29 avril 2018

Psiconautas (2015) de Pedro Rivero et Alberto Vázquez

Titre original : « Psiconautas, los niños olvidados »

PsiconautasSur une île ravagée par un désastre nucléaire, trois adolescents ont décidé de fuir avec l’aide du mythique Birdman qui symbolise l’espoir d’un monde meilleur… Adapté d’une bande dessinée d’Alberto Vázquez, Psiconautas est un dessin animé sombre et cauchemardesque qui met en avant de nombreuses angoisses de notre société. Le dessin est assez remarquable, épuré, poétique, très inspiré de Roland Topor et de La Planète Sauvage de René Laloux (1973). Un lieu très différent (qui symbolise l’espoir d’un monde meilleur en harmonie avec la nature) évoque quant à lui fortement Miyazaki. Les personnages sont, assez classiquement, des animaux anthropomorphes d’une grande candeur ; plus original, certains objets sont doués de parole. Sans nuance aucune, le propos n’est pas vraiment construit, abordant pêle-mêle les grandes questions vues des yeux d’un adolescent : la pression parentale, le refus de l’autorité, la drogue, la pollution et le saccage écologique de la planète, le chômage. Tout cela est très désordonné, de nombreuses séquences semblent là surtout pour faire des effets cauchemardesques. L’ensemble est très noir, Psiconautas n’est pas à montrer à de jeunes enfants…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
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Psiconautas
PsiconautasPsiconautas
Psiconautas de Pedro Rivero, Alberto Vázquez.

3 juillet 2016

Cría cuervos (1976) de Carlos Saura

Cría cuervosDans une vaste demeure madrilène, une petite fille Ana entend son père décéder dans la pièce voisine. Une femme en sort précipitamment. Bizarrement, la fillette entre dans la pièce, regarde son père et prend un verre de lait qu’elle va laver dans la cuisine… Ecrit et réalisé par Carlos Saura dans la dernière année de dictature franquiste, Cria Cuervos est une admirable réflexion sur le deuil, sur le monde de l’enfance, sur les souvenirs qui ne veulent s’effacer. Le récit débute de façon un peu mystérieuse pour dévoiler ensuite peu à peu l’univers de cette fillette seule avec ses deux soeurs : profondément marquée par la mort (ou plutôt par l’absence), elle parvient à se bâtir un monde à part où le rêve se mêle à la réalité, malgré la totale incompréhension du monde des adultes. Mais, comme on le sait, tous les films de Carlos Saura sont également une métaphore politique de son pays sous la chape de plomb du franquisme. Cette grande demeure coupée de l’extérieur représente ainsi l’Espagne, le père (et les hommes en général) le franquisme finissant, la mère est la république réduite au silence, la grand-mère la vie d’avant la dictature, la tante la bourgeoisie qui s’accommode des militaires. Les trois fillettes symbolisent l’avenir de l’Espagne et, en ce sens, le film de Saura est profondément optimiste. Âgée de neuf ans, Ana Torrent est assez inoubliable avec ses grands yeux noirs. Une fois de plus, Carlos Saura signe un film très fort avec sa façon assez unique de mêler inextricablement rêve, réalité, fantasmes et souvenirs.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Mónica Randall, Florinda Chico
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Remarques :
* Le titre vient d’un proverbe espagnol « Cría cuervos y te sacarán los ojos » qui signifie « Nourrissez des corbeaux et ils vous arracheront les yeux », maxime volontiers utilisée par les adultes pour se plaindre de l’ingratitude des enfants qui est donc détournée ici pour prendre un sens politique et prophétiser que la jeune génération balaiera le franquisme.

* La chanson Porque te vas (Parce que tu pars) a connu un succès international la même année, notamment en France où ce fut le tube de l’été 1976. Les paroles de cette chanson sont sur le thème de l’absence de l’être aimé et du souvenir qu’il laisse.

