24 mars 2014

Gun Crazy (1950) de Joseph H. Lewis

Autre Titre  : « Deadly Is the Female »
Titre français : « Le Démon des armes »

Gun Crazy: Le démon des armesDès son plus jeune âge, Barton a été attiré par les armes. Lorsqu’il va rencontrer la jeune Annie, elle aussi tireuse hors pair, sa vie va basculer et ils vont enchainer les holdups… Produit et mis sur pied par les King Brothers, Gun Crazy est basé sur une histoire de MacKinlay Kantor parue dans un quotidien et réécrite par Dalton Trumbo (1). Cette histoire préfigure des films comme Bonnie & Clyde (1967) d’Arthur Penn ou Badlands (1973) de Malick, fuite en avant d’un jeune couple qui se livre aux braquages pour assouvir ses rêves. Sur le plan de la forme, le film préfigure par certains aspects la Nouvelle Vague avec  ses décors naturels et notamment avec sa scène la plus célèbre, un hold-up filmé en un seul plan-séquence de presque 4 minutes depuis l’intérieur de la voiture du couple. C’est un plan très surprenant. On comprend que Truffaut et Godard se soient pris de passion pour ce film (2). Gun Crazy est un film très différent, assez à part dans le genre du film noir (3). C’est finalement surtout une histoire d’amour, celle d’un jeune couple qui aspire à s’établir et à mener une vie normale, un amour fou qui les aveugle et les précipite dans un trou sans fin. Le personnage de la jeune femme est assez fascinant par son mélange d’ingénuité et de dureté qui le rend assez inoubliable. Le film est très fortement connoté sexuellement même si la censure a été particulièrement vigilante. Sa carrière commerciale a été courte à l’époque mais il a acquis un tout autre statut par la suite : aujourd’hui, c’est souvent le premier titre qui vient à l’esprit pour citer un exemple de film de série B exceptionnel et remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peggy Cummins, John Dall
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Remarques :
* Le film vient d’être réédité en DVD (1 Blue-ray + 1 normal) incorporé dans un superbe livre de 220 pages signé Eddie Muller qui relate toute la genèse du projet et la réalisation, une gestation assez mouvementée. Le livre est passionnant, fort bien documenté et on ne peut que saluer ce si bel ensemble (même si on peut regretter que le prix soit un peu élevé)… (Voir…) C’est une édition limitée, semble t-il.

Gun Crazy: Le démon des armes* A sa sortie, United Artists a affublé le film du titre ridicule Deadly Is the Female et habillé l’héroïne sur l’affiche d’une robe du soir noire (costume réglementaire de la femme fatale mais qui ne correspond absolument pas à son genre dans le film). Le film a retrouvé son titre original, Gun Crazy, par la suite.

(1) L’excellent scénariste Dalton Trumbo figure au générique sous un pseudonyme car, victime du maccarthysme, il était alors sur liste noire.

(2) En regardant Gun Crazy, Il est difficile de ne pas penser à A bout de Souffle ou à Pierrot le Fou que Godard tournera une décennie plus tard.

(3) Pour s’en convaincre, il suffit de le comparer à They Live by Night, que Nicholas Ray a tourné peu avant, qui met également en scène un couple de braqueurs : un très beau film mais beaucoup plus classique dans son traitement.

22 mars 2014

Sept ans de réflexion (1955) de Billy Wilder

Titre original : « The Seven Year Itch »

Sept ans de réflexionDans un New York en pleine canicule, Robert Sherman se retrouve seul après le départ de femme et enfant pour les vacances d’été. Il fait connaissance d’une jeune femme blonde qui occupe temporairement l’appartement au dessus du sien… Sept ans de réflexion est l’adaptation d’une pièce de George Axelrod qui avait connu un grand succès à Broadway. Cette plaisante comédie est un peu méprisée par les cinéphiles sous prétexte que tout son succès viendrait de cette image de Marilyn Monroe dont la robe blanche se soulève. Certes, l’exploitation commerciale de cette image par Hollywood relève plutôt du racolage (1) mais le film ne peut se réduire à cela. C’est une succession de saynètes amusantes qui exploitent le dilemme de cet homme « ordinaire » entre son conservatisme profond et un désir ponctuel. Sept ans de réflexion On le sait, Billy Wilder n’a pu mettre tout ce qu’il voulait y mettre : la censure a été implacable et a fait enlever toute connotation sexuelle et bien entendu tout passage à l’acte. L’humour est resté toutefois, peut-être en a-t-il d’ailleurs été décuplé car, finalement, peu importe où l’on met la limite, l’humour de ce genre de situation réside dans les atermoiements autour cette limite. Face à la sensualité débordante de Marilyn Monroe, cet homme au conservatisme rassurant perd pied totalement. Son imagination débordante permet en outre de multiplier habilement les scènes. Même si le film n’est pas du pur Billy Wilder, il reste très amusant et ne vieillit pas vraiment.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Tom Ewell, Evelyn Keyes, Sonny Tufts, Oskar Homolka
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Remarque :
* Tom Ewell connaissait bien le rôle puisqu’il le tenait sur les planches.

