23 décembre 2022

La Légende de Musashi (1954) de Hiroshi Inagaki

Titre original : « Miyamoto Musashi »

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)En l’an 1600, le Japon est divisé par une guerre civile. Jeune homme fruste rejeté par les siens, Takezo rêve de devenir samouraï. Avec son ami Matahachi, il part au combat mais se retrouve rapidement du côté des vaincus. Les deux hommes trouvent alors refuge chez la veuve Oko et sa fille Akemi. Alors que Matahachi décide de rester auprès d’elles, Takezo retourne seul au village où il sera très mal accueilli…
La Légende de Musashi est un film japonais réalisé par Hiroshi Inagaki, premier film d’une trilogie relatant la vie légendaire du samouraï Miyamoto Musashi, l’une des figures emblématiques du Japon. Ce personnage historique réel fut mythifié par le romancier Eiji Yoshikawa dans un roman-fleuve publié en 1935 (traduit en français en deux tomes : La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière). Hiroshi Inagaki avait déjà adapté ce livre en une trilogie sortie entre 1940 et 1942 (aujourd’hui perdue, semble t-il). Ce premier volet de sa seconde trilogie est consacré à la formation du personnage. Miyamoto Musashi n’est encore qu’un jeune rustre belliqueux nommé Takezo qui va évoluer sous l’éducation forcée d’un moine. La mise en scène d’Hiroshi Inagaki montre une certaine modernité et n’est pas exempte de frivolité. La photographie est très belle. Le récit est simple mais très fort.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Rentarô Mikuni, Kurôemon Onoe, Kaoru Yachigusa, Mariko Okada, Mitsuko Mito
Voir la fiche du film et la filmographie de Hiroshi Inagaki sur le site IMDB.

Pour en savoir plus, lire la page Wikipedia sur Miyamoto Musashi
Le scénario a été récemment publié par l’Avant-Scène Cinéma….

La 2e trilogie de Hiroshi Inagaki sur Miyamoto Musashi :
1) La Légende de Musashi (1954)
2) Duel à Ichijoji (1955)
3) La voie de la lumière (1956)

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)Toshirô Mifune et Mariko Okada dans La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi) de Hiroshi Inagaki.

Les films japonais sur Miyamoto Musashi :
Miyamoto Musashi de Kintaro Inoue (1929) avec Chiezo Kataoka (film perdu)
– 1ere trilogie de Hiroshi Inagaki (1940-1942) avec Chiezo Kataoka (perdue ?)
A deux sabres (Nitōryū kaigen, 1943) de Daisuke Itō
L’Histoire de Musashi Miyamoto de Kenji Mizoguchi (1944) avec Chojiro Kawarazaki
– 2e trilogie de Hiroshi Inagaki (1954-1956) avec Toshirō Mifune
– Six films de Tomu Uchida (1962-1971) avec Kinnosuke Nakamura.
+ le personnage apparaît dans nombre de films. Par exemple, dans Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, le personnage de Kyuzo, interprété par l’acteur Seiji Miyaguchi, est inspiré par Miyamoto Musashi.

26 septembre 2022

Drive My Car (2021) de Ryûsuke Hamaguchi

Titre original : « Doraibu mai kâ »

Drive My Car (Doraibu mai kâ)Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeur…
Drive My Car est un film japonais coécrit et réalisé par Ryūsuke Hamaguchi, sorti en 2021. Il s’agit de l’adaptation de la nouvelle du même nom de l’écrivain japonais Haruki Murakami parue dans le recueil Des hommes sans femmes. C’est un film d’une profondeur inhabituelle, assez littéraire dans son sujet, plutôt abstrait tout en restant réaliste, avec des personnages forts et des connotations philosophiques. Hamaguchi utilise de façon inattendue la pièce de Tchekov L’oncle Vania qui devient une pure abstraction pour mieux rebondir sur la mélancolie des personnages principaux. Les quelque trois heures de film passent rapidement. Le film a été très bien reçu par la critique et le public.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hidetoshi Nishijima, Tôko Miura, Reika Kirishima, Masaki Okad
Voir la fiche du film et la filmographie de Ryûsuke Hamaguchi sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Ryûsuke Hamaguchi chroniqués sur ce blog…

Drive My Car (Doraibu mai kâ)Hidetoshi Nishijima et Tôko Miura dans Drive My Car (Doraibu mai kâ) de Ryûsuke Hamaguchi.
Drive My Car (Doraibu mai kâ)Masaki Okada et Hidetoshi Nishijima dans Drive My Car (Doraibu mai kâ) de Ryûsuke Hamaguchi.

