5 août 2010

Kill, la forteresse des samouraïs (1968) de Kihachi Okamoto

Titre original : « Kiru »

KiruLui :
Dans le Japon du XIXe siècle, un jeune paysan arrive à bout de force dans un village pour se faire embaucher comme élève-samouraï. Il fait la rencontre d’un vagabond. Tous deux vont se trouver rapidement mêlé dans les complots et intrigues des seigneurs du village. Dans le genre des films de samouraï (genre aussi appelé « chambara » par les amateurs), Kill – La forteresse des samouraïs est assez méconnu ce qui semble assez injuste, au vu de sa qualité. Le film de Kihachi Okamoto est assez remarquable par le subtil équilibre entre dramatique et comique, s’appuyant sur ses deux personnages de premier plan, aux caractères et tempéraments franchement opposés. L’histoire est assez prenante. Il faut ajouter à cela une très belle photographie en noir et blanc et une mise en scène parfaitement maitrisée. De façon un peu surprenante, certains plans et effets, ou encore la musique, peuvent évoquer les westerns italiens de la même époque.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Etsushi Takahashi, Yuriko Hoshi, Naoko Kubo, Tadao Nakamaru
Voir la fiche du film et la filmographie de Kihachi Okamoto sur le site IMDB.

Remarques :
Kill la forteresse des samouraïs est adapté d’un livre de Shûgorô Yamamoto que Kurosawa avait déjà porté à l’écran avec son Sanjuro (1962).

21 juin 2010

Le château ambulant (2004) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Hauru no ugoku shiro »

Le château ambulantLui :
(Film d’animation) En adaptant ce roman de Diana Wynne Jones, Hayao Miyazaki va toujours plus loin dans l’imaginaire visuel. L’histoire du Château Ambulant est assez belle en soi et joliment complexe. L’histoire démarre très rapidement et semble se développer en étoile à l’instar de son château ambulant, objet et lieu fantasmagorique au-delà de toute probabilité. Miyazaki explore plusieurs fils narratifs, exploitant ainsi une vraie richesse de récit qu’il met en images avec force trouvailles visuelles. Spectacle féérique, Le Château Ambulant nous charme, nous émerveille et nous captive.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Chieko Baisho, Takuya Kimura
Voir la fiche du film et la filmographie de Hayao Miyazaki sur le site imdb.com.

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19 septembre 2009

La forêt de Mogari (2007) de Naomi Kawase

Titre original : « Mogari no mori »

La forêt de MogariElle :
(pas vu)

Lui :
Dans une petite maison de retraite champêtre japonaise, un pensionnaire et une aide-soignante vont se rapprocher car ils portent tous deux un lourd fardeau. Une errance dans la forêt de Mogari va jouer le rôle d’un parcours initiatique vers une certaine sérénité. La réalisatrice japonaise Naomi Kawase traite de la disparition d’un être cher, de la difficulté du deuil : ces deux personnages principaux semblent inconsolables, ils semblent survivre plutôt que vivre, et ne trouveront que très difficilement le chemin pour dépasser le silence et la douleur. Le film est très lent, à l’image du parcours de ses deux personnages principaux, et la seconde partie nous fait pénétrer, caméra à l’épaule, cette dense forêt qui semble vouloir nous envelopper. On pourra reprocher une relative simplicité dans le propos qui repose beaucoup sur un certain rapport avec la Nature qui en devient salvatrice. Remarqué et récompensé à Cannes, La Forêt de Magori est un film qui mérite l’attention.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Machiko Ono, Shigeki Uda, Makiko Watanabe
Voir la fiche du film et la filmographie de Naomi Kawase sur le site imdb.com.

18 avril 2009

Lily la tigresse (1966) de Woody Allen et Senkichi Taniguchi

Titre original : « What’s Up, Tiger Lily? »

