6 février 2023

La Princesse errante (1960) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ruten no ôhi »

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Tokyo, 1937. Ryūkō est une jeune fille insouciante d’origine noble qui se rêve en artiste peintre et vit auprès de ses parents et de sa grand-mère. Elle accepte d’épouser le frère de l’empereur de Maundchourie. Ce mariage est destiné à renforcer les relations entre les deux nations et introduire le sang japonais dans la famille impériale mandchoue…
La Princesse errante est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, son quatrième long métrage, son premier en couleurs. Il s’agit de l’adaptation de la biographie homonyme de Hiro Saga, publiée quelques mois plus tôt. Cette princesse a connu un destin peu commun, mouvementé et tragique. La société de production Daiei a voulu ouvertement en faire un film pour les femmes et fait par des femmes : la présentation du film à l’époque en témoigne. Le budget fut assez important. La mise en place est assez longue, s’attardant sur les protocoles des familles impériales. La suite est plus tragique, lorsque survient la guerre, avec la difficile position mandchoue dans un conflit qui déchire le pays. Pour le premier rôle, Kinuyo Tanaka a choisi Machiko Kyô, l’actrice qui l’a remplacée comme égérie de Mizoguchi. L’actrice est de tous les plans ou presque, elle fait une très belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Machiko Kyô, Eiji Funakoshi, Chieko Higashiyama, Kuniko Miyake, Mitsuko Mito, Chishû Ryû, Tatsuya Ishiguro
Voir la fiche du film et la filmographie de Kinuyo Tanaka sur le site IMDB.

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Remarque :
• La fin est un peu abrupte car l’histoire était encore en cours : en 1961, soit un an après la sortie du film, le couple fut enfin réuni grâce à la permission du Premier ministre chinois et s’installe à Pékin. Hiro Saga y vivra jusqu’à sa mort en 1987, à l’âge de 73 ans. Son mari lui survivra quelques années. Leur deuxième fille (totalement absente du film), née en 1940 deux ans après l’aînée, est toujours en vie.

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Machiko Kyô dans La Princesse errante (Ruten no ôhi) de Kinuyo Tanaka.

5 février 2023

Maternité éternelle (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Chibusa yo eien nare »

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Fumiko Shimojō a deux enfants et son mariage avec un homme qui la trompe est malheureux. Ses meilleurs moments sont ceux qu’elle passe à son club de poésie : elle compose des tanka (1) et y rencontre deux amis d’enfances, Kuniko et son mari Takashi Hori dont elle est secrètement amoureuse…
Après deux longs métrages reposant sur des scénarios qui lui avaient été proposés par d’autres personnes, Maternité éternelle est la première réalisation vraiment personnelle de Kinuyo Tanaka. Elle en a choisi le sujet : elle avait été profondément touchée par l’histoire de Fumiko Nakajô, jeune et brillante poétesse, morte foudroyée par un cancer du sein à 31 ans (le titre français n’est pas très bien trouvé, le sens du titre original est proche de « seins éternels »). C’est un portrait de femme possédant une grande force de caractère et dont l’émancipation sera stoppée nette par la maladie. Le film possède une liberté de ton à l’image de son héroïne qui aspire à une liberté interdite aux femmes. Résolument du côté du point de vue des femmes, le film nous montre des choses qu’un cinéaste homme ne filmera jamais, il aborde en tous cas des thèmes pas ou très peu évoqués dans les années cinquante (que ce soit au Japon ou ailleurs). Le drame est puissant, extrêmement fort. L’interprétation de Yumeji Tsukioka est parfaite.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yumeji Tsukioka, Ryôji Hayama, Hiroko Kawasaki, Shirô Ôsaka, Masayuki Mori
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(1) Le tanka (traduction littérale  « chant court ») est un poème japonais sans rimes, de 31 mores (sons élémentaires émis lors de la phonation) sur cinq lignes.

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare)Yumeji Tsukioka dans Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare) de Kinuyo Tanaka.