9 septembre 2022

True Mothers (2020) de Naomi Kawase

Titre original : « Asa ga kuru »

True Mothers (Asa ga kuru)Satoko et son mari sont liés pour toujours à Hikari, la jeune fille de 14 ans qui a donné naissance à Asato, leur fils adoptif. Aujourd’hui, Asato a 6 ans et la famille vit heureuse à Tokyo. Mais Hikari souhaite reprendre le contact avec la famille…
True Mothers est un film japonais coécrit et réalisé par la réalisatrice Naomi Kawase, d’après le roman homonyme de Mizuki Tsujimura. Il aborde le thème de l’adoption sous plusieurs angles en nous contant plusieurs récits habilement entrelacés de flash-back. Si le film débute par celui des parents adoptifs, il se recentre ensuite plus longuement sur celui de la mère biologique. La construction est élégante, le récit semble s’ouvrir par pétales comme une fleur. L’approche est très délicate, avec même une certaine douceur qui n’occulte pas toutefois les difficultés rencontrées par les deux mères. La nature est aussi toujours présente. La réalisatrice, qui a elle-même été élevée par des parents adoptifs, précise que l’adoption n’est pas encore très bien acceptée au Japon.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hiromi Nagasaku, Arata Iura, Aju Makita, Hiroko Nakajima
Voir la fiche du film et la filmographie de Naomi Kawase sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Naomi Kawase chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* A propos de la nature, la cinéaste explique : « Les plans autour de la nature, sur les arbres, le vent, la mer… participent à mon interprétation personnelle du monde. Je tiens énormément à la présence de la nature dans ce que je filme. À tel point que c’est devenu effectivement un code de mon cinéma. Et chaque plan de cette nature porte une signification. »

True Mothers (Asa ga kuru)Aju Makita, Hiromi Nagasaku et Arata Iura dans True Mothers (Asa ga kuru) de Naomi Kawase.

17 juin 2022

Hospitalité (2010) de Kôji Fukada

Titre original : « Kantai »

Hospitalité (Kantai)Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans sa maison de Tokyo aux côtés de sa femme Natsuki, de sa fille Eriko issue d’un premier mariage, et de sa sœur Seiko. Épaulé par sa femme à la comptabilité et d’un unique employé, Mikio gère une petite imprimerie qui occupe le rez-de-chaussée. Un jour, un inconnu fait son apparition, il se présente comme étant le fils d’un ami du défunt père de Mikio…
Hospitalité est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Bien qu’il ait été réalisé en 2010, alors que le cinéaste japonais n’avait que trente ans, il n’est sorti en France qu’en 2021. L’histoire est teintée d’un léger mystère qui la rend originale et plaisante. Dans sa mise en place, elle évoque celle d’Harmonium, que Fukada tournera en 2016, mais le développement est différent. Il s’agit ici à la fois d’une chronique familiale et sociale mais aussi d’une fable satirique sur l’acceptation des étrangers (qui au Japon est particulièrement faible). Fukada se moque également de l’immobilisme et de la volonté de ne pas faire de vagues, de rester dans les normes. Tout cela est traité avec humour, distillé à petites touches, dans un climat un peu étrange qui éveille et maintient notre intérêt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long
Voir la fiche du film et la filmographie de Kôji Fukada sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Kôji Fukada chroniqués sur ce blog…

Hospitalité (Kantai)Kiki Sugino et Kenji Yamauchi dans Hospitalité (Kantai) de Kôji Fukada.

18 décembre 2021

Family Romance, LLC (2019) de Werner Herzog

Family Romance, LLCDans la foule de Tokyo, un homme a rendez-vous avec Mahiro, sa fille de douze ans qu’il n’a pas vue depuis des années. La rencontre est d’abord froide mais évolue bien et ils promettent de se retrouver. Ce que Mahiro ne sait pas, c’est que ce « père » est en réalité un acteur de la société Family Romance, engagé par sa mère…
Family Romance, LLC est un film vraiment unique en son genre. Ce n’est ni une oeuvre de fiction, ni un documentaire. Non seulement la société Family Romance existe bel et bien mais encore l’acteur principal du film, Ishii Yuichi, en est le fondateur. La société emploie actuellement 800 personnes, 800 acteurs peut-on même dire. Si l’on considère que le cinéma joue constamment avec les barrières entre réel et fiction, on comprend aisément pourquoi mettre en scène Family Romance  LLC a attiré un cinéaste comme Werner Herzog : on ne sait plus très bien où mettre ces barrières si tant est qu’elles existent encore ici. Herzog a tout de même écrit un scénario et a tourné le film avec des moyens très légers, laissant les acteurs improviser. Le cinéaste précise qu’il ne parle pas japonais mais qu’il percevait le sens des échanges. Tous les acteurs sont des non professionnels. Accessoirement, le film nous permet de découvrir un petit pan de la culture japonaise. Un film assez troublant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ishii Yuichi, Mahiro Tanimoto, Miki Fujimaki
Voir la fiche du film et la filmographie de Werner Herzog sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Werner Herzog chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Werner Herzog

Family Romance, LLCIshii Yuichi et Miki Fujimaki dans Family Romance, LLC de Werner Herzog.

