25 septembre 2025

Nostalgia (2022) de Mario Martone

NostalgiaAprès quarante ans d’absence, Felice Lasco retourne là où il a grandi, le quartier Sanità de Naples, pour embrasser sa mère désormais très âgée. Felice cherche aussi à renouer les fils de son passé d’adolescent…
Nostalgia est un film italien coécrit et réalisé par Mario Martone. Il est adapté du roman d’Ermmano Rea paru en 2016. Le réalisateur est napolitain et défend l’idée que Naples est une ville semblable à nulle autre (1). Son personnage principal effectue une quête qui dépasse la simple nostalgie et l’art du scénario est de ne dévoiler les choses que peu à peu, tout en sachant éveiller notre intérêt dès les premières minutes. La mise en scène et la photographie sont parfaitement maitrisées et l’acteur principal se montre remarquable de subtilité pour exprimer tous les sentiments de son personnage. La musique est excellente, avec plusieurs morceaux de Tangerine Dream. Le film fut plutôt bien reçu par la critique.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pierfrancesco Favino, Francesco Di Leva, Tommaso Ragno
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Remarque :
• Le film s’ouvre sur une citation de Pier Paolo Pasolini : « La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne se connaît pas. »

(1) Le réalisateur explique : « Être Napolitain, c’est une façon particulière d’être Italien. Notre ville est restée la même depuis la Grèce antique. Naples est une ville dans laquelle il y a une sorte d’abandon, un désenchantement, qui peut subitement se retourner, se renverser, pour devenir un enchantement. A Naples, chanter, jouer, être comédien, c’est naturel. Chacun se dissimule derrière un masque, et cache ainsi la conviction profonde que le fait d’être au monde est une condition de souffrance. » (Mario Martone, extrait du dossier de presse)

Francesco Di Leva et Pierfrancesco Favino dans Nostalgia de Mario Martone.

3 juillet 2025

L’Assassinat de Trotsky (1972) de Joseph Losey

Titre original : « The Assassination of Trotsky »

L'assassinat de Trotsky (The Assassination of Trotsky)En 1940, Trotsky s’est exilé au Mexique. Il sait que Staline a l’intention de l’assassiner et il se terre dans une villa protégée par ses partisans. Gita Samuels, qui assure des travaux de secrétariat pour lui, a une aventure avec un homme Ramon Mercader qui se dit homme d’affaires…
L’assassinat de Trotsky est un film britannico-franco-italien (tourné en anglais) réalisé par Joseph Losey, d’après le livre homonyme du britannique Nicholas Mosley. Il couvre les trois derniers mois de la vie de Trotsky. L’orientation idéologique de Joseph Losey est bien connue : il s’est investi aux côtés du Parti communiste américain ce qui a valu un exil en Angleterre au moment du maccarthysme. Toutefois, cette orientation politique ne transparaît absolument pas ici : il a choisi de faire un film sur la fascination du tueur pour sa victime. Hélas, le film ne fonctionne pas très bien, on s’ennuie ferme. Peut-être aurait-il fallu, comme l’affirment certains, des acteurs moins connus ? La tentative de reformer le couple Delon-Schneider (rêve de producteur) tombe à plat du fait du personnage très tourmenté du tueur et Richard Burton semble assurer le service minimum dans son interprétation de Trotsky. Le film fut peu apprécié à sa sortie. Chez les communistes, il fut très critiqué des deux côtés (par les partisans de Staline et par les partisans de Trotsky).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Richard Burton, Alain Delon, Romy Schneider, Valentina Cortese, Luigi Vannucchi, Jean Desailly, Simone Valère, Duilio Del Prete
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Remarque :
Alain Delon et Romy Schneider ont tourné en anglais : ils ne sont pas doublés, Jean Desailly non plus, me semble-t-il (il a très peu de texte).

Richard Burton et Alain Delon dans L’assassinat de Trotsky (The Assassination of Trotsky) de Joseph Losey.

