25 juillet 2022

Old Joy (2006) de Kelly Reichardt

Old JoyDeux amis de longue date partent camper dans les forêts de l’Oregon le temps d’un week-end. Ils se retrouvent confrontés aux différences qui les opposent : l’un est marié et ancré dans la vie adulte, l’autre ne parvient pas à se défaire de la douce insouciance de sa jeunesse…
Old Joy est un film américain réalisé par Kelly Reichardt, son second long métrage. La réalisatrice en a écrit le scénario avec Jonathan Raymond. Il s’agit d’un road-movie dont le thème central est l’évolution différente de deux amis et la perte des utopies. Le titre fait référence à une phrase de l’un des deux personnages : « Sorrow is nothing but worn out joy » (La tristesse n’est qu’une joie passée). La réflexion n’est toutefois pas poussée très loin et les deux personnages ne sont pas toujours très loquaces. Au début du voyage, la réalisatrice filme à travers les vitres de la voiture : la traversée des banlieues industrielles déclassées débouche sur la nature verdoyante et forestière. L’un des deux amis est interprété par Will Oldham, plus connu en tant que chanteur et compositeur. Old Joy a permis à Kelly Reichardt d’acquérir en Europe un début de reconnaissance.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Daniel London, Will Oldham
Voir la fiche du film et la filmographie de Kelly Reichardt sur le site IMDB.
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Old JoyWill Oldham et Daniel London dans Old Joy de Kelly Reichardt.

Remarques :
* Le but de leur virée est Bagby Hot Springs (= Les sources chaudes de Bagby) dans les Cascade Mountains, à environ 100 kms au sud-est de Portland, Oregon. Site officiel
* Si la chienne Lucy joue avec tant de naturel, c’est parce qu’il s’agit du propre chien de la réalisatrice !

26 juin 2022

The Climb (2019) de Michael Angelo Covino

The ClimbKyle et Mike sont deux meilleurs amis aux tempéraments très différents mais dont l’amitié a toujours résisté aux épreuves. Jusqu’au jour où, au cours d’une randonnée à vélo en montagne, Mike annonce à Kyle qu’il a couché avec la femme que Kyle doit épouser…
The Climb est une comédie dramatique américaine co-écrite, réalisée et interprétée par Michael Angelo Covino. The Climb fut d’abord un court métrage de 8 minutes. Le long métrage le reprend en premier chapitre. The Climb, le film, est en effet structuré en sept chapitres, sept épisodes de l’amitié des deux compères avec des ellipses plus ou moins longues entre chaque. La forme est plaisante. Un long plan-séquence occupe la majeure partie de chaque chapitre, sans recherche apparente de la virtuosité, simplement pour mieux nous faire vivre chaque moment en temps réel. Les dialogues tiennent une grande place. Michael Covino est influencé par le cinéma français : il cite dans ses inspirations Truffaut, Godard, Varda, Rohmer et aussi Sautet et Tavernier. En outre, il rend un hommage à Pierre Etaix.  Côté américain, on pourrait ajouter Altman et même Woody Allen. Il y a beaucoup d’humour dans les situations avec de nombreuses bonnes trouvailles de scénario. Personnellement, je ne pense pas qu’il faille y chercher plus que l’humour dans ces péripéties qui mettent l’amitié à rude épreuve. L’ensemble est original et plaisant. Le film a été très bien accueilli par la critique mais moins bien par le public. C’est dommage… personnellement, j’aime beaucoup.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kyle Marvin, Michael Angelo Covino, Gayle Rankin, Talia Balsam
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The ClimbGayle Rankin, Kyle Marvin et Michael Angelo Covino dans The Climb de Michael Angelo Covino.

