23 octobre 2025

To the Moon (2024) de Greg Berlanti

Titre original : « Fly Me to the Moon »

To the Moon (Fly Me to the Moon)Chargée de redorer l’image de la NASA auprès du public, l’étincelante Kelly Jones, experte en marketing, va perturber la tâche déjà complexe du directeur de la mission, Cole Davis. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer, Kelly Jones se voit confier la réalisation d’un faux alunissage, en guise de plan B…
To the Moon est un film américain réalisé par Greg Berlanti. Pour trouver une nouvelle approche de l’épopée de la conquête de la Lune, le scénariste Rose Gilroy est allé puiser du côté des théories conspirationnistes (sans y adhérer totalement, toutefois, mais en les légitimant) et a enrobé le tout d’une histoire romantique convenue. Bien entendu, mis à part les campagnes de publicités et le sponsoring qui ont bien existé, il n’y a pas une once de vérité dans tout cela. Plus gênant encore : le récit utilise sans originalité les ficelles habituelles du cinéma hollywoodien. A réserver aux fans de Scarlett Johansson qui est de presque tous les plans. Un peu ennuyeux.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson, Channing Tatum, Woody Harrelson, Ray Romano, Jim Rash, Anna Garcia
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Channing Tatum et Scarlett Johansson dans To the Moon (Fly Me to the Moon) de Greg Berlanti.

5 octobre 2025

The Moon (2023) de Kim Yong-hwa

Titre original : « Deo mun »

The Moon (Deo mun)En 2029, la Corée du Sud tente une nouvelle fois d’envoyer un coréen sur la Lune, 15 ans après l’échec tragique de la première tentative. Peu avant de se mettre en orbite lunaire, une éruption solaire provoque de graves dommages et ce n’est que le premier d’une longue série d’accidents…
The Moon est un film sud-coréen réalisé par Kim Yong-hwa. Il s’agit d’un blockbuster de science-fiction à gros budget qui semble vouloir marcher sur les traces de films comme Gravity. Hélas, si les effets spéciaux sont bien réalisés et souvent spectaculaires, le scénario est plutôt consternant. Ce n’est pas tant les innombrables incohérences qui posent problème mais plutôt l’enchainement de situations stéréotypées ; cela en devient souvent ridicule. Le patriotisme est très marqué, le film a de toute évidence été conçu pour séduire le public coréen avant tout. Le succès n’a pas été au rendez-vous et le film n’est pas sorti en salles en Europe, ni aux Etats-Unis.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sul Kyung-gu, Do Kyung-soo, Kim Hee-ae, Jo Han-chul
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Do Kyung-soo dans The Moon (Deo mun) de Kim Yong-hwa.
Sul Kyung-gu dans The Moon (Deo mun) de Kim Yong-hwa.

11 juin 2025

First Man : Le Premier Homme sur la Lune (2018) de Damien Chazelle

Titre original : « First Man »

First Man : Le Premier Homme sur la Lune (First Man)Ingénieur aérospatial et pilote d’essai, Neil Armstrong intègre le deuxième groupe d’astronautes de la NASA en 1962. Il est alors âgé de trente-deux ans. En 1966, il commande la mission Gemini 8, au cours de laquelle il effectue le premier amarrage dans l’espace et, trois ans plus tard, il est sélectionné pour commander la mission Apollo 11…
First Man : Le Premier Homme sur la Lune est un film biographique américain réalisé par Damien Chazelle, adaptation de la biographie officielle de l’astronaute Neil Armstrong par James R. Hansen, parue en 2005. Ce n’est pas un récit de la conquête spatiale comme pouvait l’être L’Étoffe des héros, c’est un film centré sur la vie de Neil Armstrong. Il n’y a par exemple aucune vision d’ensemble du programme Apollo et ses coéquipiers n’ont que peu de place pour s’exprimer. Les scènes de vol sont très réussies, nous avons l’impression de nous trouver dans l’engin et de vivre ce qu’il a vécu. Le reste est moins réussi. Neil Armstrong, on le sait, n’était pas un joyeux drille et le personnage interprété par Ryan Gosling est ainsi d’une froideur infinie et ses rapports avec sa femme et ses enfants sont tout aussi glaciaux. Toute cette partie est donc plus ennuyeuse, d’autant plus que le film est long (2h20). Le film a reçu un assez bon accueil.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke, Kyle Chandler, Corey Stoll, Christopher Abbott, Ciarán Hinds
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Ryan Gosling dans First Man : Le Premier Homme sur la Lune (First Man) de Damien Chazelle.

