Le film relate la vie amoureuse d’une jeune barcelonaise de 22 ans, Julia, mère de deux enfants. Il est découpé en trois parties dont chacune porte le nom d’un homme: Oscar, Marcos et Àlex… Les Tournesols sauvages est un film espagnol coécrit et réalisé par Jaime Rosales. Le réalisateur catalan cinquantenaire dresse le portrait d’une jeune femme qui cherche à s’épanouir. Elle a besoin d’avoir un homme à ses côtés pour cela et nous suivons trois de ses essais successifs. Elle n’a pas vraiment la main heureuse, mais elle avance et progresse vers son but. L’histoire n’est pas des plus originales, il faut l’avouer, mais sait éveiller notre intérêt. L’atout principal du film est son actrice Anna Castillo qui fait une belle interprétation et parvient à rendre son personnage attachant. Elle: Lui :
Remarque : • La seconde partie (Marcos) se déroule à Mellila, minuscule enclave espagnole sur la côte nord du Maroc (dont personnellement j’ignorais l’existence). Voir sur Google Maps…
Bruno Morales, Oriol Pla, Anna Castillo et Adriana Medina dans Les tournesols sauvages (Girasoles silvestres) de Jaime Rosales.
L’Adamant est un lieu unique en son genre : c’est un bâtiment flottant sur la Seine, en plein cœur de Paris, qui accueille de jour des adultes souffrant de troubles psychiques. On y pratique la « psychiatrie institutionnelle » en offrant aux patients une routine quotidienne pour les aider à reprendre pied dans la vie quotidienne, avec des ateliers et activités thérapeutiques… Sur l’Adamant est un film documentaire français réalisé par Nicolas Philibert. Le sujet peut effrayer à priori mais c’est en réalité un film assez passionnant à suivre. Nicolas Philibert a cherché à donner la parole aux patients (il n’y a aucun commentaire ou voix-off du réalisateur) et le discours de ces hommes et femmes montre une étonnante qualité, même s’il est parfois, du moins en apparence, un peu désordonné. Beaucoup montrent une surprenante lucidité sur leur état. Tout cela engendre en nous une certaine réflexion, sur la définition de la normalité bien entendu, mais aussi sur le rôle de la communication, sur la futilité des apparences et bien d’autres sujets. Il y a là une richesse qu’on ne trouve que rarement dans un film documentaire. Nicolas Philibert a un grand talent pour nous faire entrer en douceur dans des sujets que l’on pourrait croire difficiles. Elle: Lui :
Remarques : * Sur l’Adamant est le premier film d’un triptype : Le deuxième est sorti en 2024 : Averroès et Rosa Parks. * Le mot « adamant » vient de ‘adamantin » : qui a les caractéristiques du diamant.
L’un des habitués de l’Adamant dans Sur l’Adamant de Nicolas Philibert.L’Adamant est amarré Quai de la Rapée à Paris (bâtiment flottant en bois, à droite).
Entre 1954 et 1957, dans la ville d’Alger, le nouvellement constitué FLN se lance dans une série d’attentats visant policiers et civils européens dans le but de créer un soulèvement populaire. La police est impuissante à démanteler l’organisation et un détachement de parachutistes de l’armée française est appelé en renfort… La Bataille d’Alger est un film algéro-italien de Gillo Pontecorvo. Le scénario est l’œuvre de Franco Solinas d’après un livre de Yacef Saâdi, l’un des chefs militaires du FLN à Alger. Tourné avec des acteurs en grande majorité non-professionnels, le film a des allures de documentaire. Il fut d’abord interdit en France (comme la plupart des films sur la guerre d’Algérie) et il a fallu un certain recul pour le voir analysé sereinement. De façon assez surprenante, il est assez équilibré dans sa présentation, montrant plus les victimes des attentats aveugles du FLN que l’inverse, présentant le colonel parachutiste comme un soldat honorable qui a une mission difficile, et justifiant souvent les opérations policières. De l’autre côté, les membres du FLN sont très peu nombreux (le soulèvement ultérieur de la population n’intervient que dans les trois dernières minutes), d’une résolution sans faille et parvenant toujours à tromper la vigilance de l’armée. Le film est anticolonialiste, moins militant que l’on pourrait croire dans le sens où il n’édulcore rien ; on peut toutefois objecter qu’il justifie froidement le terrorisme. Elle: – Lui :
Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation allemande, la ligne de démarcation coupe en deux un village du Jura. La résistance s’organise, obligeant les habitants à prendre position et à se dévoiler… La Ligne de démarcation est un film français de Claude Chabrol, adapté du roman homonyme de Gilbert Renault, alias colonel Rémy, personnage majeur de la Résistance (1). Le récit met en valeur les passeurs qui aidaient les résistants à traverser la ligne de démarcation pour rejoindre la zone libre. Le récit est prenant et met en scène les différents comportements face à l’occupant. On pourra bien entendu trouver les personnages stéréotypés mais c’est un peu inévitable dans ce genre de récit condensé. Le film est ainsi plutôt méprisé par les critiques qui le considèrent trop classique, le qualifie de film de commande (ce qu’il est probablement) et trop peu Chabrolien. Seul le long plan-séquence montrant une patrouille allemande arrivant du fond de l’écran, escortant une famille juive dénoncée par un profiteur, trouve grâce à leurs yeux. Le film est toutefois réussi et reste aujourd’hui un témoignage sur cette époque noire. Elle: Lui :
(1) Outre ses écrits sur la Résistance, Gilbert Renault est l’auteur de la série de romans policiers Le Monocle noir adaptée en trois films de Georges Lautner (1960-1964).