(1) Il faut noter que le racolage a commencé dès le tournage. La Fox avait en effet fait en sorte que la scène soit tournée dans les rues de New York avec un grand battage médiatique. Parmi la foule des badauds, Joe DiMaggio n’a guère apprécié voir ainsi sa femme ainsi exposée comme objet sexuel et être un sujet de moqueries du fait de son incapacité à se souvenir de son texte. Ils divorceront peu après. A noter que la scène étant finalement inexploitable à cause des bruits de la foule indisciplinée, elle fut tournée de nouveau, au calme en studio. On pourra aussi remarquer que la scène est plus sage dans le film (on ne voit pas Marilyn en entier) que sur les affiches commerciales. A la sortie du film, la Fox a fait une Marilyn de 15 mètres de haut (!) pour habiller la façade d’un cinéma new yorkais…

18 mars 2014

Géant (1956) de George Stevens

Titre original : « Giant »

GéantBick Benedict (Rock Hudson), propriétaire d’un immense ranch texan, se rend au Maryland pour y acheter un cheval. Il revient avec un cheval… et une femme, Leslie, la fille de l’éleveur (Elizabeth Taylor). Arrivée sur place, elle fait la connaissance de la soeur de Bick et de Jett Rink, (James Dean) un jeune employé très réservé… Adapté d’un roman-fleuve d’Edna Ferber, Géant est entré dans l’histoire du cinéma comme étant l’ultime film tourné par James Dean (1). On peut supposer que, sans cela, il serait rapidement tombé dans l’oubli tant cette grande fresque qui veut marcher dans les traces d’Autant en emporte le vent est lourde et sans attrait. GéantL’histoire est statique et linéaire, sans profondeur, un méli-mélo de conservatisme et de bons sentiments ; la réalisation de George Stevens est plate, la musique épouvantable. Rock Hudson est, comme toujours, un monolithe… tout en contraste avec un James Dean au jeu incontrôlable et incontrôlé, qui marmonne ses textes et surjoue son personnage le plus souvent. C’est Elizabeth Taylor, avec son jeu lisse, qui est finalement la plus convaincante. Les 3h20 du film paraissent bien longues… Le film connut un très grand succès, surtout aux Etats-Unis, et le film a gardé une partie de son immense aura jusqu’à aujourd’hui.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Elizabeth Taylor, Rock Hudson, James Dean, Carroll Baker, Dennis Hopper
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Remarques :
Edward Hopper - House by the railroad, 1925* La grande demeure des Benedict est directement inspirée de la toile d’Edward Hopper La Maison près de la voie ferrée (House by the railroad, 1925). Cette toile inspirera également Hitchcock pour la maison de Psychose (Psycho) et Terrence Malick pour Les Moissons du ciel.
* On peut rapprocher Géant de Ecrit sur du vent de Douglas Sirk (1956) dont l’histoire se déroule dans le même monde (et où l’on trouve… Rock Hudson).
* Détail amusant : Carroll Baker, qui joue la fille d’Elizabeth Taylor, est dans la vraie vie plus âgée qu’elle. A noter que Carroll Baker est, comme James Dean, issue de l’Actors Studio.

(1) James Dean s’est tué (accident automobile) quelques jours seulement après la fin du tournage (septembre 1955). Le film est sorti un an après sa mort, en octobre 1956.