19 avril 2025

Iron Sky (2012) de Timo Vuorensola

Iron Sky2018. Une mission lunaire américaine est envoyée sur la face cachée de la Lune à des fins électoralistes. Les deux astronautes tombent sur une base secrète où les nazis se sont réfugiés depuis la fin de guerre dans le but d’envahir la Terre…
Iron Sky est un film de science-fiction humoristique finlandais réalisé par Timo Vuorensola. Il s’agit d’un véritable OVNI cinématographique, partiellement financé par crowdfunding. Le scénario est totalement farfelu, l’histoire n’est pas sérieuse une seule seconde. De nombreux passages sont vraiment hilarants. Les personnages sont caricaturaux à l’extrême et assez savoureux (1) ; tous les acteurs font une très bonne prestation. Malgré le budget réduit, les effets spéciaux sont très bien réalisés, notamment dans les scènes spatiales. Le film est sorti en salles dans de nombreux pays, mais pas en France. Les réactions du public semblent être plutôt négatives. Iron Sky est bien un OVNI cinématographique…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Julia Dietze, Christopher Kirby, Götz Otto, Udo Kier, Peta Sergeant, Stephanie Paul
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(1) La présidente des États-Unis ressemble comme deux gouttes d’eau à Sarah Palin et le bureau ovale est rempli d’animaux empaillés (gouverneur de l’Alaska en 2008, elle avait pris la défense de la chasse en hélicoptère).

Christopher Kirby et Stephanie Paul dans Iron Sky de Timo Vuorensola.
Iron Sky de Timo Vuorensola.
Götz Otto, Julia Dietze et Stephanie Paul dans Iron Sky de Timo Vuorensola
(photo publicitaire)

22 avril 2024

L’Astronaute (2022) de Nicolas Giraud

L'astronauteIngénieur en aéronautique chez ArianeEspace, Jim Desforges rêve de devenir astronaute. Sa candidature n’ayant pas été retenue, il construit sa propre fusée dans l’espoir d’accomplir le premier vol habité amateur… L’Astronaute est un film français coécrit et réalisé par Nicolas Giraud. Il en interprète le rôle principal. L’histoire est totalement farfelue sur le plan technique mais il parvient à nous y faire croire en nous faisant partager l’enthousiasme et la passion de son personnage. Le récit est typé très français, adaptant le très américain « think outside the box » à la France profonde, avec l’idée que la passion justifie l’illégalité et le vol. Le scénario masque les incohérences assez habilement (sauf à la fin où le procédé est pour le moins radical) et l’ensemble fonctionne plutôt bien. On aurait presque envie d’y croire !
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent, Bruno Lochet, Ayumi Roux, Hippolyte Girardot, Jean-Henri Compère
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Remarque :
• Nicolas Giraud, que l’on connaissait auparavant surtout comme acteur, réalise là son second long métrage après Du soleil plein les yeux (2018).

Nicolas Giraud et Mathieu Kassovitz et Hélène Vincent dans L’Astronaute de Nicolas Giraud.

13 janvier 2023

La Marque (1957) de Val Guest

Titre original : « Quatermass 2 »
Autre titre français : « Terre contre satellite »
Autre titre (USA) : « Enemy from Space »

La Marque (Quatermass 2)Ayant détecté une chute de petites météorites, le professeur Bernard Quatermass se rend sur le point d’impact avec l’un de ses collaborateurs. Celui-ci est grièvement blessé au visage par l’une des météorites retrouvées. De plus, le professeur découvre sur place une usine comprenant de mystérieuses coupoles, avant d’être pris en chasse par d’étranges agents de sécurité armés…
La Marque (alias Terre contre satellite) est un film britannique réalisé par Val Guest et produit par la Hammer. Il s’agit du deuxième long-métrage dans lequel intervient le personnage du scientifique Bernard Quatermass, initialement créé par Nigel Kneale (pour une série télévisée de la BBC). Le premier long métrage Quatermass (Le Monstre, 1955) ayant connu un franc succès, les droits de la deuxième saison furent achetés avant même leur diffusion. Cette fois, les ennemis sont à la fois des extra-terrestres mais aussi des humains ordinaires. Val Guest parvient à bien construire la tension petit à petit par des éléments étranges qui nous intriguent, ce qui lui permet de faire oublier la faiblesse du budget (néanmoins plus conséquent que pour le premier volet). Il utilise fort bien le décor réel d’une raffinerie Shell. Ce Quatermass 2 parait finalement encore plus réussi que le premier.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, John Longden, Sidney James, Bryan Forbes
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Remarque :
* Le film connut aussi le succès, qui fut cependant éclipsé par celui de The Curse of Frankenstein, produit la même année par la Hammer. L’alcoolisme de Brian Donlevy aidant, le personnage fut mis de côté pour ne revenir que dix ans plus tard avec Quatermass and the Pit (1967), adaptation de la troisième saison diffusée en 1958 sur la BBC.
* Le titre original est Quatermass 2. Le film passe pour être le premier qui utilise le chiffre arabe « 2 » et non le chiffre romain « II » pour désigner une suite. Toutefois, comme on peut le voir sur l’affiche ci-dessus (affiche originale UK), le chiffre romain fut utilisé par les distributeurs sur les affiches.

