29 juin 2010

Coeurs en lutte (1921) de Fritz Lang

Titre original : « (Die) Vier um die Frau » ou « Kämpfende Herzen »
Autre titre français : « Quatre hommes pour une femme »

Quatre hommes pour une femmeLui :
(film muet) Cœurs en Lutte a longtemps été considéré comme définitivement perdu. Ce n’est qu’assez récemment qu’une copie a été retrouvée au Brésil ; cette copie a été restaurée et les intertitres recréés à partir des intertitres espagnols (les intertitres originaux en allemand restent à ce jour perdus). S’il s’agit d’un drame de la jalousie, Cœurs en Lutte est très intéressant car il est doublé d’une peinture sociale de la haute bourgeoisie assez mordante où de riches courtiers en Bourse fréquentent la pègre pour écouler fausse monnaie et bijoux volés. En ce sens, il préfigure Dr Mabuse, le Joueur que Fritz Lang tournera un an plus tard. Lang cosigne le scénario avec Thea von Harbou, c’est déjà leur troisième collaboration. L’interprétation est assez puissante tout en évitant les excès. On remarquera la belle prestation de Carola Toelle. Cœurs en Lutte (ou Quatre hommes pour une femme) est bien plus qu’une curiosité, il montre un Fritz Lang qui affirme de plus en plus sa maitrise du récit et de la réalisation.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ludwig Hartau, Carola Toelle, Anton Edthofer, Rudolf Klein-Rogge, Lisa von Marton
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

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Remarque :
1) Le film a été diffusé pour la première fois à la télévison française au Ciné-Club de Patrick Brion, le 27 juin 2010.
2) Marmorhaus est un grand cinéma berlinois, situé sur l’avenue Kurfürstendamm. Ce cinéma avait pour habitude d’avoir des affiches spécialement créées à son seul usage. Il était dirigé à cette époque par un certain Siegrert Goldschmidt, dont le nom figure sur ces affiches.

28 juin 2010

Chasse à l’homme (1941) de Fritz Lang

Titre original : « Man Hunt »

Chasse à l'hommeLui :
Adapté d’un roman de Geoffrey Household (The Rogue Male), Chasse à l’homme fait partie des films américains pro-interventionnistes du tout début de la seconde Guerre Mondiale : tourné en 1941, il se situe donc avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. L’histoire, même si elle paraît peu crédible, offre une belle trame de scénario : un anglais, habitué à chasser les grands fauves en Afrique, parvient à tenir Adolf Hitler dans le viseur de son fusil en Bavière sans avoir l’intention de tirer. Arrêté, il parvient à s’échapper mais il va être traqué par les hommes de la Gestapo qui veulent lui faire signer une fausse confession. Chasse à l’homme a beau avoir été visiblement tourné assez rapidement, Chasse à l'homme il fonctionne merveilleusement bien comme un film au suspense assez puisant, avec une tension qui ne se relâche que rarement. Que ce soit dans la forêt bavaroise ou dans le quartier des docks de Londres, l’ambiance est particulièrement bien restituée. Joan Bennett nous fait une belle démonstration d’accent cockney et Georges Sanders et John Carradine interprète deux vilains plus qu’inquiétants. Dirigé de main de maître, Chasse à l’homme résiste bien aux outrages du temps, ce qui est loin d’être toujours le cas des films de propagande.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Walter Pidgeon, Joan Bennett, George Sanders, John Carradine, Roddy McDowall
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Remake :
The Rogue Male (TV pour la BBC) de Clive Donner (1976) avec Peter O’Toole.

23 juin 2010

La nuit du chasseur (1955) de Charles Laughton

Titre original : « The night of the hunter »

