18 avril 2020

La Lutte des classes (2019) de Michel Leclerc

La Lutte des classesSofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Sofia est avocate d’origine magrébine, et Paul est batteur punk-rock d’un groupe sans ambition et anar dans l’âme. Lorsque tous les copains de leur fils partent de l’école publique pour l’institution catholique proche, ils tiennent par principe à rester fidèles à l’école républicaine…
Ecrit par Michel Leclerc et Baya Kasmi, La Lutte des classes est une comédie basée sur des questions bien réelles que certains spectateurs se sont certainement posées. L’idée de Michel Leclerc dans plusieurs de ses films est de mettre en évidence les contradictions des « gens de gauche » et de la difficulté de chacun à concilier ses idées avec la réalité. Le problème dans sa démarche est qu’il grossit le trait et ses personnages paraissent souvent bien trop caricaturaux. On peut se focaliser sur les clichés et autres lieux communs qui parsèment le film mais le propos soulève néanmoins indirectement de vraies questions, autant sociales que philosophiques. Edouard Baer campe merveilleusement un personnage qui provoque aussi bien l’hilarité que la tendresse, un personnage que son aveuglement rend désemparé. Malgré des faiblesses dans la seconde moitié du film, l’ensemble reste assez amusant.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Leïla Bekhti, Edouard Baer, Ramzy Bedia, Tom Lévy
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La Lutte des classesEdouard Baer et Leïla Bekhti dans La Lutte des classes de Michel Leclerc.

21 février 2020

Une année polaire (2018) de Samuel Collardey

Une année polaireAnders Hvidegaard, jeune instituteur danois attiré par l’aventure et les voyages, aspire à une nouvelle vie avant de reprendre la ferme familiale. Il postule pour aller enseigner au Groenland et choisit un petit hameau isolé d’une centaine d’habitants nommé Tiniteqilaaq…
La genèse de ce film est étonnante : le français Samuel Collardey avait choisi de réaliser un long métrage se situant au Groenland et avait finalement jeté son dévolu sur ce petit village. Apprenant que l’institutrice proche de la retraite allait être remplacé par un jeune venu du Danemark, il l’a mis au centre de son film pour observer son intégration. Une année polaire tient ainsi autant du récit scénarisé que du documentaire ; il n’y a aucun acteur professionnel, chacun tient son propre rôle. Le récit est très intéressant car nous découvrons certains aspects de la culture Inuit. L’instituteur, dans un premier temps trop sûr de sa supériorité, aura quelque difficulté à bien la comprendre. Samuel Collardey a soigné ses images, beaucoup de plans sont superbes, notamment ceux pris à l’aide de drones.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anders Hvidegaard
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Une année polaireAnders Hvidegaard et Asser Boassen dans Une année polaire de Samuel Collardey.

18 février 2020

Les Bons Petits Diables (1930) de James Parrott

Titre original : « Brats »

Les bons petits diables (Brats)En l’absence de leurs femmes, Stan et Oliver s’apprêtent à passer une bonne soirée à jouer aux dames, mais c’est sans compter leurs deux petits garnements de fils…
Ce court métrage est l’un des plus étonnants tournés par Laurel & Hardy. En effet, ils y interprètent aussi bien les deux adultes que les deux bambins. Il n’y a aucun autre acteur qu’eux deux. Le trucage est parfaitement réalisé. L’astuce a consisté à les faire jouer dans les mêmes décors du double de la taille réelle et, pour les scènes où enfants et parents sont visibles, des caches ont été utilisés. Plus anecdotique, une petite souris a été ajoutée en animation. Quelques bons gags, notamment une belle « partie » de billard. Les deux enfants se querellent souvent : en fait, ils entretiennent entre eux les mêmes rapports que leurs pères.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy
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Remarques :
* Laurel & Hardy reprendront le thème des doubles dans Twice Two (court métrage, 1933) et Our Relations (long métrage, 1936).

Les bons petits diables (Brats)Stan Laurel et Oliver Hardy dans Les Bons Petits Diables (Brats) de James Parrott.

