11 décembre 2022

X the Unknown (1956) de Leslie Norman

X the UnknownEn Ecosse, des militaires découvrent lors d’un entrainement une faille radioactive. Après avoir irradié à mort un soldat, les radiations disparaissent sans raison. Spécialiste de physique nucléaire, le professeur Adam Royston est appelé pour enquêter sur ce mystère…
X the Unknown (1) est un film britannique réalisé par Leslie Norman produit par la Hammer. Il était prévu comme une suite à The Quatermass Xperiment (Le Monstre) de Val Guest (1955) mais son scénariste refusa la permission d’utiliser le personnage de Bernard Quatermass. La préparation et le début du tournage du film ont été faits sous la direction de Joseph Losey. Quand l’acteur Dean Jagger refusa d’être dirigé par un « sympathisant communiste » (2),  Losey fut remplacé par Leslie Norman (emprunté aux studios Ealing) qui était peu motivé par le projet. Basée sur les méfaits de la radioactivité, l’histoire paraît aujourd’hui un peu farfelue mais, comme souvent chez la Hammer, l’atmosphère est assez forte et utilise intelligemment le maigre budget. La menace ne montre son vrai visage qu’assez tard dans le récit, ce qui accentue le caractère angoissant de l’ensemble. Plutôt réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dean Jagger, Edward Chapman, Leo McKern
Voir la fiche du film et la filmographie de Leslie Norman sur le site IMDB.

(1) Rappelons que, comme dans The Quatermass Xperiment, le « X » est une allusion au fait que les films d’horreur étaient classés « X » en Grande-Bretagne (interdit aux moins de 16 ans).
(2) Joseph Losey était sur la liste noire après avoir refusé de présenter devant la House Un-American Activities Committee en 1952 et s’était exilé en Grande-Bretagne.

X the UnknownWilliam Lucas et Dean Jagger dans X the Unknown de Leslie Norman.

5 décembre 2022

Un condamné à mort s’est échappé (1956) de Robert Bresson

Sous-titre : « ou Le vent souffle où il veut »

Un condamné à mort s'est échappé ou Le vent souffle où il veutEn 1943, un résistant, Fontaine, est arrêté par les Allemands et emprisonné à la prison Montluc à Lyon. Il met tout en œuvre pour s’évader, imagine un plan, et parvient à force de courage et de travail à s’en procurer les instruments…
Un condamné à mort s’est échappé ou Le vent souffle où il veut est un film français écrit et réalisé par Robert Bresson. Il s’agit de l’adaptation du récit autobiographique d’André Devigny, paru dans la même année chez Gallimard sous le même titre. Ce film est le premier succès commercial de Robert Bresson. Le fil du récit est assez classique mais sa forme donne une force marquée à cette ode au courage et à la volonté. Robert Bresson a en effet enlevé tout le superflu et parvient à un grand dépouillement sans tomber dans l’austérité. Il préfère avoir des acteurs peu aguerris pour éviter le maniérisme du jeu des acteurs connus, utilise un nombre très réduit de lieux, enlève toute scène intermédiaire pour ne garder que celles qui vont vers le but qu’il s’est fixé. Les dialogues sont également très réduits. Il faut noter la remarquable utilisation des bruitages et de la musique du Kyrie de Mozart. L’approche de Robert Bresson donne à son film une puissance et une authenticité rares. Le film connut un grand succès public et critique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: François Leterrier, Charles Le Clainche
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site IMDB.

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Remarque :
* François Leterrier ne poursuivra pas sa carrière d’acteur. Il deviendra assistant-réalisateur, puis scénariste et réalisateur. Ses films les plus connus sont certainement les comédies  Je vais craquer et Tranches de vie adaptées des bandes dessinées de Gérard Lauzier.
* Robert Bresson a ajouté le sous-titre, ou Le vent souffle où il veut, phrase tirée de l’Evangile selon Saint Jean : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit ». Le vent ne symbolise donc pas ici la liberté mais l’Esprit, au sens biblique du terme.
« Au cœur du cinéma de Bresson, la liberté terrestre et le salut mystique ne font qu’un. » souligne à ce propos Jean-Michel Frodon dans son ouvrage sur Robert Bresson.

Un condamné à mort s'est échappé ou Le vent souffle où il veutFrançois Leterrier et Charles Le Clainche dans Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson.

