10 mars 2012

Le braqueur – la dernière course (2010) de Benjamin Heisenberg

Titre original : « Der Räuber »

Le braqueur - la dernière courseA sa sortie de prison, Johann Rettenberger continue de s’entraîner longuement à la course de fond et gagne haut la main le marathon de Vienne. Il braque aussi des banques… Film allemand, Le braqueur – la dernière course est librement adapté d’un roman de Martin Priz basé sur une histoire vraie. Le film est assez original de par son atmosphère et son traitement. Le personnage du braqueur est assez étonnant, taciturne et totalement impénétrable, il semble agir comme un robot, sans âme ni sentiment. Pourquoi braque t-il des banques ? Il semble avoir une motivation profonde mais on ne la connaitra pas, hélas, à part n’avoir qu’un but : courir. Nous n’aurons pas plus d’indices sur son passé. Nous restons en surface. Dès lors, le film peut paraître un peu lassant et répétitif… On profitera toutefois de quelques belles prises de vue pendant les courses ; celles où on le suit dans un dédale de couloirs sont étonnantes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Andreas Lust, Franziska Weisz, Markus Schleinzer
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9 mars 2012

Le rôdeur (1951) de Joseph Losey

Titre original : « The Prowler »

Le rôdeurAyant aperçu un rôdeur par sa fenêtre, une femme seule dans une grande maison appelle la police qui ne trouve sur place nulle trace suspecte. L’un des deux policiers revient un peu plus tard pour chercher à nouer une relation… Le Rôdeur est le troisième long métrage de Joseph Losey, réalisé aux Etats-Unis donc, peu avant qu’il ne quitte définitivement son pays sous la pression du maccarthisme. C’est un film noir tourné avec peu de moyens mais qui montre une belle maitrise technique, que ce soit sur le plan de l’image ou du déroulement du scénario. L’image est d’un très beau noir et blanc, au contraste assez poussé. Le scénario est remarquable par la profondeur des deux personnages principaux qui nous apparaissent sous de multiples facettes avec une belle complexité. Joseph Losey met à mal l’idéal américain : ce policier désire lui aussi pouvoir en profiter, quels que soient les moyens à utiliser pour y parvenir. Le rôdeur est ainsi, non seulement un film noir prenant, mais aussi une fine analyse sociale.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Van Heflin, Evelyn Keyes
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Remarques :
Les producteurs du film sont Sam Spiegel (sous le nom de S.P. Eagle) et John Huston (non crédité) qui était à l’époque marié à Evelyn Keyes.

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8 mars 2012

L’illusionniste (2010) de Sylvain Chomet

L'illusionnisteLe déclin du music-hall parisien en cette fin des années cinquante pousse un magicien à s’exiler en Angleterre. Il y découvre la même situation, encore aggravée par la vogue du rock. Ce n’est qu’au fin fond de l’Ecosse qu’il peut trouver un contrat pour une soirée unique. Il y fait la rencontre d’une fillette qui, subjuguée par son pouvoir, le suit ensuite à Edinbourg… L’illusionniste est un film d’animation basé sur un scénario inachevé de Jacques Tati (1). Il est superbement réalisé en 2D, d’un graphisme de toute beauté avec beaucoup d’inventivité dans les points de vue et une grande attention au détail (2). C’est un festival pour les yeux. A l’heure où l’animation 3D a envahi les écrans de leurs images criardes, il est réconfortant de voir un tel film avec un graphisme tout en nuances et en subtilités. Le contenu est en revanche un peu moins fort, Sylvain Chomet insistant un peu trop sur les côtés gentiment rétro et nostalgiques pour créer la poésie. Son personnage (qui a la silhouette de Tati) n’a pas, hélas, toutes les facettes de son modèle. Très original, L’illusionniste est un film à voir pour sa beauté et sa délicate poésie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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(1) C’est la fille de Jacques Tati, Sophie Tatischeff, qui a transmis le scénario inachevé à Sylvain Chomet après avoir vu son film Les Triplettes de Belleville qui était très proche de l’univers de Tati.
(2) Certains plans, comme le traveling circulaire autour de la ville d’Edimbourg (après qu’il ait relâché son lapin), sont absolument époustouflants pour de la 2D !