13 mars 2014

La blonde explosive (1957) de Frank Tashlin

Titre original : « Will Success Spoil Rock Hunter? »

La blonde explosiveRockwell Hunter écrit des publicités pour une agence. Insatisfait de sa position, il ambitionne de monter dans l’échelle sociale. Cette possibilité va s’offrir à lui : un hasard va lui permettre de convaincre une grande star hollywoodienne de faire la publicité d’un rouge à lèvres… Après le succès de La Blonde et moi (The Girl Can’t Help it), Frank Tashlin récidive avec un peu moins de bonheur. La blonde explosive est bien une comédie totalement farfelue mais elle paraît sur tous les plans plutôt en deçà du film qui l’a précédée. Le plus intéressant chez Tashlin est son côté débridé, il sait laisser partir les situations un peu dans tous les sens pour mettre en avant le burlesque, n’hésitant pas à se moquer de tout, comme en témoigne le générique (où Tony Randall doit lui-même faire la musique du logo de la Fox). La jeune et plantureuse Jayne Mansfield joue avec son physique et se livre à une satire de Marilyn Monroe ; hélas pour elle, son excellente composition dans ce film la cantonnera définitivement aux rôles de blondes idiotes (1). Tony Randall fait également une belle prestation même si les variations dans son jeu sont parfois un peu marquées. Les seconds rôles sont plus fades, Henry Jones étant particulièrement exaspérant et Betsy Drake inexistante ; le meilleur vient finalement des « vétérans » : Joan Blondell et John Williams. Sur le fond, le film nous fait une (gentille) satire du monde de la publicité et critique l’ambition pour mieux faire l’apologie de la classe moyenne un peu appuyée. On pourra remarquer les attaques contre la télévision qui était à cette époque la bête noire d’Hollywood. Sans être vraiment enthousiasmante, La blonde explosive est une amusante comédie.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tony Randall, Jayne Mansfield, Betsy Drake, Joan Blondell, John Williams, Henry Jones
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Pour un avis plus enthousisaste, lire la présentation de Frédéric Mercier sur DVDClassik

Remarques :
* Groucho Marx fait une apparition surprise (rappelons que Frank Tashlin a travaillé sur le scénario de Une nuit à Casablanca en 1946).
* Le film est l’adaptation d’une pièce de Broadway signée George Axelrod dans laquelle jouait Jayne Mansfield (avec Orson Bean et Walter Mathau).
* Le nom du personnage jouée par Jayne Mansfield est Rita Marlowe, une contraction de Rita Hayworth, Jean Harlow et Marilyn Monroe.

(1) Dans la vraie vie, Jayne Mansfield était loin d’être une idiote : elle a fait des études universitaires, disait avoir un Q.I. de 163, parlait cinq langues et jouait du violon et du piano classique.

10 mars 2014

À l’est d’Eden (1955) de Elia Kazan

Titre original : « East of Eden »

À l'est d'EdenDans la Californie de 1917, à la veille de l’entrée en guerre des Etats Unis, un fermier rigoriste vit avec ses deux fils. Cal ne se sent pas aimé comme peut l’être son frère, il pense qu’il incarne le mal. Il a récemment découvert que sa mère n’est pas morte, comme son père a toujours affirmé, et qu’elle vit dans une ville voisine… Cette adaptation du roman de John Steinbeck À l’est d’Eden ne porte que sur une petite partie du livre. Elia Kazan ne fait pas particulièrement preuve de légèreté en en faisant une variation biblique de l’histoire de Caïn et Abel, aux effets mélodramatiques appuyés. Avec le recul, cette lourdeur semble apparaître d’autant plus. Le film doit en partie sa réputation au fait d’être le premier des trois grands films de James Dean, alors un jeune acteur peu connu de théâtre et de télévision. Très marqué Actors Studio, son jeu est assez puissant (d’autant plus puissant que le personnage de Cal avait quelque écho avec sa propre vie) À l'est d'Eden mais a le défaut d’être en décalage total avec les autres acteurs. Elia Kazan ne parvient pas à atteindre la fusion, à tel point que l’on a parfois l’impression qu’il y a deux films : celui où joue James Dean et celui où jouent les autres acteurs. Quoiqu’il en soit, À l’est d’Eden marquera les esprits pour ce portrait de James Dean en adolescent tourmenté et en rupture, désespérément en quête d’amour et dont les aspirations se heurtent au puritanisme du père.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julie Harris, James Dean, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet
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Remarque :
* À l’est d’Eden est le seul des 3 films de James Dean à être sorti avant sa mort (l’accident qui lui coûta la vie eut lieu le 30 septembre 1955).