21 mai 2025

La Mafia fait la loi (1968) de Damiano Damiani

Titre original : « Il giorno della civetta »

La Mafia fait la loi (Il giorno della civetta)Sicile, 1961. L’officier Bellodi, des Carabiniers, doit mener une enquête sur le meurtre d’un chef d’entreprise dans le bâtiment, assassiné pour avoir refusé de collaborer avec la mafia. Le meurtre s’est produit près de l’habitation de Rosa Nicolosi, de son mari et de leur petite fille…
La Mafia fait la loi est un film italien réalisé par Damiano Damiani, inspiré du roman Le Jour de la chouette de Leonardo Sciascia. Le récit dresse un portrait édifiant d’une petite ville sicilienne, de la corruption dans le domaine de la construction et de la mainmise de l’omniprésente Mafia. L’enquête de police n’avance que difficilement car elle se heurte à l’omerta, la loi du silence : personne ne sait rien, personne n’a rien vu. Les mécanismes ont rarement été montrés si clairement. Damiano Damiani utilise fort bien ses décors, notamment cette place principale de la ville où la maison du chef de la Mafia et le poste de police se font face. Claudia Cardinale est sublime et le jeu peu expressif de Franco Nero sied parfaitement au personnage du policier fermement décidé à aller au bout de son enquête. Les couleurs (Eastmancolor) sont belles et restituent le climat sicilien. Le réalisateur était alors dans une période assez engagée, avant de réaliser des films plus commerciaux à partir du milieu des années soixante-dix.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Franco Nero, Lee J. Cobb, Tano Cimarosa, Nehemiah Persoff, Serge Reggiani
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Franco Nero et Claudia Cardinale dans La Mafia fait la loi (Il giorno della civetta) de Damiano Damiani.
Lee J. Cobb dans La Mafia fait la loi (Il giorno della civetta) de Damiano Damiani.

28 avril 2025

Les Huit Montagnes (2022) de Felix van Groeningen et Charlotte Vandermeersch

Titre original : « Le otto montagne »

Les huit montagnes (Le otto montagne)Pietro est un garçon de la ville. Bruno est le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Les chemins des deux amis vont être très différents…
Les Huit Montagnes est un film italien écrit et réalisé par le couple belge Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch, d’après le roman homonyme de l’italien Paolo Cognetti. Le récit est centré sur une amitié indéfectible, deux amis qui ont beaucoup en commun, notamment de chercher à donner un sens à leur vie, mais qui opteront pour des chemins très différents, presque opposés : l’un reste dans l’ancrage alors que l’autre va aller très loin pour chercher sa voie. Le propos reste simple mais l’ensemble sait garder notre intérêt malgré la longueur sans doute un peu excessive du film (2h25). La plupart des scènes ont été tournées dans les montagnes du Val d’Aoste dont les paysages sont photogéniques. La réalisation n’est pas parfaite mais le film est séduisant (pas aux yeux de la critique qui a eu la dent dure).
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Luca Marinelli, Alessandro Borghi, Filippo Timi, Lupo Barbiero, Cristiano Sassella, Elena Lietti
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Les huit montagnes (Le otto montagne) de Felix van Groeningen & Charlotte Vandermeersch.

5 janvier 2025

Le Roman d’un jeune homme pauvre (1995) de Ettore Scola

Titre original : « Romanzo di un giovane povero »