Lily la tigresse Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
S’il y a un sujet qui a alimenté de nombreuses discussions parmi les amateurs, c’est bien « doit-on considérer Lily La Tigresse comme le premier film de Woody Allen ? ». L’idée de départ vient en fait non pas de lui-même mais d’un producteur qui avait acheté les droits d’un film japonais d’espionnage : trouvant après coup l’histoire trop confuse pour le public américain, il demanda à Woody Allen de mettre d’autres dialogues par dessus pour en faire une comédie. Woody Allen qualifie aujourd’hui le projet comme étant « complètement débile et puéril ». Woody Allen a néanmoins réuni quelques amis dans un studio et ils ont fait vite fait bien fait quelque chose qu’il faut regarder aujourd’hui avec beaucoup de mansuétude… parce qu’il faut bien avouer que le résultat est très moyen, probablement parce qu’il reste trop près du film initial. Au lieu de rechercher un microfilm, le héros se retrouve bien à chercher la recette de la salade aux œufs mais le délire s’arrête là. Lily la tigresse On peut toutefois noter déjà la capacité de Woody Allen à détourner des scènes, ou à en retourner la tension, par des dialogues décalés. Signalons la musique de Lovin’ Spoonful (avec John Sebastian) et deux passages rajoutés où on les voit jouer. Lily La Tigresse est donc à regarder par curiosité uniquement.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Tatsuya Mihashi, Akiko Wakabayashi
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Remarques:
1. Le film original s’appelle Kokusai himitsu keisatsu: Kagi no kagi
Lovin' Spoonful What's up Tiger Lily 2. Le film revu par Woody Allen ne faisant que 60 minutes, les producteurs en ont rajouté 19 dont les scènes où l’on voit Lovin’ Spoonful jouer et certaines scènes avec une voix-off imitant Woody Allen. La dernière phrase que prononce Woody Allen à la fin du générique/strip-tease aurait été aussi modifiée.
3. Dans ses entretiens avec Stig Björkman (1993), Woody Allen parle de Lily la Tigresse : « Ce fut une expérience calamiteuse (…) J’ai attaqué le producteur en justice juste avant la sortie du film, pour l’empêcher de sortir en salle, car il avait fait des modifications supplémentaires qui me semblaient épouvantables. Mais durant l’instruction du procès, le film est néanmoins sorti et a récolté d’excellentes critiques. J’ai donc retiré ma plainte estimant que mon argumentation s’effondrait. Mais je persiste à dire que le film était insipide. C’était une idée de potache. »

16 avril 2009

Ran (1985) de Akira Kurosawa

RanElle :
La force de Ran réside dans sa réflexion sur la guerre et dans sa brillante mise en scène presque onirique. Un seigneur sanguinaire veut partager son fief entre ses trois fils pour vivre une fin de vie heureuse. La soif de pouvoir, les complots et vengeances, les divergences divisent les fils qui n’ont dès lors de cesse de s’entretuer et s’éliminer. Kurosawa se sert avant tout des images pour montrer comment une dynastie familiale peut sombrer dans le chaos et comment le désir de puissance peut pervertir les êtres humains. Le rouge, le jaune et le bleu des troupes de chacun des trois fils parsèment d’immenses paysages perdus. Les décors et la mise en place des batailles sont somptueux tant par leur graphisme que par le mouvement des soldats sur leurs chevaux. Kurosawa se permet d’éliminer les cris de la guerre pour les remplacer parfois par une musique presque contemporaine. La couleur du sang, la fumée et la brume envahissent le champ visuel qui devient baroque et fait penser à certains tableaux de Goya.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’intrigue de Ran est directement inspirée du Roi Lear de Shakespeare. Dans le Japon du XVIe siècle, un puissant seigneur qui a bâti son vaste domaine à coups de guerres sanglantes, décide de le léguer à ses trois fils. L’un d’eux refuse ce partage et il est banni…
Kurosawa ne cherche pas à faire une transposition fidèle, il désire plutôt faire une fable sur le pouvoir, la guerre, la culpabilité. A cause de sa folie destructrice, l’homme est ici le principal moteur de sa perte. Ran est un mot qui désigne le chaos. Le déroulement de l’histoire en elle-même est parfois un peu confus, il faut bien suivre pour ne pas s’y perdre. Ran s’inscrit dans la dernière partie de la filmographie de Kurosawa, juste après Kagemusha. Tous deux sont des films grandioses par leur mise en scène, avec notamment des scènes de guerre superbes dans ses mouvements de centaines voire de milliers de cavaliers et fantassins, mouvements et déplacements rendus encore plus majestueux et graphiques par les fanions colorés derrière chaque soldat. Cet aspect monumental est assez spectaculaire, peut-être pourrait-on dire un peu trop, mais dans le grandiose, le cinéma de Kurosawa reste majestueux et peu de cinéastes parviennent ainsi à faire fusionner totalement un propos terriblement sombre, presque apocalyptique avec une beauté quasi picturale des images.
Note : 4 étoiles 16/04/20094 étoiles 24/08/2024

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Akira Terao, Jinpachi Nezu, Daisuke Ryu, Mieko Harada
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31 mars 2009

Lust, caution (2007) de Ang Lee

Titre original : « Se, jie »

Lust, CautionElle :
Un film soporifique à grand spectacle auquel je suis restée hermétique. De belles images c’est vrai mais ça ne suffit pas. Une première partie longue et ennuyeuse parsemée de flashbacks. Une histoire d’amour sulfureuse totalement prévisible entre cette jeune espionne séductrice et cet homme froid qui se laisse prendre au piège de la beauté. Un film académique qui répond davantage aux codes d’Hollywood et du film à oscar qu’à un cinéma novateur et audacieux. (Abandon au bout d’une heure.)
Note : pas d'étoile