23 janvier 2020

Soleil battant (2017) de Clara Laperrousaz et Laura Laperrousaz

Soleil battantIris et Gabriel reviennent dans une maison de famille au Portugal pour passer l’été avec leurs jumelles Emma et Zoé qui ont 6 ans. En découvrant la photo d’une petite fille inconnue, puis une poupée, Emma questionne sa maman qui lui dévoile alors un lourd secret…
Les deux sœurs Clara et Laura Laperrousaz ont écrit et réalisé Soleil battant, un film lumineux sur un sujet douloureux. Une grande place est donnée à la vision des enfants, deux jumelles admirablement interprétées et vraiment adorables. Les deux réalisatrices ont cherché la spontanéité des enfants, évitant de leur faire apprendre du texte et le résultat est ainsi d’un grand naturel. La photographie est superbe, les grands espaces du Portugal sont filmés à la manière des westerns avec un beau travail sur les accords de couleurs. Il faut aussi mentionner la musique de Giani Caserotto dont la guitare langoureuse semble entrer en fusion avec ces vastes étendues. La seule ombre au tableau se situerait plutôt du côté du scénario, qui semble parfois tourner en rond et appuie un peu trop quelques effets ou symboles. Mais au final, Soleil battant apparaît comme un film assez remarquable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ana Girardot, Clément Roussier, Océane Le Caoussin, Margaux Le Caoussin, Agathe Bonitzer
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Soleil battantAna Girardot, Margaux et Océane Le Caoussin et Clément Roussier dans Soleil battant de Clara et Laura Laperrousaz.

Soleil battantMargaux Le Caoussin et Océane Le Caoussin dans Soleil battant de Clara et Laura Laperrousaz.

15 janvier 2020

Grâce à Dieu (2019) de François Ozon

Grâce à DieuCatholique pratiquant, Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il décider d’alerter les autorités de l’Eglise qui recueille son témoignage…
Voir un film sortir sur les écrans sur une affaire pénale non encore jugée soulève un problème : le cinéma peut-il influencer, ou pire encore, se substituer à la justice ? François Ozon a su traiter l’affaire Preynat (dont le procès est en cours au moment où j’écris ces lignes) en écartant ce risque : d’une part, il se borne à relater des faits avérés et connus et, d’autre part, il se concentre sur la libération de la parole. Son film a ainsi une portée qui dépasse l’affaire de ce prêtre pédophile car le propos aurait la même pertinence dans le cadre du mouvement metoo : il montre pourquoi la parole a attendu tant d’années pour se libérer alors que les victimes restent marquées, souvent très durablement. Sur le plan cinématographique, sa mise en scène est parfaite, d’une grande fluidité, simple tout en étant travaillée, ne cherchant jamais à passer pour un documentaire. Il ne recherche pas les effets et Grâce à Dieu n’a rien d’un film-polémique. Il traite son sujet de façon sereine.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, François Marthouret, Bernard Verley, Josiane Balasko
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Remarques :
* Les noms des protagonistes du diocèse de Lyon ont été conservés mais ceux des victimes ont été changés.
* La phrase (qui a donné son titre au film) de Mgr Barbarin en conférence de presse est bien réelle, aussi incroyable qu’elle puisse paraître.

Grâce à DieuDenis Ménochet, Eric Caravaca, Swann Arlaud et Melvil Poupaud dans Grâce à Dieu de François Ozon.

