Battling Bellhop pour éviter toute confusion entre les deux films.

Homonyme français :
Le dernier round (Battling Butler) de Buster Keaton (1926) vec Buster Keaton, adaptation d’une comédie musicale anglaise.

Kid Galahad
Harry Carey, Wayne Morris et Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz.

Kid Galahad
Bette Davis et Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz.

Kid Galahad
Humphrey Bogart face à Edward G. Robinson dans Dernier Round de Michael Curtiz (au centre : William Haade).

21 novembre 2016

Le Mystérieux docteur Clitterhouse (1938) de Anatole Litvak

Titre original : « The Amazing Dr. Clitterhouse »

Le Mystérieux docteur ClitterhouseMembre de la haute société new-yorkaise, le Dr Clitterhouse est passionné par ses recherches personnelles sur le comportement des gangsters, à un point tel qu’il décide d’en devenir un pour faire ses mesures cliniques in-situ… Le Mystérieux docteur Clitterhouse est adapté d’une pièce de l’anglais Barré Lyndon. Il s’agit d’une comédie qui prend place dans le monde criminel. Elle permet ainsi à Warner Bros de tenter de renouveler le genre du film de gangsters qui était bridé par le nouveau code de censure. L’histoire est parfaitement loufoque avec un style d’humour plutôt british : le farfelu est exposé avec le plus grand sérieux apparent. Edward G. Robinson, qui a l’époque faisait tout pour s’écarter de son image de gangster, s’amuse visiblement beaucoup à interpréter ce cambrioleur brillant qui fait sans arrêt des prises de sang à ses hommes de main et Claire Trevor, pas une seconde crédible en chef de bande, prend son rôle très au sérieux. Troisième sur l’affiche, Bogart a écopé du rôle le plus antipathique. L’acteur a déclaré plus tard que c’était le film qu’il détestait le plus. Il est vrai que son personnage n’a pas grand-chose pour lui… Le Mystérieux docteur Clitterhouse a l’apparence du film de gangsters, le goût d’un film de gangsters mais ce n’est pas un film de gangsters ce qui lui vaut de ne pas toujours être bien apprécié :  beaucoup lui reprochent de ne pas être crédible. Il ne l’est effectivement absolument pas (et heureusement d’ailleurs).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Claire Trevor, Humphrey Bogart, Donald Crisp, Gale Page
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Remarques :
* Sur scène, le rôle du docteur était tenu par l’anglais Cedric Hardwicke (aussi bien à Londres qu’à New York).
* L’adaptation a été écrite par John Wexley et John Huston.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Edward G. Robinson et Humphrey Bogart dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Claire Trevor et Humphrey Bogart dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

The Amazing Dr. Clitterhouse
Edward G. Robinson et Gale Page dans Le Mystérieux docteur Clitterhouse de Anatole Litvak.

19 novembre 2016

La Révolte (1937) de Lloyd Bacon

Titre original : « San Quentin »
Autre titre français : « Le Révolté »

La Révolte
Un instructeur militaire est nommé à la tête des gardiens d’une prison. Il s’applique à traiter chacun selon sa valeur. Mais sa tâche se complique lorsque le frère de la femme qu’il courtise est incarcéré dans la prison… San Quentin (le titre français n’est pas représentatif du thème abordé) est un de ces films de prison de la Warner des années trente qui préconisent une approche plus humaniste des prisonniers. Il s’agit de montrer l’intérêt de traiter différemment ceux qui sont prêts à s’amender et ceux qui ont l’attitude de criminels endurcis. Malgré des coïncidences un peu difficiles à avaler, l’histoire bénéficie d’un bon déroulement avec même une accélération du rythme dans le dernier quart. Humphrey Bogart est ici en second sur l’affiche, il fait une bonne composition de personnage à plusieurs facettes. La réalisation est de bonne facture sans être vraiment remarquable. Le film est assez bien équilibré.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pat O’Brien, Humphrey Bogart, Ann Sheridan, Barton MacLane
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San Quentin
Humphrey Bogart et Tim O’Brien dans La Révolte de Lloyd Bacon.

San Quantin
Ann Sheridan et Humphrey Bogart dans La Révolte de Lloyd Bacon.

15 novembre 2016

La Source de feu (1935) de Irving Pichel et Lansing C. Holden

Titre original : « She »

La Source de feuLeo Vincey apprend de son oncle mourant l’existence d’un lointain ancêtre qui portait le même nom que lui et auquel il ressemble fortement. Cet ancêtre a disparu lors d’une expédition pour trouver la source d’une flamme qui procure la vie éternelle. Il décide alors de reprendre cette quête vieille de 500 ans… She, le fascinant roman de H. Rider Haggard, a tout pour attirer les producteurs de cinéma. Auréolé de son succès avec King Kong, Merian C. Cooper paraissait le producteur idéal pour adapter cette histoire qui mêle fantastique et paganisme et le budget alloué fut important. Hélas, l’adaptation de She à l’écran se révèle plutôt décevante. Le manque de présence des acteurs est indéniablement l’une des raisons. Le film aurait sans doute été tout autre avec Greta Garbo que Merian C. Cooper voulait (mais la MGM a refusé de la prêter) et Randolph Scott, l’éternel cow-boy, est un peu terne. Mais la principale raison est certainement la difficulté à recréer tout le mystère du roman dont le charme repose beaucoup sur sa capacité à faire travailler notre imagination. Il nous reste tout de même les décors grandioses, le côté civilisation perdue est visiblement d’inspiration égyptienne, et les effets spéciaux telle cette impressionnante avalanche de glace (est-ce pour cette raison que l’intrigue a été déplacée d’Afrique en zone arctique ?) Le film n’eut pas le succès escompté à sa sortie. Il apparaît être toutefois la meilleure adaptation connue du roman.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Helen Gahagan, Randolph Scott, Helen Mack, Nigel Bruce
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Remarques :
* Le film a été considéré comme perdu dans un incendie à la RKO dans les années cinquante. Si on peut le voir aujourd’hui, c’est grâce à Buster Keaton qui en avait une copie dans son garage.
* She sera l’unique film d’Helen Gahagan. L’ancienne chanteuse de Broadway entrera en politique dans les années quarante et siègera au Congrès de 1945 à 1951 (Parti démocrate).