1 décembre 2022

Vacances romaines (1953) de William Wyler

Titre original : « Roman Holiday »

Vacances romaines (Roman Holiday)Ann, jeune princesse d’un royaume imaginaire, fait la tournée des capitales européennes. Arrivée à Rome, elle décide de fuir l’étouffant protocole et quitte le palais. Son médecin lui ayant administré un sédatif, elle s’endort sur un banc et attire l’attention d’un jeune et séduisant reporter…
Vacances romaines est un film réalisé par William Wyler sur un scénario de Dalton Trumbo. Il s’agit d’une comédie romantique sur l’amour impossible d’une princesse et d’un journaliste, un charmant conte de fée. Il s’agit du premier film hollywoodien de la britannique Audrey Hepburn qui a instantanément conquis l’Amérique, à commencer par Gregory Peck qui a demandé que son nom figure en aussi grosses lettres que le sien au générique. Il est vrai qu’elle rayonne dans ce rôle de princesse qui désire s’évader un moment de sa vie corsetée. L’histoire est plaisante avec quelques tours inattendus. Elle nous immerge dans le Rome très vivant de 1953. La photographie est signée par Henri Alekan et Franz Planer. Gros succès et trois Oscars dont celui de la meilleure actrice pour Audrey Hepburn.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Audrey Hepburn, Eddie Albert
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Vacances romaines (Roman Holiday)Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines (Roman Holiday) de William Wyler.

Vacances romaines (Roman Holiday)Audrey Hepburn et Gregory Peck dans Vacances romaines (Roman Holiday) de William Wyler.

Remarque :
* Le scénariste Dalton Trumbo a obtenu son Oscar sous le pseudonyme de Ian McLellan Hunter ; victime du maccarthysme, il figurait en effet sur la liste noire ce qui lui interdisait de travailler à Hollywood. Il est toutefois crédité au générique d’ouverture.

7 octobre 2022

Gigi (1958) de Vincente Minnelli

GigiParis, 1900. La jeune Gigi (Leslie Caron) est élevée par sa grand-mère et sa grande tante qui la destinent à une vie de mondaine et de courtisane. Plutôt espiègle et pleine de vie, elle entretient des rapports de bonne camaraderie avec le jeune Gaston Lachaille (Louis Jourdan), un riche héritier qui aime rendre visite à la grand-mère de Gigi pour fuir les mondanités…
Gigi est un film musical américain réalisé par Vincente Minnelli, adaptation de la nouvelle homonyme écrite par Colette en 1944. La distribution est franco-américaine et le tournage a été en grande partie fait à Paris. Le thème sulfureux de la nouvelle de Colette (peinture du monde des « cocottes », il s’agissait presque de prostitution infantile à destination de la haute société) est ici escamoté au profit d’une certaine vision de la culture française libertine de jadis, une vision joyeuse et idéalisée. Le personnage de l’oncle de Gaston (Maurice Chevalier), personnage qui a été créé de toutes pièces, appuie en ce sens : les français, c’est bien connu, ne pensent qu’à l’amour ! Si le fond du propos n’emporte pas forcément l’adhésion, la forme enchante par les couleurs, les décors, les costumes et une nombreuse figuration. Le Gigi de Minnelli est très hollywoodien, certes, mais il forme un somptueux spectacle. Et voir Maurice Chevalier chanter « Thank Heaven for Little Girls » est un petit plaisir dont on ne se lasse pas. Gros succès aux Etats-Unis avec 9 Oscars à la clé.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Leslie Caron, Maurice Chevalier, Louis Jourdan, Hermione Gingold, Eva Gabor, Jacques Bergerac, Isabel Jeans
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GigiLeslie Caron, Louis Jourdan et Hermione Gingold dans Gigi de Vincente Minnelli.

GigiLouis Jourdan et Maurice Chevalier dans Gigi de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Alan Jay Lerner a écrit l’adaptation en se basant sur la pièce d’Anita Loos (1951), elle-même basée sur la nouvelle de Colette.
* Paroles des chansons de Alan Jay Lerner, sur une musique de Frederick Loewe, arrangée et dirigée par André Previn.
* Une scène chez Maxim’s a été tournée de nouveau en studio par Charles Walters (alors que Minnelli était déjà sur un nouveau projet).
* Le générique utilise des dessins de Sem (1963-1934), caricaturiste français de la Belle Époque. Ils ont été également une source d’inspiration pour les costumes.

GigiGénérique de Gigi de Vincente Minnelli.