La Marque (Quatermass 2)Brian Donlevy et Phillip Baird dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

La Marque (Quatermass 2)Bryan Forbes et Brian Donlevy dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

La Marque (Quatermass 2)John Longden, Brian Donlevy et Sidney James dans La Marque (Quatermass 2) de Val Guest.

13 septembre 2022

Le Monstre (1955) de Val Guest

Titre original : « The Quatermass Xperiment »
Titre USA : « The Creeping Unknown »

Le Monstre (The Quatermass Xperiment)Une fusée spatiale fait un atterrissage brutal en rase campagne. Le physicien Bernard Quatermass arrive sur les lieux avec ses assistants, parmi lesquels une femme qui se trouve être l’épouse de l’un des trois passagers de l’engin spatial. Tous attendent de pouvoir ouvrir la porte après refroidissement…
Adapté d’une série télévisée à succès de la BBC écrite par Nigel Kneale, Le Monstre est un film britannique réalisé par Val Guest et produit par la Hammer. Le scénario est signé par l’américain Richard Landau. En outre, deux acteurs américains (Brian Donlevy et Margia Dean) furent choisis pour pouvoir accéder au marché Etats-Unien. L’histoire est assez brillante et le film se révèle historiquement important dans la science-fiction, un véritable tournant même : alors que le genre tournait en rond avec les sempiternelles conséquences des essais atomiques, Le Monstre est le premier film à montrer la science sous un visage positif. Le professeur Quatermass est un scientifique brillant, désireux de faire avancer la science pour le bien de l’humanité tout en étant d’une grande conscience morale. Le film était considéré aussi comme un film d’horreur à sa sortie (il faut être très facilement impressionnable pour être effrayé aujourd’hui) ; il joue sobrement avec la métamorphose des corps, se montrant précurseur sur ce thème (on peut penser à David Cronenberg). Le film fut tourné en noir et blanc avec peu de moyens. Le succès fut important, marquant ainsi le début d’une période faste pour la Hammer.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, Jack Warner, Margia Dean, Richard Wordsworth, Gordon Jackson, David King-Wood, Lionel Jeffries, Jane Asher
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Remarques :
* La scène bien connue de 2001 : L’Odyssée de l’espace où une hôtesse de l’air marche sur le mur d’un couloir circulaire a probablement été inspirée par une scène de ce film : on y voit un astronaute marcher sur le mur gauche de la cabine.
* Le titre initial  The Quatermass Experiment  fut astucieusement changé en Xperiment  par la Hammer pour souligner le fait que le film était classé « X » en Grande-Bretagne (interdit aux moins de 16 ans).
* La petite fille qui tente de fraterniser avec « le monstre » est interprétée par Jane Asher, future actrice et future petite amie de Paul McCartney entre 1963 et 1968. C’est elle qui lui inspira nombre de chansons qu’il a écrites durant cette période.

Suites :
La Marque (Quatermass 2, 1957) de Val Guest avec Brian Donlevy
Les Monstres de l’espace (Quatermass and the Pit, 1967) de Roy Ward Baker avec Andrew Keir

Le Monstre (The Quatermass Xperiment)David King-Wood, Brian Donlevy et Richard Wordsworth dans Le Monstre (The Quatermass Xperiment) de Val Guest.