2 janvier 2020

L’Amour flou (2018) de Romane Bohringer et Philippe Rebbot

L'amour flouAprès dix ans de vie commune et deux enfants, Romane et Philippe envisagent de se séparer. Comme ils ne sont pas très surs de vouloir tout casser, ils décident de déménager dans deux appartements contigus, communiquant par la chambre de leurs enfants…
L’amour flou est la vraie histoire du couple Romane Bohringer et Philippe Rebbot. Même si elle est plus rare au cinéma qu’en littérature, l’autofiction est un genre prisé des acteurs/réalisateurs qui ont souvent ce petit travers narcissique. Ils  ont eu l’idée d’en faire un film qu’ils contrôlent entièrement, sans aucune contrainte. Ils se sont donc filmés, ont fait jouer leurs familles et certains personnages (par exemple le promoteur immobilier) jouent leur propre rôle. Si l’observation des voies alternatives n’est jamais inintéressant, le manque de rigueur dans l’écriture plombe le film. La comédie est un genre exigeant et l’humour ne fonctionne ici pas très bien, les bonnes idées sont très mal exploitées. De plus, les acteurs surjouent la plupart du temps, y compris Romane Bohringer. L’amour flou a toutefois connu un certain succès, autant auprès de la critique que du public qui semble l’avoir trouvé sympathique.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romane Bohringer, Philippe Rebbot
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L'amour flouPhilippe Rebbot et Romane Bohringer dans L’amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot.

18 décembre 2019

Brooklyn Village (2016) de Ira Sachs

Titre original : « Little Men »

Brooklyn Village (Little Men)Après le décès du grand-père, les parents de Jake déménagent de Manhattan dans sa maison à Brooklyn. Le rez-de-chaussée est occupé par la boutique de Leonor, une couturière latino-américaine qui a un fils, Tony. Les deux garçons deviennent vite inséparables…
Ira Sachs est un réalisateur discret de la scène indépendante new-yorkaise. Cette petite chronique familiale s’articule autour d’une situation délicate à gérer laissée par un parent défunt. Elle est vue en partie par les yeux des enfants mais pas seulement, car la question de la parenté est l’un des thèmes majeurs du récit. Ira Sachs ne cherche pas à apporter une solution parfaite : « Les parents se retrouvent parfois dans des circonstances où il est difficile de rester fidèle aux valeurs que l’on souhaite inculquer à ses enfants. » La mise en scène est remarquable ; le cinéaste définit ses personnages avec une grande délicatesse, il a de la tendresse pour tous ses personnages. Le film est empreint d’une grande douceur.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greg Kinnear, Jennifer Ehle, Paulina García, Theo Taplitz, Michael Barbieri, Alfred Molina
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Brooklyn Village (Little Men)Michael Barbieri (Tony) et Theo Taplitz (Jake) dans Brooklyn Village (Little Men) de Ira Sachs.

Brooklyn Village (Little Men)Greg Kinnear et Paulina García dans Brooklyn Village (Little Men) de Ira Sachs.

26 novembre 2019

Nos batailles (2018) de Guillaume Senez

Nos bataillesOlivier est marié avec Laura. Il est chef d’équipe dans le vaste dépôt d’une entreprise de vente en ligne où il fait tout pour défendre les salariés qu’il supervise. Un jour, sa femme quitte le domicile sans rien dire, le laissant seul face à ses deux enfants…
Coécrit par Guillaume Senez et Raphaëlle Valbrune-Desplechin (sœur d’Arnaud Desplechin), Nos batailles est le deuxième long métrage de ce réalisateur franco-belge. Son personnage principal se retrouve soudainement dans une situation de rupture et doit batailler pour trouver un nouvel équilibre entre son investissement personnel dans le domaine professionnel et ses imépratifs familiaux. Le cinéaste n’a pas donné de dialogues aux acteurs qui doivent les improviser et les peaufiner au cours des différentes prises. Même si le prix à payer est d’avoir des dialogues moins travaillés, cette technique donne beaucoup de naturel et d’authenticité, et nous place plus près des personnages. Romain Duris est assez remarquable, loin de ses rôles simples de séducteur où il ne peut montrer autant de qualité. Nos batailles est un beau film qui réussit à mêler étroitement drame intime et drame social.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Lucie Debay, Laure Calamy, Laetitia Dosch
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Nos batailles
Romain Duris, Lena Girard Voss et Basile Grunberger dans Nos batailles de Guillaume Senez.

Nos bataillesRomain Duris et Laetitia Dosch dans Nos batailles de Guillaume Senez.

