2 janvier 2012

The Green Hornet (2011) de Michel Gondry

The Green HornetA la mort de son père, le fils d’un magnat de la presse abandonne son oisiveté pour devenir justicier, à l’image des héros de son enfance. Il commence à s’attaquer au chef de la pègre locale… The Green Hornet est adaptée d’une série télévisée des années soixante, Le Frelon Vert. Avec cette adaptation qui figurait dans les cartons de la Columbia depuis des années, Michel Gondry entre de plein pied dans le cinéma commercial hollywoodien. Sans surprise, il perd au passage une partie de sa personnalité et réalise un film plutôt plaisant mais très codifié, malgré une certaine volonté de bousculer les conventions. Seth Rogen, acteur comique spécialiste des buddy-movies, cosigne le scénario et assure le rôle principal d’un fils à papa fêtard et imbécile. C’est donc un film comique d’action, dont la force principale réside dans l’étrange relation entre le héros et son chauffeur, bricoleur de génie et expert en arts martiaux. La forme est celle, assez banale, d’un film d’action super-vitaminé avec toutefois quelques bonnes trouvailles de gadgets. Juste plaisant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz, Tom Wilkinson, Christoph Waltz, David Harbour
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23 décembre 2011

The tree of life (2011) de Terrence Malick

The tree of life - l'arbre de vieUn architecte cinquantenaire se remémore son enfance et s’interroge sur les origines de la vie et sur notre existence. Il revoit son enfance entre un père aimant mais autoritaire, frustré par son existence et une mère pleine d’amour mais passive… The tree of life est un film qui a le mérite de nous surprendre et de ne ressembler à nul autre. Hélas, il n’est pas sans défaut, le premier étant certainement sa longueur et, bien entendu, on peut réagir négativement à son mysticisme fortement teinté de religiosité… Mais que l’on adhère ou pas à cette vision, The Tree of Life fait partie de ces films qui provoque un type de réflexion qui a de moins en moins de place. C’est l’une des forces de ce film. La forme est incontestablement très belle, très aboutie, avec une douceur des mouvements de camera qui nous transporte. Son évocation de la création du monde et l’apparition de la vie est assez magnifique, unique. Le film est également parsemé d’images allégoriques qui le transforment en une sorte de poème cinématographique, avec des poussées lyriques parfois très appuyées. Le cinéma de Terence Malick est hors-norme. The tree of life est un film déroutant mais parfaitement (et joliment) maitrisé.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain, Hunter McCracken
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13 novembre 2011

The Social Network (2010) de David Fincher

The Social NetworkThe Social Network nous raconte la création de Facebook et la bataille juridique autour de sa paternité… Le parcours de Mark Zuckerberg est bien entendu assez exceptionnel mais est-ce que cela en fait nécessairement un bon film ? Visiblement non. L’histoire n’est somme toute pas très intéressante, elle est réduite à un agglomérat d’anecdotes, il n’y a aucune tension dramatique. Comme toujours dans ce genre de film, l’ensemble est idéalisé : on met l’accent sur le fait d’avoir une idée de départ et on gomme tous les aspects laborieux de sa mise en place. Et pour bien créer l’image de « petit génie de l’informatique », David Fincher appuie sur le côté asocial de son personnage et joue avec le débit verbal, rapide et sec, plutôt indigeste.  En dehors de miser sur la fascination du succès rapide, on se demande quel est l’intérêt d’avoir réalisé un tel film. A noter que le réalisateur a utilisé de nombreux effets digitaux, notamment un surprenant  « effet miniature » (1) sur une scène de compétition d’aviron : amusant (mais totalement inutile).
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Max Minghella, Armie Hammer
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Remarques :
Si deux acteurs différents jouent les deux jumeaux Winklevoss, la tête de l’un des acteurs a été incrustée sur l’autre afin d’avoir deux jumeaux parfaits. La neige est, elle aussi, un effet digital tout comme la buée qui sort de la bouche des acteurs.

(1) « L’effet miniature » est obtenu en diminuant artificiellement la profondeur de champ sur un plan très large. Le premier et l’arrière plan sont flous comme ce serait le cas avec un objectif macro et notre cerveau interprète alors l’image vue comme étant celle d’une maquette. C’est étonnant. Cet effet visuel est intégré dans certains appareils photo grand public et même dans certains téléphones, en tant que traitement d’image (on peut le faire à la prise de vue mais cela nécessite un objectif à décentrement ou tilt-shift). Au delà de l’anecdote, il est difficile d’en voir l’intérêt pour le grand écran. Le cinéma nous a d’ailleurs plus habitués à faire l’inverse : filmer une maquette avec une grande profondeur de champ afin de la faire passer pour une scène réelle !
(Pour voir un bel exemple d’effet miniature :
The Sandpit petit clip par Sam O’Hare, fait avec un D3 et un D90!)

