Antoine n’a jamais travaillé. Il a été élevé par son très riche grand-père chatelain dans le culte du moindre effort. À la mort de ce dernier, la fortune a fondu. Antoine utilise alors son charme pour vivre aux crochets de riches personnes, souvent en séduisant leurs femmes. Ses aventures l’emmènent de Paris à Rome, puis Londres et à nouveau Paris… Un monsieur de compagnie est un film franco-italien écrit et réalisé par Philippe de Broca, d’après un roman d’André Couteaux. Dans la filmographie du réalisateur, il vient après deux gros succès avec Jean-Paul Belmondo (Cartouche et L’Homme de Rio) tout en s’inscrivant plutôt dans la lignée de ses plus modestes trois premiers films (Les Jeux de l’amour, Le Farceur et L’Amant de cinq jours). Jean-Pierre Cassel est en effet ici dans un personnage très proche de ses trois premiers. Filmé dans l’esprit de la Nouvelle Vague, cet éloge de la paresse est farfelu, avec des personnages hauts en couleur et des situations très variées. L’écriture est assez remarquable, le récit est bien rythmé et la fin vraiment réussie. La musique est de Georges Delerue et la photographie de Raoul Coutard. Même s’il n’est pas à la hauteur des meilleurs de Philippe de Broca, le film a beaucoup de charme. Elle: – Lui :
Antoine est entretenu par Madeleine, la directrice d’une maison prospère de haute couture. Lors d’un défilé, Antoine séduit Claire sans savoir qu’elle est la meilleure amie de Madeleine. Ils entament une relation clandestine. Antoine lui fait croire qu’il est riche… L’Amant de cinq jours est un film français réalisé par Philippe de Broca, son troisième long métrage qu’il a écrit une fois de plus avec Daniel Boulanger qui signe les dialogues. Le scénario est basé sur un roman de Françoise Parturier. Il se situe dans la droite ligne de ses deux premiers films avec Jean-Pierre Cassel, à tel point que l’on a l’impression de voir le même personnage. Le film est fort bien interprété mais le problème vient de la situation qui paraît bien convenue et du récit qui n’offre aucun développement un tant soit peu inattendu. L’ensemble est frais et léger mais peu remarquable. Elle: – Lui :
Jean Seberg et Micheline Presle dans L’Amant de cinq jours de Philippe de Broca.Jean-Pierre Cassel et Michel Périer dans L’Amant de cinq jours de Philippe de Broca.
Victor est rieur et désinvolte. Il vit avec Suzanne qui ne rêve que d’une chose : qu’il l’épouse et qu’ils aient des enfants. Mais Victor n’a aucune envie de s’assagir. François, un voisin secrètement amoureux, écoute les espoirs de Suzanne et tente de sermonner Victor… Les Jeux de l’amour est un film français réalisé par Philippe de Broca, son premier long métrage. Il en a écrit le scénario avec Daniel Boulanger sur une idée originale de l’actrice Geneviève Cluny. Ancien assistant de Truffaut et de Chabrol, Philippe de Broca sera assimilé à la Nouvelle vague mais ses films sont d’emblée très différents, ne serait-ce que par leur ton léger. Le réalisateur fait preuve d’une grande maîtrise, tout en étant bien plus classique que ses camarades. Toujours en mouvement, Jean-Pierre Cassel virevolte et prend la vie avec légèreté dans un esprit proche de Fred Astaire (on l’appelait parfois le « Fred Astaire français »). Face à lui, Geneviève Cluny (ex-star de la publicité Colgate) montre une belle présence à l’écran et apporte beaucoup de charme au film. De nombreux acteurs apparaissent dans de petits rôles. L’ensemble a un petit grain de folie joyeuse. Le film eut un certain succès. Elle: – Lui :
Remarque : • Partant de la même histoire originale de Geneviève Cluny (mais, bien entendu, avec un traitement très différent), Jean-Luc Godard tournera l’année suivante Une femme est une femme (1961). • Le film est co-produit par Claude Chabrol qui fait une petite apparition dans le film. • La musique est de Georges Delerue qui apparaît dans le film (le pianiste).
Jean-Pierre Cassel et Geneviève Cluny dans Les jeux de l’amour de Philippe de Broca.