5 mars 2014

Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy

Maigret et l'affaire Saint-FiacreLe commissaire Maigret retourne dans le village de son enfance. Il a été appelé par la comtesse de Saint Fiacre dont, enfant, il était un peu amoureux mais qu’il n’a pas revue depuis. Elle a reçu une sérieuse menace par lettre anonyme : « Tu mourras avant l’office des morts »… Georges Simenon a écrit L’Affaire Saint-Fiacre au début des années trente, un excellent roman qui n’avait jamais été porté à l’écran. De façon assez inhabituelle, le personnage de Maigret a ici une histoire personnelle qui vient se mêler à son enquête. Egalement, il montre une certaine nostalgie et regrette la disparition d’un certain mode de vie, celle où le comte « tient son rang ». L’équipe est en grande partie la même que celle de Maigret tend un piège (1957) qui connu un certain succès : Delannoy est entouré Rodolphe-Maurice Arlaud et Michel Audiard pour l’écriture et Gabin tient le rôle principal. De tous les acteurs qui ont interprété le célèbre commissaire, Gabin est l’un de ceux qui le personnifient le mieux avec son mélange naturel de placidité et de sureté. Dans cette affaire, presque tous les personnages sont suspects : certains acteurs se montrent ainsi à la limite du jeu excessif sans, toutefois, que cela en devienne gênant. La patte de Michel Audiard se ressent dans les dialogues avec de belles répliques qui surviennent là où on ne les attend pas. Même si la mise en scène de Delannoy n’est pas de plus inspirées, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre est une enquête fort bien ficelée et les quelque 1h30 passent fort rapidement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michel Auclair, Valentine Tessier, Robert Hirsch, Michel Vitold
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4 mars 2014

Artistes et modèles (1955) de Frank Tashlin

Titre original : « Artists and Models »

Artistes et modèlesRick Todd (Dean Martin) est un artiste sans le sou qui vit avec son ami Eugene Fullstack (Jerry Lewis) qui passe ses journées à lire des bandes dessinées. Ils ignorent que la dessinatrice du comix qui fait fureur habite le même immeuble… Artistes et modèles est réalisé par Frank Tashlin, ancien cartoonist de la Warner (Bugs Bunny) et ancien gagman. Le duo comique formé par Dean Martin et Jerry Lewis est alors au faîte de sa popularité et ce film sera un nouveau très grand succès pour la Paramount. Artistes et modèles mêle burlesque et chansons. Il y a de très bonnes trouvailles de gag mais on peut trouver que l’ensemble s’essouffle quelque peu à mi-parcours, la dernière partie qui parodie les films d’espionnage étant moins réussie. On remarquera la critique des comix books et des éditeurs arrivistes et sans scrupule mais Tashlin sait habilement rester très neutre et ne prend pas vraiment parti : la preuve en est que beaucoup voient dans ce film une critique du puritanisme, c’est-à-dire l’opposé. Artistes et modèles est souvent présenté comme étant le meilleur du tandem Martin / Lewis, ce qui paraît plutôt justifié.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dean Martin, Jerry Lewis, Shirley MacLaine, Dorothy Malone, Anita Ekberg
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Remarques :
* Ecrite spécialement pour ce film, la chanson Innamorata est devenue l’un des plus grands succès commerciaux de Dean Martin et a été reprise par d’autres chanteurs.
* On peut se demander pourquoi on ne voit pas le numéro Bat Lady si attendu… Le budget ayant été déjà dépassé, il fut décidé de ne pas le tourner.
* On pourra remarquer le petit clin d’oeil à Fenêtre sur cour d’Hitchcock. L’agent muni d’un appareil photo prend la voix de James Stewart pour dire : « Je ne vois pas très bien de cette fenêtre sur cour ». A noter que le film d’Hitchcock est sorti quelque mois auparavant et c’est aussi un film Paramount.
* Le jeune garçon insupportable (dans le bureau de l’éditeur) est interprété par George Winslow, acteur que l’on connaît pour avoir été le jeune Henry Spofford III dans Les hommes préfèrent les blondes (1953) et pour sa réplique célèbre sur le « magnétisme animal » de Marilyn Monroe. Né en 1946, l’acteur fut découvert par Cary Grant en 1952. Il n’a tourné que dix films jusqu’en 1958. Il avait alors perdu sa voix basse si particulière pour n’avoir, après sa mue, qu’une voix normale. Plus tard, il est devenu photographe professionnel.