* Franco est mort à peine deux mois avant la sortie du film (donc après le tournage).

* Carlos Saura avait découvert la jeune Ana Torrent dans le beau film de Victor Erice L’esprit de la ruche (1973).

Cria Cuervos
Géraldine Chaplin et Ana Torrent dans Cría cuervos de Carlos Saura.

9 décembre 2015

Blancanieves (2012) de Pablo Berger

BlancanievesEspagne, années 20. Sa mère étant morte en la mettant au monde, la petite Carmen est élevée par une belle-mère cruelle qui la laisse à peine voir son père, grand torero handicapé à la suite d’un accident de corrida… Second long métrage de l’espagnol Pablo Berger, Blancanieves a toutes les apparences d’un film muet des années 20, sans paroles avec des intertitres, tourné en 16mm pour obtenir une image avec du grain. Il s’agit d’une variation sur le thème de Blanche-Neige et les sept nains transposé de façon assez inattendue dans le monde de la tauromachie. Pablo Berger fait preuve de beaucoup de style et rend hommage aux grands réalisateurs du muet : il est difficile de ne pas penser à Blood and Sand de Fred Niblo pour les scènes de corrida, à The Unknown ou Freaks de Ted Browning pour les forains, mais aussi à El Dorado de Marcel L’Herbier ou encore à Eisenstein (pour le montage très rapide dans certaines scènes) etc. Les procédés usuels du muet sont utilisés : ouverture et fermeture d’iris, surimpression plutôt qu’incrustation. Les scènes sont démonstratives, le réalisateur utilisant largement les gros plans pour exprimer les caractères des personnages qui sont, comme souvent dans les contes, très typés. Il va même très loin dans ce sens puisque dans une scène, la peau de la (très méchante) marâtre devient toute granuleuse pour exprimer sa noirceur intérieure. Le jeu des acteurs est quelquefois trop expressif mais de bon niveau, seule Macarena García n’est pas toujours convaincante. Le résultat est totalement différent de The Artist : bizarrement il se dégage plus de modernité de l’ensemble, sans doute est-ce la façon de travailler l’image et surtout le placement de la musique qui est résolument moderne. Quoiqu’il en soit Blancanieves est une belle réalisation, un film très plaisant à regarder et qui n’est pas sans humour, un bel hommage au cinéma muet des années vingt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maribel Verdú, Daniel Giménez Cacho, Macarena García, Ángela Molina
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Blancanieves
Sofía Oria et Maribel Verdú dans Blancanieves de Pablo Berger

Blancanieves
Macarena García (au centre) entouré de 5 des 7 nains (en fait ils ne sont que 6) dans Blancanieves de Pablo Berger.

 

22 juin 2015

L’Espoir (1939) d’ André Malraux

Titre complet : « Espoir, Sierra de Teruel »

L'espoirSierra de Teruel, Espagne, 1936. Un petit groupe de combattants républicains préparent avec l’aide de la population le bombardement d’un terrain d’aviation franquiste et d’un pont… De son roman L’Espoir, André Malraux n’a porté à l’écran qu’un seul petit épisode. Commencé en 1938, le tournage a été interrompu par l’entrée des troupes de Franco à Barcelone où se trouvaient les studios. Montré clandestinement dès 1939, L’Espoir n’est sorti commercialement qu’à la Libération en 1945 avec une introduction de Maurice Schumann. André Malraux évite soigneusement tout discours, il montre simplement la réalité de ce combat très inégal, et la débrouillardise dont les combattants républicains doivent faire preuve pour pallier leur manque d’armes et de matériel. Des scènes prises sur le vif ont été mêlées aux scènes de fiction jouées non pas par des acteurs mais par des combattants qui ont vécu des scènes semblables et par la population. Le résultat donne ainsi l’impression d’être plus proche du documentaire que de la fiction et il se dégage un fort sentiment d’authenticité de l’ensemble. André Malraux parvient à faire passer le souffle de Révolution espagnole. Il a inclus des scènes tournées à l’intérieur d’un petit bombardier, ce qui constitue une première, et la descente finale le long de la montagne est une scène inoubliable, d’une ampleur phénoménale avec ses centaines de figurants, une scène qui, plus que tout grand discours, est une exaltation de ce combat pour une juste cause. Accessoirement, André Malraux nous fait là une belle démonstration de la force des images, de la force du cinéma. L’Espoir sera son unique réalisation.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Andrés Mejuto, Nicolás Rodríguez
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L'Espoir d'André Malraux
A l’intérieur d’un bombardier dans L’Espoir d’André Malraux, Boris Peskine