Les adaptations les plus célèbres de la nouvelle de Colette :
1949 : Gigi, film français de Jacqueline Audry avec Danièle Delorme, Gaby Morlay et Jean Tissier.
1951 (théâtre) : Gigi adapté par Anita Loos, mise en scène de Raymond Rouleau, avec Audrey Hepburn.
1958 : Gigi, film américain de Vincente Minnelli

13 septembre 2022

Le Monstre (1955) de Val Guest

Titre original : « The Quatermass Xperiment »
Titre USA : « The Creeping Unknown »

Le Monstre (The Quatermass Xperiment)Une fusée spatiale fait un atterrissage brutal en rase campagne. Le physicien Bernard Quatermass arrive sur les lieux avec ses assistants, parmi lesquels une femme qui se trouve être l’épouse de l’un des trois passagers de l’engin spatial. Tous attendent de pouvoir ouvrir la porte après refroidissement…
Adapté d’une série télévisée à succès de la BBC écrite par Nigel Kneale, Le Monstre est un film britannique réalisé par Val Guest et produit par la Hammer. Le scénario est signé par l’américain Richard Landau. En outre, deux acteurs américains (Brian Donlevy et Margia Dean) furent choisis pour pouvoir accéder au marché Etats-Unien. L’histoire est assez brillante et le film se révèle historiquement important dans la science-fiction, un véritable tournant même : alors que le genre tournait en rond avec les sempiternelles conséquences des essais atomiques, Le Monstre est le premier film à montrer la science sous un visage positif. Le professeur Quatermass est un scientifique brillant, désireux de faire avancer la science pour le bien de l’humanité tout en étant d’une grande conscience morale. Le film était considéré aussi comme un film d’horreur à sa sortie (il faut être très facilement impressionnable pour être effrayé aujourd’hui) ; il joue sobrement avec la métamorphose des corps, se montrant précurseur sur ce thème (on peut penser à David Cronenberg). Le film fut tourné en noir et blanc avec peu de moyens. Le succès fut important, marquant ainsi le début d’une période faste pour la Hammer.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, Jack Warner, Margia Dean, Richard Wordsworth, Gordon Jackson, David King-Wood, Lionel Jeffries, Jane Asher
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Remarques :
* La scène bien connue de 2001 : L’Odyssée de l’espace où une hôtesse de l’air marche sur le mur d’un couloir circulaire a probablement été inspirée par une scène de ce film : on y voit un astronaute marcher sur le mur gauche de la cabine.
* Le titre initial  The Quatermass Experiment  fut astucieusement changé en Xperiment  par la Hammer pour souligner le fait que le film était classé « X » en Grande-Bretagne (interdit aux moins de 16 ans).
* La petite fille qui tente de fraterniser avec « le monstre » est interprétée par Jane Asher, future actrice et future petite amie de Paul McCartney entre 1963 et 1968. C’est elle qui lui inspira nombre de chansons qu’il a écrites durant cette période.

Suites :
La Marque (Quatermass 2, 1957) de Val Guest avec Brian Donlevy
Les Monstres de l’espace (Quatermass and the Pit, 1967) de Roy Ward Baker avec Andrew Keir

Le Monstre (The Quatermass Xperiment)David King-Wood, Brian Donlevy et Richard Wordsworth dans Le Monstre (The Quatermass Xperiment) de Val Guest.

27 août 2022

Le Major galopant (1951) de Henry Cornelius

Titre original : « The Galloping Major »

Le Major galopant (The Galloping Major)Dans un paisible quartier de Londres, le major Arthur Hill tient une petite animalerie. Il a aussi une passion plutôt ruineuse pour les courses hippiques. Désireux d’acheter un cheval mais n’ayant pas l’argent nécessaire, il a l’idée de vendre des bons aux habitants du quartier valant propriété d’une fraction de l’animal…
Le Major galopant est un film britannique réalisé par Henry Cornelius, sur une idée de base de Basil Radford. Bien qu’il s’agisse d’une production indépendante, il faut la rapprocher de celles des Studios Ealing : réalisateur et producteur en viennent et y retourneront ensuite. L’histoire est amusante, il s’agit d’un conte sur le monde des courses hippiques et sur la vie de quartier, le cheval devenant presque un membre à part entière de cette communauté. Les réunions des copropriétaires réunis en syndicat sont hautes en couleur. La fin est rocambolesque. A noter que The Galloping Major est une chanson populaire datant du début du XXe siècle, très connue en Grande Bretagne (c’est pour cette raison que tout le monde se met spontanément à chanter quand ils choisissent ce nom pour le cheval). Le film fut un succès au Royaume-Uni.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Basil Radford, Jimmy Hanley, Janette Scott, A.E. Matthews, Rene Ray, Hugh Griffith
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Le Major galopant (The Galloping Major)Jimmy Hanley, Janette Scott, Rene Ray et Basil Radford dans Le Major galopant (The Galloping Major) de Henry Cornelius.