4 février 2023

La Lune s’est levée (1955) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Tsuki wa noborinu »

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Mokichi Asai vit à Nara auprès de ses trois filles : l’aînée Chizuru, revenue au domicile familial après la mort de son mari ; la cadette Ayako, en âge de se marier mais peu pressée de quitter les siens ; et la benjamine Setsuko, la plus exubérante, qui rêve de partir s’installer à la capitale. Cette dernière est très proche de Shoji, le jeune beau-frère de Chizuru qui loge provisoirement dans un temple à proximité…
La Lune s’est levée est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. C’est le deuxième long métrage de cette actrice-star passée à la réalisation (1). Le scénario a été écrit en 1947 par Yasujirō Ozu qui pensait le tourner lui-même mais le projet n’a pu voir le jour. Kinuyo Tanaka connait Ozu de longue date, elle a tourné dans ses tous premiers films dans les années 20 : de plus Ozu l’a activement soutenue dans les difficultés qu’elle rencontrait pour devenir réalisatrice (contrairement à Mizoguchi, dont elle fut l’égérie, qui chercha à la dissuader). De ce fait, le cinéma de Kinuyo Tanaka montre une influence marquée, on retrouve l’atmosphère des films d’Ozu et ses thèmes de prédilection : la famille, le mariage. Cela explique aussi que la réalisatrice n’a pas cherché à modifier le scénario, elle avait un grand respect pour le travail d’Ozu. Certaines phrases notamment dans l’épilogue sont ainsi inattendues de la part d’une femme-réalisatrice. Elle a su toutefois ici et là apporter une touche féminine dans les détails sur le quotidien des femmes. La Lune s’est levée parle de l’éveil à l’amour, de la difficulté à exprimer ses sentiments dans un cadre social assez rigide.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Shûji Sano, Yôko Sugi, Mie Kitahara, Kô Mishima, Shôji Yasui, Kinuyo Tanaka
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Remarque :
• Le scénario a été amendé à la demande d’un sponsor, la Nippon Telegraph and Telephone Public Corporation (ce qui explique ce passage si étrange sur les télécommunications!)
• La réalisatrice Kinuyo Tanaka tient le rôle d’une servante (Yoneya).

(1) Immense star dans son pays, Kinuyo Tanaka avait plus de 100 films à son actif quand elle est passée à la réalisation. Le désamour de son public suite à une campagne de dénigrement (elle était accusée de s’être trop américanisée lors d’une tournée aux Etats-Unis) la poussa à passer derrière la caméra. Elle fut ainsi la première femme réalisatrice japonaise après la guerre.

La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Hisako Yamane, Yôko Sugi et Mie Kitahara dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.
La Lune s'est levée (Tsuki wa noborinu)Chishû Ryû, Hisako Yamane et Yôko Sugi dans La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) de Kinuyo Tanaka.

3 février 2023

Lettre d’amour (1953) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Koibumi »

Lettre d'amour (Koibumi)Reikichi vit chez son frère à Tokyo. C’est un homme taciturne marqué par la guerre au contraire de son jeune frère plein de vie et d’énergie. Reikichi passe ses journées à rechercher parmi la foule des badauds son amour d’enfance, Michiko. Pendant la guerre, les parents de Michiko l’ont forcée à se marier et elle lui a envoyé une lettre d’adieu dans laquelle elle lui avouait son amour et son désespoir de devoir se marier à un autre. À son retour de la guerre, Reikichi a appris la mort du mari de Michiko mais il a perdu sa trace et, depuis, il la recherche…
Lettre d’amour est un film japonais, premier long métrage réalisé par Kinuyo Tanaka, grande star en tant qu’actrice depuis deux décennies. Le scénario est l’œuvre de Keisuke Kinoshita, par ailleurs réalisateur, d’après un roman de Fumio Niwa. Il s’agit d’une histoire d’amour empêché par la guerre et qui se retrouve dans une impasse. Le conflit intérieur des deux protagonistes ne semble pas trouver d’issue. Avec cette histoire, Kinuyo Tanaka nous parle de la vie ordinaire des japonais au lendemain de la guerre, des difficultés à revivre, à retrouver un travail notamment pour les femmes. Elle montre comment cette guerre a plus marqué ceux qui y ont participé : le jeune frère ne l’a pas faite et il déborde d’optimisme et de vitalité. Le récit est empreint de pudeur. L’ensemble peut évoquer les films de Naruse. Pour un premier film, la mise en scène paraît bien maitrisée mais, assez logiquement, Lettre d’amour est moins personnel que ses réalisations ultérieures.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Masayuki Mori, Yoshiko Kuga, Jûkichi Uno, Jûzô Dôsan
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Remarque :
• Évoquant les scènes durant lesquelles Reikichi cherche à retrouver Michiko à Shibuya (place et station de métro), le critique Enrique Seknadje écrit : « Kinuyo Tanaka a la merveilleuse idée de filmer plusieurs fois le protagoniste à côté de la statue de bronze érigée en 1934 en l’honneur du chien Hachikō réputé pour avoir accompagné et attendu son maître quotidiennement à la gare, y compris après la mort de celui-ci, en 1925 ». (Lu sur Wikipédia, voir l’image ci-dessous)

Lettre d'amour (Koibumi)Masayuki Mori et Yoshiko Kuga dans Lettre d’amour (Koibumi) de Kinuyo Tanaka.