Le Roman d'un jeune homme pauvre (Romanzo di un giovane povero)Le jeune Vincenzo mène une vie misérable et pleine de frustration, ne parvenant à obtenir un travail de professeur malgré ses diplômes. Son voisin septuagénaire est fatigué d’être à la merci de sa femme despotique, une ex-artiste de music-hall devenue obèse et alcoolique. Il propose à Vincenzo de tuer sa femme…
Le Roman d’un jeune homme pauvre est un film italien réalisé par Ettore Scola. Il en a coécrit le scénario avec sa femme et Giacomo Scarpelli, le fils de Furio Scarpelli (Age et Scarpelli). Précisons tout de suite que le film n’a rien à voir avec le roman homonyme d’Octave Feuillet plusieurs fois adapté à l’écran (notamment par Abel Gance en 1935). Ici, la base de l’histoire évoque un suspense à la Hitchcock mais il n’en est rien. En fait, c’est le portrait d’un homme assez atypique : terne, il semble se contenter de la médiocrité et n’a que mépris pour la réussite sociale. Le récit montre ainsi une indéniable cruauté dans sa première partie. Face à lui, le personnage du septuagénaire (Alberto Sordi dans l’un de ses tous derniers rôles) est un geignard, hâbleur et rusé. On notera la présence inattendue d’André Dussollier, évidemment (mal) doublé et pas vraiment à sa place. L’ensemble a le mérite de l’originalité des personnages mais manque de force directrice et paraît assez long. Un film bien mineur et peu connu d’Ettore Scola, plutôt décevant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Rolando Ravello, Alberto Sordi, Isabella Ferrari, André Dussollier, Mario Carotenuto, Gianfelice Imparato
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Rolando Ravello et Alberto Sordi dans Le Roman d’un jeune homme pauvre (Romanzo di un giovane povero) de Ettore Scola.

17 décembre 2024

Le Terroriste (1963) de Gianfranco De Bosio

Titre original : « Il terrorista »

Le Terroriste (Il terrorista)Durant l’hiver 1943, un groupe de résistants dont le chef est « l’ingénieur » réussit à faire exploser une charge à la Kommandantur de Venise. La réussite de l’opération est toute relative et les Allemands arrêtent quarante otages. Les représentants des cinq partis clandestins d’opposition se réunissent en secret ; ils sont très divisés sur la conduite à tenir à propos de ces attentats…
Le Terroriste est un film italien écrit et réalisé par Gianfranco De Bosio qui s’appuie sur son expérience dans la Résistance en Vénétie. Il s’agit de la seule réalisation notable de ce réalisateur. Ce n’est pas un film d’action mais une réflexion idéologique sur l’enchaînement de la violence. De longues discussions et échanges entre les cinq représentants de partis constituent l’essentiel du récit. Les questions morales sont très présentes sans que le réalisateur place franchement le débat sur ce point. On notera qu’il présente ses personnages sous un jour très humain. Le film a été remarqué à sa sortie car il ébranlait le mythe de l’unité de la Résistance italienne. Sur le plan cinématographique, la mise en scène est très réaliste par sa simplicité et la ville de Venise offre un environnement inattendu à ce type de récit.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gian Maria Volontè, Philippe Leroy, Giulio Bosetti, Anouk Aimée
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Gian Maria Volontè et Anouk Aimée dans Le Terroriste (Il terrorista) de Gianfranco De Bosio.

26 octobre 2024

Caravage (2022) de Michele Placido

Titre original : « L’ombra di Caravaggio »
Autre titre français : « L’Ombre du Caravage »

Caravage (L'ombra di Caravaggio)Rome, vers 1600. Michele-Angelo Merisi, plus connu sous le nom de Caravaggio, est déjà un peintre connu et brillant. Apprenant qu’il utilise des prostituées, des voleurs et des vagabonds comme modèles pour ses tableaux et qu’il est accusé de meurtre, le pape fait effectuer une enquête sur sa moralité par un inquisiteur, appelé l’Ombre…
Caravage est un film italien réalisé par Michele Placido. Il dresse un portrait du peintre dans les derniers mois de sa vie. Ce portrait correspond au mythe qui a longtemps entouré Le Caravage, insistant sur sa réputation sulfureuse et le montrant comme un rebelle contre les règles de l’Église. C’est l’image parfaite de « l’artiste maudit », figure dont raffolent les cinéastes. Il faut savoir que les recherches récentes mettent en doute cet aura de malédiction qui l’entoure (1). Tout paraît excessif dans ce film de Michele Placido : scènes de débauche et de violence, lumières extrêmement sombres pour évoquer le fameux « clair-obscur » du peintre, décors repoussants, cadrages imitant des tableaux, jeux outranciers. Bref, un film très tape-à-l’œil qui souffle dans le sens du vent. De plus, on peut s’interroger sur l’intérêt de faire jouer des acteurs français pour les doubler ensuite en italien (d’ailleurs Isabelle Huppert semble se demander ce qu’elle fait là et Louis Garrel a son visage mono-expressif des mauvais jours). Film assez bien reçu par la critique.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert
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Riccardo Scamarcio dans Caravage (L’ombra di Caravaggio) de Michele Placido.