La nuit du chasseurLui :
Alors qu’il a près de trente années de carrière d’acteur derrière lui, Charles Laughton passe derrière la caméra pour un film assez unique en son genre. Grand habitué des rôles de personnages cyniques ou machiavéliques, Charles Laughton va tout mettre dans La Nuit du Chasseur où un assassin psychopathe déguisé en pasteur traque deux jeunes enfants pour une histoire de magot caché. L’extraordinaire réussite du film tient aussi bien de l’atmosphère, onirique et angoissante, La nuit du chasseur que de la performance d’acteur avec au premier plan Robert Mitchum qui semble parfait pour le rôle : sa nonchalance naturelle rend son personnage dix fois plus terrifiant et implacable, c’est indéniablement son meilleur rôle à l’écran. On ne compte plus les scènes marquantes de La Nuit du Chasseur, celles dont les images restent imprimées en nous ; certaines scènes sont même  absolument époustouflantes, alliant une beauté onirique et même poétique à une angoisse lancinante. Une certaine influence du cinéma muet a souvent été soulignée, l’expressionisme allemand pour l’image (dans les scènes de nuit) et aussi un hommage à D.W.Griffith (impression accentuée par la présence de Lillian Gish, actrice fétiche de Griffith). Il est stupéfiant que Charles Laughton ait formé un ensemble si parfait dès son premier essai de réalisation. Hélas, ce sera aussi son dernier : La Nuit du Chasseur n’eut aucun succès à sa sortie et fut même méprisé. Ce n’est qu’avec le temps qu’il a été reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire comme l’un des films les plus originaux, les plus créatifs de l’histoire du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Shelley Winters, Lillian Gish, Billy Chapin, James Gleason, Peter Graves
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22 juin 2010

Carlos (2010) de Olivier Assayas

Lui :
Avec Carlos, Olivier Assayas se lance dans un genre plutôt inattendu de sa part : le film est d’abord produit comme une série de télévision en trois volets, soit 5 heures 30 en tout. Il est ensuite dérivé en une version réduite de moitié environ, soit 2h45, pour une sortie en salles. Cette longueur serait justifiée par le sujet : traiter du terrorisme des années 70 et 80 par le truchement d’une biographie romancée de Carlos qui retrace ses méfaits sur deux décennies. Olivier Assayas montre comment des militants gauchistes deviennent des mercenaires au discours imprécis allant jusqu’à se vendre au plus offrant. Le film dénonce le terrorisme d’état, montrant du doigt le FPLP, l’Irak, la Syrie et la Lybie. Malgré un budget limité (par rapport à un “vrai film”), la mise en scène d’Assayas est assez enlevée, utilisant largement une bande sonore rock pour donner du rythme, alignant sans cesse les scènes d’action… qui finissent par paraître un peu répétitives. La prise d’otages à la conférence de L’OPEP est notamment décrite dans le moindre détail. Le derniers tiers, au moment où Carlos commence à devenir encombrant et se fait lâcher par ses commanditaires, est plus intéressant. Le plus remarquable est certainement la prestation d’Édgar Ramírez, cet acteur (vénézuélien comme Carlos) montre une énorme présence à l’écran et Assayas parvient à créer avec lui des images fortes. La version TV paraît un peu longue, il n’est pas impossible que la version cinéma de Carlos soit mieux équilibrée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Édgar Ramírez, Alexander Scheer, Ahmad Kaabour, Talal El-Jordi, Juana Acosta, Nora von Waldstätten, Christoph Bach
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Remarques :
Carlos, le vrai, a été condamné à être emprisonné à perpétuité en France (pour le triple meurtre de la Rue Toullier, il n’a pas encore été jugé pour les différents attentats). Il a tenté d’intenter une action en justice contre la production du film. Son vrai nom étant Ilich Ramírez Sánchez, il a également prétendu dans un interview que l’acteur Édgar Ramírez avait toutes les chances d’être un parent éloigné…!

21 juin 2010

Le château ambulant (2004) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Hauru no ugoku shiro »

Le château ambulantLui :
(Film d’animation) En adaptant ce roman de Diana Wynne Jones, Hayao Miyazaki va toujours plus loin dans l’imaginaire visuel. L’histoire du Château Ambulant est assez belle en soi et joliment complexe. L’histoire démarre très rapidement et semble se développer en étoile à l’instar de son château ambulant, objet et lieu fantasmagorique au-delà de toute probabilité. Miyazaki explore plusieurs fils narratifs, exploitant ainsi une vraie richesse de récit qu’il met en images avec force trouvailles visuelles. Spectacle féérique, Le Château Ambulant nous charme, nous émerveille et nous captive.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Chieko Baisho, Takuya Kimura
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19 juin 2010

Ariane (1957) de Billy Wilder

Titre original : « Love in the afternoon »

