21 février 2012

Kiki, la petite sorcière (1989) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Majo no takkyûbin »

Kiki, la petite sorcièreKiki est une fillette qui a hérité de talents de sorcière : elle vole sur son balai aussi aisément que d’autres font de la bicyclette. Pour son apprentissage, elle doit aller s’installer dans une ville de son choix et proposer ses services… Kiki, la petite sorcière a été tourné par Hayao Miyazaki avant Porco Rosso, il est dans un registre assez différent. La qualité du dessin est comme toujours avec Miyazaki remarquable, les décors sont assez enchanteurs. Il y a beaucoup de fraîcheur qui se dégage de cet univers enfantin. L’histoire est gentille et décrit les difficultés du passage de l’enfance à l’adolescence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Minami Takayama, Kappei Yamaguchi
Voir la fiche du film et la filmographie de Hayao Miyazaki sur le site IMDB.

Voir les autres films de Hayao Miyazaki chroniqués sur ce blog…

2 réflexions sur « Kiki, la petite sorcière (1989) de Hayao Miyazaki »

  1. Il y a peut-être une particularité qui échappe à nos yeux occidentaux, à savoir la façon dont Miyazaki a plongé son histoire dans un environnement complètement européen, et y réussit fort bien. Ceci dit, j’ai trouvé que c’est un de ses films les moins intéressants : là où vous trouvez de la « fraîcheur », je n’ai pu m’empêcher d’éprouver une certaine mièvrerie. Mais il y a suffisamment de moments exceptionnels dans ses autres films pour lui en pardonner l’absence dans celui-ci, pas raté non plus au demeurant.

  2. Comme vous le soulignez, ce film est centré sur le passage de l’enfance à l’adolescence, avec ses doutes, ses incertitudes et ses renoncements *.

    Ce qui est moins souvent noté, c’est que c’est également un film profondément féministe. Durant toute l’histoire, nous ne voyons quasiment que des femmes : ce sont elles qui agissent, qui pensent, qui prennent les décisions.
    Dans l’introduction : la mère de Kiki et sa belle-mère sont les seuls personnages forts, le père est totalement palot.
    À la boulangerie : la boulangère décide, agit, parle ; son mari se contente de prendre soin discrètement (il joue d’une certaine façon le rôle souvent dévolu aux femmes dans ce genre de récit), il ne parle jamais (jamais !, pas un seul mot de tout le film !, uniquement une onomatopée à deux reprises), il fait ce qu’on lui demande.
    Les clientes sont toutes des femmes, sauf un homme fugacement.
    L’amie-initiatrice de Kiki (l’artiste qui vit dans les bois) est évidemment une femme.

    De tout le film, un seul personnage masculin prend la parole plusieurs fois (Tombo, c’est-à-dire Libellule, l’adolescent qui va devenir ami avec Kiki ; notons que c’est un adolescent et non pas un homme). Les 5 autres personnages masculins à avoir la parole ne l’ont que très très brièvement : le père dans deux courtes scènes introductives, l’enfant qui reçoit le chat en cadeau (quelques répliques, courtes), le client au lourd colis (quelques phrases, courtes), le policier râleur au début (quelques phrases, courtes) et le concierge de l’horloge (deux fois une phrase, au début puis à la fin). Autrement dit, à part l’adolescent, uniquement des apparitions masculines fugaces, quasi-muettes, anecdotiques.

    En revanche, les femmes parlent et sont constamment au cœur de l’action. La boulangère, Kiki bien sûr, la mère, la bourgeoise âgée et sa domestique, l’artiste. Un film où 90% des personnages « visibles en action » et 95% des dialogues sont dus aux femmes, voilà qui est atypique (et bienvenu).

    * Je crois n’avoir jamais lu de « critique » du film notant un fait pourtant marquant et essentiel, à propos du chat Jiji qui discute régulièrement avec Kiki au début du film, puis se contente de miauler lorsque Kiki perd temporairement ses pouvoirs magiques (= elle ne le comprend plus, c’est logique) : c’est qu’il ne retrouve plus jamais la parole par la suite. Contrairement à ce que je peux lire dans Wikipédia, ce n’est pas Jiji qui ne peut plus parler, c’est très explicitement Kiki qui ne peut plus le comprendre. Si nous l’entendons miauler et non plus parler, c’est parce que nous sommes mis à la place de Kiki. Bref, ce qui n’est jamais noté à ma connaissance, c’est que même après avoir retrouvé ses pouvoirs, Kiki ne comprends toujours plus Jiji. Elle a définitivement perdu la capacité à comprendre son chat. C’est là une marque claire d’une rupture, d’un passage à un autre état. Elle est sortie de l’enfance, et ça implique des renoncements, des pertes.

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