(1) Lire à ce sujet « Mythe et réalité de l’artiste maudit » sur la page Wikipédia : « L’aura de malédiction qui l’entoure (notamment dans les films de Derek Jarman ou de Michele Placido) a été favorisée par « une extravagante interprétation » homoérotique de certains tableaux, apparue dans les années 1970. » Le mythe semble reposer beaucoup sur les affabulations de ses ennemis (de son vivant). De plus, aucun élément n’atteste d’une fin telle qu’elle est décrite dans le film. Les circonstances exactes de sa mort restent inconnues, même si un registre récemment découvert atteste qu’il est mort « à l’hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice de Porto Ercole, des suites d’une maladie ».

Précédent film sur Le Caravage :
Caravaggio de Derek Jarman (1986) avec Nigel Terry.

27 septembre 2024

La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo

Titre original : « La battaglia di Algeri »

La Bataille d'Alger (La battaglia di Algeri)Entre 1954 et 1957, dans la ville d’Alger, le nouvellement constitué FLN se lance dans une série d’attentats visant policiers et civils européens dans le but de créer un soulèvement populaire. La police est impuissante à démanteler l’organisation et un détachement de parachutistes de l’armée française est appelé en renfort…
La Bataille d’Alger est un film algéro-italien de Gillo Pontecorvo. Le scénario est l’œuvre de Franco Solinas d’après un livre de Yacef Saâdi, l’un des chefs militaires du FLN à Alger. Tourné avec des acteurs en grande majorité non-professionnels, le film a des allures de documentaire. Il fut d’abord interdit en France (comme la plupart des films sur la guerre d’Algérie) et il a fallu un certain recul pour le voir analysé sereinement. De façon assez surprenante, il est assez équilibré dans sa présentation, montrant plus les victimes des attentats aveugles du FLN que l’inverse, présentant le colonel parachutiste comme un soldat honorable qui a une mission difficile, et justifiant souvent les opérations policières. De l’autre côté, les membres du FLN sont très peu nombreux (le soulèvement ultérieur de la population n’intervient que dans les trois dernières minutes), d’une résolution sans faille et parvenant toujours à tromper la vigilance de l’armée. Le film est anticolonialiste, moins militant que l’on pourrait croire dans le sens où il n’édulcore rien ; on peut toutefois objecter qu’il justifie froidement le terrorisme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brahim Hadjadj, Jean Martin
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Brahim Hadjadj (à droite) dans La Bataille d’Alger (La battaglia di Algeri) de Gillo Pontecorvo.

3 septembre 2024

Cléopâtre une reine pour César (1962) de Piero Pierotti et Viktor Tourjansky

Titre original : « Una regina per Cesare »

