29 février 2024

Sur la branche (2023) de Marie Garel-Weiss

Sur la brancheMimi, une jeune avocate ayant une maladie psychiatrique tente de reprendre confiance en elle auprès d’un avocat radié du barreau en s’investissant dans la défense de Christophe…
Sur la branche est une comédie franco-belge co-écrite et réalisée par Marie Garel-Weiss, son second long métrage. C’est une fantaisie qui est très originale par ses deux personnages principaux, des personnages « hors des clous » comme le définit la réalisatrice. Ils sont tour à tour surprenants, amusants, et au final attachants tout en montrant de la force. L’approche de la réalisatrice est délicate et elle parvient à un équilibre parfait. Les deux acteurs font une merveilleuse interprétation, ce qui semble logique pour Benoît Poelvoorde car il est dans un registre où il excelle mais plus inattendu pour la jeune Daphné Patakia qui a un rôle plus difficile à tenir. Un film surprenant, qui peut dérouter mais très réussi.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde, Agnès Jaoui, Raphaël Quenard
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Daphné Patakia et Benoît Poelvoorde et Raphaël Quenard dans Sur la branche de Marie Garel-Weiss.

20 septembre 2021

Donnie Darko (2001) de Richard Kelly

Donnie DarkoDonald « Donnie » Darko est un adolescent intelligent, bien que perturbé émotionnellement et pris en charge par un psychiatre. Une nuit, le réacteur d’un avion de ligne s’écrase dans sa chambre. Donnie échappe à la mort en obéissant à une voix dans sa tête qui lui avait ordonné de quitter sa chambre peu avant la catastrophe. La voix est celle de Frank, un ami imaginaire qui ressemble à un lapin humanoïde. Il lui prédit que la fin du monde interviendra dans 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes…
Donnie Darko est un film américain fantastique écrit et réalisé par Richard Kelly. Le réalisateur est alors âgé de 26 ans, il s’agit de son premier long métrage. Le scénario est assez complexe, délicat à appréhender à la première vision. Pour le comprendre pleinement, il faut repenser à tout son déroulement un fois le mot « Fin » apparu et s’aider des explications que le réalisateur a données (1). Celui-ci a indéniablement une façon particulière d’utiliser les paradoxes du voyage dans le temps. Il sait aussi mettre en scène les questionnements de l’adolescent et plus particulièrement le sentiment d’être étranger au monde. Jake Gyllenhaal exprime à merveille tous ces tourments. Richard Kelly a une approche séduisante, l’ensemble est très fluide et surtout très prenant. Une réussite.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Holmes Osborne, Maggie Gyllenhaal, Mary McDonnell, Patrick Swayze, Drew Barrymore
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(1) On trouve un bon résumé des explications du réalisateur sur la page Wikipédia sur Donnie Darko

Donnie DarkoJake Gyllenhaal et Jena Malone dans Donnie Darko de Richard Kelly.

9 janvier 2019

Black Swan (2010) de Darren Aronofsky

Black SwanLe maître de ballet Thomas Leroy désire n’utiliser qu’une seule danseuse pour interpréter le cygne blanc et le cygne noir du Lac des cygnes. La jeune Nina est parfaite pour danser le cygne blanc mais aura-t-elle la capacité de personnifier son double maléfique ? …
Dès les premières minutes, Darren Aronofsky ne ménage pas les effets pour créer un climat anxiogène : très gros plans, caméra instable, musique oppressante, montage rapide. Il n’y a aucune progression, aucune recherche ; c’est juste désagréable. Le propos, « la recherche de perfection mène à la folie », ne montre guère plus de subtilités et la démonstration puise dans le tout-venant psychologique et psychanalytique. Le film a connu un succès inattendu, aussi bien auprès du public que de la critique, la prestation de style « habitée par son personnage » de Natalie Portman n’étant probablement pas étrangère à ce plébiscite.
Elle: 1 étoile
Lui : 1 étoile

Acteurs: Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, Winona Ryder
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Remarques :
* Le danseur interprétant le Prince n’est autre que Benjamin Millepied qui a également créé la chorégraphie des ballets (que l’on voit très peu).