22 mai 2022

La Conquête de l’espace (1955) de Byron Haskin

Titre original : « Conquest of Space »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Dans le futur proche (années 1980), une station orbitale, La Roue, abrite une équipe technique composée de militaires. Un vaisseau spatial est en construction à ses côtés dans le but d’aller sur la lune. Mais c’est en réalité à destination de Mars qu’une petite équipe appareille finalement…
Conquest of Space est un film américain de science-fiction réalisé par Byron Haskin et produit par George Pal qui le voyait comme une suite à son Destination Moon (1950). Il est basé sur le livre homonyme de l’écrivain de vulgarisation scientifique Willy Rey, livre qui était illustré par Chesley Bonestell. L’adaptation est signée Barré Lyndon, auteur de l’adaptation de La Guerre des mondes (1953) de H.G. Wells. Le projet initial de George Pal incluait un voyage vers trois planètes (Venus, Mars et Jupiter) mais Paramount, effrayé par le coût potentiel, le força à se limiter à une seule et à inclure une affligeante intrigue sur une dissension père-fils. Cette tension est alimentée par des questionnements religieux qui, s’ils sont pesants et pénibles, ont un petit intérêt historique : il y a avait effectivement à l’époque de nombreuses voix pour affirmer que l’homme n’avait pas à aller dans l’espace, le domaine réservé à Dieu (1).
Mais l’intérêt de Conquest of Space est ailleurs, il est dans cette tentative de créer une anticipation réaliste des programmes spatiaux (2). Wernher von Braun, qui sera l’ingénieur en chef de la future NASA, était conseiller technique sur le plateau et son livre Mars Project a servi de base pour de nombreux points précis, notamment la forme de la station orbitale. Chesley Bonestell a dessiné certains décors, sa planète Mars vue de haut est superbe. Bien entendu, il est aisé de déceler plusieurs aberrations, même en tenant compte des connaissances de l’époque, ou de sourire à certains moments mais l’ensemble se tient. La réalisation n’est pas parfaite, les incrustations sont notamment très visibles (cette technique n’était encore pas bien maitrisée), mais elle se situe plutôt parmi les meilleures de cette époque. Bref, c’est un film intéressant à regarder, à condition de garder une certaine indulgence. Conquest of Space fut un cuisant échec commercial et financier qui scella la fin des films réalistes sur l’espace. Il faudra attendre 2001, l’odyssée de l’espace en 1968 pour les voir renaître. Entre deux, l’espace restera le domaine des monstres et des envahisseurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brooke, Eric Fleming, Mickey Shaughnessy, William Hopper, Ross Martin
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Remarque :
* Willie Ley (Willy Otto Oskar Ley) est d’origine allemande. Ses premiers livres sur les fusées datent de 1927. Il était conseiller technique sur Frau Im Mond de Fritz Lang (1929). Il a fui l’Allemagne nazie en 1935 pour s’établir aux Etats-Unis, où il a continué à publier des livres sur l’espace et les fusées. Il a co-signé un livre avec Wernher von Braun en 1953, The Conquest of the Moon.

(1) Cette intrusion de la religion était déjà présente dans La Guerre des mondes mais de façon bien plus subtile qu’ici.
(2) Le slogan sur l’affiche ci-dessus proclame : « Venez voir comment cela va arriver… de votre vivant »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Phil Foster et Eric Fleming dans La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

19 mai 2022

L’étoffe des héros (1983) de Philip Kaufman

Titre original : « The Right Stuff »

L'étoffe des héros (The Right Stuff)L’Étoffe des héros retrace l’épopée des pilotes d’essai américains d’après-guerre, du passage du mur du son par Chuck Yeager aux premiers vols spatiaux habités du programme Mercury de 1958 à 1963…
Il s’agit de la transposition cinématographique du livre de l’écrivain et chroniqueur américain Tom Wolfe (L’Étoffe des héros, paru en 1979). Philip Kaufman en a écrit l’adaptation. Bien documenté, le récit de plus de trois heures respecte assez bien la réalité historique (1) même si le cinéaste donne une très (trop sans doute) grande place à l’humour afin de le rendre plus attrayant. Il souligne également très fortement l’esprit d’indépendance des pilotes (2). En toute logique, le propos général exalte le patriotisme américain mais sans excès, laissant même entrevoir quelques piques discrètes envers le rêve américain. D’autre part, le vice-président Lyndon B. Johnson est présenté comme un clown, ce qui est certainement excessif. Cette grande fresque reste un beau témoignage des débuts de la conquête de l’espace. Malgré tous les moyens mis en œuvre pour en faire un grand film populaire et de bonnes critiques, L’Étoffe des héros fut un échec commercial qui traduit probablement le désintérêt du public après la fin du programme Apollo, dix ans auparavant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sam Shepard, Scott Glenn, Ed Harris, Dennis Quaid, Fred Ward, Barbara Hershey, Kim Stanley, Veronica Cartwright, Jeff Goldblum
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Remarques :
* Nommé à aucun instant, l’ingénieur en chef du programme est Wernher von Braun, brillant ingénieur mais ancien responsable nazi. Récupéré par les Américains avec son équipe à la fin de la guerre, Von Braun avait travaillé à la mise au point de fusées dès 1933 pour le régime nazi. Pendant la guerre, les missiles balistiques V1/V2 ont été construits par des prisonniers dans des conditions inhumaines. Des milliers en sont morts. Ces missiles ont fait plus de morts pendant leur construction qu’en tant qu’arme de destruction.
* Caméo : Le véritable Chuck Yeager fait une courte apparition dans une scène dans le Pancho’s Bar à environ 55 minutes (il avait alors 60 ans). C’est lui qui sert à boire aux deux prospecteurs de la NASA venus chercher des pilotes d’essai. Chuck Yeager vivra jusqu’à l’âge de 97 ans (il est décédé en 2020).

