25 mai 2015

Les Cheveux d’or (1926) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Lodger: A Story of the London Fog »

Les cheveux d'orUn cri perce la nuit froide et brumeuse de Londres. Le «Vengeur» vient de faire une septième victime, encore une jeune femme blonde. Un témoin décrit un homme de grande taille se dissimulant le bas du visage avec un foulard. Le même soir, un étrange voyageur se présente pour louer une chambre dans une maison du quartier. La fille de la famille, Daisy, y est courtisée avec insistance par un enquêteur de Scotland Yard… The Lodger est le premier «vrai film» d’Alfred Hitchcock, le premier où il a pu exercer son style propre (1). C’est aussi la première adaptation à l’écran de ce roman de l’anglaise Marie Belloc Lowndes, roman inspiré par les crimes en série de Jack l’éventreur. Le cinéaste montre un talent pour créer une atmosphère plutôt angoissante, où l’on s’interroge sur la culpabilité du personnage principal. Le montage des premières minutes du film est assez remarquable, faisant monter la tension pendant une quinzaine de minutes avant que n’apparaisse l’acteur principal, partiellement masqué. Il montre aussi un talent pour mettre en place des images fortes : la scène (chargée d’une indéniable connotation christique) où Ivor Novello se retrouve suspendu par ses menottes à une grille reste dans les esprits. Il se montre enfin novateur et même audacieux dans certains plans, comme celui où l’on «entend» le locataire marcher dans la pièce au-dessous de nous. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ivor Novello, June, Malcolm Keen
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The Lodger d'Alfred Hitchcock
Ivor Novello et June dans The Lodger de Alfred Hitchcock (1926)

Remarques :
* The Lodger est le premier film où le réalisateur apparaît lui-même dans une scène. Il s’agissait alors plus de combler un manque de figurants que d’un choix délibéré. On le voit de dos dans les bureaux du journal au tout début du film (confirmé par le réalisateur). Certains mentionnent un second caméo (non confirmé) à la fin du film, au moment où l’on décroche Ivor Novello : il y a bien un figurant qui lui ressemble vu de loin mais, vu de plus près un peu plus tard, l’on voit bien que ce n’est pas lui (à mon avis).
The Lodger d'Alfred Hitchcock
Le premier caméo d’Alfred Hitchcock est une apparition de dos dans The Lodger (1926)

* Les superbes intertitres dans le style Avant-garde / Art-déco sont l’oeuvre de Edward McKnight Kauffer, artiste-illustrateur avant-gardiste d’origine américaine (1890-1954).

* Le film a failli ne pas sortir : le réalisateur Graham Cutts, dont Hitchcock avait été l’assistant, voyait d’un mauvais oeil l’émergence d’un autre réalisateur ; il réussit à dénigrer le film auprès des responsables de Gainsborough Pictures et ce n’est qu’à l’insistance du producteur Michael Balcon qu’il put finalement sortir après quelques modifications d’intertitres.

The Lodger d'Alfred Hitchcock
Ivor Novello, June et Malcolm Keen dans The Lodger de Alfred Hitchcock (1926) (photo publicitaire)

Les adaptations du roman The Lodger à l’écran :
1. Les cheveux d’or (The Lodger) d’Alfred Hitchcock (UK, 1926) avec Ivor Novello
2. The Lodger de Maurice Elveny (UK, 1932)avec à nouveau Ivor Novello
3. Jack l’éventreur (The Lodger) de John Brahms (USA, 1944) avec Laird Cregar
4. L’Etrange Mr Slade (Man in the Attic) de Hugo Fregonese (USA, 1953) avec Jack Palance
5. Jack l’éventreur: The Lodger (The Lodger) de David Ondaatje (USA, 2009) avec Alfred Molina.
Nota : Il existe d’autres films intitulés Jack l’éventreur, ou mettant en scène le tristement célèbre meurtrier, mais ce ne sont pas des adaptations du roman de Marie Belloc Lowndes.

(1) Techniquement parlant, c’est son troisième film en tant que réalisateur (voire quatrième si l’on inclut un premier court-métrage inachevé) mais Alfred Hitchcock le dit lui-même : « Dans ce film, toute mon approche a été instinctive, c’est la première fois que j’ai exercé mon style propre. En vérité, on peut considérer que The Lodger est mon premier film. » (Entretiens avec François Truffaut, Ramsay 1983).

