Titre original : « Emperor of the North Pole »
1933. La Grande Dépression a transformé des milliers d’américains en vagabonds qui errent à la recherche d’un travail, voyageant illégalement en train pour traverser le pays. L’un d’eux, surnommé Numéro 1, met au défi Shack, un chef de train brutal et sadique, en annonçant qu’il voyagera sur son train jusqu’à Portland. Un jeune hâbleur du nom de Cigarette sera aussi du voyage…
L’empereur du Nord est librement inspiré d’un roman de Leon Ray Livingston, From Coast to coast with Jack London (1917), qu’il écrit sous le pseudonyme de « A-No.-1 » (1). Robert Aldrich évacue tout aspect humaniste ou social : le drame de cette période de crise est ici réduit à la confrontation aussi violente qu’inutile de deux individus. Il en fait un jeu du chat et de la souris, impression renforcée par la musique qui évoque les films muets burlesques dans certaines scènes, mais la violence est omniprésente (le meurtre de la scène d’ouverture est rapide mais vraiment horrible). Comme dans nombre de ses précédents films, Aldrich dépasse la notion de bien et de mal ; les victimes peuvent ici se transformer rapidement en bourreaux. Le principal attrait (à mes yeux, du moins) du film réside dans la performance des acteurs avec ce face à face de deux « trognes » de cinéma et dans la belle photographie. Le film est en général très apprécié. La fascination de l’homme pour la violence est toujours aussi surprenante…
Elle: –
Lui :
Acteurs: Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner
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(1) Le scénario s’inspire certainement également de The Road (1907) où Jack London raconte sa vie de vagabond. Jack London a effectivement rencontré un « No. 1 » mais ne l’a pas mentionné dans son livre. Jack London aurait lu une préversion du livre de Leon Ray Livingston et l’aurait qualifié de « pure fiction à 98% ». Bien que Jack London ait porté ce surnom de Cigarette quand il était vagabond, le personnage de Cigarette dans le film d’Aldrich n’a rien à voir avec lui.
Remarques :
* Le titre original, Emperor of the North Pole, se base sur une blague du milieu des vagabonds, qui disait que le meilleur vagabond du monde serait « Empereur du pôle Nord », manière de dire qu’il régnerait sur un désert.
* Le titre original fut ensuite raccourci à Emperor of the North pour ne pas prêter à confusion, l’univers arctique étant considéré comme un box office poison (repoussoir de succès).
Ernest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.
Lee Marvin et Keith Carradine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.
Ernest Borgnine n’a pas son pareil pour nous faire de telles trognes… Ernest Borgnine dans L’empereur du Nord de Robert Aldrich.