24 juin 2022

Kramer contre Kramer (1979) de Robert Benton

Titre original : « Kramer vs. Kramer »

Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer)Ted Kramer, un dessinateur publicitaire new-yorkais, s’est polarisé sur son emploi. Sa femme, Joanna, n’en peut plus d’être enfermée dans son rôle d’épouse. Un soir, elle lui annonce qu’elle le quitte en lui laissant la garde de leur fils Billy. Ted est alors contraint de concilier ses activités professionnelles avec l’éducation de son fils…
Kramer contre Kramer est un film américain réalisé Robert Benton. Il a écrit lui-même l’adaptation du roman d’Avery Corman paru en 1977. Le romancier a avoué depuis l’avoir écrit pour prendre le contrepied de l’opinion répandue chez les féministes de considérer tous les hommes comme des affreux. Il a donc inversé le schéma le plus répandu : c’est ici la femme qui se montre en apparence égoïste et part sans laisser d’adresse. Dans l’esprit des producteurs du film (et du réalisateur), il y avait la volonté de faire un film marqueur d’une génération, comme Le Lauréat (The Graduate) l’avait été quelque dix ans auparavant. Le film aborde le thème des retombées du divorce, de l’expérience monoparentale, le tout dans un contexte de reconnaissance des droits des femmes.
Le film est très hollywoodien, utilisant sans vergogne de grosses ficelles pour toucher et émouvoir. Il n’y a rien de remarquable de ce côté. La qualité du film tient plus à son interprétation. En grand praticien de la Méthode (Actor’s Studio), Dustin Hoffman fait une superbe prestation dans ce rôle idéal pour ce type d’interprétation. Meryl Streep n’a que quelques scènes mais se montre tout aussi intense. Elle fut malmenée au tournage par Dustin Hoffman qui usait de moyens très discutables pour la faire entrer dans son personnage. Le succès fut immense, salué par pas moins de cinq Oscars, ce qui peut paraître excessif. La valeur de Kramer contre Kramer est certainement plus sociologique que cinématographique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Meryl Streep, Jane Alexander, Justin Henry, Howard Duff, George Coe
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Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer)Dustin Hoffman et Justin Henry dans Kramer contre Kramer (Kramer vs. Kramer) de Robert Benton.

20 juin 2022

La Fièvre dans le sang (1961) de Elia Kazan

Titre original : « Splendor in the Grass »

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) Dans une petite ville du Kansas, en 1928, Deanie (Natalie Wood) et Bud (Warren Beatty) sont amoureux l’un de l’autre. Le père de Bud, riche homme d’affaires, a d’ambitieux projets pour son fils. De son côté, Deanie, issue d’une famille de classe moyenne, se voit contrainte par sa mère de respecter la morale conservatrice dominante et de ne faire aucun écart de conduite avant le mariage…
La Fièvre dans le sang est un film américain réalisé par Elia Kazan, sorti en 1961. Le scénario a été écrit par le dramaturge et romancier William Inge, basé sur des personnes qu’il a connues quand il était adolescent au Kansas dans les années 20. Avec cette histoire d’amour passionné, Elia Kazan continue ce qu’il a fait film après film : dresser un portrait des Etats-Unis avec ses idéaux et ses travers, ici le poids du puritanisme, source d’immobilisme. Il montre que certaines des valeurs morales et économiques vacillent, tout en affichant un optimisme lié aux individus. Comme toujours avec Kazan, les sentiments sont intenses, les personnages démonstratifs et les pulsions très présentes. La Fièvre dans le sang est un film assez puissant dans son exposé, un film vraiment remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Warren Beatty, Pat Hingle, Audrey Christie, Barbara Loden, Zohra Lampert
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Remarque :
* Premier film avec Warren Beatty.
* Le titre original, Splendor in the Grass, est tiré d’un poème de William Wordsworth que Deanie lit en classe. Le terme symbolise une vision idéalisée de la vie que l’on a dans sa jeunesse, que l’on perd ensuite mais cette perte nous rend plus fort :
    What though the radiance which was once so bright
    Be now for ever taken from my sight,
    Though nothing can bring back the hour
    Of Splendor in the Grass, glory in the flower
    We will grieve not; rather find
    Strength in what remains behind.
(poème « Ode: Intimations of Immortality from Recollections of Early Childhood« )

La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass)Natalie Wood et Warren Beatty dans La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) de Elia Kazan.