Family Romance, LLCMahiro Tanimoto, Ishii Yuichi et Werner Herzog sur le tournage de Family Romance, LLC de Werner Herzog.

6 septembre 2021

Les Enfants du temps (2019) de Makoto Shinkai

Titre original : « Tenki no ko »

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Alors qu’un phénomène météorologique extrême touche le Japon, exposé à des pluies constantes, un jeune lycéen fugueur, Hodaka, arrive à Tokyo et trouve un emploi dans une revue dédiée aux sciences occultes. Dépêché pour enquêter sur l’existence de filles-soleil, il croise la jeune Hina…
Les Enfants du Temps (titre international : Weathering with You) est un film d’animation japonais écrit et réalisé par Makoto Shinkai. Il s’agit du cinquième long métrage de celui que l’on surnomme parfois le « nouveau Miyazaki ». Bien qu’il semble en premier être destiné aux adolescents, le film a de quoi séduire bien au-delà de cette tranche d’âge. Les dessins sont magnifiques, avec beaucoup de détails et une superbe utilisation de la lumière (y compris sous la pluie qui est très présente). Le graphisme force l’émerveillement. En outre, les qualités de conteur de Makoto Shinkai sont manifestes : nous sommes happés par cette histoire somme toute assez simple (et même un peu simplette) mais qui génère en nous de multiples émotions. Habilement, le récit traite de la question du dérèglement climatique tout en introduisant des héros positifs. Tout cela fait beaucoup de qualités, on pourra juste regretter les (ostensibles) placements de produits. Très gros succès.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Kotaro Daigo, Nana Mori, Tsubasa Honda
Voir la fiche du film et la filmographie de Makoto Shinkai sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les livres sur Makoto Shinkai

Remarque :
* Les Enfants du Temps semble présenter des similitudes avec Your Name. (2016), le film précédent de Makoto Shinkai, ce qui a pu décevoir ceux qui l’ont vu (personnellement, je ne l’ai pas (encore) vu).

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.

20 juillet 2021

Dans un jardin qu’on dirait éternel (2018) de Tatsushi Ohmori

Titre original : « Nichinichi kore kôjitsu »

Dans un jardin qu'on dirait éternel (Nichinichi kore kôjitsu)Noriko est une jeune étudiante japonaise peu sûre d’elle qui se destine à une carrière dans l’édition. Recommandée par sa mère, elle va se former à l’art de la préparation du thé auprès du professeur Takeda avec sa cousine Michiko. Peu convaincue de l’utilité de ce cérémonial très codifié et lent, elle découvre petit à petit les bienfaits de ces gestes minutieux et va trouver en sa formatrice une figure apaisante et sage…
Dans un jardin qu’on dirait éternel est scénarisé et réalisé par le japonais Tatsushi Ohmori d’après l’essai autobiographique homonyme de Noriko Morishita publié en 2008. C’est un film particulièrement original et étonnant. Il parvient à nous montrer comment les rituels de la cérémonie du thé peuvent être une passerelle vers une certaine quiétude, un apaisement qui appelle à profiter de l’instant présent et être à l’écoute de la nature et de ses saisons. C’est une démarche inhabituelle, qui peut même paraître incongrue pour nous occidentaux, mais le grand mérite du film est de nous faire percevoir cette possibilité. Tatsushi Ohmori, que l’on découvre en France avec ce film, fait preuve d’une grande délicatesse et ses trois actrices jouent toujours très juste. Dans un jardin qu’on dirait éternel est un film initiatique dans le sens où il nous fait découvrir une « discipline » dont la plupart d’entre nous ignorait l’existence.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Haru Kuroki, Mikako Tabe, Kirin Kiki
Voir la fiche du film et la filmographie de Tatsushi Ohmori sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Dans un jardin qu'on dirait éternel (Nichinichi kore kôjitsu)Haru Kuroki et Kirin Kiki dans Dans un jardin qu’on dirait éternel (Nichinichi kore kôjitsu) de Tatsushi Ohmori.