ArianeLui :
Ariane, la jeune et charmante fille d’un détective privé parisien, vole au secours d’un riche playboy américain menacé par un mari jaloux. Tombant elle aussi sous le charme, elle va lui faire croire qu’elle a déjà eu beaucoup d’aventures. Elle espère ainsi se mettre à son niveau… Ariane Il s’agit de la seconde adaptation au grand écran du roman de l’écrivain suisse Claude Anet (plus connu pour être l’auteur de « Mayerling »). Avec Ariane,  Billy Wilder met en scène une comédie romantique qui n’est pas sans rappeler Sabrina, tourné trois ans plus tôt, si ce n’est qu’Ariane a une dimension dramatique sous-jacente plus forte et qu’il ne comporte pas ses notes habituelles de satire sociale : Billy Wilder semble ainsi avoir un peu perdu de son mordant… Le film fut un échec commercial, les critiques reprochant à Gary Cooper d’être trop âgé pour le rôle (1). Le reproche est plutôt justifié même si, il faut bien le reconnaître, son charme est toujours intact. Le film, quant à lui, reste plaisant mais n’est pas vraiment au niveau des meilleurs films du cinéaste.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Audrey Hepburn, Maurice Chevalier, John McGiver
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(1) Gary Cooper avait alors 55 ans. Gary Cooper fut assez affecté par les critiques sur son âge. Détail amusant : Billy Wilder avait d’abord offert le rôle à Cary Grant qui avait refusé, s’estimant trop âgé pour le personnage. Trois ans plus tôt, pour Sabrina, Cary Grant avait refusé le rôle pour les mêmes raisons.

Précédente adaptation du roman Ariane, jeune fille russe :
Ariane (version allemande) de Paul Czinner (1931) avec Elisabeth Bergner et Rudolf Forster
Ariane, jeune fille russe (version française) de Paul Czinner (1932) avec Gaby Morlay

18 juin 2010

Dieu seul le sait (1957) de John Huston

Titre original : « Heaven knows, Mr. Allison »

Dieu seul le saitLui :
En 1944, dans le Pacifique, un Marine et une jeune nonne particulièrement dévote se retrouvent isolés sur île par moments infestée de japonais. Le sujet de Dieu seul le sait peut paraître guère attrayant et pourtant John Huston a su éviter tous les clichés que l’on pouvait craindre. Bien au contraire, il fait preuve de beaucoup de subtilité et de délicatesse dans ce face à face surprenant, où deux tempéraments à priori opposés sont forcés de cohabiter. Le film fait entendu penser à African Queen que le réalisateur a tourné quelques années plus tôt et le résultat est tout aussi enthousiasmant, tout en se situant sur un registre plus discret, d’une grande pudeur. Les dialogues sont simples mais d’une écriture parfaite. Le déroulement du scénario est tout aussi parfait, sans aucun moment faible ni excès, John Huston semblant toujours avoir trouvé le ton juste. Belles interprétations de Robert Mitchum et de Deborah Kerr, tous deux semblent avoir été faits pour le rôle. Dieu seul le sait est vraiment un très beau film, une belle histoire traitée tout en délicatesse, un film qui n’est habituellement pas estimé à sa juste valeur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Deborah Kerr, Robert Mitchum
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Remarques :
John Huston déclare dans mémoires : « On mentionne rarement Dieu seul le sait quand on parle de mes films et cependant je le considère comme l’un des meilleurs films que j’ai jamais fait ». On le comprend, c’est vraiment étonnant que ce film soit oublié à ce point. De son côté, Robert Mitchum aurait déclaré que c’était là son plus beau rôle.

