23 juillet 2012

L’argent de la vieille (1972) de Luigi Comencini

Titre original : « Lo scopone scientifico »

L'argent de la vieilleTous les ans, une riche américaine vient passer quelques jours dans une somptueuse villa de Rome. Elle a pour habitude de jouer aux cartes avec un couple habitant le bidonville situé au pied de la colline. La vieille dame leur donne à chaque début de soirée un million de lires qu’ils perdent invariablement mais ils nourrissent l’espoir de gagner un jour… L’argent de la vieille est un film ambivalent à plus d’un titre. D’abord, sous couvert d’une comédie, le film a un contenu politique puissant ; ensuite, à l’aide d’un cas très particulier, il propose une vision on ne peut plus générale. Ce que l’on peut prendre au départ comme le gentil passe-temps d’une vieille dame est donc en réalité un jeu cruel dont les dés sont pipés, parabole sur les différences de classe entre riches et pauvres, capitalisme américain contre vieille Europe. Il faut tout l’art d’un grand metteur en scène pour parvenir à ce subtil équilibre entre les multiples composantes mises en œuvre, entre la comédie et le drame, entre la légèreté et la profondeur. Le film est très prenant. Les personnages sont hauts en couleur, avec de très nombreux seconds rôles très typés mais sans excès. Comencini dit avoir soigné les personnages des enfants, les seuls à ne pas tomber dans le panneau et desquels vient la solution ultime et radicale (qui est bien entendu une image : c’est le capitalisme qu’il faut tuer selon Comencini). L’argent de la vieille connut un beau succès. Il paraît toujours aussi actuel aujourd’hui.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Silvana Mangano, Joseph Cotten, Bette Davis, Mario Carotenuto
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Luigi Comencini chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Oublié par les distributeurs, L’argent de la vieille n’est sorti en France qu’en 1977.
* Le scénario a été écrit par Rodolfo Sonego qui s’est inspiré d’un fait divers dont il avait été lui-même le témoin.
* Joseph Cotten a un rôle plutôt réduit : « Est-ce que mon dos a bien joué? » demandait-il à Comencini sur le tournage.

15 juillet 2012

Si douces, si perverses (1969) de Umberto Lenzi

Titre original : « Così dolce… così perversa »

Si douces, si perversesJean est un industriel parisien dont le mariage s’est affadi rapidement. Lorsque qu’une jeune femme emménage dans l’appartement situé juste au-dessus de celui du couple, il est intrigué et rapidement attiré par elle… Umberto Lenzi est un réalisateur italien qui a tourné de nombreux films de second ordre dans des genres très différents. Avec un titre très racoleur tel que Si douces, si perverses, il ne fait nul doute que nous sommes en plein dans le genre giallo (1) mais ce film-ci bénéficie à priori d’un bon casting. Il s’agit d’un film policier dont l’intrigue est fortement inspirée de Les Diaboliques (1955) de Clouzot (2). L’histoire n’est pas très bien traitée, le climat créé n’est pas très fort ; il ne faut surtout pas chercher à deviner ce qui va suivre car on y arrive un peu trop facilement. Le film utilise le charme de Carroll Baker et d’Erika Blanc avec tenues courtes (nous sommes en 69) et déshabillés vaporeux. On peut se demander ce que Trintignant (affublé d’un grand coup de soleil pendant tout le film) est venu faire ici. Le film n’est pas déplaisant en soi mais franchement anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carroll Baker, Jean-Louis Trintignant, Erika Blanc, Horst Frank
Voir la fiche du film et la filmographie de Umberto Lenzi sur le site IMDB.

Remarque :
Impossible d’avoir une version sans doublage : dans la version française, nous avons la voix de Trintignant mais les deux femmes sont doublées. Dans la version italienne, Trintignant et Caroll Baker sont doublés (sans compter que Horst Frank est allemand !)

(1) Le giallo est un genre cinématographique, essentiellement italien, qui eut son heure de gloire dans les années soixante et soixante-dix. Ce sont le plus souvent des films policiers teintés d’un peu d’érotisme avec parfois une dose d’horreur (« giallo » en italien signifie « jaune » et fait référence à la couverture d’une collection de romans policiers publiée par les éditions Mondadori).