4 novembre 2011

The killer inside me (2010) de Michael Winterbottom

The Killer Inside MeDans le Texas des années cinquante, le jeune adjoint au sheriff Lou Ford est chargé d’expulser une prostituée qui vend ses charmes un peu en dehors de la ville. Il va l’utiliser pour assouvir une vieille vengeance… The Killer Inside Me est un film noir adapté d’un roman de Jim Thompson. Le climat créé par Michael Winterbottom est assez remarquable. Il repose beaucoup sur son acteur principal, Casey Affleck, qui porte tout le film sur ses épaules : son apparence extérieure, juvénile et avenante (et quelle voix !), contraste très fortement avec la noirceur de son intérieur, un être destructeur à l’extrême. La placidité du récit est interrompue par des soudaines montées de violence dans deux scènes rendues passablement dures par leur intensité et leur caractère cru. Malgré les justifications données par le réalisateur (1), on peut y voir une volonté de choquer ou une certaine complaisance. L’ensemble n’est pas moins très prenant. La fin est assez étonnante. A noter également un superbe générique de début, très graphique. The Killer Inside Me séduit par son personnage central fort et une atmosphère tout en contrastes.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Casey Affleck, Kate Hudson, Jessica Alba, Ned Beatty, Elias Koteas, Tom Bower, Simon Baker
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(1) Le réalisateur justifie sa démarche en disant qu’il est préférable de d’exacerber la violence pour provoquer un rejet plutôt que de la banaliser en l’édulcorant.

Précédente adaptation (que Michael Winterbottom dit ne pas avoir vue) :
The Killer Inside Me (Ordure de flic) de Burt Kennedy (1976) avec Stacy Keach.

11 octobre 2011

L’autre monde (2010) de Gilles Marchand

L'autre mondeDans le sud de la France, Gaspard occupe ses vacances avec ses amis et sa copine, Marion. Il rencontre une jeune femme qui l’intrigue et l’attire. Il la retrouve dans un jeu en réseau style Second Life où elle cherche un partenaire pour mourir avec elle… Le scénario de L’autre monde ne manque pas d’intérêt ni d’originalité mais, au final, déçoit quelque peu par son manque de développement. L’idée de créer des interactions entre le monde réel et le monde virtuel est intéressant, l’atmosphère recréée dans le jeu vidéo est joliment intrigante (à la David Lynch). En revanche, le réalisateur puise un peu trop dans l’histoire du cinéma pour créer ses scènes-choc (1). L’autre monde a été critiqué un peu trop durement. Ce que Gilles marchand a le mieux réussi c’est l’installation d’un climat étrange, assez prenant. Un scénario plus étoffé lui aurait certainement permis d’arriver à un résultat plus enthousiasmant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Grégoire Leprince-Ringuet, Louise Bourgoin, Melvil Poupaud, Pauline Etienne
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(1) La scène du bain de minuit dans la piscine est totalement copiée sur celle du dernier film (inachevé) de Marilyn Monroe (Something’s got to give), la scène des défis en voiture est largement inspirée (on peut aussi dire : une pâle copie) de la Fureur de Vivre.

27 septembre 2011

Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec (2010) de Luc Besson

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-SecDe façon assez surprenante, cette adaptation de la bande dessinée de Tardi est une comédie. L’atmosphère de Paris début de siècle est bien là mais ce n’est pas pour installer un climat d’intrigues souterraines et d’aventures policières. Après un prologue en Egypte inspiré d’Indiana Jones, toute l’histoire tourne autour du ptérodactyle, utilisé assez simplement. Les dialogues ne sont qu’une suite de réparties brillantes, c’est particulièrement net pour le personnage d’Adèle Blanc-Sec qui semble incapable de prononcer une phrase normale. Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec semble ainsi ciblé très jeune, Luc Besson est plus que jamais un grand enfant. Si certains personnages secondaires sont assez réussis (tel Dieuleveult, d’ailleurs très inspiré d’un personnage d’Indiana Jones), la caricature va trop loin pour d’autres (l’inspecteur, le chasseur, etc.) à tel point qu’ils en deviennent pénibles. Le meilleur du film réside dans ses images de synthèse qui sont parfaites : les décors parisiens reconstitués et aussi la séquence avec les momies réveillées. On ne peut pas dire que l’on s’ennuie mais Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec est globalement assez décevant par son côté grand gamin trop marqué.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Louise Bourgoin, Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Jacky Nercessian
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25 septembre 2011