17 juin 2010

Homicide (1991) de David Mamet

HomicideLui :
Alors que deux policiers détectives traquent un tueur en fuite, ils se trouvent en chemin sur les lieux d’un crime qui vient de se produire, une vieille dame assassinée dans son magasin. L’un deux se voit forcé d’enquêter sur cette affaire qui va se révéler être plus ténébreuse qu’il ne le croyait. Le troisième film de David Mamet est un film qui trompe son monde, il est lui aussi bien plus complexe qu’attendu : alors qu’il démarre comme un film policier, il se transforme rapidement en introspection de son personnage principal, un questionnement sur ses racines. A l’image du titre (« Homicide » peut être pris dans son sens premier mais aussi dans le sens « home-icide », tueur de racines), tout le film est à double lecture : on peut y voir un simple film sur le racisme anti-juif à l’intérieur de la police newyorkaise mais c’est aussi un film sur la recherche d’identité, les angoisses et les fantasmes qui virent à la paranoïa. David Mamet nous lance sur beaucoup de pistes (un peu à la manière de David Lynch) mais la tromperie est un élément-clef de son cinéma d’alors et l’on n’aura pas toutes réponses, loin de là. La fin est en tout cas très sombre et effroyablement pessimiste. Comme toujours chez David Mamet, les dialogues ont un rôle de tout premier plan, à la fois très réalistes et écrits avec beaucoup de rythme et de soin. Homicide est un film qui peut dérouter mais démontre les grandes qualités d’un réalisateur qui évoluera ensuite sur un terrain un peu différent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joe Mantegna, William H. Macy, Natalia Nogulich, Rebecca Pidgeon, Ving Rhames
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16 juin 2010

Arènes sanglantes (1922) de Fred Niblo

Titre original : « Blood and Sand »

Arènes sanglantesLui :
Vu aujourd’hui, Arènes Sanglantes semble surtout être un vecteur pour son acteur vedette, Rudolph Valentino. Après Le Cheik, l’acteur d’origine italiano-française était alors au sommet de sa popularité et ce film au fort parfum espagnol a encore renforcé son image de « latin lover ». Cette histoire de toréador à la popularité météoritique n’est d’ailleurs pas sans point commun avec celle de l’acteur qui aura, lui aussi, une vie sentimentale mouvementée et qui mourra, lui aussi, prématurément quatre ans plus tard. Fred Niblo ne semble pas avoir été vraiment inspiré par l’atmosphère espagnole et le film manque globalement de force. Rudoplh Valentino et Nita Naldi Rudolph Valentino montre cependant beaucoup de présence à l’écran. Le plus remarquable du film reste ces scènes de passion entre Valentino et sa voluptueuse tentatrice, joliment interprétée par Nita Naldi avec laquelle il tournera quatre films. Arènes Sanglantes connut un énorme succès populaire.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rudolph Valentino, Nita Naldi, Lila Lee, Walter Long
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Remarques :
Arènes sanglantes1) (Attention cette remarque va dévoiler la fin du film… si tant est que vous ne l’aviez pas deviné à l’énoncé du titre ou encore avec l’affiche française ci-contre) Le scénario original, initialement tourné, se termine avec la mort du toréador. Fred Niblo a toutefois tourné une seconde fin qui fut bien plus populaire où Valentino se remet de ses blessures grâce à sa femme qui lui a tout pardonné.
2) Le scénario est adapté d’un roman de l’espagnol Vicente Blasco Ibáñez

Remakes :
Arènes Sanglantes (Blood and Sand) de Rouben Mamoulian (1941) avec Tyrone Power et Rita Hayworth
Arènes Sanglantes (Sangre y arena) de l’espagnol Javier Elorrieta avec Sharon Stone.

15 juin 2010

La famille Savage (2007) de Tamara Jenkins

Titre original : « The Savages »

La famille SavageLui :
Alors qu’ils doivent prendre en charge leur père atteint de démence sénile, un frère et une sœur, tous deux quadragénaires, se retrouvent. Ce rapprochement est l’occasion de faire le bilan de la vie que chacun a tenté de construire alors que leurs parents ne se sont apparemment guère souciés d’eux. La Famille Savage est le second long métrage de la réalisatrice Tamara Jenkins (1) aborde un sujet assez délicat, notre comportement face à l’approche de la mort d’un parent très proche, ce qui est assez courageux mais le sujet principal reste ce frère et cette sœur à la vie sentimentale et professionnelle instable et, là, nous avons droit à un certain nombre de poncifs. La mise en scène apparaît vraiment plate et sans saveur mais, heureusement, Philip Seymour Hoffman et Laura Linnet apportent une authenticité certaine à leur personnage et relèvent l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Laura Linney, Philip Seymour Hoffman, Philip Bosco
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(1) Son précédent long métrage, Les taudis de Beverly Hills (1998), avait également été très bien reçu.