(2) Il faut noter que Les Diaboliques est basé sur un roman de Boileau et Narcejac « Celle qui n’était plus », roman dont Alfred Hitchcock avait tenté d’acheter les droits. Or Umberto Lenzi tente ici de reproduire (entre autres) l’ambiance et la tension des films d’Hitchcock.

1 juin 2012

Fantômes à Rome (1961) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Fantasmi a Roma »

Fantômes à RomeA Rome, Don Annibale est très attaché à son palais, certes délabré mais riche de souvenirs. Il se doute même que certains fantômes de ses aïeuls vivent avec lui dans cette grande demeure. Un promoteur immobilier se fait insistant pour racheter l’ensemble et y construire un supermarché… Fantômes à Rome (le titre français à sa sortie était Les joyeux fantômes) est une comédie italienne assez amusante qui utilise, avec beaucoup de liberté, le thème du fantôme qui vient influencer les vivants. Marcello Mastroianni y interprète trois rôles et semble bien s’y amuser ; Eduardo De Filippo campe un excentrique prince vieillissant avec beaucoup de pittoresque. L’humour assez subtil est agrémenté d’une petite satire sociale, avec l’éternel problème des dessous de table et de la corruption dans l’immobilier. Sans faire partie des grandes comédies italiennes, Fantômes à Rome se regarde avec beaucoup de plaisir et nous fait passer un bon moment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Belinda Lee, Sandra Milo, Eduardo De Filippo, Tino Buazzelli, Vittorio Gassman
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Remarque :
A l’écriture du scénario, Ruggero Maccari fut assisté par Ettore Scola, Ennio Flaiano et Ruggero Maccari.
La musique est signée Nino Rota.

28 janvier 2012

Cabiria (1914) de Giovanni Pastrone

CabiriaLa victoire dans la Guerre italo-turque en Libye (1911-12) raviva en Italie le désir de récits historiques. C’est ainsi que l’on vit naître les premiers grands péplums au cinéma : ce fut d’abord Quo Vadis en 1913 (le premier long métrage à dépasser les deux heures) mais c’est Cabiria qui frappera les esprits. Il marque un tournant dans l’Histoire du cinéma. Le scénario est extrêmement riche et très prenant. Bien qu’il soit officiellement signé de Gabriele D’Annunzio (écrivain alors très célèbre), c’est Giovanni Pastrone qui l’a écrit, D’Annunzio ayant en réalité seulement réécrit les intertitres (1). Le scénario place des personnes de fiction au sein de faits historiques de la Deuxième Guerre punique (IIIe siècle avant J.C.), l’intrigue étant articulée autour d’une fillette enlevée en Sicile et vendue à Carthage pour être sacrifiée aux dieux. Le sénateur Fulvio et son esclave Maciste sont sur ses traces…

CabiriaLe budget fut colossal. Des décors énormes furent fabriqués, des milliers de figurants engagés. Vu sur grand écran, le film reste impressionnant aujourd’hui. Rien ne paraît faux : par exemple, lorsque le palais s’écroule pendant l’éruption de l’Etna, on ressent la lourdeur des blocs de pierre qui tombent. La traversée des Alpes par Hannibal nous donne froid. Les décors ont toujours une forte présence, ce ne sont jamais des toiles peintes. Les costumes sont riches et très élaborés. Cela donne des scènes fastueuses où la lumière est remarquablement utilisée.

Cabiria Fosco Cabiria est révolutionnaire aussi pour une autre raison : c’est en effet le premier film avec des travellings. On doit certainement à Segundo de Chomón (réalisateur espagnol transfuge de Pathé, ici directeur de la photographie) l’idée de placer la caméra et l’opérateur sur un chariot pour pouvoir les déplacer sans s’arrêter de filmer. Les mouvements sont encore timides, utilisés soit pour donner de l’ampleur à une scène ou à un décor en laissant percevoir ainsi son relief, soit pour focaliser l’attention sur un personnage en se rapprochant de lui (les focales étaient bien évidemment fixes à l’époque, pas question de zoom) ; ils sont timides mais le principe est là. Pendant des années, le terme de « Cabiria movements » sera utilisé dans les studios pour désigner les travellings (2). Le montage est assez élaboré avec des plans de coupe, des gros plans sur des objets, donnant beaucoup de vie à l’ensemble.