Helen Gahagan dans She* She sera l’unique long métrage réalisé par Lansing C. Holden que Cooper avait connu pendant la guerre, tous deux étant pilote d’avion.
* She devait être initialement tourné en couleurs et costumes et décors furent prévus en ce sens. Juste avant le tournage, les patrons de la RKO ont décidé qu’il serait tourné en noir et blanc pour réduire le budget.
* Le film a été récemment colorié.
* Le costume de la reine Ayesha (à droite) lors de la scène du jugement a indéniablement inspiré les dessinateurs des studios Walt Disney pour la reine sorcière de Blanche Neige et les Sept Nains.
* Les superbes décors sont l’oeuvre de Van Nest Polglase, directeur artistique et décorateur qui aura une belle et longue carrière : il travaillera pour Welles (Citizen Kane), Hitchcock, etc. A la tête du Art Department de la RKO, il participera à de très nombreux projets (env. 350 films entre 1933 et 1956 d’après IMDB).

She
Helen Gahagan et Randolph Scott dans She, La Source de feu de Lansing C. Holden et Irving Pichel.

She
(figurant), Julius Adler, (figurant), Helen Mack et Nigel Bruce dans She, La Source de feu de Lansing C. Holden et Irving Pichel.

Adaptations du roman de H. Rider Haggard :
**** Muet (perdus pour la plupart) :
La Danse du feu de Georges Méliès (1899) avec Jeanne D’Alcy (1 mn)
She de Edwin S. Porter (1908) avec Florence Auer
She de George Nichols (1911) avec Marguerite Snow
She de William Barker (UK, 1916) avec Alice Delysia
She de Kenean Buel (1917) avec Valeska Suratt
She de Leander De Cordova et G.B. Samuelson (1925) avec Betty Blythe
**** Parlant :
La Source de feu (She) de Lansing C. Holden et Irving Pichel (1935) avec Helen Gahagan
La Déesse de feu (She) de Robert Day (1966) avec Ursula Andress
La déesse des sables (The Vengeance of She) de Cliff Owen (1968) avec Olga Schoberová
She de Avi Nesher (Italie, 1984) avec Sandahl Bergman
She de Timothy Bond (2001) avec Ophélie Winter.

13 novembre 2016

Invisible Stripes (1939) de Lloyd Bacon

Invisible StripesCliff (George Raft) est libéré sur parole de la prison de Sing Sing pour bonne conduite. Il retrouve sa famille et a l’intention de s’amender. Son ami Cliff (Humphrey Bogart), libéré le même jour parce qu’il a purgé sa peine, retourne tout droit dans le monde du crime… Inédit en France, Invisible Stripes est un de ces purs produits de la Warner des années trente. Parmi les films de gangsters sous influence du Code Hays, il se distingue par un propos humaniste : la réinsertion sociale d’un ex-prisonnier est montrée comme difficile, voire impossible (d’où le sens du titre : les rayures invisibles du costume de bagnard). C’est le propos de l’auteur du roman dont le film s’inspire, Lewis E. Lawes qui fut directeur de la prison de Sing Sing pendant 21 ans et qui sait donc de quoi il parle. George Raft est la star d’Invisible Stripes, Humphrey Bogart n’est qu’en quatrième position (et en petit) sur l’affiche. Raft est, comme assez souvent, un poil trop fade dans son jeu, il n’a pas l’énergie d’un Cagney, pas la présence d’un Bogart ni la prestance d’un Robinson. William Holden est ici très jeune, c’est son second film, il est à peine reconnaissable et son jeu semble parfois maladroit. Llyod Bacon ne trouve un bon rythme que dans les scènes d’action de la dernière demi-heure de film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: George Raft, Jane Bryan, William Holden, Humphrey Bogart, Flora Robson
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Invisible Stripes
Remarques :

* Flora Robson, qui joue la mère de George Raft, est en réalité plus jeune que lui… (ce qui est d’ailleurs assez visible malgré le maquillage).

* Dans une scène, on voit Humphrey Bogart sortir d’un cinéma où est projeté You Can’t get away with Murder. Ce film avec Humphrey Bogart est sorti quelques mois plus tôt ; c’est également une adaptation d’un roman de Lewis E. Lawes.

 

Invisible Stripes
Jane Bryan, William Holden, George Raft et Flora Robson dans Invisible Stripes de Lloyd Bacon.