12 janvier 2023

Petite maman (2021) de Céline Sciamma

Petite mamanAprès la mort de sa grand-mère, Nelly, âgée de huit ans, part avec ses parents vider la maison d’enfance de sa mère Marion. Dans les bois des alentours, Nelly rencontre une autre petite fille qui construit une cabane. Cette fille a son âge et s’appelle Marion…
Petite maman est un film français écrit et réalisé par Céline Sciamma. Le sujet est très original puisqu’il nous permet d’imaginer ce que serait la rencontre d’une petite fille de huit ans avec sa mère quand elle avait le même âge. Tout est vu à travers les yeux des petites filles. Comme elles acceptent la situation sans s’arrêter à son côté inconcevable, il n’est donc pas ici question de voyage dans le temps, ni de fantastique mais, tout simplement, d’une rencontre. C’est un film sur l’enfance, sur le besoin d’amour, sur la façon dont les enfants peuvent perçoivent un évènement grave (le décès d’un proche). Céline Sciamma filme cela avec délicatesse et simplicité, sans effet, sans spectaculaire. Petite maman est un film touchant et très original.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joséphine Sanz, Gabrielle Sanz, Nina Meurisse, Stéphane Varupenne, Margot Abascal
Voir la fiche du film et la filmographie de Céline Sciamma sur le site IMDB.
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Remarque :
* La scène du lac est filmée à Cergy-Pontoise (tout comme les scènes de forêt).

Petite mamanJoséphine Sanz et Gabrielle Sanz dans Petite maman de Céline Sciamma.

Homonymes :
Petite maman (Kleine Mutti) film austro-hongrois de Henry Koster (1935)
Petite maman (Das doppelte Lottchen), film allemand de Josef von Báky (1950)

19 janvier 2020

Mia madre (2015) de Nanni Moretti

Mia madreMargherita est une réalisatrice en plein tournage d’un film politiquement engagé et dont le rôle principal est tenu par un acteur américain. Elle doit aussi faire face à ses problèmes personnels : elle se sépare de son compagnon, s’inquiète pour sa fille adolescente aux mauvais résultats scolaires en latin et, surtout, doit s’occuper de sa mère très affaiblie et actuellement à l’hôpital…
Nous y sommes habitués : les films de Nanni Moretti sont le plus souvent partiellement autobiographiques ou, au moins, reflètent ses propres angoisses. Mia madre évoque le décès de la mère du cinéaste, survenu en 2010 lors du tournage d’Habemus Papam. Cette fois, il ne tient pas le rôle principal mais s’est réservé le rôle du frère, un personnage bizarrement lisse et parfait sous tout rapport. C’est un film étonnamment plat, et même irritant (personnages et situations typées, flashbacks poussifs, scènes de rêves lourdement symboliques), très en deçà de ce que l’on attend du réalisateur. Nous sommes par exemple très loin de La Chambre du fils qui traitait également de l’absence. Cette fois, il ne parvient à créer la moindre émotion. Mon avis semble toutefois être minoritaire puisque la critique a été unanime pour louanger le film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti
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Remarque :
* L’instruction si mystérieuse que la réalisatrice dans le film donne à ses acteurs, « Je veux voir l’acteur à côté du personnage », est bien celle que Nanni Moretti a toujours donné à ses acteurs… A ce propos, il a précisé : « Je ne sais pas si les acteurs la comprennent, mais à la fin, j’arrive à obtenir ce que j’avais en tête ».

Mia madreNanni Moretti, Giulia Lazzarini et Margherita Buy dans Mia madre de Nanni Moretti.

11 juillet 2019

Thunder Road (2018) de Jim Cummings

Thunder RoadA l’enterrement de sa mère, le policier Jimmy Arnaud prend la parole pour lui rendre hommage mais il a beaucoup de mal à se contrôler…
Thunder Road débute par ce long monologue qui évolue d’une façon pour le moins inattendue. Cette séquence de plus de dix minutes était au départ un court-métrage du comédien-réalisateur Jim Cummings qui avait été récompensé du grand prix du festival de Sundance en 2016. Il en a prolongé l’histoire et étoffé son personnage qui doit, outre le décès de sa mère, affronter la séparation de sa femme et même plus encore. Son effondrement psychologique est dû en grande partie à une difficulté pour gérer ses émotions,  qui le met souvent en décalage avec ce qu’il devrait, et surtout voudrait, faire. Le fait qu’il soit imbibé des valeurs traditionnelles de l’Amérique sur l’héroïsme, la virilité, le respect de l’autorité permet d’y voir aussi un portrait de l’Amérique. A moins d’être capable de le regarder avec un œil détaché, Thunder Road peut mettre très mal à l’aise, voire même se révéler assez éprouvant. C’est en tous cas une performance d’acteur, dans le style « habité par son personnage », genre qui fait toujours fureur dans les festivals. Tout atypique qu’il soit, Thunder Road ne déroge toutefois pas à la règle du happy end : l’épilogue paraît bien utopique. Le film a connu un succès certain en France.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jim Cummings, Nican Robinson, Jocelyn DeBoer, Chelsea Edmundson
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Remarques :
* Thunder Road est une chanson de Bruce Sprinsteen, publiée sur son troisième album Born to Run en 1975. C’était la chanson préférée de la défunte mère du policier. Contrairement au court métrage initial, le morceau n’a finalement pas été utilisé, il est juste cité.