16 juillet 2022

Maggie (1954) de Alexander Mackendrick

Titre original : « The ‘Maggie’ »

Maggie (The 'Maggie')Le Maggie est un petit bateau-cargo vieillissant. Son pittoresque capitaine vient justement de perdre sa licence du fait de sa vétusté. Le capitaine parvient néanmoins à tromper un anglais qui cherche un bateau moderne pour transporter la marchandise de son patron américain…
Maggie est une comédie britannique sortie des studios Ealing, écrite par William Rose et réalisée par Alexander Mackendrick (le même tandem créera l’excellent The Ladykillers l’année suivante). L’humour repose sur le choc de deux civilisations, personnifiées par le rusé capitaine attaché aux traditions face à un homme d’affaires américain moderne et matérialiste. Le propos n’est pas trop manichéen, toutefois : la capitaine est parfois bien malhonnête pour sauver son rafiot et l’américain est finalement plus humain qu’attendu. Les portraits des deux mondes sont donc assez nuancés. Le seul personnage qui soit vraiment malmené et ridiculisé dans cette histoire est le secrétaire anglais qui « navigue » entre les deux. Le vrai point central est toutefois l’enfant, un jeune mousse enthousiaste qui joue le rôle d’intermédiaire ou de passerelle. Amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Douglas, Alex Mackenzie, Tommy Kearins, Hubert Gregg
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Remarque :
* Le Maggie est un « Clyde puffer » typique, c’est-à-dire un de ces petits bateaux-cargos construits entre 1856 et 1939 sur les bords du canal de Forth & Clyde en Ecosse, destinés à transporter toutes sortes de marchandises sur la côte ouest de l’Ecosse. Ils avaient un fond plat pour pouvoir venir s’échouer sur les plages et ravitailler les endroits les plus isolés.

Maggie (The 'Maggie') Maggie (The ‘Maggie’) de Alexander Mackendrick.

Maggie (The 'Maggie')Tommy Kearings et Alex Mackenzie dans Maggie (The ‘Maggie’) de Alexander Mackendrick.

13 juillet 2022

Des roses pour le procureur (1959) de Wolfgang Staudte

Titre original : « Rosen für den Staatsanwalt »

Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt)Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, un jeune soldat allemand est condamné à mort pour avoir volé deux boites de chocolat. Il parvient à s’échapper le jour de son exécution. Dix ans plus tard, il se retrouve par hasard face au procureur militaire qui l’a condamné. Celui-ci est devenu procureur civil après avoir caché son passé nazi…
Des roses pour le procureur est un film ouest-allemand de Wolfgang Staudte, réalisateur est-allemand passé à l’ouest en 1956. Il a signé après-guerre des films sur la culpabilité allemande et anti-nazis. Celui-ci pointe les imperfections de la dénazification et dresse un portrait satirique de la justice. Assez étonnamment, le ton est assez léger, proche de la comédie, une condition imposée au réalisateur pour bénéficier du budget nécessaire. Le dosage entre tragédie et comédie est réussi et la force du propos n’est aucunement diminuée par les nombreuses notes d’humour. En outre, le film bénéficie d’une solide interprétation qui contribue à le rendre assez remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Martin Held, Walter Giller, Ingrid van Bergen, Camilla Spira, Werner Peters
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Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt)Martin Held et Walter Giller dans Des roses pour le procureur (Rosen für den Staatsanwalt) de Wolfgang Staudte.

Remarque :
* En marge du récit principal, quelques scènes (et les roses du titre) évoquent l’affaire Zind, du nom d’un professeur qui avait réussi à fuir le pays en 1957 après des propos antisémites justifiant le gazage des Juifs.