7 mars 2012

Katia (1938) de Maurice Tourneur

KatiaAu milieu du XIXe siècle, le tsar Alexandre II fait la connaissance d’une jeune fille aristocrate de province, indisciplinée de caractère. Il s’en éprend et cherche à la revoir… Un insert au début de Katia nous avertit qu’il s’agit là, non pas de faits historiques mais de personnages de roman. La précision semble bien inutile quand on voit le film tant cette histoire paraît enfantine et idéalisée, le genre d’histoire qui fait (ou plutôt : faisait) rêver les jeunes filles. Il y avait aussi, en cette seconde moitié des années trente, une certaine mode des films ou romans sur la Russie tsariste. Cette histoire à l’eau de rose permet à Maurice Tourneur de recréer l’univers des tsars et surtout de mettre en valeur la toute jeune (20 ans) Danielle Darrieux avec force toilettes et bijoux.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Danielle Darrieux, John Loder, Aimé Clariond, Marie-Hélène Dasté
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Remarques :
Katia est adapté d’un roman de Lucile Decaux par Jacques Companéez (le père de Nina Companéez).

Remake :
Katia de Robert Siodmak (1959) avec Romy Schneider et Curd Jürgens.

6 mars 2012

Dodes’ka-den (1970) de Akira Kurosawa

Titre original : « Dodesukaden »

DodeskadenAlors que le Japon est en plein boom économique, Akira Kurosawa adapte un roman de Shûgorô Yamamoto qui met en scène les habitants d’un petit bidonville en bordure d’une grande métropole japonaise. Kurosawa pense que « le miracle économique ne durera pas car il prend appui sur la misère morale et l’injustice ». Loin d’être un film rebutant ou misérabiliste, Dodes’Ka-den est un très beau film, d’une humanité rare. Dodes’Ka-den est une onomatopée que les enfants japonais utilisent pour imiter le bruit du train sur les rails. C’est le bruit que fait l’adolescent Rokuchan en conduisant son tramway imaginaire. Dodeskaden Il ouvre et clôt le film qui est centré sur une douzaine de personnages. Il y a beaucoup de choses dans Dodes’Ka-den : des drames, de l’humour, du rêve, de la poésie, de la beauté. Le film est d’ailleurs très beau plastiquement parlant : pour son premier film tourné en couleurs, Kurosawa a repeint tous les objets, même les plus anodins et a tout filmé en studio. Même le ciel est peint. Cela accroit ce sentiment d’être à côté du monde réel. Le dénuement des personnages permet à Kurosawa de mieux pénétrer les profondeurs de l’âme humaine. Il ne faut surtout pas se laisser effrayer par le sujet, Dodes’Ka-den est un film superbe, d’une très grande humanité.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yoshitaka Zushi, Tomoko Yamazaki, Yûko Kusunoki, Kunie Tanaka
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Remarques :
Entre Barberousse (également adapté d’un roman de Shûgorô Yamamoto) et Dodes’Ka-den, Kurosawa a été pressenti dans le cadre de plusieurs projets à Hollywood mais aucun n’a abouti.

Voir une critique plus complète de Dodes’Ka-den sur Dvdclassik

5 mars 2012

Holiday (2010) de Guillaume Nicloux

HolidayUn couple de parisiens accompagnés d’une belle-mère arrive dans un hôtel de province pour le week-end. Celui-ci va se révéler être un peu moins paisible que prévu… Holiday est une comédie policière, variation ou parodie des films à énigmes de type Agatha Christie : un meurtre commis dans un lieu fermé. L’ensemble est complètement loufoque (c’est le bon côté du film) mais un peu lourdement appuyé sur le sexe, tombant dans la facilité et le manque de finesse (c’est le mauvais côté du film). Le scénario a la fâcheuse tendance à mettre bout à bout des situations sans vraiment lier l’ensemble, cherchant plus à faire des effets. Il y a cependant quelques bonnes trouvailles. Holiday fait passer un bon moment mais finalement on a un peu trop l’impression d’un film qui tombe dans la facilité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Judith Godrèche, Josiane Balasko, Marc Rioufol
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2 mars 2012