29 octobre 2019

Ivan Tsarevitch et la Princesse Changeante (2016) de Michel Ocelot

Ivan Tsarévitch et la princesse changeanteTous les soirs, une fille, un garçon et un vieux projectionniste se retrouvent dans un cinéma qui semble abandonné, mais plein de merveilles. Les trois amis inventent, dessinent, se déguisent pour incarner princesses et aventuriers de contes merveilleux : « La Maitresse des Monstres », « L’Ecolier-Sorcier », « Le Mousse et sa chatte » et « Ivan Tsarévitch et la princesse changeante »…
Ce long métrage assez court (53 mn) est composé de quatre contes dans des univers très différents avec une même technique graphique : les personnages sont représentés en ombres chinoises, laissant juste apparaitre parfois les yeux. Ce parti-pris original amène une simplicité des formes mais permet aussi de mettre en valeur une certaine luxuriance. Michel Ocelot est un esthète qui sait prendre des chemins inattendus. Ce sont des contes très oniriques, au contenu moraliste. Le premier conte se déroulant sous terre n’est pas très beau, il joue sur les peurs des enfants. Le second permet surtout une éclosion de formes extravagantes. Les troisième et le quatrième contes sont les plus élaborés tant au niveau du contenu que de la richesse graphique. Pour un adulte, l’intérêt est toutefois moindre que d’autres films de Michel Ocelot ; Ivan Tsarévitch et la princesse changeante est vraiment destiné aux très jeunes enfants.
Elle:
Lui : 3 étoiles
(c’est un film difficile à noter par un adulte… si j’avais quatre ans, j’aurais certainement mis 4 ou 5 étoiles)

Acteurs:
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Ivan Tsarévitch et la princesse changeanteIvan Tsarévitch et la Princesse Changeante de Michel Ocelot.

Ivan Tsarévitch et la princesse changeanteIvan Tsarévitch et la Princesse Changeante de Michel Ocelot.

12 juin 2019

Big Eyes (2014) de Tim Burton

Big EyesA la fin des années cinquante, Margaret vient de quitter son mari et arrive à San Francisco avec sa fille. Elle peint des enfants au regard profond et triste, avec de grands yeux, et fait la rencontre d’un peintre du dimanche, peu talentueux mais beau parleur qui l’épouse. Pour mieux vendre les toiles de sa femme, il se fait passer pour leur auteur…

Big Eyes nous raconte l’histoire vraie d’une des plus grandes impostures dans le domaine de l’art. Au début des années soixante, Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La vérité n’a éclaté que des années plus tard : toutes ces toiles avaient été peintes par sa femme Margaret. Tim Burton possède une belle collection de ces œuvres dont on peut détecter l’influence sur certains personnages de ses films précédents. Son film nous raconte comment cette femme s’est retrouvée enfermée dans le mensonge de Walter Keane. Le réalisateur souligne la dépendance de Margaret vis-à-vis de son mari, non seulement parce qu’il était un excellent vendeur mais aussi du fait de la position de la femme dans la société de l’époque. Le budget du film fut très réduit (il fut tourné en numérique) mais le résultat est sans faille, parfaitement maitrisé. Côté interprétation, Amy Adams et Christoph Waltz apportent beaucoup de crédibilité à l’ensemble. Bien qu’il se retrouvera certainement classé parmi les œuvres mineures de Tim Burton, voilà un film qui sait éveiller notre intérêt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp
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Big Eyes
Amy Adams et Madeleine Arthur dans Big Eyes de Tim Burton.

Big Eyes
Christoph Waltz et Fiona Vroom dans Big Eyes de Tim Burton.

Remarque :
* Cameo : La véritable Margaret Keane (87 ans au moment du tournage) fait une apparition dans Big Eyes. Elle est assise sur un banc en arrière-plan, en pleine lecture de la Bible, lors de la scène du Palace of Fine Arts.

Big Eyes
Amy Adams, avec Margaret Keane à l’arrière-plan, dans Big Eyes de Tim Burton.