13 mai 2015

L’Inhumaine (1924) de Marcel L’Herbier

L'inhumaineLa célèbre cantatrice Claire Lescot a de nombreux admirateurs. Pour une soirée, elle a invité une dizaine de ses courtisans parmi lesquels on peut compter un maharadjah, politiciens, hommes d’affaires et un jeune ingénieur qui se meurt d’amour pour elle. Mais la cantatrice reste de marbre face à toutes ces avances… Jeune cinéaste d’avant-garde en ce début des années vingt, Marcel L’Herbier a l’idée de concevoir un film qui soit « une sorte de résumé de toute la recherche plastique en France, deux ans avant l’Exposition des Arts décoratifs ». Il réunit donc un groupe d’artistes de premier plan, Robert Mallet-Stevens et Fernand Leger en tête. Le film est donc plastiquement superbe ce qui lui a valu d’être qualifié de « manifeste des Arts déco ». Même les intertitres sont magnifiques ! Aucune toile peinte ici mais des décors tout en volumes. Il est d’autant plus dommage que Marcel L’Herbier ait négligé le scénario : l’histoire est étirée et, il faut bien l’avouer, parfaitement ennuyeuse. La direction d’acteurs semble approximative. On remarquera que le réalisateur expérimente certains effets sur les scènes de vitesse (ces scènes d’ivresse automobile étaient alors très prisées par les réalisateurs les plus inventifs). L’Inhumaine a été magnifiquement restauré, avec restitution des teintes d’origine, pour ressortir en ce début 2015 accompagné d’une nouvelle musique très réussie, composée par Aidje Tafial.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Georgette Leblanc, Jaque Catelain
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Voir le site créé pour la première de l’Inhumaine le 30 mars 2015.

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Crédits :
– Décors extérieurs, architecture : Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
– Le laboratoire de l’ingénieur : Fernand Leger (1881-1955)
– Décors intérieurs : Alberto Cavalcanti (1897-1982)
– Le jardin d’hiver : Claude Autant-Lara (1901-2000)
– Le mobilier : Pierre Chareau (1883-1950) et Michel Dufet (1888-1985)
– Sculptures : Joseph Csaky (1888-1971)
– Costumes : robes signées Paul Poiret (1879-1944).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La salle à manger créée par Alberto Cavalcanti pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (la table est entourée d’eau avec des cygnes qui barbotent…) (photo de plateau)

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
Fernand Leger pose dans le décor qu’il a créé pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier : l’atelier de l’ingénieur (photo de plateau).

L'Inhumaine de Marcel L'Herbier
La maison de l’ingénieur a été dessinée par Robert Mallet-Stevens pour L’Inhumaine de Marcel L’Herbier (photo de plateau : sauf erreur de ma part, l’homme à droite est Marcel L’Herbier).

1 juillet 2014

L’insoumise (1928) de Howard Hawks

Titre original : « Fazil »

L'insoumise(Film muet) Le prince arabe Fazil rencontre la jeune parisienne Fabienne lors d’un voyage à Venise et l’épouse à Paris. Mais rapidement, les différences de culture font surface et la jeune femme, très moderne d’esprit, ne veut accepter les règles que son mari lui impose… Fazil est adapté d’une pièce du français Pierre Frondaie. L’histoire est une bluette romantique avec de l’exotisme, un beau prince arabe, un jolie française, des gondoliers qui chantent des chansons d’amour. Peu d’intérêt de ce côté donc, seule la fin est tout de même assez audacieuse. En outre, Charles Farrell est certes un bon acteur romantique mais on peut se demander qui a bien pu penser qu’il serait crédible une seule seconde en prince arabe (et il n’est même plus beau). Si le film Fazil reste intéressant à voir, c’est surtout parce qu’il est signé Howard Hawks. A 32 ans, le cinéaste réalise ici son sixième et ultime film muet, sachant que son premier ne remontait qu’à un peu plus de deux ans (1). L’élément le plus notable est que l’on ne retrouve ici aucun élément ou signe précurseur de son futur style…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Farrell, Greta Nissen, John Boles, Mae Busch
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Remarques :
* Fazil est un film rare. Un grand merci à Patrick Brion de nous avoir donné l’occasion de le voir.
* Le film est muet mais une musique synchronisée (système Fox Movietone) lui a été ajoutée à sa sortie. Le gondolier qui chante est ainsi assez synchrone. Cette « bande son » comporte également quelques bruitages : chevaux qui passent sur un plancher de bois, coup de feu, etc.