Feu Mathias Pascal (1924) de Marcel L’Herbier

Feu Mathias PascalFils oisif d’une famille italienne ruinée, Mathias Pascal ne rêve que d’une chose : la liberté. Il épouse sans conviction une jeune fille qui est amoureuse de lui. Fuyant une belle-mère acariâtre et une femme devenue indifférente, il s’enfuit à Monte Carlo. Un évènement inattendu va lui donner l’occasion de passer pour mort. Va-t-il ainsi atteindre son idéal de liberté ? Feu Mathias Pascal est adapté d’un roman de Luigi Pirandello par Marcel L’Herbier lui-même. C’est un film assez inclassable : il semble osciller entre le burlesque et le drame. L’acteur russe Ivan Mosjoukine donne au film une dimension exceptionnelle, avec un jeu original et très complet, parfois très léger mais aussi très intense. Marcel L’Herbier a tourné les extérieurs à San Gimignano et à Rome, profitant même des fêtes locales pour filmer des scènes de foule. Pour les intérieurs, la première partie fait la part belle aux éclairages assez sombres pour exprimer l’enfermement alors que la seconde partie est plus lumineuse. Il y a alors de très belles scènes, notamment dans la pension de famille où il joue beaucoup avec les persiennes. Il joue aussi avec les volumes intérieurs, les pièces sont immenses. Marcel L’Herbier a bien entendu quelques effets visuels très originaux, surimpressions, incrustations. Feu Mathias Pascal Le rythme varie, il est le plus souvent enlevé, avec un montage très vif. Le compositeur américain Timothy Brock a composé une partition orchestrale pour Feu Mathias Pascal lors du Festival de Bologne en 2009. Elle est admirable car elle colle parfaitement à l’image et au rythme des scènes. Elle enrichit le film d’une dimension supplémentaire. Le jeune Michel Simon et Pauline carton apparaissent brièvement dans des seconds rôles. (Film muet de 170 mn)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ivan Mosjoukine, Marcelle Pradot, Lois Moran, Michel Simon, Pauline Carton
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Remakes :
L’homme de nulle part de Pierre Chenal (1937) avec Pierre Blanchar
Le due vite di Mattia Pascal de Mario Monicelli (1985) avec Marcello Mastroianni

1 mars 2012

Le bruit des glaçons (2010) de Bertrand Blier

Le bruit des glaçonsPar une journée ensoleillée d’hiver, un inconnu sonne chez un écrivain célèbre qui vit reclus dans un mas provençal isolé un seau à glace bien rempli dans les bras à longueur de journée : « Bonjour, je suis votre cancer. Je me disais que ce serait pas mal qu’on fasse connaissance. » … Parvenir à faire une comédie sur un homme qui va mourir d’un cancer dans les trois mois est une entreprise plutôt périlleuse. Avec Le bruit des glaçons, Bertrand Blier revisite avec brio le thème de l’ange de la mort qui vient tourmenter sa victime. La maladie prend ainsi un visage : il est teigneux, sûr de lui, envahisseur, faussement désinvolte. Albert Dupontel exprime parfaitement toutes ces facettes. Ecrit avec intelligence par Bertrand Blier lui-même, Le bruit des glaçons doit aussi beaucoup à ses acteurs : Jean Dujardin montre une maturité inhabituelle et il faut saluer la performance sensible d’Anne Alvaro. L’humour noir, la verve et la truculence de Bertrand Blier font le reste. Son cinéma ne fera sans doute jamais l’unanimité, mais il est unique et tranche avec l’envahissante normalité. Pour notre plus grand plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Emile Berling
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