9 juin 2015

L’invincible Armada (1937) de William K. Howard

Titre original : « Fire Over England »

L'invincible ArmadaA la fin du XVIe siècle, les relations entre l’Angleterre et l’Espagne, alors la nation la plus puissante du monde, sont proches de la rupture. La Reine Elizabeth I s’inquiète de la menace que la puissante marine de guerre espagnole fait peser sur ses côtes. La flotte anglaise serait bien trop faible pour pouvoir résister… Basé sur un roman de A.E.W. Mason, le film anglais Fire Over England retrace l’une des pages les plus glorieuses de l’Histoire de l’Angleterre. C’est aussi, en 1937 où l’Europe ressent la menace nazie, un moyen de rappeler la force de la Nation et la grandeur de se battre pour idéal de liberté et contre l’obscurantisme. Cette production d’Alexander Korda est d’une indéniable qualité, que ce soit dans ses décors soignés, sa mise en scène précise ou ses beaux mouvements de caméra de James Wong Howe. Mais le plus remarquable est certainement la qualité de l’interprétation avec le couple Vivien Leigh et Laurence Olivier (qui marque le début de l’idylle entre les deux acteurs), Raymond Massey ou encore Flora Robson, impériale dans son rôle de reine…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Flora Robson, Raymond Massey, Leslie Banks, Laurence Olivier, Vivien Leigh, James Mason
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Remarque :
* La légende veut que c’est en regardant Vivien Leigh dans Fire over England que Myron Selznick (frère de David O. Selznick) a vu en elle l’actrice idéale pour interpréter Scarlet O’Hara dans Autant en emporte le vent.

Fire over England
Vivien Leigh et Laurence Olivier dans L’invincible Armada de William K. Howard

Fire over England
Flora Robson en Reine Elizabeth I dans L’invincible Armada de William K. Howard.
A noter que l’actrice retrouvera le même rôle trois ans plus tard dans L’Aigle des mers de Michael Curtiz (1940).

Fire over England
Assez difficile à reconnaitre : le jeune James Mason dans un petit rôle dans L’invincible Armada de William K. Howard (il ne figure pas au générique initial)

8 mars 2015

Le Labyrinthe de Pan (2006) de Guillermo del Toro

Titre original : « El laberinto del fauno »

Le labyrinthe de PanDans l’Espagne de 1944, Carmen, récemment remariée, s’installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, un brutal capitaine de l’armée franquiste qui traque les Résistants. La fillette découvre près de la maison un labyrinthe gardé par une étrange créature magique qui lui révèle qu’elle est une princesse disparue et qu’elle doit affronter trois épreuves pour rejoindre son royaume… Le labyrinthe de Pan est un film assez étonnant car il réussit à combiner dans un même film deux histoires totalement différentes, deux mondes parallèles : le monde réel, celui d’un capitaine fasciste brutal, dénué d’humanité, et le monde fantastique, celui que s’invente la fillette pour échapper au premier, peuplé de fées et de faunes malicieux. Tout pourrait opposer ces deux mondes antinomiques mais Guillermo del Toro réussit l’impossible de créer un ensemble cohérent. Le monde réel déteint sur le monde imaginaire qui prend souvent des allures inquiétantes. A noter que ce n’est pas un film pour enfants, certaines scènes (du monde réel) sont franchement insoutenables. La mise en scène de Guillermo del Toro est superbe, très fluide. La photographie est très belle et les décors fantastiques font preuve d’une très grande inventivité, les effets spéciaux sont parfaitement utilisés. Avant Le labyrinthe de Pan, le réalisateur espagnol avait surtout réalisé des films d’action. Il a donc surpris tout le monde avec ce film qui est une belle allégorie de la lutte contre la barbarie, pour la liberté.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ivana Baquero, Sergi López, Maribel Verdú, Doug Jones, Ariadna Gil
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Ivana Baquero dans Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro
Ivana Baquero dans Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro

3 février 2015

Anna et les loups (1972) de Carlos Saura

Titre original : « Ana y los lobos »

Ana y los lobosAnna, une jeune institutrice étrangère, trouve un emploi de gouvernante dans une riche famille espagnole. Elle doit composer avec les trois frères qui régissent la maison… Pour tous ses films, Carlos Saura a été en prise avec la censure franquiste et doit user d’allégories pour parler des forces qui paralysent l’Espagne. Dans Anna et les loups, cette allégorie est plus immédiate que dans ses films précédents et c’est peut-être pour cette raison qu’il a du attendre un an pour que son scénario soit accepté et avoir l’autorisation de tourner. Les trois frères frustrés sont les loups, ils représentent l’armée, la religion et le sexe, les trois grandes forces oppressives du pays ; la grand-mère à demi-paralysée symbolise l’Espagne franquiste et la jeune Anna la nouvelle génération. Cette dernière tente de jouer un rôle sans comprendre tous les rouages ; on ne sait très bien qui complote avec qui. Les tabous sont forts, sclérosants. Carlos Saura trouve un équilibre parfait entre un certain mal à l’aise et un humour insolite, le cinéaste montrant là une certaine filiation avec Buñuel. La fin est-elle réelle ou un cauchemar éveillé ? Les acteurs ont tous le ton juste ; Geraldine Chaplin trouve là l’un de ses plus beaux rôles. Anna et les Loups apparaît comme l’un des films les plus aboutis de Carlos Saura.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Geraldine Chaplin, Fernando Fernán Gómez, José María Prada, José Vivó, Rafaela Aparicio
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Anna et les loups (1972) de Carlos Saura
Geraldine Chaplin et José María Prada dans Anna et les loups de Carlos Saura.

14 décembre 2014

Le Jardin des délices (1970) de Carlos Saura

Titre original : « El jardín de las delicias »

Le jardin des délicesA la suite d’un accident, un industriel se retrouve handicapé et amnésique. Sa famille s’efforce de lui faire retrouver la mémoire pour qu’il donne le nom de la banque suisse où il a déposé de grandes sommes d’argent ou encore la combinaison du coffre dans sa chambre. Pour cela, ils n’hésitent pas à recréer certaines scènes de sa vie passée… Le Jardin des délices est un film à plusieurs niveaux de lecture. Tourné sous la dictature du général Franco et de sa censure, la signification de cette allégorie est nécessairement masquée. Il peut se voir comme une simple fable sur la cupidité où Carlos Saura manie l’humour et le cocasse à la manière d’un Buñuel, mais il est truffé de références politiques et historiques (1), cette famille très franquiste symbolisant le régime. Cette comédie noire apparaît alors comme une charge contre la répression qui sclérose les esprits.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: José Luis López Vázquez, Luchy Soto, Francisco Pierrá, Charo Soriano
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Remarques :
* Pour certains, le personnage du paralytique serait Franco lui-même. Il serait étonnant que ce fut l’intention de Carlos Saura car il y a une empathie du spectateur avec cette personne. Cette empathie est suscitée dès le début du film : nous le voyons réduit à l’impuissance, sans expression, vulnérable, aussi innocent qu’un enfant.
* La signification du titre ne paraît pas immédiate. Il s’agit certainement d’une référence au célèbre tableau de Jérôme Bosch et l’étonnante dernière scène du film peut certainement en être vue comme une interprétation appliquée à l’Espagne de Franco.