23 décembre 2022

La Légende de Musashi (1954) de Hiroshi Inagaki

Titre original : « Miyamoto Musashi »

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)En l’an 1600, le Japon est divisé par une guerre civile. Jeune homme fruste rejeté par les siens, Takezo rêve de devenir samouraï. Avec son ami Matahachi, il part au combat mais se retrouve rapidement du côté des vaincus. Les deux hommes trouvent alors refuge chez la veuve Oko et sa fille Akemi. Alors que Matahachi décide de rester auprès d’elles, Takezo retourne seul au village où il sera très mal accueilli…
La Légende de Musashi est un film japonais réalisé par Hiroshi Inagaki, premier film d’une trilogie relatant la vie légendaire du samouraï Miyamoto Musashi, l’une des figures emblématiques du Japon. Ce personnage historique réel fut mythifié par le romancier Eiji Yoshikawa dans un roman-fleuve publié en 1935 (traduit en français en deux tomes : La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière). Hiroshi Inagaki avait déjà adapté ce livre en une trilogie sortie entre 1940 et 1942 (aujourd’hui perdue, semble t-il). Ce premier volet de sa seconde trilogie est consacré à la formation du personnage. Miyamoto Musashi n’est encore qu’un jeune rustre belliqueux nommé Takezo qui va évoluer sous l’éducation forcée d’un moine. La mise en scène d’Hiroshi Inagaki montre une certaine modernité et n’est pas exempte de frivolité. La photographie est très belle. Le récit est simple mais très fort.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Rentarô Mikuni, Kurôemon Onoe, Kaoru Yachigusa, Mariko Okada, Mitsuko Mito
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Pour en savoir plus, lire la page Wikipedia sur Miyamoto Musashi
Le scénario a été récemment publié par l’Avant-Scène Cinéma….

La 2e trilogie de Hiroshi Inagaki sur Miyamoto Musashi :
1) La Légende de Musashi (1954)
2) Duel à Ichijoji (1955)
3) La voie de la lumière (1956)

La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi)Toshirô Mifune et Mariko Okada dans La Légende de Musashi (Miyamoto Musashi) de Hiroshi Inagaki.

Les films japonais sur Miyamoto Musashi :
Miyamoto Musashi de Kintaro Inoue (1929) avec Chiezo Kataoka (film perdu)
– 1ere trilogie de Hiroshi Inagaki (1940-1942) avec Chiezo Kataoka (perdue ?)
A deux sabres (Nitōryū kaigen, 1943) de Daisuke Itō
L’Histoire de Musashi Miyamoto de Kenji Mizoguchi (1944) avec Chojiro Kawarazaki
– 2e trilogie de Hiroshi Inagaki (1954-1956) avec Toshirō Mifune
– Six films de Tomu Uchida (1962-1971) avec Kinnosuke Nakamura.
+ le personnage apparaît dans nombre de films. Par exemple, dans Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, le personnage de Kyuzo, interprété par l’acteur Seiji Miyaguchi, est inspiré par Miyamoto Musashi.

26 septembre 2022

Drive My Car (2021) de Ryûsuke Hamaguchi

Titre original : « Doraibu mai kâ »

Drive My Car (Doraibu mai kâ)Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeur…
Drive My Car est un film japonais coécrit et réalisé par Ryūsuke Hamaguchi, sorti en 2021. Il s’agit de l’adaptation de la nouvelle du même nom de l’écrivain japonais Haruki Murakami parue dans le recueil Des hommes sans femmes. C’est un film d’une profondeur inhabituelle, assez littéraire dans son sujet, plutôt abstrait tout en restant réaliste, avec des personnages forts et des connotations philosophiques. Hamaguchi utilise de façon inattendue la pièce de Tchekov L’oncle Vania qui devient une pure abstraction pour mieux rebondir sur la mélancolie des personnages principaux. Les quelque trois heures de film passent rapidement. Le film a été très bien reçu par la critique et le public.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Hidetoshi Nishijima, Tôko Miura, Reika Kirishima, Masaki Okad
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Drive My Car (Doraibu mai kâ)Hidetoshi Nishijima et Tôko Miura dans Drive My Car (Doraibu mai kâ) de Ryûsuke Hamaguchi.
Drive My Car (Doraibu mai kâ)Masaki Okada et Hidetoshi Nishijima dans Drive My Car (Doraibu mai kâ) de Ryûsuke Hamaguchi.