À Paris, en 1649, la Fronde gronde contre le Cardinal Mazarin, premier ministre de la régente Anne d’Autriche. Mazarin demande à D’Artagnan de rallier à sa cause les trois mousquetaires Athos, Porthos et Aramis… Le Retour des Mousquetaires est un film anglais réalisé par Richard Lester, adapté du roman Vingt ans après d’Alexandre Dumas. Le film fait suite à Les Trois Mousquetaires (1973) et On l’appelait Milady (1974) du même réalisateur. Écrite une fois encore par le britannique George MacDonald Fraser, l’adaptation est assez libre : le fils de Milady est devenu une fille qui est au centre de cette histoire. Tout aussi séduisante que sa mère, elle est encore plus redoutable dans sa soif de vengeance car elle excelle dans l’art de l’épée (alors que nos vaillants mousquetaires sont un peu rouillés). Le scénariste étant inchangé, l’esprit reste le même : tout est prétexte à bouffonneries, rien n’est sérieux. Certains gags sont de belles trouvailles comme cette maison truffée de mécanismes actionnés de façon amusante. Beaucoup des acteurs des deux précédents volets ont répondu présent avec quelques nouveaux venus tel Philippe Noiret (hélas affublé en anglais d’une voix de freluquet). Divertissant. Elle: – Lui :
Voir les autres films de Richard Lester chroniqués sur ce blog…
Remarque : • Le tournage a été endeuillé par la mort de Roy Kinnear qui joue Planchet. L’acteur s’était plaint à de nombreuses reprises de son inaptitude à monter à cheval et réclamé une doublure qui ne lui fut pas accordée. Il fit une chute de cheval, se cassa le bassin et décéda le lendemain à l’hôpital.
Kim Kattral et C. Thomas Howell dans Le Retour des Mousquetaires (The Return of the Musketeers) de Richard Lester.
Après l’affaire des Ferrets de la reine, Milady de Winter est décidée à prendre sa revanche en faisant enlever Constance Bonacieux dont D’Artagnan est amoureux. Soutenue par le comte de Rochefort, qui part porter secours aux assiégés de La Rochelle, elle s’engage à participer à l’assassinat du duc de Buckingham… On l’appelait Milady est un film américain réalisé par Richard Lester, suite directe du film Les Trois Mousquetaires du même réalisateur sorti l’année précédente. Les deux parties ont été tournées simultanément puisque l’idée de départ était de ne faire qu’un seul film. L’esprit reste donc le même : le ton est à la comédie et au burlesque. Le prestigieux casting est bien entendu aussi le même, avec une mise en valeur de Faye Dunaway dans le rôle de Milady, aussi charmante qu’impitoyable. Le fait que le tournage se soit déroulé en Espagne est plus visible car les scènes d’extérieur sont plus nombreuses et cela ne ressemble en rien à la France. Rien n’est très crédible mais l’ensemble est divertissant. Elle: – Lui :
Arrivant à Paris de sa Gascogne natale, le jeune d’Artagnan parvient à entrer dans le fameux régiment des Mousquetaires du roi Louis XIII. Il se lie d’amitié avec trois d’entre eux : Athos, Porthos et Aramis et deviendront inséparables. Sa logeuse, Constance Bonacieux, dont il est tombé amoureux, est aussi la confidente de la reine Anne d’Autriche… Les Trois Mousquetaires est un film américain réalisé par Richard Lester. C’est l’une des adaptations les plus connues du roman d’Alexandre Dumas père. L’accent a été mis sur l’humour et la comédie, voire la bouffonnerie, sans que le film ne soit une satire toutefois. Lester ne rechigne pas à certains anachronismes pour nous distraire. Les combats sont patauds et tournent invariablement à la farce. Le budget fut important et le casting impressionnant. L’ensemble manque de panache mais reste divertissant. Un temps prévue pour être intégrée dans un unique film de plus de trois heures, la suite, On l’appelait Milady, fut tournée dans la foulée (1). Elle: – Lui :
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Michael York et Raquel Welch dans Les trois mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.
Remarque : • Le projet avait un temps (à la fin des années soixante) été pensé pour être un film avec les Beatles, que Richard Lester avait déjà dirigé dans deux films. Ce projet n’a pas abouti mais Richard Lester est resté.
(1) S’estimant lésés d’avoir été payés pour un film et non pour deux films, les acteurs et l’équipe de tournage attaquèrent la production en justice. Peu après, la Screen Actors Guild a inclus dans les contrats des acteurs la clause « Salkind » (nom du producteur de Superman / Superman 2 qui fut un cas similaire) qui stipule qu’une production ne peut être scindée en deux sans accord contractuel préalable.
Frank Finlay, Oliver Reed, Michael York et Richard Chamberlain. Photo publicitaire pour Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers) de Richard Lester.