Cléopâtre une reine pour César (Una regina per Cesare)Cléopâtre VII et Ptolémée XIII montent sur le trône d’Egypte que leur père leur a légué. Ils se combattent pour régner seul. Ptolémée réussit à emprisonner sa sœur mais le chef des gardes, Achillas, la sauve et tous deux s’enfuient. Dès lors, Cléopâtre est bien décidée à regagner le trône qu’elle a perdu…
Cléopâtre une reine pour César est un péplum italien de Piero Pierotti et Viktor Tourjanski. Alors que les déboires de l’interminable tournage du Cléopâtre de Mankiewicz alimentait la presse, un producteur italien eut l’idée d’exploiter cette publicité gratuite et de tourner rapidement son petit Cléopâtre. L’histoire se concentre sur sa lutte avec son frère pour accéder au trône et se termine là où d’autres films commencent, avec la scène du tapis face à Jules César (qui n’apparaît donc que très peu). Si les décors, la pauvreté des dialogues, l’absence d’acteurs de premier plan montrent bien qu’il s’agit d’une série B, quelques scènes de foules surprennent par leur ampleur (même si le décor forestier de la grande bataille finale n’évoque pas vraiment l’Egypte). Cléopâtre est interprétée par la française Pascale Petit qui assez crédible dans son rôle. Assez bien réalisé mais pas vraiment passionnant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pascale Petit, George Ardisson, Akim Tamiroff, Gordon Scott
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Pascale Petit et Corrado Pani dans Cléopâtre une reine pour César (Una regina per Cesare) de Piero Pierotti & Viktor Tourjansky.

Remarques :
• 20th Century Fox (producteur du Cléopâtre de Mankiewicz) a acheté les droits sur le film afin d’en limiter la distribution.
• Sur certaines affiches, seul le nom de P. E. Stanley (pseudonyme de Piero Pierotti) apparaît comme réalisateur. Sur d’autres, seul le nom de Viktor Tourjansky (ou W. Tourjansky) est mentionné.
• Ultime réalisation de Viktor Tourjansky (dont les premières réalisations datent de 1914).

Gordon Scott, Pascale Petit et Franco Volpi dans Cléopâtre une reine pour César (Una regina per Cesare)
de Piero Pierotti & Viktor Tourjansky.
Il existerait une version alternative de la scène finale du tapis où Cléopâtre apparait nue devant César. Cette photo semble en témoigner, à moins que ce soit juste une « photo promotionnelle »
(Cléopâtre est normalement habillée dans cette scène).

1 septembre 2024

L’Enlèvement (2023) de Marco Bellocchio

Titre original : « Rapito »

L'enlèvement (Rapito)1858. Bologne fait alors partie des États pontificaux. Dans le quartier juif, les soldats du pape viennent s’emparer d’un fils de la famille Mortara qui a près de sept ans. Ils agissent sur l’ordre de l’Inquisiteur de Bologne qui déclare que l’enfant a été baptisé chrétiennement et doit être élevé comme un chrétien. Les parents ignorent tout de ce prétendu baptême et sont désemparés…
L’Enlèvement un film italien coécrit et réalisé par Marco Bellocchio. Le récit s’inspire de l’histoire vraie d’Edgardo Mortara qui suscita à l’époque un scandale international, allant jusqu’à provoquer des protestations de chefs d’état, y compris de Napoléon III dont les garnisons permettaient au pape de maintenir le statu quo en Italie. Si l’enlèvement est en soi stupéfiant, ce qu’est devenu ensuite le petit Edgardo l’est tout autant. La reconstitution de cette affaire par Marco Bellocchio est scrupuleuse, prenant soin d’expliquer l’inflexible position dogmatique du pape Pie IX, une position qui lui coutera si cher (1). Le cinéaste évite tout effet de dramatisation qui aurait été superflu. Très bonne interprétation. L’enlèvement est un film qui a l’avantage de nous révéler un morceau d’histoire qui (du moins en ce qui me concerne) nous était inconnu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paolo Pierobon, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi, Enea Sala, Leonardo Maltese, Filippo Timi
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(1) Cette position jugée anachronique par tous va isoler les États pontificaux et explique en partie l’absence de réaction des États catholiques lors de leur annexion par l’Italie en 1870. (extrait de l’article Wikipédia sur l’Affaire Mortara).

Barbara Ronchi et Enea Sala dans L’enlèvement (Rapito) de Marco Bellocchio.