Ne pas confondre avec :
Artistes et modèles de Raoul Walsh (1937) avec Ida Lupino et Jack Benny, film qui n’a aucun point commun (hormis d’être une comédie musicale) avec celui-ci. La Paramount avait la fâcheuse habitude à réutiliser ses titres de film…

2 mars 2014

Le Corsaire rouge (1952) de Robert Siodmak

Titre original : « The Crimson Pirate »

Le corsaire rougeA la fin du XVIIIe siècle, le pirate Vallo s’attaque à un navire officiel britannique lourdement armé. Il emporte un émissaire du roi pour aller mâter la révolution dans les Caraïbes…
Deux ans après La Flèche et le flambeau de Jacques Tourneur, la Warner reprend le principe d’un grand film d’aventures basé sur les qualités acrobatiques de Burt Lancaster et de Nick Cravat, son acolyte muet (1). La direction en est confiée à Robert Siodmak qui insiste pour donner un ton de comédie à cette histoire de pirates écrite par Roland Kibbee, Le Corsaire rouge. Ce mélange d’humour et d’aventures donne un caractère très particulier au film, certaines scènes (les poursuites notamment) étant  très proches de la farce. Le film peut être qualifié de satirique car il parodie certains clichés des film de pirates. L’autre point particulier est la présence des « inventions » : on y voit ainsi un petit sous-marin, une mitraillette de fortune. Avec l’utilisation d’une montgolfière, l’ensemble fait penser au Baron de Münchhausen. A l’instar des films de Douglas Fairbanks (2), Le corsaire rouge dégage une grande vitalité et une énergie qui maintiennent le spectateur en haleine. Il n’y a pas beaucoup de temps morts… C’est un film très plaisant, un excellent divertissement visible à tous les âges.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Nick Cravat, Eva Bartok, Leslie Bradley
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Remarques :
* Le film fut entièrement tourné en Europe : Espagne, Italie et Angleterre. Les scènes maritimes ont été tournées sur l’île d’Ischia, en face de Naples. Le budget initial fut largement dépassé.
* Dans Le Sens de la Vie des Mont Python, le nom de la compagnie d’assurances Crimson Permanent Assurance Compagnie (dont le building navigue entre les immeubles à la suite d’une mutinerie des employés) est une référence à ce film The Crimson Pirate.
* Le principe de marcher sous l’eau avec une barque retournée sur la tête (fournissant ainsi une réserve d’air) a été repris dans Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl (2003). La scène de l’équipage pirate suspendue dans un filet a été reprise dans Pirates des Caraïbes – Le secret du coffre maudit (2006).

The Crimson PirateNick Cravat et Burt Lancaster dans The Crimson Pirate de Robert Siodmak

(1) Si le personnage de Nick Cravat est muet, c’est parce que l’acteur avait un fort accent de Brooklyn ce qui aurait été quelque peu incongru pour cette époque…
(2) D’ailleurs, au moins une scène (celle de l’attaque finale sous l’eau) figurait dans Le Pirate noir d’Albert Parker (1926), film avec Douglas Fairbanks et Billie Dove.

27 février 2014

Guerre et paix (1956) de King Vidor

Titre original : « War and Peace »