b) Versions du parlant : 1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard 1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel 1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie) 1942: Los Tres Mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie) 1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly 1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil 1954: I Cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie) 1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie) 1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot 1973: The Three Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch 1974: The Four Musketeers de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch 1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie) 1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell 2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve 2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart 2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich 2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon avec François Civil et d’innombrables versions TV… … et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)
Rédacteur en chef du magazine Elle, Jean-Dominique Bauby se réveille après un long coma sur un lit d’hôpital. On lui explique qu’il a fait un AVC massif qui le laisse affecté du locked-in syndrome, paralysé des pieds à la tête, ne pouvant bouger que son œil et la paupière gauche…
Il est des films dont le sujet peut rebuter. Il faut surmonter cette appréhension et la récompense n’en paraitra que plus satisfaisante : Le Scaphandre et le papillon est en effet un film merveilleux, un récit étonnant et très humain, émouvant mais jamais larmoyant. Il est basé sur le livre que Jean-Dominique Bauby a créé dans sa tête et dicté lettre par lettre pendant les deux années qu’il a passé « enfermé en lui-même ». Matthieu Amalric fait une prestation remarquable, secondé par un beau plateau d’acteurs. Le réalisateur américain Julian Schnabel est plus connu comme peintre néo-expressionniste. Elle: Lui :
Titre original : « Those Magnificent Men in Their Flying Machines or How I Flew from London to Paris in 25 hours and 11 minutes »
Londres 1910. Pour mettre l’Angleterre au premier plan du développement de l’aviation, le directeur d’un grand quotidien organise une course de Londres à Paris. La grosse récompense promise au vainqueur attire des concurrents de plusieurs pays…
Divertissement destiné à un public large et de tous âges, ce film britannique met en scène les périlleux débuts de l’aviation, une époque où elle était encore très aventureuse et risquée et demandait beaucoup d’ingéniosité pour faire voler des appareils brinquebalants. Pour le tournage, une vingtaine d’avions ont été reconstruits d’après les plans originaux (en les dotant toutefois d’un moteur plus puissant). Les scènes qui les montrent au sol ou en vol sont les plus nombreuses. L’humour repose beaucoup sur les chutes et incidents divers qui ne manquent pas de survenir tôt ou tard et aussi sur les personnages qui sont vraiment très stéréotypés selon leur nationalité : le japonais (Yûjirô Ishihara) est kamikaze, l’italien (Alberto Sordi) traine une ribambelle d’enfants, l’allemand (Gert Fröbe) est militaire, le français (Jean-Pierre Cassel) court le jupon, l’américain (Stuart Whitman) est un cow-boy, l’anglais (James Fox) est guindé et fair-play… ! L’humour passe bien toutefois car c’est un humour sans méchanceté. A noter, un petit rôle de capitaine des pompiers tenu par un Benny Hill étonnamment retenu. Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines est divertissant. Elle: – Lui :
Oliver, aidé par son ami David, construit un bateau dans le parc de la grande demeure de sa mère, toujours absente et entourée de gigolos lors de ses rares apparitions. Ils rêvent de partir tous les deux pour l’Île de Pâques. Mais, alors que le bateau est presque terminé, David rencontre Eléonore dont il s’éprend… Si on le connait surtout en tant que scénariste (de Polanski notamment), Gérard Brach a réalisé deux longs métrages, La Maison (1970) avec Michel Simon et Patti d’Arbanville (oui, celle de Cat Stevens) et Le bateau sur l’herbe. Rien n’est conventionnel dans cette histoire, les personnages sont à la limite de l’improbable, hors du temps. L’excentricité du lunaire Oliver est tout en contraste avec le pragmatisme de son ami David et cette opposition nous vaut quelques situations assez finement écrites. L’interprétation est plus inégale, allant du meilleur (Claude Jade en jeune ingénue) au pire (Valentina Cortese en mère frivole). L’atmosphère globale n’est pas sans rappeler celle de certains films de Polanski, sans en avoir le flamboiement toutefois. Si le film ne manque pas de charme, il laisse tout de même sur une petite impression d’insatisfaction. Elle: Lui :
Remarques :
* Le scénario est cosigné par Gérard Brach, Roman Polanski et Suzanne Schiffman.
* L’acteur anglais John McEnery joue en français avec un accent prononcé, certes, mais surtout une belle aisance.
Jean-Pierre Cassel, Claude Jade et John McEnery dans Le Bateau sur l’herbe de Gérard Brach.
Après avoir osé aborder une inconnue dans la rue, un modeste employé de banque prend de l’assurance et, suivant à la lettre les conseils d’un ami d’enfance, un écrivain sans éditeur, il quitte sa vie terne pour chercher à « gagner plein d’argent et coucher avec beaucoup de femmes »… Adaptation d’un roman de Roger Blondel, Le mouton enragé est une fable sur l’attrait de la réussite. Si le « mouton docile » va sortir du troupeau, ce n’est que pour tomber sous la coupe d’un arrivisme sans scrupules personnifié ici par cet ami écrivain raté qui vit par procuration. La démonstration est habile mais un peu trop chargée en personnages et en cibles. Tout y passe : machisme, malversations financières, magouilles politiques, presse poubelle, manipulations… Cela finit par faire beaucoup. Trintignant et Cassel sont assez remarquables et, comme toujours, Romy Schneider illumine chacune des scènes où elle figure. De petites notes d’humour viennent ça et là alléger le mordant du propos. Réalisé sous les années Pompidou, Le mouton enragé est une fable assez amère sur l’ambition personnelle et la vanité. Elle: – Lui :