Cabiria - affiche française (fin des années 20?) Le jeu des acteurs reste assez théâtral, un peu forcé et manquant souvent de naturel. C’est ce style de jeu qui trahit l’âge du film. Le personnage qui crève l’écran, c’est Maciste interprété par Bartolomeo Pagano, un docker du port de Gênes dont la célébrité sera immédiate. Ce personnage de Maciste, avec sa force herculéenne, sera repris dans des dizaines de films (3). Le film Cabiria eut un succès considérable, en Italie mais aussi aux Etats-Unis. Il a influencé de nombreux cinéastes, notamment D.W. Griffith (4). Souvent tronqué ou montré à une mauvaise vitesse, Cabiria a été restauré dans sa version intégrale de trois heures en 2006. (5)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lidia Quaranta, Umberto Mozzato, Bartolomeo Pagano, Italia Almirante-Manzini
Voir la fiche du film et la filmographie de Giovanni Pastrone sur le site IMDB.

Remarque :
(1) D’après les déclarations de Giovanni Pastrone en 1949, Gabriele d’Annunzio a signé une à une les 30 pages de scénario sans les lire. Il n’a réécrit les intertitres qu’en fin de production. C’est tout de même à lui que l’on devrait les noms de Cabiria et de Maciste.
A noter également que Giovanni Pastrone a signé la réalisation sous le nom Piero Fosco.

(2) Pastrone a déposé un brevet de ce principe (filmer en se déplaçant) qu’il a appelé « carello » (= travelling).

Cabiria - affiche française (fin des années 20?) (3) IMDB liste 49 films avec le personnage de Maciste. Tous ne sont pas de grande qualité, loin de là… Bartolomeo Pagano jouera dans près de trente d’entre eux, de 1914 à 1929. Il n’aura d’ailleurs jamais vraiment d’autres rôles au cinéma.

(4) Cabiria a fortement impressionné D.W. Griffith. Ce film l’aurait décidé à transformer The Mother and the Law qu’il était en train de tourner en une vaste fresque : ce sera Intolérance qui reprend des plans très similaires mais qui va encore plus loin dans la grandeur et l’innovation. Les sculptures monumentales d’éléphants sont reprises par Griffith comme par beaucoup d’autres par la suite. Cabiria a inspiré Sergueï Eisenstein pour ses déplacements de caméra du Cuirassé Potemkine. Cabiria a inspiré Fritz Lang pour la scène du Moloch de Metropolis. Fellini a nommé son personnage Cabiria dans son très beau film Les Nuits de Cabiria en référence à celui-ci.

(5) Les meilleures versions :
– Version de 123 minutes transcrite en 1990. Cette version n’est hélas pas disponible en France mais elle existe aux Etats-Unis éditée par Kino en 2000. Le DVD est ‘zone zéro’ donc lisible par tous les lecteurs (les intertitres sont en anglais, pas de sous-titres). L’image est de belle qualité, la vitesse est bonne, la musique est de Jacques Gauthier qui reprend la partition originale de Manilo Mazza.
– Version de 181 minutes, présentée pour la première fois à Cannes en 2006. Criterion avait alors annoncé la sortie ‘imminente’ d’un DVD. N’étant toujours pas sorti à ce jour, on peut se demander s’il sortira un jour (pour le centenaire?). Espérons-le.