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19 juin 2022

House of Gucci (2021) de Ridley Scott

House of GucciÀ la fin des années 1970, le jeune Maurizio Gucci tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Aidée par l’oncle de Maurizio, codirigeant de la maison de couture avec son père, Patrizia réussit à le convaincre de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier …
House of Gucci est un film biographique américain réalisé par Ridley Scott. Il est adapté du livre homonyme écrit par Sara Gay Forden et paru en 2001. L’histoire relate les quelque vingt années où les membres de la famille Gucci ont intrigué (et pire encore) entre eux pour finalement perdre totalement la marque familiale crée par leurs ancêtres. Le récit est teinté d’un glamour qui peut le rendre attrayant mais l’ensemble finit par sembler un peu long car Ridley Scott n’a pas trouvé le moyen de donner à son film une dimension supplémentaire pour le rendre remarquable. La mise en scène est toutefois somptueuse et efficace, très professionnelle, le film a été bouclé en 43 jours ce qui paraît exceptionnel. Le cinéaste a su réunir un beau plateau d’acteurs. Lady Gaga s’y montre étonnante en exprimant une force et une présence phénoménales dans son jeu. Adam Driver et Jared Leto sont également remarquables. Gros succès en salles.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto, Jack Huston, Salma Hayek, Camille Cottin
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House of GucciAdam Driver et Lady Gaga dans House of Gucci de Ridley Scott.

12 juin 2022

Le Garçon aux cheveux verts (1948) de Joseph Losey

Titre original : « The Boy with Green Hair »

Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)Dans une petite ville américaine, le jeune Peter, orphelin de guerre, est recueilli par vieil artiste de cirque. Un matin, après son bain, Peter se retrouve soudain avec les cheveux verts. Du jour au lendemain, il devient un objet de curiosité, puis une victime de ses camarades et aussi des adultes…
Le Garçon aux cheveux verts est un film américain de Joseph Losey, son premier long métrage. Le film se situe dans la cadre d’une volonté du nouveau directeur de production de la RKO, Dore Schary, de lancer une série de films à petit budget sur des sujets ambitieux à portée sociale, ce qui est à l’époque révolutionnaire (à Hollywood). Le Garçon aux cheveux verts est une parabole sur la tolérance, la rencontre de l’autre et la peur de la différence. C’est aussi un pamphlet contre les guerres, montrant comment les enfants en sont les victimes collatérales. Tout louable qu’il soit, le message peine à passer du fait d’une certaine lourdeur dans la démonstration mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une fable. Tout le film est un flashback, raconté par le jeune garçon, ce qui le rend potentiellement efficace auprès des enfants. Quelques passages sont assez émouvants. Le film a bien entendu été tourné en couleurs. Il n’eut que peu de succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pat O’Brien, Robert Ryan, Barbara Hale, Dean Stockwell
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Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair)Dean Stockwell dans Le Garçon aux cheveux verts (The Boy with Green Hair) de Joseph Losey.

1 juin 2022

L’oncle Harry (1945) de Robert Siodmak

Titre original : « The Strange Affair of Uncle Harry »

L'oncle Harry (The Strange Affair of Uncle Harry)Harry Quincey, surnommé « Oncle Harry », vit avec ses deux sœurs, Lettie et Hester, dans leur maison du New Hampshire, dernier vestige d’une fortune familiale perdue lors de la Grande Dépression. Un jour, Deborah Brown arrive de New York pour travailler dans la même entreprise que Harry. Très vite, ils tombent amoureux. Extrêmement jalouse, Lettie va tout faire pour empêcher leur union…
The Strange Affair of Uncle Harry est un film américain de Robert Siodmak. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Thomas Job montée à Broadway en 1942. Juste avant ses films noirs les plus célèbres (dont le fameux Les Tueurs en 1946), Robert Siodmak a réalisé coup sur coup deux films à suspense, de thèmes assez proches : The Suspect et cet Uncle Harry. L’histoire, qui met en scène un homme sous l’emprise de ses deux sœurs, n’est sans doute pas remarquable par son écriture ; elle l’est plutôt par son climat assez trouble et sa peinture sarcastique de la bourgeoisie provinciale. Georges Sanders fait une bonne prestation, même s’il est meilleur quand fait preuve de duplicité, ce qui n’est pas le cas ici. L’épilogue paraît plaqué… C’est effectivement le cas : Universal a imposé ce dénouement ridicule par crainte de la censure du Code Hays. Heureusement cette ultime séquence ne dure qu’une minute à peine et n’empêche donc pas d’apprécier le film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: George Sanders, Geraldine Fitzgerald, Ella Raines, Sara Allgood, Moyna MacGill
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Remarques :
* Furieuse de la fin imposée, la productrice Joan Harrison a claqué la porte d’Universal alors qu’elle devait encore deux films sous contrat. Siodmak n’a pu se permettre d’en faire autant.
* RKO et Republic avaient également manifesté leur intérêt d’adapter la pièce mais avaient renoncé par crainte de la censure.
* Epilogue initialement prévu : Harry, rongé par le remords, se laissait interner en hôpital psychiatrique.