Black Swan
Natalie Portman dans Black Swan de Darren Aronofsky

11 septembre 2016

Possédée (1947) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Possessed »

PossédéeUne femme erre dans les rues de Los Angeles à la recherche d’un certain David. Emmenée dans un hôpital psychiatrique, elle raconte peu à peu son passé aux docteurs qui la soignent. Tout a commencé par un amour très fort pour un jeune ingénieur… Tourné aux Etats Unis par le réalisateur d’origine allemande Curtis Bernhardt, Possessed s’inscrit pleinement dans la vogue des films psychiatriques de la seconde moitié des années quarante. Joan Crawford s’est longuement préparé pour le rôle, visitant des hôpitaux psychiatriques, observant les pensionnaires et parlant du script avec les docteurs ; le résultat est une interprétation très forte où sa schizophrénie est palpable, elle paraît même presque possédée, ce qui justifie le titre. Submergée par l’intensité de ses sentiments, son personnage en vient à ne plus distinguer le réel de son imaginaire. C’est dans ce type de rôle que l’on se rend compte à quel point Joan Crawford est bien à classer parmi les plus grandes actrices. Le film, lui, est souvent classé dans les films noirs, du fait de son atmosphère et de son apparence. Curtis Bernhardt travaille beaucoup ses éclairages, dans un esprit proche de l’expressionnisme aurait-on envie de dire pour évoquer ses origines allemandes. Le résultat est assez puissant. La mise en scène est maitrisée de bout en bout. Possessed est un film assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Van Heflin, Raymond Massey, Geraldine Brooks, Stanley Ridges
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Remarques :
* Joan Crawford (déjà oscarisée pour Mildred Pierce en 1946) a manqué de peu de recevoir un second Oscar pour ce rôle.

Homonyme :
Joan Crawford a joué dans deux films ayant pour titre Possessed, le premier étant :
Fascination (Possessed) de Clarence Brown (1931) avec Joan Crawford et Clark Gable, un drame romantique.

Possessed
Joan Crawford dans Possédée de Curtis Bernhardt (à l’arrière-plan : Raymond Massey et Van Heflin).

11 janvier 2016

Psychose (1960) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Psycho »

PsychoseMarion Crane est insatisfaite de son sort : elle a un amant avec lequel elle ne peut vivre faute d’argent. Elle agit impulsivement lorsqu’elle a l’occasion de voler une très grosse somme d’argent à son patron : elle s’en empare et s’enfuit en voiture… Psychose est le film le plus connu d’Alfred Hitchcock et pourtant il a été conçu comme un film presque expérimental, avec un budget proche d’un téléfilm. L’histoire en elle-même, tirée d’un roman de Robert Bloch inspiré d’un fait divers, n’est pas des plus passionnantes qui soient ; si elle a attiré Hitchcock, c’est parce qu’il y voyait un beau support pour jouer avec le spectateur qu’il entraîne constamment sur de fausses pistes. La mise en place laisse prévoir un certain type de film et au moment où l’on croit deviner la suite, Hitchcock surprend tout le monde par une scène aussi inattendue que contraire aux règles narratives classiques. Devenue la plus célèbre du cinéma, elle n’a plus évidemment l’effet de surprise qu’elle produisait à sa sortie sur les spectateurs et c’est un peu dommage, mais même lorsque que l’on connait le film, on peut admirer le talent d’Hitchcock pour nous induire en erreur, nous dérouter jusqu’à nous terrifier. Tout est calculé dans ce but, il détourne notre attention avec un détail pour mieux nous tromper sur l’essentiel. Sur ce point, il est bien le maitre absolu. Et comme il le dit lui-même, ce n’est pas grâce à son contenu ou à son interprétation que Psychose est un film si remarquable, c’est la façon de construire cette histoire et de la raconter qui a amené le public à réagir de façon émotionnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam
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Remarques :
* Le budget de Psychose a été de 800 000 dollars soit l’équivalent de trois épisodes moyens de télévision, financé en grande partie par Hitchcock lui-même car personne n’y croyait. La Paramount refusa même de prêter ses studios et Hitchcock le tournera dans les studios Revue chez Universal.
* La scène de la douche compte 70 plans en 45 secondes, ce qui est totalement inhabituel chez Hitchcock qui excelle dans les plans longs. Il semble que Saul Bass ait (fortement ?) contribué à sa conception.
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock détaille comment, dans la scène où Bates descend sa mère à la cave, il parvient à placer la caméra très haut, ayant attiré notre attention sur le dialogue. Aussi efficace qu’étonnant.
* Hitchcock cameo : À la 6e minute, lorsque Marion Crane arrive à son bureau, on le voit de trois-quarts se tenir dehors sur le trottoir, coiffé d’un chapeau de cow-boy.