18 janvier 2012

Une femme a tué (1952) de Vittorio Cottafavi

Titre original : « Una donna ha ucciso »

Una donna ha uccisoJuste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une jeune napolitaine rencontre un capitaine américain qui tente de la séduire. Elle repousse ses avances mais finit par tomber amoureuse… Vittorio Cottafavi est un réalisateur italien surtout connu pour ses péplums. Une femme a tué (Una donna ha ucciso) fait partie de ses premiers films. C’est un mélodrame qui paraît très classique à la fois dans son histoire et dans sa forme. S’il manque de particularité pour le distinguer vraiment, il est toutefois bien réalisé et interprété. Le titre a le défaut de ne laisser aucun doute sur l’issue tragique. A noter que tout le film est un flash back, une histoire que raconte la sœur à une jeune fille sur le point de commettre, elle aussi, l’irréparable.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Frank Latimore, Lianella Carell, Lidia Cirillo
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6 janvier 2012

Casanova, un adolescent à Venise (1969) de Luigi Comencini

Titre original : « Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano »

Casanova, un adolescent à VeniseA Venise, le jeune Casanova est élevé par sa grand-mère puis reçoit une bonne éducation grâce à un protecteur abbé. Il se prépare à entrer dans les ordres… Luigi Comencini désirait tourner un film en costumes sur la vie et la société du XVIIIe siècle. Il choisit comme support un personnage bien connu du public et utilise les cinq premiers chapitres des « Mémoires de Casanova ». Mais, comme il le dit lui-même, le vrai thème du film, ce sont les conditions de vie, les coutumes, les rapports sociaux. Sur ce plan, le film est effectivement très riche, il fourmille de détails, offre un portrait très réaliste de la société (parfois même presque trop réaliste, comme dans cette scène assez effroyable de l’opération). C’est un portrait non édulcoré, Comencini nous montre une société proche de la décadence, sclérosée per ses contraintes sociales, où seuls les prêtres peuvent sortir de leur classe. Le film n’est pas dénué d’humour pour autant. Côté acteurs, seul Leonard Whiting, acteur beau mais terne, ne paraît pas à sa place. Les costumes sont à la fois beaux et réalistes. Casanova, un adolescent à Venise est aussi un spectacle, un spectacle instructif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonard Whiting, Maria Grazia Buccella, Lionel Stander, Raoul Grassilli, Wilfrid Brambell, Tina Aumont
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Remarques :
Pour Casanova, un adolescent à Venise, Comencini s’est également inspiré d’autres écrits de l’époque et de peintures. Par exemple, la scène du rhinocéros est tirée d’une peinture de Pietro Longhi, peintre vénitien qui a peint de nombreuses de la vie quotidienne.

20 décembre 2011

La chance d’être femme (1955) de Alessandro Blasetti

Titre original : « La fortuna di essere donna »

La chance d'être femmePrise en photo à son insu au moment où elle raccrochait ses bas, une jeune vendeuse se retrouve à la première page d’un magazine. Ayant toujours rêvé de devenir mannequin ou vedette de cinéma, elle accepte la proposition du photographe qui se propose de la présenter à des gens influents… La chance d’être femme est le troisième film réunissant Sophia Loren et Marcello Mastroianni, tous deux alors en pleine ascension. Alessandro Blasetti est un cinéaste italien qui a eu un rôle important mais ses films les plus marquants se situent à l’époque de l’Italie fasciste des années trente. Il paraît ici moins inspiré dans cette histoire qui est bien conventionnelle et sans surprise. Néanmoins, grâce à ses deux acteurs principaux, le film est loin d’être désagréable, la plastique de l’actrice étant bien entendu largement utilisée. Il y a aussi quelques bons dialogues et une scène très amusante au restaurant où la femme légitime prépare longuement une salade bien particulière… La chance d’être femme n’est pas un mauvais film mais on peut lui reprocher son caractère anodin.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sophia Loren, Marcello Mastroianni, Charles Boyer
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Les films réunissant Sophia Loren / Marcello Mastroianni :
Dommage que tu sois une canaille (1954) d’Alessandro Blasetti
La bella mugnaia (1955) de Mario Camerini
La chance d’être femme (1955) d’Alessandro Blasetti
Hier, aujourd’hui et demain (1963) de Vittorio de Sica
Mariage à l’italienne (1964)  de Vittorio de Sica
Les fleurs du soleil (1970) de Vittorio de Sica
La femme du prêtre (1971) de Dino Risi
La pépée du gangster (1975) de Giorgio Capitani
Une journée particulière (1977) d’Ettore Scola
D’amour et de sang (1978) de Lina Wertmüller
Prêt-à-porter (1994) de Robert Altman