Remarque :
* La cérémonie du thé au Japon, ou « service japonais du thé », est un art traditionnel inspiré en partie par le bouddhisme zen dans lequel le thé vert en poudre, ou matcha, est préparé de manière codifiée par un praticien expérimenté et est servi à un petit groupe d’invités dans un cadre calme, ce qui, vu d’Occident, peut évoquer une cérémonie.
Chanoyu (littéralement « eau chaude pour le thé »), se réfère habituellement à l’art, alors que sadō ou chadō (« chemin du thé ») représente l’étude ou la doctrine de la cérémonie du thé sur le mode d’une « voie » spirituelle. Le terme chaji se rapporte quant à lui au service du thé complet comprenant le kaiseki (« repas léger »), le service de l’usucha (« thé léger ») et du koicha (« thé fort » ou « thé épais »), durant approximativement quatre heures ; il comprend également sumi demae, à savoir la mise en place et le réajustement, en présence des invités, des charbons de bois permettant de chauffer la bouilloire. Celui de chakai (littéralement une « rencontre autour du thé »), n’inclut pas le kaiseki et se résume le plus souvent au service de l’usucha, le koicha, suivi alors de l’usucha, est plus rarement servi à cette occasion.

Du fait qu’un praticien du chanoyu doit être familier avec la production et les différents types de thés, avec les kimonos, la calligraphie, les arrangements floraux, les céramiques, l’encens, et un large ensemble d’autres disciplines et arts traditionnels en plus des pratiques du thé enseignées dans son école, l’étude de la cérémonie du thé prend de nombreuses années, de fait toute une vie. Même pour participer en tant qu’invité dans une cérémonie du thé formelle, une connaissance du sadō est requise, incluant les gestes recommandés, les phrases à dire par les invités, la bonne manière pour boire le thé et la tenue générale à adopter dans la salle où est servi le thé. (Extraits de Wikipédia)

8 juillet 2021

Hana-bi – feux d’artifice (1997) de Takeshi Kitano

Titre original : « Hana-bi »

Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)À la suite d’une fusillade qui a rendu paraplégique son partenaire et la mort d’un jeune policier tué lors d’une arrestation sanglante, Yoshitaka Nishi, un inspecteur de police taciturne parfois violent, quitte la police pour se consacrer à son épouse, Miyuki, atteinte d’une leucémie incurable…
Plus encore que Sonatine (1993), Hana-bi (littéralement « la Fleur de feu ») est le film qui nous a vraiment fait découvrir Takeshi Kitano, en occident mais aussi au Japon où, selon ses propres dires, il n’était pas encore reconnu comme un réalisateur sérieux. C’est un film étonnant, original et d’une indéniable beauté formelle. Le réalisateur tient le rôle principal et son personnage presque muet, sujet à de brèves explosions de violence, donne au film son étrange singularité. Il est impénétrable et l’on peut lui attribuer de nombreux sentiments, parfois contradictoires. Les thèmes évoqués par le récit sont variés et ambitieux : l’emprise de la mort, l’amour, la violence, la vengeance, … mais surtout la vie, comment surmonter l’adversité. L’ensemble est empreint d’une grande mélancolie.  La forme est tout aussi singulière, de par sa structure qui introduit progressivement les éléments-clés du récit, et par sa photographie avec de nombreux plans fixes. Hana-bi fait partie de ces films profondément marqués par leur auteur.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Takeshi Kitano, Kayoko Kishimoto, Ren Ôsugi, Susumu Terajima, Tetsu Watanabe
Voir la fiche du film et la filmographie de Takeshi Kitano sur le site IMDB.

Voir les autres films de Takeshi Kitano chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Takeshi Kitano

Remarques :
* Les différentes peintures que l’on peut voir à plusieurs reprises tout au long du film, sont l’œuvre de Kitano, peu après l’accident de moto qui a failli lui coûter la vie en août 1994.
* La fillette de l’épilogue sur la plage est jouée par la propre fille de Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Takeshi Kitano dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Kayoko Kishimoto dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Takeshi Kitano dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

10 juin 2021

L’Infirmière (2019) de Kôji Fukada

Titre original : « Yokogao »