Jean Seberg et Maurice Ronet dans La Ligne de démarcation de Claude Chabrol.
Port de Londres, 1950. Dan, un Américain, et Johnny, un Jamaïcain, débarquent du navire marchand Dunbar, où ils sont marins. Dan fait de la petite contrebande, bas et cigarettes ; il utilise parfois Johnny pour passer des choses à la douane. Cette fois, Dan va être recruté par des malfrats pour quelque chose de bien plus important… Les Trafiquants du Dunbar est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Il s’agit d’un film policier à suspense, le second du réalisateur après le succès de The Blue Lamp (1950), mais Basil Dearden y montre un penchant encore plus net vers le thème du social. Il prend le temps d’approfondir ses personnages, de laisser se développer une romance entre le marin jamaïcain et une jeune vendeuse de tickets. C’est ainsi le premier film britannique à montrer un amour interracial (s’il reste platonique et sans lendemain, il n’est est pas moins bien réel). Le suspense intervient dans la dernière partie du film qui se montre assez intense. Les nombreuses séquences nocturnes montrent un certain travail sur les lumières. Le film est aujourd’hui peu connu. Un excellent polar à connotation sociale. Une fois encore, on se demande pourquoi Basil Dearden est si méconnu. Elle: – Lui :
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Remarque : • Explication du titre original : La Pool of London (en français : « bassin de Londres ») est la partie de la Tamise située entre le London Bridge et Rotherhithe. C’est l’endroit où les grands navires (qui ne pouvaient aller au-delà du London Bridge) accostaient pour décharger leurs marchandises. Avec la généralisation des containers, les années 1960 verront la fermeture de tous les quais et les années 1980 le début de la gentrification des quartiers avoisinants.
Bonar Colleano et Earl Cameron dans Les Trafiquants du Dunbar (Pool of London) de Basil Dearden.Earl Cameron et Susan Shaw dans Les Trafiquants du Dunbar (Pool of London) de Basil Dearden.
Différents personnages se retrouvent dans un petit hôtel dans une partie isolée du Pays de Galles. Ils sont accueillis par le propriétaire, qui semble se présenter devant eux comme venant de nulle part, et par sa fille. Étonnamment, ils semblaient s’attendre à leur arrivée… The Halfway House est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par les studios Ealing. Le scénario est inspiré d’une pièce londonienne de Dennis Ogden créée en 1940. Le premier tiers du film nous présente chacun des personnages ; ils sont tous à un moment très délicat de leur vie, confrontés à un dilemme ou à une crise. Le récit est une fable, assez optimiste qu’il faut replacer dans son contexte historique. Le film a en effet été réalisé alors que l’issue de la guerre était espérée mais pas encore visible (le film est sorti en Angleterre le 5 juin 1944 !) Si le propos a indéniablement un caractère de propagande, c’est de façon assez raffinée et délicate. Seule la fin paraît plus « grossière », moins subtile. Le côté fantastique est tout autant discrètement intégré (ce n’est en aucun cas un film d’horreur). Pour son cinquième long métrage, le jeune Basil Dearden montre une bonne maitrise de la mise en scène. On notera la présence inattendue de Françoise Rosay. Le film est plaisant et de belle facture. Elle: – Lui :
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Remarque : • Le brésilien Alberto Cavalcanti est aujourd’hui cité parfois comme coréalisateur (je n’ai trouvé aucune explication). Officiellement, il était producteur associé. • Je me demande pourquoi l’histoire est très souvent décrite (y compris par des critiques) ainsi : « Pour s’abriter d’un orage, un groupe de personnes trouve refuge dans une vieille auberge… » Il n’y a pas d’orage à l’horizon, il fait même très beau et les voyageurs viennent de leur plein gré ! Avant de le voir, ce type de résumé me faisait penser au film de James Whale The Old Dark House … En réalité, les deux films n’ont rien en commun. En fait, The Halfway House serait plus proche du It’s a wonderful life de Frank Capra (1946).