L'oncle Harry (The Strange Affair of Uncle Harry)Geraldine Fitzgerald et George Sanders
dans L’oncle Harry (The Strange Affair of Uncle Harry) de Robert Siodmak.

30 mai 2022

Nomadland (2020) de Chloé Zhao

NomadlandNomadland est un film américain écrit et réalisé par la réalisatrice chinoise (vivant aux Etats-Unis) Chloé Zhao. Il est basé sur le livre du même nom de la journaliste Jessica Bruder, paru en 2017, qui analysait le phénomène des Américains âgés qui, après la crise économique de 2008, ont adopté des modes de vie nomades en voyageant à travers les États-Unis à la recherche de travail saisonnier. Mais le film de Chloé Zhao n’est pas un documentaire puisque la cinéaste a centré son scénario sur un seul personnage, une femme sexagénaire, veuve depuis peu. Cette femme est peu expensive mais le récit nous fait découvrir peu à peu sa personnalité et nous laisse comprendre ses choix et ses motivations. Bien entendu, Nomadland a aussi des qualités d’étude sociologique, Frances Dormand (également productrice puisque c’est elle qui a acheté les droits du livre) s’est beaucoup investie personnellement en vivant plusieurs mois comme son personnage dans une camionnette aménagée. Presque toutes les personnes rencontrées jouent leur propre rôle, y compris Suanne Carlson et Bob Wells qui ont fondé une association pour aider les nomades. Le film a été couvert de récompenses dont trois Oscars.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frances McDormand, Gay DeForest, Patricia Grier
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NomadlandFrances McDormand dans Nomadland de Chloé Zhao.

22 mai 2022

La Conquête de l’espace (1955) de Byron Haskin

Titre original : « Conquest of Space »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Dans le futur proche (années 1980), une station orbitale, La Roue, abrite une équipe technique composée de militaires. Un vaisseau spatial est en construction à ses côtés dans le but d’aller sur la lune. Mais c’est en réalité à destination de Mars qu’une petite équipe appareille finalement…
Conquest of Space est un film américain de science-fiction réalisé par Byron Haskin et produit par George Pal qui le voyait comme une suite à son Destination Moon (1950). Il est basé sur le livre homonyme de l’écrivain de vulgarisation scientifique Willy Rey, livre qui était illustré par Chesley Bonestell. L’adaptation est signée Barré Lyndon, auteur de l’adaptation de La Guerre des mondes (1953) de H.G. Wells. Le projet initial de George Pal incluait un voyage vers trois planètes (Venus, Mars et Jupiter) mais Paramount, effrayé par le coût potentiel, le força à se limiter à une seule et à inclure une affligeante intrigue sur une dissension père-fils. Cette tension est alimentée par des questionnements religieux qui, s’ils sont pesants et pénibles, ont un petit intérêt historique : il y a avait effectivement à l’époque de nombreuses voix pour affirmer que l’homme n’avait pas à aller dans l’espace, le domaine réservé à Dieu (1).
Mais l’intérêt de Conquest of Space est ailleurs, il est dans cette tentative de créer une anticipation réaliste des programmes spatiaux (2). Wernher von Braun, qui sera l’ingénieur en chef de la future NASA, était conseiller technique sur le plateau et son livre Mars Project a servi de base pour de nombreux points précis, notamment la forme de la station orbitale. Chesley Bonestell a dessiné certains décors, sa planète Mars vue de haut est superbe. Bien entendu, il est aisé de déceler plusieurs aberrations, même en tenant compte des connaissances de l’époque, ou de sourire à certains moments mais l’ensemble se tient. La réalisation n’est pas parfaite, les incrustations sont notamment très visibles (cette technique n’était encore pas bien maitrisée), mais elle se situe plutôt parmi les meilleures de cette époque. Bref, c’est un film intéressant à regarder, à condition de garder une certaine indulgence. Conquest of Space fut un cuisant échec commercial et financier qui scella la fin des films réalistes sur l’espace. Il faudra attendre 2001, l’odyssée de l’espace en 1968 pour les voir renaître. Entre deux, l’espace restera le domaine des monstres et des envahisseurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brooke, Eric Fleming, Mickey Shaughnessy, William Hopper, Ross Martin
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Remarque :
* Willie Ley (Willy Otto Oskar Ley) est d’origine allemande. Ses premiers livres sur les fusées datent de 1927. Il était conseiller technique sur Frau Im Mond de Fritz Lang (1929). Il a fui l’Allemagne nazie en 1935 pour s’établir aux Etats-Unis, où il a continué à publier des livres sur l’espace et les fusées. Il a co-signé un livre avec Wernher von Braun en 1953, The Conquest of the Moon.