L'Infirmière (Yokogao)Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Mais lorsque la cadette de la famille disparaît, Ichiko se trouve suspectée de complicité d’enlèvement…
Le réalisateur japonais Kôji Fukada poursuit l’exploration de l’ambiguïté de la personnalité et ses multiples facettes. Son récit est construit sur une temporalité double : son héroïne change de coiffure au tout début du film ce qui permet ensuite de distinguer le présent du flash-back… mais nous finissons tout de même par prendre l’un pour l’autre ce qui ajoute à la confusion. L’ensemble est beaucoup moins réussi qu’Harmonium, en partie car son héroïne nous apparaît avant tout comme une victime (1). En réalité, le personnage qui instillerait le plus de trouble est la fille ainée, Motoko, dont la personnalité inquiète beaucoup plus que celle de l’infirmière. Je dois avouer avoir passé une bonne partie du film à me demander où le réalisateur voulait en venir. Un film bien difficile à saisir.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, Sôsuke Ikematsu
Voir la fiche du film et la filmographie de Kôji Fukada sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Kôji Fukada chroniqués sur ce blog…

(1) Probablement, les différences de culture peuvent modifier notre perception du film : en France, nous avons une image positive des infirmières, à priori nous les voyons comme des personnes bienveillantes. Il semblerait que ce ne soit pas la même chose au Japon où l’on s’en méfie car elles sont en contact avec des malades (notion de pureté). Cette méfiance se serait même transformée en ostracisme avec l’épidémie du Covid-19.
Toujours sur cette question de différence de culture, il y a cette question de la culpabilité. On peut être frappé par le fait que l’héroïne éprouve malgré tout une certaine culpabilité et présente constamment ses excuses. La culpabilité n’est pas ressentie de façon identique dans toutes les cultures, surtout dans ses implications sociales. De plus, nous pouvons avoir tendance à assimiler des excuses à un aveu alors qu’au Japon, elles ne sont qu’une politesse sociale.

Remarques :
* Propos de Kôji Fukada : « Ichiko apprend à ses dépens que la position sociale, l’estime de soi et les liens humains sont comme les différents étages d’un bâtiment construit sur un sol sablonneux. Et ce sol n’est pas uniquement sous Ichiko, il s’étend sous chacun d’entre nous ». (Extrait du dossier de presse)
* Le titre original « Yokogao » signifie « De profil ». « Ce qui est intéressant avec un profil, c’est que vous pouvez voir un côté ou l’autre, mais jamais les deux profils en même temps », explique Kôji Fukada, soulignant l’idée de dualité de ses personnages. (Extrait du dossier de presse)

L'Infirmière (Yokogao)Mikako Ichikawa, Miyu Ozawa et Mariko Tsutsui dans L’Infirmière (Yokogao) de Kôji Fukada.

25 mars 2021

Silence (1971) de Masahiro Shinoda

Titre original : « Chinmoku »

Silence (Chinmoku)Au XVIIe siècle, deux prêtres jésuites portugais débarquent sur les côtes japonaises pour tenter de réimplanter le christianisme dans ce pays où la religion catholique est interdite et ses fidèles persécutés. Ils désirent également découvrir la vérité sur leur mentor, le père Ferreira, mystérieusement disparu après sa capture par les autorités cinq ans plus tôt…
Avant Martin Scorsese en 2016, le roman Silence de Shūsaku Endō avait été adapté par le cinéaste japonais Masahiro Shinoda. Le film surprend quelque peu dans la filmographie de ce cinéaste qui s’est fait connaitre au sein de la Nouvelle Vague japonaise avec des sujets très actuels souvent centrés sur la jeunesse. Il montre tout autant de talent sur le thème de la force de la Foi, dans un contexte historique. Il sait donner une dimension philosophique à son récit et offre des réflexions sur le doute, les croyances et aussi sur les différences de culture, le colonialisme. Comme dans le film de Scorsese, les tourments et tortures infligées ont une place importante. Les deux jésuites sont interprétés par deux acteurs américains peu expérimentés et leurs prestations manquent de force, se limitant au caractère christique de leurs personnages. C’est le point faible du film. En revanche, les acteurs japonais ont beaucoup plus de présence. La mise en scène est d’une grande sobriété. Le film a longtemps été très difficile à voir. Il est maintenant restauré et accessible, ce qui est une excellente chose. C’est en effet un film puissant, il fait partie de ceux qui laissent des traces en nous.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: David Lampson, Don Kenny, Tetsurô Tanba, Mako, Shima Iwashita, Eiji Okada
Voir la fiche du film et la filmographie de Masahiro Shinoda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Masahiro Shinoda chroniqués sur ce blog…

 Silence (Chinmoku)David Lampson, figure christique de Silence (Chinmoku) de Masahiro Shinoda.

Remake :
Silence de Martin Scorsese (2016) avec Andrew Garfield et Adam Driver