Psychose
Janet Leigh en route vers le Bates Motel dans Psychose de Alfred Hitchcock

4 juillet 2015

Ames perdues (1977) de Dino Risi

Titre original : « Anima persa »

Âmes perduesLe jeune Tino arrive à Venise pour étudier la peinture. Il réside chez sa tante Elisa qui vit dans une grande demeure avec son mari Fabio, un homme rigide qui a une grande emprise sur elle. Rapidement, Tino se rend compte qu’il y a une autre personne dans la maison et il va peu à peu découvrir un étrange secret… A partir du milieu des années soixante dix, le « roi de la comédie italienne » Dino Risi semble chercher un statut plus respectable, notamment avec des adaptations littéraires comme c’est le cas pour cet Ames perdues basé pour le roman homonyme de Giovanni Arpino. Si le réalisateur ne semble pas parfaitement à son aise dans ce genre de drame psychologique (certains critiques parlent même « d’incertitude stylistique »), il sait créer une atmosphère très particulière et insolite. Ses personnages vivent dans un univers hors du temps d’où suinte une certaine angoisse : « Je commence à m’effacer » nous dit une Catherine Deneuve diaphane dans une maison où la plupart des pièces sont inutilisées. Ces grandes demeures de Venise forment un univers à l’abandon, dont les habitants ne se montrent jamais ; un lent processus de décomposition auquel répond la solitude noire et profonde d’un homme qui ne peut communiquer. Son acteur fétiche Vittorio Gassman est idéal pour ce type de rôle particulièrement schizophrénique et Catherine Deneuve (évidemment doublée en italien) est d’une grande beauté fragile. Ames perdues est un film assez noir que l’on peut considérer dans la lignée de Parfum de femme (1974).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Catherine Deneuve, Danilo Mattei
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Ames perdues
Danilo Mattei dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Catherine Deneuve dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Vittorio Gassman dans Âmes perdues de Dino Risi

 

28 mars 2013

Take Shelter (2011) de Jeff Nichols

Take ShelterCurtis vit paisiblement avec sa femme et sa fille de cinq ans sourde et muette dans l’Ohio. Peu à peu, il devient obsédé par la menace d’un cataclysme et voit des menaces de tempête dans le ciel. Il veut se préparer pour pouvoir mettre sa famille à l’abri… Take Shelter est le second métrage de Jeff Nichols qui en a écrit lui-même le scénario. Avec cette histoire d’homme gagné par la schizophrénie, il a voulu dresser le portrait de son époque, une époque où l’on se génère des angoisses, des terreurs, où on se laisse gagner par la peur de son environnement. Pour appuyer son propos, il parvient à créer une atmosphère troublante et même angoissante, sur un rythme lent mais particulièrement insidieux car son caractère paisible est trompeur. La photographie est assez belle, contribuant à apporter une douceur (elle aussi trompeuse) à l’ensemble. Seule la fin paraît plus faible : Jeff Nichols la laisse ambigüe et ouverte à différentes interprétations, ce qui paraît bien inutile.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michael Shannon, Jessica Chastain, Shea Whigham
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Remarque sur la fin :
(Ne lisez pas ce paragraphe si vous n’avez pas vu le film)
Si la scène finale de Take Shelter était réelle (ce qui détruirait tout le propos et ferait tomber le film dans le paranormal), le réalisateur aurait placé d’autres personnages dans la scène, des affolements, des cris, pour bien montrer sa réalité… Cela pourrait être un rêve, mais placer un rêve de plus en dernière scène n’apporterait rien… Non, le sens de cette scène finale est, à mes yeux, plus large que cela : Curtis a réussi à communiquer ses angoisses et ses phobies à sa famille et maintenant, au lieu d’être seul à avoir ces visions d’apocalypse, ils sont deux (voire trois avec la fillette). Une manière de souligner le caractère contagieux de l’angoisse.