(1) Cette intrusion de la religion était déjà présente dans La Guerre des mondes mais de façon bien plus subtile qu’ici.
(2) Le slogan sur l’affiche ci-dessus proclame : « Venez voir comment cela va arriver… de votre vivant »

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

La Conquête de l'espace (Conquest of Space)Phil Foster et Eric Fleming dans La Conquête de l’espace (Conquest of Space) de Byron Haskin.

19 mai 2022

L’étoffe des héros (1983) de Philip Kaufman

Titre original : « The Right Stuff »

L'étoffe des héros (The Right Stuff)L’Étoffe des héros retrace l’épopée des pilotes d’essai américains d’après-guerre, du passage du mur du son par Chuck Yeager aux premiers vols spatiaux habités du programme Mercury de 1958 à 1963…
Il s’agit de la transposition cinématographique du livre de l’écrivain et chroniqueur américain Tom Wolfe (L’Étoffe des héros, paru en 1979). Philip Kaufman en a écrit l’adaptation. Bien documenté, le récit de plus de trois heures respecte assez bien la réalité historique (1) même si le cinéaste donne une très (trop sans doute) grande place à l’humour afin de le rendre plus attrayant. Il souligne également très fortement l’esprit d’indépendance des pilotes (2). En toute logique, le propos général exalte le patriotisme américain mais sans excès, laissant même entrevoir quelques piques discrètes envers le rêve américain. D’autre part, le vice-président Lyndon B. Johnson est présenté comme un clown, ce qui est certainement excessif. Cette grande fresque reste un beau témoignage des débuts de la conquête de l’espace. Malgré tous les moyens mis en œuvre pour en faire un grand film populaire et de bonnes critiques, L’Étoffe des héros fut un échec commercial qui traduit probablement le désintérêt du public après la fin du programme Apollo, dix ans auparavant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sam Shepard, Scott Glenn, Ed Harris, Dennis Quaid, Fred Ward, Barbara Hershey, Kim Stanley, Veronica Cartwright, Jeff Goldblum
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Remarques :
* Nommé à aucun instant, l’ingénieur en chef du programme est Wernher von Braun, brillant ingénieur mais ancien responsable nazi. Récupéré par les Américains avec son équipe à la fin de la guerre, Von Braun avait travaillé à la mise au point de fusées dès 1933 pour le régime nazi. Pendant la guerre, les missiles balistiques V1/V2 ont été construits par des prisonniers dans des conditions inhumaines. Des milliers en sont morts. Ces missiles ont fait plus de morts pendant leur construction qu’en tant qu’arme de destruction.
* Caméo : Le véritable Chuck Yeager fait une courte apparition dans une scène dans le Pancho’s Bar à environ 55 minutes (il avait alors 60 ans). C’est lui qui sert à boire aux deux prospecteurs de la NASA venus chercher des pilotes d’essai. Chuck Yeager vivra jusqu’à l’âge de 97 ans (il est décédé en 2020).

(1) La scène où Gus Grisom panique pour sortir de sa capsule a été critiquée car elle laisse supposer que l’astronaute a fait une erreur alors que la NASA a considéré, après enquête, qu’il n’était pas fautif et l’a conservé pour le programme Apollo (il perdra la vie dans l’accident d’Apollo 1). La capsule a finalement été repêchée en 1999 et l’a définitivement innocenté.
(2) Sur ce thème, le dernier départ montré de Chuck Yeager, décollant sans autorisation, est une exagération scénaristique un peu risible.

L'étoffe des héros (The Right Stuff)Ed Harris dans L’étoffe des héros (The Right Stuff) de Philip Kaufman.