(1) Les références historiques sont loin d’être évidentes à moins de connaitre parfaitement l’histoire de l’Espagne. Par exemple, l’accident automobile serait une référence à Juan March Ordinas, banquier au passé trouble et financier du général Franco en 1936, qui trouva la mort en 1962 dans un accident de voiture.

Le Jardin des délices de Carlos Saura
José Luis López Vázquez est un industriel amnésique dans Le Jardin des délices de Carlos Saura.

Homonymes :
Le jardin des délices (Il giardino delle delizie) de l’italien de Silvano Agosti (1967)
Le jardin des délices (Ogród rozkoszy ziemskich) du polonais Lech Majewski (2004)
et aussi
Le jardin des délices de Jérôme Bosch, court-métrage de Jean Eustache (1980).

28 novembre 2014

La Chasse (1966) de Carlos Saura

Titre original : « La Caza »

La chasseTrois amis quinquagénaires, accompagnés d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, se retrouvent dans la propriété de l’un d’entre eux pour une partie de chasse au lapin. La chaleur torride de cette journée et le paysage désertique exacerbent les tensions…
La Chasse fait partie des tous premiers films de l’espagnol Carlos Saura. Tournée sous Franco, donc sous le régime de censure, cette histoire est à lire comme une allégorie. Les trois amis représentent la société bourgeoise issue de la dictature qui a pris une part active dans la guerre civile (la chasse au lapin) contre les Républicains. Le jeune homme symbolise la jeune génération qui semble tout ignorer de ce passé. Ils sont tous quatre dénués d’idéal, vides, durs et secs. Mais là où le film se révèle être particulièrement puissant, c’est dans l’après, où Saura nous montre que l’homme est un loup pour l’homme. Son film a une très grande force. Saura montre une utilisation étonnante du gros plan pour créer le malaise.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ismael Merlo, Alfredo Mayo, José María Prada, Emilio Gutiérrez Caba
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La Chasse de Carlos Saura

1 octobre 2014

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (1980) de Pedro Almodóvar

Titre original : « Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón »

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartierPepi est violée par un policier qui habite en face de chez elle. Elle décide de se venger en poussant sa femme, aux forts penchants masochistes, à le quitter… En 1980, alors que Franco n’est mort que depuis cinq ans, l’Espagne se libère peu à peu la chape de plomb imposée par le dictateur. Pedro Almodovar s’engouffre par la brèche ainsi ouverte et signe là un film corrosif et provocateur, porté par cette liberté nouvelle qui gagne tout le pays. Ses personnages sont hauts en couleur : homosexuels exubérants, transsexuels, masochistes et même une femme à barbe. Un peu brouillon, le film est très marqué par son époque et, vu aujourd’hui, il est surtout intéressant en ce qu’il illustre à la fois l’immense changement du pays et qu’il préfigure le cinéma d’Almodovar. Le tournage (en 16 mm) s’est étalé sur une année car le financement a été difficile à réunir, les moyens utilisés sont rudimentaires mais cela n’a pas empêché Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier de connaître un beau succès en Espagne.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Carmen Maura, Félix Rotaeta, Cecilia Roth
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Remarques :
* Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier n’est pas à proprement parler le premier long métrage d’Almodovar puisqu’il avait déjà réalisé un film en Super-8, Folle… folle… fólleme Tim!, en 1978.
* Alaska y los Pegamoides (Alaska et les Pegamoides) est un groupe madrilène, considéré comme l’un des plus représentatifs de la scène punk-rock de l’Espagne des années quatre-vingt. Et c’est donc Alaska elle-même qui joue le rôle de Bom.

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón)Alaska, Carmen Maura et Eva Siva dans Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón) de Pedro Almodóvar.