* Le film a été tourné en quinze jours avec un budget très réduit, estimé proche de 200 000 dollars et en partie issu d’un crowdfunding.

Thunder RoadJim Cummings dans Thunder Road de Jim Cummings.

Homonyme :
Thunder Road d’Arthur Ripley (1958) avec Robert Mitchum (inédit en France).

15 juillet 2014

Trois soeurs (2011) de Milagros Mumenthaler

Titre original : « Abrir puertas y ventanas »

Trois soeursTrois jeunes soeurs vivent ensemble dans une grande maison de Buenos Aires. Leur unique parent, leur grand-mère, vient de décéder. C’est l’été. Il fait très chaud. Les soeurs semblent assez proches, elles s’entraident beaucoup, mais ont des caractères différents. Rapidement, chacun s’interroge : rester ou partir ? … Trois soeurs est le premier long-métrage de la réalisatrice argentine Milagros Mumenthaler. Elle en a écrit le scénario. Ses trois jeunes filles sont dans une période de transition, elles sont indécises devant cette liberté inattendue, cette accroissement soudain du champ des possibles ; elles se positionnent les unes par rapport aux autres tout en aspirant à l’indépendance. L’un des thèmes forts de ce film est l’absence, l’absence de la grand-mère récemment décédée mais aussi l’absence des parents disparus depuis plus longtemps. Sur ce thème vient se greffer un début de sentiment d’incertitude sur ses origines (alimenté en outre par un autre élément que l’on découvre en cours de film). L’approche de la réalisatrice est assez étonnante : le scénario pourra sembler assez vide aux yeux de certains par l’absence de grands évènements (mais il ne l’est pas vraiment), le rythme est assez lent, nous sommes dans une position presque contemplative, sentiment accentué par ces mouvements, parfaitement maitrisés, d’une caméra qui semble avoir sa propre liberté. La communication peut parfois être silencieuse. Et il y a aussi les non-dits, de la part des personnages, mais aussi de la réalisatrice : la question des disparitions politiques n’est jamais évoquée mais il y a tout lieu de penser que les parents étaient des militants politiques (ce qui permet d’expliquer en outre « l’autre élément » précité). Trois soeurs est un film qui n’est pas sans défaut, il semble notamment s’étioler par instants (et il est sans doute aisé de rester en surface), mais ce huis clos ne manque pas de force et d’attrait.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: María Canale, Martina Juncadella, Ailín Salas, Julián Tello
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Remarque:
Trois sœurs, le film de Milagros Mumenthaler, n’a aucun lien avec la pièce homonyme de Tchekhov (même si on peut trouver certaines similitudes dans la situation de départ).

 

6 août 2013

Adieu Berthe – L’enterrement de mémé (2012) de Bruno Podalydès

Adieu Berthe - L'enterrement de méméArmand apprend la mort de sa grand-mère Berthe qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Il doit organiser les funérailles alors qu’il n’a guère la tête à cela car il envisage de se séparer de sa femme Hélène pour vivre avec son amante Alix… Avec Adieu Berthe, les frères Podalydès ont créé une comédie qui mêle l’humour avec une certaine mélancolie. Ils réussissent bien dans les dialogues et dans la création de situations totalement saugrenues, mais ils ont tendance à grossir souvent le trait. Ils amplifient et poussent la caricature un peu trop loin et l’humour tombe alors à plat.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Denis Podalydès, Valérie Lemercier, Isabelle Candelier, Bruno Podalydès, Samir Guesmi
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Remarque :
Adieu Berthe des frères Podalydès n’a, hormis le titre, aucun point commun avec la pièce Adieu Berthe diffusée à la télévision française en 1970 dans le cadre de l’émission Au théâtre ce soir. Cette pièce est restée célèbre pour les improvisations de Francis Blanche.

15 mai 2013

Americano (2011) de Mathieu Demy

AmericanoMartin, qui vit avec Claire une relation sans entrain ni avenir, apprend la mort de sa mère restée en Californie après que ses parents se soient séparés. Il doit se rendre sur place pour s’occuper des formalités. Les images de son enfance refont alors surface… Americano est le premier long métrage de Mathieu Demy, fils d’Agnès Varda et de Jacques Demy. Il en interprète également le rôle principal. Le film est centré sur la quête d’un fils sur les traces de sa mère qu’il a peu connue. Mathieu Demy charge beaucoup trop son personnage qui apparaît à la fois écorché vif, asocial, incohérent et inconséquent. Il a tendance à agir comme un repoussoir. C’est d’autant plus préjudiciable au film que son personnage occupe tout l’espace, les seconds rôles n’étant finalement que bien peu développés.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mathieu Demy, Geraldine Chaplin, Chiara Mastroianni, Salma Hayek
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Remarque :
Toutes les séquences montrant Martin enfant sont extraites du film d’Agnès Varda Le Documenteur (1981) où le petit garçon est interprété par Mathieu Demy. Il avait alors 8 ans. La mère est jouée par Sabine Mamou, qui n’est pas actrice mais monteuse. Le film d’Agnès Varda racontait l’histoire de la secrétaire d’un scénariste qui venait avec son jeune fils à Los Angeles pour les besoins d’un film et qui souffrait de cet exil temporaire.

