5 novembre 2023

Carré 35 (2017) de Eric Caravaca

Carré 35Éric Caravaca part à la recherche de sa sœur Christine morte à l’âge de trois ans, bien avant qu’il ne naisse, et dont il n’a appris l’existence que tardivement. Il ne reste aucune trace de la vie de Christine, pas même une photo. Tout juste sait-on qu’elle repose dans le carré 35 du cimetière français de Casablanca…
Carré 35 est un long métrage documentaire français réalisé par Éric Caravaca. Il nous plonge dans l’histoire intime de sa famille, il nous fait suivre l’enquête qu’il a menée pour lever le voile sur un lourd secret. Il part de maigres éléments, utilisant des documents officiels pour retracer un parcours, interrogeant ses parents qui lui cachent une partie de la vérité. Le récit est troublant et émouvant, avec une mise en scène pleine de retenue qui donne une grande authenticité à l’ensemble. Ceci dit, on peut s’interroger sur le désir de rendre public ce qui relève d’une sphère très privée. Le but est évidemment de montrer que déni de la réalité n’est jamais effacement, mais il parait bien délicat de juger l’attitude des parents. Et le simple fait de rendre public est en soi un jugement, un jugement dur et sévère. La mère d’Éric Caravaca a refusé de voir ce film et je la comprends aisément. Mon opinion ne semble pas majoritaire toutefois car le film a été bien accueilli.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs:
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Les parents d’Eric Caravaca le jour de leur mariage dans Carré 35 de Éric Caravaca.

11 novembre 2022

Tout s’est bien passé (2021) de François Ozon

Tout s'est bien passéEmmanuèle, une romancière épanouie, est appelée en urgence : son père, âgé de 85 ans, vient d’être hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme curieux de tout et aimant passionnément la vie, demande à sa fille de l’aider à mourir…
Tout s’est bien passé est un film français écrit et réalisé par François Ozon. Il s’agit de l’adaptation du roman paru en 2013 d’Emmanuèle Bernheim, dans lequel elle narrait sa propre histoire avec son père. La romancière, aujourd’hui décédée, était restée amie avec François Ozon après leur collaboration sur l’écriture de Sous le sable, de Swimming Pool et de 5×2. L’euthanasie est bien entendu un sujet délicat sur lequel chacun aura certainement des convictions.  Tout s’est bien passé n’a toutefois rien d’un film militant, il ne cherche pas à convaincre. C’est le récit du trajet personnel de la romancière qui, au départ fortement opposée à l’idée, doit peu à peu se résoudre à accepter la volonté de son père. La gravité du sujet est légèrement  contrebalancée par de petites touches d’humour ici et là. Très belle distribution. La transformation d’André Dussollier est stupéfiante, on ne le reconnaît qu’à grand-peine, et son jeu est remarquable. Sophie Marceau est tout autant admirable dans l’interprétation de son personnage qu’elle donne l’impression de vivre vraiment. Un film assez frappant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Éric Caravaca, Hanna Schygulla, Grégory Gadebois
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Remarque :
* Dans la vraie vie, le compagnon d’Emmanuèle Bernheim (interprété par Eric Caravaca) n’est autre que Serge Toubiana, bien connu des cinéphiles, directeur de la Cinémathèque française de 2003 à 2016 (ce qui explique ses propos sur le cinéma).

Tout s'est bien passéSophie Marceau, Géraldine Pailhas et André Dussollier dans Tout s’est bien passé de François Ozon.

Tout s'est bien passéSophie Marceau et André Dussollier dans Tout s’est bien passé de François Ozon.

12 janvier 2021

Les Éblouis (2019) de Sarah Suco

Les Éblouis (Les éblouis)Camille, une jeune fille de 12 ans passionnée par les arts du cirque, voit ses parents s’engager dans une communauté charismatique religieuse, la Communauté de la Colombe, dont les valeurs sont fondées sur le partage et la foi. Cet engagement soudain perturbe Camille qui voit ses habitudes de vie changer radicalement et est contrainte de renoncer au cirque. Elle constate également que la communauté se comporte de plus en plus comme une secte…
Après avoir été actrice, Sarah Suco réalise son premier long métrage en s’inspirant de sa propre vie puisqu’elle et sa famille ont vécu dans une communauté charismatique pendant dix ans. La réalisatrice précise toutefois que le récit n’est pas strictement autobiographique, son intention est de montrer comment une famille entre doucement dans une communauté sectaire sans que ce glissement ne soit visible : « Le film raconte à quel point il est simple de se faire embrigader lorsque les besoins sont présents en nous et qu’un groupe nous attire de belle manière ». Tout est vu à travers les yeux de l’adolescente ce qui évite au film d’être trop démonstratif. Le récit montre bien comment le jugement est altéré : la foi l’emporte sur la raison, tout ce qui est extérieur à la communauté est rejeté car impie. C’est édifiant et suffisamment terrifiant, l’élément pénal qui intervient à la toute fin est même superflu. L’interprétation de la jeune Céleste Brunnquell est remarquable, il s’agit de son premier rôle. Les Éblouis est un film sans aucune lourdeur, l’approche de Sarah Suco de ce sujet actuel est finalement très délicate.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Éric Caravaca, Céleste Brunnquell, Spencer Bogaert
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Les Éblouis (Les éblouis)Céleste Brunnquell dans Les Éblouis de Sarah Suco.

15 janvier 2020

Grâce à Dieu (2019) de François Ozon

Grâce à DieuCatholique pratiquant, Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il décider d’alerter les autorités de l’Eglise qui recueille son témoignage…
Voir un film sortir sur les écrans sur une affaire pénale non encore jugée soulève un problème : le cinéma peut-il influencer, ou pire encore, se substituer à la justice ? François Ozon a su traiter l’affaire Preynat (dont le procès est en cours au moment où j’écris ces lignes) en écartant ce risque : d’une part, il se borne à relater des faits avérés et connus et, d’autre part, il se concentre sur la libération de la parole. Son film a ainsi une portée qui dépasse l’affaire de ce prêtre pédophile car le propos aurait la même pertinence dans le cadre du mouvement metoo : il montre pourquoi la parole a attendu tant d’années pour se libérer alors que les victimes restent marquées, souvent très durablement. Sur le plan cinématographique, sa mise en scène est parfaite, d’une grande fluidité, simple tout en étant travaillée, ne cherchant jamais à passer pour un documentaire. Il ne recherche pas les effets et Grâce à Dieu n’a rien d’un film-polémique. Il traite son sujet de façon sereine.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, François Marthouret, Bernard Verley, Josiane Balasko
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Remarques :
* Les noms des protagonistes du diocèse de Lyon ont été conservés mais ceux des victimes ont été changés.
* La phrase (qui a donné son titre au film) de Mgr Barbarin en conférence de presse est bien réelle, aussi incroyable qu’elle puisse paraître.

Grâce à DieuDenis Ménochet, Eric Caravaca, Swann Arlaud et Melvil Poupaud dans Grâce à Dieu de François Ozon.