Lui :
A Shanghai, en 1942, sous l’occupation japonaise, une jeune actrice débutante se retrouve impliquée dans un projet d’assassinat par un petit groupe de jeunes résistants. Elle est chargée de séduire l’un des membres les plus en vue de la collaboration. Après plusieurs films à Hollywood, Ang Lee revient en Chine pour tourner Lust, Caution. Cela ne l’empêche pas de bénéficier de moyens importants pour sa reconstitution, assez impressionnante par sa minutie, du Shanghai de 1942. La mise en scène est opulente, parfois même un peu trop démonstrative. Cela n’empêche pas Ang Lee d’insuffler une réelle force à son film, avec une intensité qui monte très lentement mais sans faillir. La fausse légèreté du début de Lust, Caution laisse la place à une montée de la tension entre les deux personnages principaux, tension ponctuée par des scènes d’amour d’une intensité rare. Lust, Caution repose essentiellement sur son duo d’acteurs principaux : Tony Leung, dont on connaît les qualités grâce aux films de Wong Kar-wai, et Tang Wei, nouvelle venue, qui parvient parfaitement à traduire toute l’ambiguïté (et l’ambivalence) de son personnage.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tony Leung Chiu Wai, Tang Wei, Joan Chen, Lee-Hom Wang
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6 février 2009

Comme une épouse, comme une femme (1961) de Mikio Naruse

Titre original : « Tsuma to shite onna to shite »

Comme une épouse, comme une femmeElle :
Comme dans tous les films de Mikio Naruse, les femmes sont ici très émouvantes tant elles sont à la merci des traditions, des codes et de la loi des hommes. L’adultère est une institution que les épouses sont obligées de subir et les maîtresses, hôtesses de bar, se résignent à accepter. Aucune d’entre elles ne peut construire une vie épanouie et les maris vivent en véritable état de bigamie sans se poser davantage de questions. C’est étonnant de voir ce réalisateur rivé à ce thème des femmes soumises et bafouées tout au long de sa carrière alors que les personnages masculins de ses films sont si lâches et égoïstes. Dans ce film, il nous plonge tragiquement au coeur d’une famille vivant dans le mensonge le plus total depuis de longues années tant sur le plan de l’amour que de la naissance des enfants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Comme une épouse, comme une femmeComme une épouse, comme une femme débute par la vision d’une famille en apparence heureuse et classique mais plus le film avance et plus la réalité nous apparaît bien plus complexe et, à mi film, nous percevons toute la cruauté et le tragique de la situation. Cette progression dans la mise en place de la tragédie est assez remarquable et témoigne de la grande maîtrise du réalisateur japonais. Mikio Naruse traite une fois de plus de la place de la femme dans la société japonaise, en l’abordant cette fois par l’opposition/complémentarité femme légitime / maîtresse. Une fois de plus, les hommes sont particulièrement lâches, et une fois de plus, ce sont au final des vies gâchées. Comme une épouse, comme une femme est un film fort tout en restant très simple.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Chikage Awashima, Masayuki Mori, Yuriko Hoshi, Tatsuya Nakadai, Kumi Mizuno
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19 janvier 2009

Secret Sunshine (2007) de Lee Chang-dong

Titre original : « Milyang »

Secret SunshineElle :
Secret Sunshine nous montre l’errance d’une jeune mère à la recherche d’une renaissance intérieure suite au décès de son mari puis de son fils. Sa famille la rejette car son mari l’a trompée et parce qu’elle ne pleure pas lors de l’enterrement de son fils. En plein désarroi et toujours suivie par un ange gardien célibataire et amoureux d’elle, on assiste à son cheminement douloureux pour tenter de retrouver la paix intérieure et le goût à la vie dans cette ville de Milyang qui signifie « lieu ensoleillé » ou « Secret Sunshine ». Pas de demi-mesure, la jeune femme est entière : soit elle reste fermée aux émotions soit elle les manifeste avec excès. Après un passage dans un groupe religieux qu’elle finit par trouver hypocrite, elle tente en vain de trouver le bonheur par le sexe puis en essayant de mettre fin à ses jours. Le réalisateur esquisse avec sensibilité un cheminement chaotique, une voie sans issue au bord de la fêlure et du gouffre. Son cinéma est sombre et sans espoir.
Note : 3 étoiles

Lui :
J’avoue de ne pas avoir été vraiment touché par l’histoire de cette jeune femme qui tente de se redresser après une double tragédie. Ce n’est probablement pas à cause de l’interprétation de Jeon Do-yeon qui donne beaucoup pour son personnage. Non, ce serait plutôt du fait du comportement entier et sans nuances de l’héroïne dont les changements d’attitude sont assez brutaux et mal expliqués et le manque de profondeur des personnages secondaires. La réalisation de Lee Chang-dong, un peu terne, ne rattrape rien. Non, j’ai bien du mal à partager l’enthousiasme qui a entouré Secret Sunshine.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jeon Do-yeon, Song Kang-ho
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4 janvier 2009