Winter’s Bone (2010) de Debra Granik

Winter's BoneRee est une jeune fille des montagnes des Ozarks, au centre des Etats-Unis. Elle doit s’occuper de ses deux frères et sœurs, bien plus jeunes, et de sa mère malade. Quand elle apprend que son père a utilisé la maison comme caution pour sortir de prison avant de disparaitre, elle n’a d’autre choix que de se lancer à sa recherche. Rapidement, elle se heurte à la loi du silence… Adapté d’un roman de Daniel Woodrell, Winter’s Bone est un film du cinéma indépendant américain qui s’est fait remarquer par son authenticité et par la force de son interprétation. La jeune Ree parvient à réveiller l’humanité qui semblait avoir fui ce petit monde grangrené par un funeste trafic de drogue.  Le film de Debra Granik nous plonge avec intensité au cœur de ces forêts du Missouri. Malgré le sordide de certaines situations, il ne tombe jamais dans le misérabilisme ou la condescendance. La jeune actrice Jennifer Lawrence est étonnante par le naturel et la puissance de son jeu. John Hawkes, son oncle dans le film, fait aussi une très belle prestation ; il y a également beaucoup de densité dans son jeu tout en gardant une certaine subtilité. Winter’s Bone est prenant, le film nous happe par son intensité et sa profondeur.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jennifer Lawrence, John Hawkes, Kevin Breznahan, Dale Dickey, Garret Dillahunt, Sheryl Lee
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Remarques :
Le sens du titre Winter’s Bone (qui est aussi le titre du roman) ne semble pas évident au premier abord : il n’est jamais question d’os ou d’ossements dans cette histoire. En fait, le sens est dérivé de l’expression « to throw someone a bone » qui signifie « donner de l’aide / un coup de pouce / une maigre compensation / une bouée à une personne plutôt en mauvaise posture ». La jeune Ree avait bien besoin qu’on lui lance une bouée pour rester à flot… et cela se passe en plein hiver, saison symbolique.

12 septembre 2011

Mammuth (2010) de Gustave Kervern et Benoît Delépine

MammuthAyant atteint l’âge de la retraite, Serge part sur sa moto chercher les attestations de travail qui lui manquent, certains employeurs ayant oublié de le déclarer… Mammuth, c’est le nom de sa grosse moto allemande Munch, c’est aussi le surnom du personnage et il lui va bien tant Depardieu est maintenant énorme. Le film est un road-movie décalé, un peu fourre-tout. Il y a de bonnes idées, des personnages hauts en couleur mais mal développés : les rencontres tournent court le plus souvent et on ressent une certaine frustration. Le film finit par tourner en rond, alourdi par une histoire de perte d’un amour de jeunesse dans un accident.
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Isabelle Adjani, Benoît Poelvoorde, Miss Ming
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21 août 2011

Shutter Island (2010) de Martin Scorsese

Shutter IslandEn 1954, un officier de police fédéral arrive sur l’île de Shutter Island proche de Boston, un asile psychiatrique pénitencier où sont enfermés de dangereux criminels. Il doit enquêter sur une évasion bien mystérieuse… Shutter Island est adapté d’un best-seller de Dennis Lehane sur les traitements psychiatriques opérés sur les criminels dans les années cinquante et sur la paranoïa. L’intrigue est particulièrement bien mise en place, réservant des surprises de taille. Nous sommes constamment déstabilisés, d’abord par certaines images, par le parallèle avec les expériences humaines menées par les nazis, puis par le renversement de nos certitudes. Nous avons l’impression de perdre pied face au labyrinthe mental qui se dévoile peu à peu. La tension est permanente, amplifiée par les images parfaitement maitrisées de Scorsese. Le réalisateur emploie une fois de plus son acteur fétiche, DiCaprio, qui fait ici une très belle prestation, riche et complexe. Shutter Island est un film puissant, assez angoissant mais terriblement prenant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow
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7 août 2011

Les invités de mon père (2010) de Anne Le Ny

Les invités de mon pèreA quatre-vingts ans, un ancien médecin impliqué dans des causes humanitaires décide d’accueillir chez lui des sans-papiers. Ceux-ci se révèlent être une affriolante jeune femme moldave et sa fille. Les enfants du retraité s’inquiètent… Les invités de mon père est une comédie dont le ressort principal est la caricature d’une certaine gauche aisée qui se donne bonne conscience par certaines actions mais se retrouve rapidement en butte à ses contradictions. Cet aspect du film d’Anne Le Ny est plutôt réussi. Ce qui l’est moins, ce sont ses personnages très typés. On retrouve la difficulté de dépasser le père, la femme sexuellement frustrée, l’homme qui cherche la reconnaissance par l’argent et autres situations psychologiques classiques et balisées qui empêche toute profondeur. Les invités de mon père est interprété avec mesure, tout d’ailleurs semble soigneusement dosé… peut-être un peu trop. Anne Le Ny a déclaré avoir eu le désir de ne porter aucun jugement sur ses personnages.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Karin Viard, Michel Aumont, Valérie Benguigui, Veronica Novak, Raphaël Personnaz
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