4 juin 2022

Les Belles de nuit (1952) de René Clair

Les belles de nuitDans une petite ville de province des années 1950, Claude (Gérard Philipe), un jeune compositeur, travaille sur un opéra. Il vit dans un quartier pauvre, ses voisins se moquent gentiment de lui. Il se réfugie dans ses rêves où, dans des époques anciennes, il est un compositeur reconnu et vit des amours passionnés…
Les Belles de nuit est un film écrit et réalisé par René Clair. Il s’agit d’une fantaisie sur les rêves et les regrets des époques passées où « tout allait beaucoup mieux ». Le film semble être assez apprécié mais je dois avouer ne pas avoir été sensible à ses charmes. Certes, le récit comporte des rebondissements amusants et pousse parfois l’anachronisme assez loin mais c’est essentiellement la forme qui m’a rebuté. Les chansons sont assez insupportables et le jeu des acteurs reste très conventionnel. Les vedettes féminines (Martine Carol et Gina Lollobrigida) ne sont guère mises en valeur par une mise en scène plutôt terne. René Clair avait déjà dirigé Gérard Philipe dans La Beauté du Diable en 1950 ; entre deux, l’acteur était devenu une star internationale avec Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque. René Clair le dirigera à nouveau, avec plus de bonheur, en 1955 dans Les Grandes Manœuvres.
Elle:
Lui : 2 étoile

Acteurs: Gérard Philipe, Martine Carol, Gina Lollobrigida, Magali Vendeuil, Raymond Bussières, Raymond Cordy
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 Les belles de nuitMartine Carol et Gérard Philipe dans Les belles de nuit de René Clair.

22 mai 2022

La Conquête de l’espace (1955) de Byron Haskin

Titre original : « Conquest of Space »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Dans le futur proche (années 1980), une station orbitale, La Roue, abrite une équipe technique composée de militaires. Un vaisseau spatial est en construction à ses côtés dans le but d’aller sur la lune. Mais c’est en réalité à destination de Mars qu’une petite équipe appareille finalement…
Conquest of Space est un film américain de science-fiction réalisé par Byron Haskin et produit par George Pal qui le voyait comme une suite à son Destination Moon (1950). Il est basé sur le livre homonyme de l’écrivain de vulgarisation scientifique Willy Rey, livre qui était illustré par Chesley Bonestell. L’adaptation est signée Barré Lyndon, auteur de l’adaptation de La Guerre des mondes (1953) de H.G. Wells. Le projet initial de George Pal incluait un voyage vers trois planètes (Venus, Mars et Jupiter) mais Paramount, effrayé par le coût potentiel, le força à se limiter à une seule et à inclure une affligeante intrigue sur une dissension père-fils. Cette tension est alimentée par des questionnements religieux qui, s’ils sont pesants et pénibles, ont un petit intérêt historique : il y a avait effectivement à l’époque de nombreuses voix pour affirmer que l’homme n’avait pas à aller dans l’espace, le domaine réservé à Dieu (1).
Mais l’intérêt de Conquest of Space est ailleurs, il est dans cette tentative de créer une anticipation réaliste des programmes spatiaux (2). Wernher von Braun, qui sera l’ingénieur en chef de la future NASA, était conseiller technique sur le plateau et son livre Mars Project a servi de base pour de nombreux points précis, notamment la forme de la station orbitale. Chesley Bonestell a dessiné certains décors, sa planète Mars vue de haut est superbe. Bien entendu, il est aisé de déceler plusieurs aberrations, même en tenant compte des connaissances de l’époque, ou de sourire à certains moments mais l’ensemble se tient. La réalisation n’est pas parfaite, les incrustations sont notamment très visibles (cette technique n’était encore pas bien maitrisée), mais elle se situe plutôt parmi les meilleures de cette époque. Bref, c’est un film intéressant à regarder, à condition de garder une certaine indulgence. Conquest of Space fut un cuisant échec commercial et financier qui scella la fin des films réalistes sur l’espace. Il faudra attendre 2001, l’odyssée de l’espace en 1968 pour les voir renaître. Entre deux, l’espace restera le domaine des monstres et des envahisseurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brooke, Eric Fleming, Mickey Shaughnessy, William Hopper, Ross Martin
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Remarque :
* Willie Ley (Willy Otto Oskar Ley) est d’origine allemande. Ses premiers livres sur les fusées datent de 1927. Il était conseiller technique sur Frau Im Mond de Fritz Lang (1929). Il a fui l’Allemagne nazie en 1935 pour s’établir aux Etats-Unis, où il a continué à publier des livres sur l’espace et les fusées. Il a co-signé un livre avec Wernher von Braun en 1953, The Conquest of the Moon.

(1) Cette intrusion de la religion était déjà présente dans La Guerre des mondes mais de façon bien plus subtile qu’ici.
(2) Le slogan sur l’affiche ci-dessus proclame : « Venez voir comment cela va arriver… de votre vivant »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Phil Foster et Eric Fleming dans La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.