Homonyme :
L’Insoumise (Jezebel) de William Wyler (1938) avec Bette Davis

(1) The Road to Glory (L’Ombre qui descend) (1926)

11 juin 2014

La Chute de la maison Usher (1928) de Jean Epstein

La chute de la maison Usher(Film muet de 63 minutes) Appelé par son ami Roderick Usher inquiet pour la santé de sa femme, un homme se rend dans sa demeure isolée. Il constate que son ami est dévoré par la passion de peindre le portrait de sa femme comme tous ses ancêtres l’ont fait avant lui. Mais, à mesure que le tableau semble vie, la santé de sa femme s’étiole… Le film de Jean Epstein est adapté de deux romans d’Edgar Allan Poe : La chute de la maison Usher et Le Portrait ovale. Les dialogues (intertitres) sont peu nombreux. L’histoire est assez simple mais c’est par l’atmosphère créée et par l’inventivité de sa forme, très avant-gardiste, que le film est franchement remarquable. Nous sommes comme immergés dans un autre univers, qui nous envoute et marque nos esprits. Le décor, fait de pièces immenses battues par les vents glacés, y participe grandement. Jean Epstein utilise également bon nombre de procédés (surimpression, travelings audacieux, fiévreux mouvements de caméra, ralentis, mouvements d’éclairage, angles de vue, etc.) très caractéristiques de l’avant-garde des années vingt. Cette utilisation peut même sembler excessive par moments. Jean Epstein combine des décors plutôt expressionnistes avec des procédés plutôt impressionnistes. La Chute de la maison Usher est un film particulièrement prégnant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Debucourt, Marguerite Gance, Charles Lamy
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Remarques :
Luis Buñuel a participé à l’écriture et a été l’assistant de Jean Epstein sur le tournage.

Autres adaptations :
The Fall of the House of Usher de l’anglais Ivan Barnett (1949)
House of Usher (La Chute de la maison Usher) de Roger Corman (1960) avec Vincent Price
Revenge in the House of the Usher (La Chute de la maison Usher) de Jesús Franco (1982)
The House of Usher (La Maison des Usher) d’Alan Birkinshaw (1989) avce Oliver Reed
The Fall of the House of Usher: A Gothic Tale for the 21st Century de ken Russell (2002)

5 mai 2014

La Chasse au renard (1921) de Fred C. Newmeyer

Titre original : « Among Those Present »

La chasse au renard(Muet, 34 minutes) Soucieuse de se faire accepter par la haute société, Mrs O’Brien donne un dîner suivi d’une partie de chasse dans son domaine. Elle en confie l’organisation à une femme qui a de sombres desseins à son égard. Un groom débrouillard (Harold Lloyd) est ainsi engagé pour jouer le rôle de Lord Abernathy, un mondain célèbre de passage aux Etats Unis expert dans l’art de la chasse… Le scénario de Among Those Present est assez riche et joliment développé. Les gags sont nombreux et surtout originaux. Harold Lloyd développe ici de belles interactions avec de nombreux animaux, depuis un cheval particulièrement fougueux jusqu’à une tourterelle plutôt affective, en passant par un lion, un serpent, et beaucoup d’autres. Quelques situations paraissent vraiment dangereuses. Et aussi, l’exploitation qu’il fait d’une situation simple (il a perdu son pantalon en fuyant devant un taureau enragé et doit se cacher des autres invités) est absolument phénoménale par la richesse des situations. Une fois de plus, Harold Lloyd fait preuve d’une très grande inventivité. Sur le fond, il se moque des mondanités de la haute société américaine et appuie son propos par les illustrations des intertitres.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis
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2 mai 2014

Un heureux mari (1921) de Hal Roach

Titre original : « I Do »

Un heureux mari(Muet, 25 minutes) Un jeune couple se voit confier par un beau-frère deux bambins « très sages » à garder pour une soirée. Très rapidement, cela tourne au cauchemar… I do est l’occasion de multiples gags avec un bébé en bas âge et un turbulent très jeune garçon, particulièrement espiègle. Ensuite, le film exploite la peur du noir et du cambrioleur. Un heureux mari L’ensemble n’est pas vraiment représentatif du meilleur d’Harold Lloyd, paraît tout de même un peu prévisible et a été bien mieux traité et exploité dans d’autres films, y compris par Harold Lloyd. Il y a tout de même de bonnes scènes : celle qui ouvre le film, la traversée d’une rue très passante par un Harold Lloyd marchant comme un zombie est impressionnante, le genre de scène particulièrement dangereuse qui demandait une très grande précision.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Noah Young
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Remarques :
Un heureux mari* I do était prévu pour être un 3 bobines mais après avoir montré le film à un public-test, il fut décidé d’enlever la première bobine. Cette partie qui traitait du mariage et de l’installation du jeune couple fut jugée trop lente. C’est pour cette raison qu’il y a un petit dessin animé au tout début du film pour montrer qu’ils sont mariés.
* Détail amusant : Mildred Davis qui interprète ici la jeune épouse d’Harold Lloyd allait l’être dans la vraie vie peu après.