2 novembre 2011

La dame de tout le monde (1934) de Max Ophüls

Titre original : « La signora di tutti »

La dame de tout le mondeActrice célèbre, Gaby Doriot tente de se suicider. Pendant que les médecins tentent de la sauver, sa vie défile devant ses yeux : sans qu’elle l’ait cherché, les hommes tombent amoureux d’elle avec des conséquences néfastes pour eux… La dame de tout le monde est le seul film italien de Max Ophüls qui, fuyant le nazisme, est d’abord allé en Italie avant de s’établir en France. Cette histoire d’amour fou et de vie privée étalée au grand jour est bien en avance sur son temps, tout d’abord sur le plan de l’histoire en elle-même qui préfigure des films comme Vie Privée et aussi sur le plan de la forme, puisque Max Ophüls se montre très inventif dans la construction et dans ses plans, étonnants de modernité et d’audace. Isa Miranda est, elle aussi, assez étonnante, proche par son physique et son jeu de Marlène Dietrich tout en ayant quelques points communs avec Garbo. Elle donne une réelle dimension à son personnage tout en préservant son ingénuité. La dame de tout le monde est, assez injustement, l’un des films les moins connus de Max Ophüls.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Isa Miranda, Memo Benassi, Tatyana Pavlova, Friedrich Benfer
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10 octobre 2011

Darò un milione (1937) de Mario Camerini

Darò un milioneUn jeune milliardaire, déçu par la vie et les rapports artificiels, s’échappe de son luxueux yacht. Il confie à un clochard qu’il est prêt à donner un million à une personne qui ferait preuve de bonté désintéressée envers lui. Le clochard en informe la presse sans donner le signalement du milliardaire. Tout le monde se montre soudainement très généreux envers les miséreux de la ville… Vittorio De Sica a tourné dans d’innombrables films de qualité pas toujours optimale. Tel n’est pas le cas de Darò un milione (= je donnerai un million) qui se révèle être une excellente petite comédie parsemée d’un humour assez fin qui repose sur l’inversion des rôles : les pauvres deviennent l’objet de toutes les attentions, de tous les égards, ce qui provoque des situations très cocasses. Assez rare, Darò un milione est un charmant et très amusant petit film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, Assia Noris, Luigi Almirante, Mario Gallina
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3 août 2011

Vincere (2009) de Marco Bellocchio

Vincere Vincere (« vaincre » en italien) est un slogan que Mussolini lançait aux foules pour les galvaniser. Maintenant, c’est aussi le titre que Mario Bellocchio utilise pour son film qui retrace la vie d’Ida Dalser, maitresse (et probablement seconde femme) de Mussolini, éperdument amoureuse et qui lui a donné un fils. Lors de son ascension vers le pouvoir, le dictateur les a fait enfermer pour cacher sa bigamie… Bellocchio signe là un film flamboyant dans sa forme qui exprime avec force toute la passion et l’énergie aveugle de ses personnages. Le réalisateur mêle habilement des images d’époque, utilise largement la surexposition, réalise des images d’un esthétisme qui force l’admiration. Les éclairages sont superbes, surtout dans les nombreuses scènes sombres qui montrent néanmoins beaucoup de nuances. Giovanna Mezzogiorno a un jeu très expressif, mais sans excès, pour mettre en lumière le combat aveugle et obstiné de cette femme pour obtenir sa réhabilitation. La force de ses sentiments passe dans chacun de ses regards. Vincere est un film audacieux, Bellocchio mettant sa grande virtuosité au service de la puissance du récit.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi, Michela Cescon
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Précision :
Le certificat de mariage de Benito Mussolini avec Ida Dalser n’a jamais été trouvé mais tout laisse à supposer que le mariage a bien eu lieu en 1914 le rendant ainsi coupable de bigamie. Le futur dictateur a bien reconnu officiellement son fils en janvier 1916 mais a fait disparaître les documents officiels après son accession au pouvoir.