Homonyme :
Americano de Kevin Noland (2005) avec Joshua Jackson, Leonor Varela et Dennis Hopper

4 septembre 2012

Rabbit Hole (2010) de John Cameron Mitchell

Rabbit HoleHuit mois après la disparition accidentelle de leur fils unique, Becca et Howie tentent de retrouver un sens à donner à leur vie… Rabbit Hole est l’adaptation d’une pièce de David Lindsay-Abaire récompensé par un prix Pulitzer. John Cameron Mitchell sait éviter tout pathos trop appuyé ; il réalise un film assez sobre mais qui manque un peu de force. S’écartant franchement des rôles glamour où elle est trop souvent cantonnée, Nicole Kidman adopte ici un jeu très retenu, empreint de naturel et tout en nuances. Elle seule parvient à créer l’émotion. Elle ne parvient pas en revanche à créer la proximité et l’ensemble reste top lointain. Le point intéressant de Rabbit Hole est de montrer comment ce couple semble ne plus pouvoir fonctionner, ils ne peuvent plus communiquer tout en restant très liés.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Aaron Eckhart, Dianne Wiest, Sandra Oh
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Remarques :
Rabbit Hole est produit par Nicole Kidman.

20 juillet 2012

L’arbre (2010) de Julie Bertuccelli

Titre original : « The Tree »

L'arbrePeter et Dawn vivent avec leurs quatre enfants dans le bush australien. La mort brutale de Peter met un terme à leur bonheur. Simone, la fillette, imagine que l’esprit de son père est passé dans le grand arbre qui domine la maison, un gigantesque figuier qui semble doté de vie… L’arbre est la chronique assez émouvante d’une famille frappée par un décès que Julie Bertuccelli a su filmer sans forcer le trait. Le film oscille entre le conte et le réalisme sans vraiment choisir, ce qui le prive de développer sa personnalité. On peut ainsi certainement reprocher au film de manquer un peu profondeur et aussi d’être un peu trop consensuel. Charlotte Gainsbourg trouve le ton juste pour interpréter ce rôle avec beaucoup de sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Morgana Davies, Marton Csokas
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26 juin 2012

L’homme qui voulait vivre sa vie (2010) de Eric Lartigau

L'homme qui voulait vivre sa vieJeune avocat d’affaires, Paul Exben réalise que sa femme le trompe avec un ami photographe. Durement ébranlé, il va changer totalement de vie à la suite d’un évènement tragique… Adaptation du roman homonyme de Douglas Kennedy, L’homme qui voulait vivre sa vie paraît bien conventionnel dans ses premières minutes : un très classique portrait du milieu bobo parisien, avec un regard qui se voudrait acerbe mais que ne l’est pas du tout. Puis tout bascule et l’histoire prend toute sa place ; l’intérêt revient grâce au scénario. Toutefois, on ne peut pas dire que l’adaptation soit très réussie : Eric Lartigau reste en surface avec un personnage qui n’a aucune profondeur, dont on ne sent pas les aspirations. L’ensemble paraît un peu laborieux. Par ailleurs, Romain Duris n’est crédible ni en avocat ni en photographe.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Romain Duris, Marina Foïs, Niels Arestrup, Branka Katic, Catherine Deneuve
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Remarques :
* Les photos utilisées dans le film, notamment pour l’exposition, sont d’Antoine d’Agata, photographe français qui fait partie du collectif Magnum Photos (site internet).
* Le film a été en partie tourné au Montenegro. Le superbe paysage que l’on voit sur la terrasse de la maison que le personnage loue est celui des bouches de Kotor (voir sur le site de l’UNESCO)

5 juin 2012

Beginners (2010) de Mike Mills

BeginnersA 38 ans, Oliver vient de perdre son père, ce qui laisse un grand trou dans sa vie. Il se remémore les cinq dernières années passées avec lui, depuis que son père avait déclaré, à l’âge de 75 ans, qu’il était homosexuel. Oliver rencontre une jeune actrice mais il a bien du mal à se départir d’une certaine tristesse… L’histoire de Beginners peut paraître improbable ou exagérée, c’est néanmoins celle de Mike Mills qui signe ici son second long métrage. On se laisse gagner peu à peu par la richesse de cette histoire autobiographique d’un fils qui redécouvre son père et qui s’en trouve d’autant plus déstabilisé. C’est deux (voire trois) histoires que nous suivons en parallèle bien que séparées par plusieurs années. Mike Mills parvient à donner beaucoup de profondeur à son film. Il est interprété avec beaucoup de délicatesse par Ewan McGregor, Christopher Plummer (oscarisé pour ce rôle) et Mélanie Laurent, remarquable trio.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ewan McGregor, Christopher Plummer, Mélanie Laurent, Goran Visnjic
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