Quand une femme monte l’escalier (1960) de Mikio Naruse

Titre original : « Onna ga kaidan wo agaru toki »

Quand une femme monte l’escalierElle :
Naruse explore sans se lasser et toujours avec autant d’émotion et de subtilité le thème des femmes japonaises victimes de la lâcheté des hommes et de l’organisation très patriarcale de la société japonaise à l’aube des années 60. Avec Quand une femme monte l’escalier, il nous introduit cette fois dans l’univers intimiste des hôtesses de bar qui déployent leurs charmes pour détendre les hommes d’affaires stressés. Il reprend l’actrice au teint de porcelaine Hideko Takamine pour interpréter cette jeune femme perdue entre son désir d’épouser un homme riche qu’elle n’aime pas ou acheter un bar avec l’aide financière de ses clients avec des contreparties à la clé. Un beau film émouvant et superbement mis en scène.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’escalier dont il est question dans le titre est celui de ces bars à hôtesses souvent situés au premier étage du centre de Tokyo en ces années 50. Keiko est l’une de ces hôtesses et quand elle monte l’escalier, elle sait qu’elle doit opérer une transformation en elle. Le cinéaste japonais Mikio Naruse montre une fois de plus tout son talent pour nous faire toucher du doigt la condition des femmes dans cette société japonaise de l’après-guerre en prenant pour sujet une femme dont le métier est de divertir les hommes. En apparence, ces hôtesses sont belles, assez libres et gagnent bien leur vie mais en réalité, elles n’ont que peu de choix possibles pour orienter leur futur. Une fois de plus, l’actrice Hideko Takamine parvient à allier puissance et délicatesse dans son jeu, avec une douceur qui convient si bien à la façon de filmer de Naruse. Quand une femme monte l’escalier n’est pas plus tendre avec les hommes que les autres films du cinéaste, bien au contraire : ils sont invariablement lâches, égoïstes et menteurs. Un très beau film qui, sous la fausse légèreté de son sujet, cache le portrait d’une société.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Reiko Dan, Tatsuya Nakadai, Ganjiro Nakamura
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10 décembre 2008

4:30 (2005) de Royston Tan

30Elle :
Un film immensément triste et émouvant, une histoire de solitude profonde presque atemporelle qui nous plonge à mi-chemin entre réel et imaginaire. Un enfant presque abandonné est confié à un oncle dépressif et alcoolique qui l’ignore tant son chagrin d’amour est profond. Cette indifférence et incommunicabilité entre des êtres a priori proches est souvent le ressort des films asiatiques contemporains. 4:30 est un film quasiment muet qui mise sur les images dépouillées, les portraits de toute beauté, les regards et les larmes, les éclairages subtils, une musique éthérée pour faire passer les émotions et cette lente marche vers l’isolement total. Un déchirement pour cet enfant orphelin des hommes.
Note : 4 étoiles

Lui :
Un jeune garçon singapourien vit quasiment seul dans un appartement, avec un oncle coréen dépressif qui l’ignore totalement. Sa mère l’appelle tous les matins pour vérifier qu’il part à l’école. 4:30 est un film sur la solitude, la solitude de cet enfant qui cherche à parler à cet oncle qui est le seul lien familial auquel il puisse tenter de s’accrocher, et la solitude de cet oncle, qui noie le chagrin d’une séparation douloureuse dans l’alcool et les barbituriques et qui se mure dans une absence totale de communication. Tout le film est donc construit autour de ces deux personnages : il se déroule quasiment sans paroles, une façon pour le réalisateur de s’affranchir des barrières culturelles et ainsi donner une certaine universalité à cette double solitude. Sans nous donner toutes les clés pour comprendre (1), le singapourien Royston Tan filme avec une certaine lenteur qui n’est cependant jamais pesante, c’est là l’expression d’un vrai talent car il parvient à rendre cette histoire particulièrement touchante. Elle est aussi assez terrible.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Xiao Li Yuan, Kim Young-jun
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(1) Il n’est pas évident de comprendre que l’enfant et l’oncle ne parlent pas la même langue. On remarque bien, au moment où l’oncle va acheter une glace, qu’il parle au vendeur par gestes et il y a aussi la scène de l’escalier où il prononce enfin quelques mots à son neveu ; mais cela ne saute pas aux yeux. De plus, pour nous occidentaux, on ne peut voir que le petit mot laissé avec le pot de nouilles (« Je pars » ?) est écrit en autre chose que du chinois. Tout comme, nous ne pouvons reconnaître physiquement un coréen d’un singapourien (en supposant que cela soit possible, ce dont je ne suis pas certain).