Françoise Rosay et Tom Walls arrivant à L’auberge fantôme (The Halfway House) de Basil Dearden.Alfred Drayton, Guy Middleton, Francoise Rosay, Richard Bird et Valerie White dans L’auberge fantôme (The Halfway House) de Basil Dearden.
Titre original : « The Blue Lamp »
Autre titre français : « La Lampe bleue »
Londres, 1949. Dans le quartier populaire de Paddington, le policier vétéran George Dixon apprend le métier à une jeune recrue, Andy Mitchell. Ailleurs dans la ville, deux jeunes désœuvrés préparent le hold-up d’une bijouterie… The Blue Lamp est un film britannique réalisé par Basil Dearden et produit par Ealing Studios. Le scénario est signé par l’excellent T.E.B. Clarke (Thomas Ernest Bennett Clarke) qui a été lui-même policier volontaire pendant la guerre. L’histoire dresse un portrait du travail des policiers anglais, un portrait qui s’aligne sur l’image traditionnelle du bobby bienveillant. Petit à petit, le rythme s’accélère et la seconde moitié montre une traque des braqueurs de plus en plus haletante. La longue séquence finale sur un champ de courses de lévriers est assez remarquable. La construction est très bien faite. On peut trouver l’ensemble assez classique mais il a un cachet très britannique qui change agréablement des films américains. L’un des deux délinquants est interprété par Dick Bogarde dans l’un de ses tous premiers rôles, il montre une belle présence à l’écran. The Blue Lamp connu un très grand succès au Royaume-Uni : c’est le film qui réalisa le plus d’entrées de l’année 1950. Le personnage du bobby George Dixon sera repris dans une série télévisée, Dixon of Dock Green, qui dura plus de vingt ans sur BBC1 ! Elle: – Lui :
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Remarque : • Le film étant en noir et blanc, le sens du titre original peut échapper au spectateur non britannique : il fait référence à lanterne bleue qui traditionnellement orne le fronton des commissariats de quartier (et que l’on voit en gros plan au début et à la fin du film).
Dora Bryan et Jack Warner dans Police sans armes (The Blue Lamp) de Basil Dearden.Dirk Bogarde, Patric Doonan, and Peggy Evans dans Police sans armes (The Blue Lamp) de Basil Dearden.
En plein hiver, un écrivain (Claude Brasseur) cherche l’inspiration sur une plage de la Côte d’Azur. Il y rencontre une jeune femme mystérieuse (Mireille Darc) qui lui fait penser à l’héroïne de son roman. Il entreprend la conquête de cette jeune femme étrange qui semble protégée par un puissant avocat (Alain Delon)… Les Seins de glace est un film français réalisé par Georges Lautner, directement inspiré du roman de Richard Matheson Someone Is Bleeding, paru en 1953 (ce fût le premier roman publié de l’auteur de Je suis une légende). Il s’agit d’un suspense policier, genre inhabituel pour le cinéaste. L’intrigue repose surtout sur le personnage impénétrable interprété par Mireille Darc, qui s’écartait ainsi des rôles légers auxquels elle était habituée. Alain Delon, ici également producteur, désirait apporter une nouvelle dimension à l’actrice. Claude Brasseur a le rôle principal masculin, il est de presque toutes les scènes alors que le personnage interprété par Alain Delon est au second plan mais rendu assez fort par un jeu très sobre. L’histoire est troublante sans n’être jamais ni angoissante ni magnétique. Le déroulement du scénario n’est pas parfait, nous dévoilant des indices beaucoup trop tôt. Le film manque de puissance mais se laisse regarder sans déplaisir. Elle: – Lui :
Mireille Darc, Claude Brasseur et Alain Delon dans Les Seins de glace de Georges Lautner. Alain Delon et Mireille Darc dans Les Seins de glace de Georges Lautner.
Lucas, jeune adolescent, voit son existence voler en éclats à la mort soudaine de son père. Il voit désormais sa vie comme une bête sauvage qu’il lui faut dompter. Avec l’aide de sa mère et de son frère, Lucas va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau… Le Lycéen est un film français écrit et réalisé par Christophe Honoré. Il s’agit d’un récit autobiographique, le cinéaste ayant perdu son père dans des circonstances similaires alors qu’il était encore adolescent. Le film a le mérite de restituer parfaitement le difficile passage de l’adolescence et on peut être séduit et même touché par cette histoire assez tourmentée mais aussi pleine de chaleur. On peut aussi trouver le cocktail très classique d’un certain cinéma français, regretter les effets faciles (caméra portée, scènes crues) et une trop grande longueur. Mais tout le monde sera d’accord pour louer la performance du jeune Paul Kircher. Sans surprise, le film a été bien reçu par la critique. Elle: Lui :
Paul Kircher et Vincent Lacoste et Juliette Binoche dans Le Lycéen de Christophe Honoré.Paul Kircher, Vincent Lacoste et Erwan Kepoa Falé dans Le Lycéen de Christophe Honoré.