(1) La scène où Gus Grisom panique pour sortir de sa capsule a été critiquée car elle laisse supposer que l’astronaute a fait une erreur alors que la NASA a considéré, après enquête, qu’il n’était pas fautif et l’a conservé pour le programme Apollo (il perdra la vie dans l’accident d’Apollo 1). La capsule a finalement été repêchée en 1999 et l’a définitivement innocenté.
(2) Sur ce thème, le dernier départ montré de Chuck Yeager, décollant sans autorisation, est une exagération scénaristique un peu risible.

L'étoffe des héros (The Right Stuff)Ed Harris dans L’étoffe des héros (The Right Stuff) de Philip Kaufman.

4 septembre 2021

Salyut-7 (2017) de Klim Shipenko

Salyut-7En février 1985, la station spatiale soviétique Saliout 7, inoccupée depuis six mois, cesse brutalement de répondre aux signaux. Elle est hors de contrôle. Les autorités redoutent la chute de l’installation sur la Terre qui pourrait causer de nombreuses victimes et jeter un discrédit sur l’URSS. Il est décidé de lancer deux cosmonautes à bord de Soyouz T-13 pour une mission périlleuse : s’arrimer à la station, identifier le problème et réparer…
Salyut-7 est un téléfilm coécrit et réalisé par Klim Chipenko pour la chaîne de télévision russe Rossiya 1. Le scénario s’inspire de l’accident réel de la station Saliout 7 en 1985 et les auteurs se sont basés sur les journaux personnels de Viktor Savinykh, le second cosmonaute de la mission Soyouz T-13. Le réalisateur s’est adjoint les conseils techniques de cosmonautes et de responsables de Roscosmos (la NASA russe). De fait, la simulation est parfaite et les scènes en apesanteur sont très crédibles. Les sorties dans l’espace n’ont que peu à envier à celles de surproductions américaines (Gravity par exemple), la réalisation est de grande qualité. Le suspense est intense et l’on se surprend plusieurs fois à se cramponner à son siège. Seule la partie propagande (qui insinue que l’intention des américains était de s’emparer de la station) fait sourire et le rendez-vous final avec la navette américaine est assez ridicule. Cela n’empêche pas ce téléfilm d’être particulièrement remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs : Vladimir Vdovichenkov, Pavel Derevyanko, Aleksandr Samoylenko, Mariya Mironova
Voir la fiche du film et la filmographie de Klim Shipenko sur le site imdb.com.
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 Salyut-7Salyut-7 de Klim Shipenko.

 Salyut-7Vladimir Vdovichenkov et Pavel Derevyanko dans Salyut-7 de Klim Shipenko.

Remarques :
* En réalité, les deux cosmonautes ont mis douze jours pour remettre la station en état et ils y sont ensuite restés trois mois. La station Saliout 7 est, quant à elle, restée active jusqu’en 1991.

* En réalité, il n’y a pas eu de feu à bord de Soyouz 13 et, bien entendu, toute la partie concernant la navette spatiale américaine relève de l’invention scénaristique (ou de la désinformation). Une navette a bien été lancée onze jours après Soyouz T-13 mais elle était pleine et sur une trajectoire qui n’aurait pas permis un rendez-vous. Le cosmonaute français à son bord n’était pas Jean-Loup Chrétien (qui avait précédemment séjourné dans Saliout 7) mais Patrick Baudry.

* L’idée du projet de kidnapping de la station par les américains avait été longuement développée par un documentaire russe de style conspirationniste produit par Roscosmos en 2011. On peut lire un exposé des théories développées et leur réfutation sur le site Space Review : Kidnapping a Soviet space station (en anglais).

* A plusieurs reprises, les personnages parlent de la mise en place d’un système de prohibition. En effet, l’une des premières mesures prises par Makhaïl Gorbatchev qui, en 1985, venait d’arriver au pouvoir, a été de limiter la consommation d’alcool : interdiction dans les lieux publics et augmentation des prix de l’alcool de 30%. Toutefois, la consommation d’alcool n’a jamais été interdite.