19 mars 2014

Le Pèlerin (1923) de Charles Chaplin

Titre original : « The Pilgrim »

Le pélerin(Muet, 40 mn) Un évadé de prison (Charlie Chaplin) réussit à prendre les habits d’un pasteur et à monter dans un train. Sur le trajet, dans une gare du Texas, les habitants d’une petite ville le prennent pour leur nouveau pasteur qui devait arriver ce jour-là. Il doit conduire un office… Le Pèlerin est le dernier court métrage de Chaplin : il ne fera ensuite que des longs métrages. Le Pèlerin même plutôt un moyen métrage car, démarré pour être un « 2 bobines » (env. 20 mn), le projet a enflé pour devenir un « 4 bobines » (40 mn) ce qui permet à Chaplin de ne plus devoir de film à la First National, Le pélerin il est dorénavant libre (1). Le film mélange le comique avec une peinture sociale de la bigote petite bourgeoisie d’une ville moyenne. Cela fera bien entendu grincer quelques dents et Chaplin sera accusé d’avoir voulu ridiculiser un homme d’église ; le film ne sera pas ou peu distribué dans certains comtés. Le Pèlerin est loin d’être un « grand Chaplin », on ne retrouve pas ici le perfectionnisme dont il fait si souvent preuve, on peut même sentir une certaine précipitation ; il comporte néanmoins de bons passages et le portrait de ce prisonnier évadé est empreint d’humanité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edna Purviance, Charles Chaplin
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Remarques :
* En 1959, Chaplin a refait légèrement le montage de The Pilgrim et ajouté la chanson «Bound for Texas» qu’il a lui-même écrite dans le style des cowboy songs. Elle est chantée par l’anglais Matt Monroe.  Le film était inclus dans The Chaplin Revue qui comprenait en outre deux autres courts métrages First National : A Dog’s Life et Shoulder Arms. C’est cette version que l’on voit généralement aujourd’hui.

* On peut rapprocher ce film de The Adventurer, le dernier court métrage pour la Mutual, où Chaplin interprétait déjà un prisonnier évadé. Le film était nettement plus orienté slapstick mais comportait déjà un petit aspect social car le prisonnier se retrouvait immergé dans un univers de riches bourgeois. En comparant les deux films, on peut percevoir l’évolution de Chaplin sur cette période.

* L’acteur qui interprète l’ancien compagnon de cellule est le réalisateur et scénariste Charles Reisner. A noter que le sale gosse est joué par son fils, Dean Reisner, qui sera plus tard, lui aussi, scénariste.

(1) Rappelons que Chaplin est, avec Mary Pickford, Douglas Fairbanks et David W. Griffith, l’un des quatre fondateurs d’United Artists qui distribuera bien évidemment ses films suivants.

19 février 2014

Le Royaume de Tulipatan (1920) de Hal Roach

Titre original : « His Royal Slyness »

Le royaume de Tulipatan(Muet, 2 bobines soit 22 mn) A New York, un vendeur d’encyclopédies se laisse persuader, par le prince d’un lointain royaume dont il est le parfait sosie, d’aller prendre sa place à la cour où il doit épouser une jeune princesse… His Royal Slyness est une variation du thème du Prisonnier de Zenda où un simple quidam doit aller prendre la place d’un noble dans une cour royale. C’est le propre frère d’Harold Lloyd, Gordon Llyod, qui jour le rôle du véritable prince. Il n’est pas crédité au générique, certainement pour alimenter le doute et, effectivement, certains critiques de l’époque louèrent une merveilleuse utilisation de la « double exposition ». Les gags sont nombreux et bien amenés. On notera le petit contenu politique puisque ce pays imaginaire voit éclater une révolution et que nous sommes alors au lendemain de la Révolution russe.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, ‘Snub’ Pollard, Gus Leonard, Noah Young
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Le royaume de TulipatanRemarques :
* Le titre est un beau jeu de mot avec la formule royale His Royal Highness (slyness signifiant « ruse »).
* His Royal Slyness est le quatrième film avec le « glass character » (personnage à lunettes).
* Harold Lloyd avait déjà fait jouer son frère dans Luke’s Double (1916), également une histoire de double.
* Détail amusant : Harold Lloyd fait jouer au même acteur (Gus Leonard) les rôles du roi et d’un agitateur révolutionnaire.
* Harold Lloyd réutilisera le thème de la révolution dans le long métrage Why Worry ? (1923)

Remake :
Vive le roi (Long fliv the King) de Leo McCarey (1926) avec Charley Chase (et Oliver Hardy dans un petit rôle).