Guerre et paixLe livre La Guerre et la Paix de Léon Tolstoï résume dix années de l’histoire de la Russie, de la Bataille d’Austerlitz à l’incendie de Moscou. Adapter au cinéma ce monument de la littérature russe est une véritable gageure, une entreprise évidemment vouée à l’échec dès le départ. Lorsque cette adaptation émane d’Hollywood, on a encore plus de raisons d’être inquiet. Pourtant, le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, studieuse et appliquée sans aucun doute mais jamais vraiment ridicule. King Vidor parvient à lui donner une belle ampleur. Dotées de très nombreux figurants, les scènes de bataille sont grandioses, époustouflantes même. Cet aspect spectaculaire est le plus réussi du film. En revanche, King Vidor ne parvient absolument pas à restituer la profondeur du roman de Tolstoï. D’une part, et cela paraît inévitable, de nombreux personnages sont simplifiés, même Bézoukhov (et pourtant King Vidor affirme dans ses mémoires qu’il s’agissait du personnage duquel il se sentait le plus proche), ou même supprimés, et d’autre part, la distribution n’est pas des plus heureuses. Audrey Hepburn est une Natacha parfaite au début de l’histoire quand il s’agit de courir partout et de papillonner mais lorsque son personnage se complexifie avec le temps, l’actrice montre très nettement ses limites. Henry Fonda n’a pas ce défaut mais il ne semble pas avoir été passionné(1) et il est tout de même assez âgé pour le rôle de Bézoukhov ; Mel Ferrer est, quant à lui, assez rigide et, malgré toute l’estime que l’on peut avoir pour l’acteur, on peut se demander ce que vient faire Vittorio Gassman en Kouragine (heureusement, son personnage est fortement réduit). En revanche, Herbert Lom campe un Napoléon qui semble plus vrai que nature. Les quelque 3h28 de la version intégrale passent néanmoins assez rapidement. A défaut d’y trouver cette fameuse « âme russe » ou un début de dimension philosophique, ce Guerre et paix de King Vidor est un beau spectacle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Henry Fonda, Mel Ferrer, Vittorio Gassman, Herbert Lom, Oskar Homolka, Anita Ekberg
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Remarques :
* King Vidor dit avoir pensé très tôt à Audrey Hepburn pour interpréter Natacha et à Peter Ustinov pour le rôle de Pierre Bézoukhov mais les studios refusèrent ce dernier car il leur paraissait trop âgé pour avoir une idylle avec Audrey Hepburn (à noter qu’Henri Fonda, qui fut finalement choisi, a tout de même 15 ans de plus qu’Ustinov… mais il est vrai qu’il est autrement plus séduisant).
* Le rôle de Pierre fut proposé à Marlon Brando mais l’acteur refusa car il ne voulait pas tourner avec Audrey Hepburn…
* Le film a été tourné en Italie, à Rome.
* Vers la fin du film, la file interminable de soldats napoléoniens dans la neige fait penser à la scène équivalente de La Grande Parade (1925), le premier grand film de King Vidor.

Autres adaptations :
Voyna i mir du russe Vladimir Gardine (1915), film perdu
Guerre et paix (Voyna i mir) de Sergei Bondartchouk (1966), film de 6h40 (7h25 à l’origine), une belle et fidèle adaptation qui a en outre l’avantage d’avoir été tournée par un russe.

Et sur un registre satirique :
Guerre et Amour (Love and Death) de Woody Allen (1975)

23 février 2014

L’Égyptien (1954) de Michael Curtiz

Titre original : « The Egyptian »

L'égyptienDans l’Egypte ancienne, au cours de la XVIIIe dynastie, un jeune orphelin devient médecin. Il entre au service du nouveau pharaon Akhnaton avec son ami d’école, le guerrier Horemheb… L’Égyptien a été conçu comme une couteuse superproduction par Darryl F. Zanuck. Initialement, le casting devait être prestigieux avec Marlon Brando, Burt Lancaster et Kirk Douglas en tête d’affiche. Hélas, cela ne fit pas, Brando se retirant peu avant le tournage, et le choix final fut moins heureux. Est-ce la seule raison pour laquelle le film se révèle être décevant ? Probablement pas. Le scénario manque sans aucun doute de force et l’on se surprend à sourire parfois devant certains clichés. Il a pourtant été écrit par deux bons scénaristes, Philip Dunne et Casey Robinson, à partir d’un roman de Mika Waltari, écrivain finlandais. Comme dans certains peplums, on retrouve une certaine glorification maladroite du monothéisme. Si aucun acteur ne manifeste une belle présence, c’est aussi en grande partie dû à l’écriture car, finalement, on a l’impression que c’est un film qu’avec des seconds rôles. Le meilleur est certainement dans les décors, assez somptueux, et dans la reconstitution de la vie courante. La photographie abuse sans doute un peu des couleurs vives mais l’image est flamboyante à souhaits.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Edmund Purdom, Jean Simmons, Victor Mature, Gene Tierney, Michael Wilding, Bella Darvi, Peter Ustinov
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Remarques :
* Marilyn Monroe fit tout pour obtenir le rôle de Nefer, la belle tentatrice, mais Darryl F. Zanuck avait déjà réservé le rôle à Bella Darvi qui était alors sa maitresse.
* La Fox a revendu une partie des décors à Paramount pour le tournage du film de Cecil B. DeMille Les Dix Commandements.