4 janvier 2014

Dr. Jack (1922) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Dr. Jack(Muet 59 min) Une jeune fille souffreteuse (Mildred Davis) est maintenue quasiment cloitrée dans une grande maison par un médecin dont les honoraires sont « équivalents à la dette de l’Allemagne » (1). Le conseiller juridique de la famille a l’idée de faire appel à un jeune médecin (Harold Lloyd) qui soigne ses malades avec beaucoup de simple bon sens… Dr. Jack est le premier long métrage d’Harold Lloyd conçu en tant que long métrage (cinq bobines). Ce format lui permet bien évidemment de mieux développer ses personnages. C’est ainsi qu’une bonne première partie nous montre le Docteur Jack faire preuve d’une certaine débrouillardise pour soigner ses malades. Tout au long du film, les gags sont extrêmement nombreux, c’en est même assez étonnant. Une longue et frénétique poursuite à l’intérieur de la maison clôt le film, elle est assez remarquable par ses trouvailles multiples (avec une mention spéciale pour le chien). Dr. Jack ne fait pas partie des films les plus connus d’Harold Lloyd mais pourtant il ne dépare en rien la filmographie de ce grand comique du cinéma muet.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Eric Mayne
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Remarque :
* Le générique de début est très original pour l’époque  : il est écrit sur une sorte de cahier (il s’agit en fait d’un cahier d’ordonnance de médecin tel qu’ils étaient à cette époque) dont les pages sont arrachées une à une.

(1) Nous sommes au lendemain du traité de Versailles qui, à l’issue de la Première Guerre mondiale, a imposé à l’Allemagne un lourd paiement des réparations.

15 décembre 2013

Le Manoir hanté (1920) d’Hal Roach et Alfred J. Goulding

Titre original : « Haunted Spooks »

Le manoir hanté(Muet 25 min) Une jeune fille sans le sou hérite d’un grand domaine à la condition qu’elle y vive pendant au moins un an avec son mari. Elle n’est pas mariée. Au même moment, The Boy (Harold Lloyd) est désespéré à la suite d’un chagrin d’amour… Dans une première moitié du film, nous suivons les péripéties d’Harold Lloyd dans sa tentative d’épouser une jeune fille riche et oisive qui, au final, se désintéressera de lui. Il tente de prendre de vitesse un autre prétendant et il y a beaucoup de belles trouvailles d’humour ; les tentatives de suicide sont assez savoureuses. Le manoir hantéMais, c’est la seconde moitié qui est restée la plus célèbre, celle où Harold Lloyd et Mildred Davis se retrouvent dans une grande demeure prétendument hantée, ce qui est l’occasion de placer de très nombreux gags dont le célèbre gag des cheveux qui se dressent sur la tête. A noter que c’est pendant le tournage de Haunted Spooks qu’Harold Lloyd eut son grave accident à la main (1). Il y eut donc une interruption de cinq mois pendant le tournage sans que cela soit vraiment décelable à l’écran.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Wallace Howe
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Le manoir hantéRemarques :
* On peut comparer Haunted Spooks avec The Haunted House de Buster Keaton (1921) qui est lui est postérieur d’un an environ.
* Comme c’est hélas souvent le cas à cette époque, on peut déceler une pointe de racisme dans quelques gags. Les domestiques à peau noire sont représentées comme étant des personnes très peureuses et prêtes à croire n’importe quoi.

(1) En août 1919, alors qu’il est en plein tournage de la grande scène du trajet automobile de Haunted Spooks, Harold Lloyd se rend à une séance photo pour un journal. L’une des poses qu’il doit prendre est d’allumer négligemment une cigarette avec la mèche allumée d’une bombe qu’il tient à la main. Du fait d’une incompréhensible erreur d’accessoire, il se retrouva avec une vraie bombe dans la main. L’explosion fut terrible, le blessant au visage et lui arrachant le pouce et l’index de la main droite. Pendant tout le restant de sa carrière, Harold Lloyd utilisera une prothèse très bien faite, cachée par un gant couleur chair, pour que cela ne se remarque pas à l’écran et il utilisera beaucoup sa main gauche. Toutes les prouesses acrobatiques qu’il fit par la suite paraissent d’autant plus extraordinaires quand on sait qu’il n’avait plus que trois doigts valides à la main droite.