9 septembre 2022

True Mothers (2020) de Naomi Kawase

Titre original : « Asa ga kuru »

True Mothers (Asa ga kuru)Satoko et son mari sont liés pour toujours à Hikari, la jeune fille de 14 ans qui a donné naissance à Asato, leur fils adoptif. Aujourd’hui, Asato a 6 ans et la famille vit heureuse à Tokyo. Mais Hikari souhaite reprendre le contact avec la famille…
True Mothers est un film japonais coécrit et réalisé par la réalisatrice Naomi Kawase, d’après le roman homonyme de Mizuki Tsujimura. Il aborde le thème de l’adoption sous plusieurs angles en nous contant plusieurs récits habilement entrelacés de flash-back. Si le film débute par celui des parents adoptifs, il se recentre ensuite plus longuement sur celui de la mère biologique. La construction est élégante, le récit semble s’ouvrir par pétales comme une fleur. L’approche est très délicate, avec même une certaine douceur qui n’occulte pas toutefois les difficultés rencontrées par les deux mères. La nature est aussi toujours présente. La réalisatrice, qui a elle-même été élevée par des parents adoptifs, précise que l’adoption n’est pas encore très bien acceptée au Japon.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Hiromi Nagasaku, Arata Iura, Aju Makita, Hiroko Nakajima
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Remarque :
* A propos de la nature, la cinéaste explique : « Les plans autour de la nature, sur les arbres, le vent, la mer… participent à mon interprétation personnelle du monde. Je tiens énormément à la présence de la nature dans ce que je filme. À tel point que c’est devenu effectivement un code de mon cinéma. Et chaque plan de cette nature porte une signification. »

True Mothers (Asa ga kuru)Aju Makita, Hiromi Nagasaku et Arata Iura dans True Mothers (Asa ga kuru) de Naomi Kawase.

17 juin 2022

Hospitalité (2010) de Kôji Fukada

Titre original : « Kantai »

Hospitalité (Kantai)Mikio Kobayashi mène une vie paisible dans sa maison de Tokyo aux côtés de sa femme Natsuki, de sa fille Eriko issue d’un premier mariage, et de sa sœur Seiko. Épaulé par sa femme à la comptabilité et d’un unique employé, Mikio gère une petite imprimerie qui occupe le rez-de-chaussée. Un jour, un inconnu fait son apparition, il se présente comme étant le fils d’un ami du défunt père de Mikio…
Hospitalité est un film japonais écrit et réalisé par Kōji Fukada. Bien qu’il ait été réalisé en 2010, alors que le cinéaste japonais n’avait que trente ans, il n’est sorti en France qu’en 2021. L’histoire est teintée d’un léger mystère qui la rend originale et plaisante. Dans sa mise en place, elle évoque celle d’Harmonium, que Fukada tournera en 2016, mais le développement est différent. Il s’agit ici à la fois d’une chronique familiale et sociale mais aussi d’une fable satirique sur l’acceptation des étrangers (qui au Japon est particulièrement faible). Fukada se moque également de l’immobilisme et de la volonté de ne pas faire de vagues, de rester dans les normes. Tout cela est traité avec humour, distillé à petites touches, dans un climat un peu étrange qui éveille et maintient notre intérêt.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenji Yamauchi, Kiki Sugino, Kanji Furutachi, Bryerly Long
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Hospitalité (Kantai)Kiki Sugino et Kenji Yamauchi dans Hospitalité (Kantai) de Kôji Fukada.

18 décembre 2021

Family Romance, LLC (2019) de Werner Herzog

Family Romance, LLCDans la foule de Tokyo, un homme a rendez-vous avec Mahiro, sa fille de douze ans qu’il n’a pas vue depuis des années. La rencontre est d’abord froide mais évolue bien et ils promettent de se retrouver. Ce que Mahiro ne sait pas, c’est que ce « père » est en réalité un acteur de la société Family Romance, engagé par sa mère…
Family Romance, LLC est un film vraiment unique en son genre. Ce n’est ni une oeuvre de fiction, ni un documentaire. Non seulement la société Family Romance existe bel et bien mais encore l’acteur principal du film, Ishii Yuichi, en est le fondateur. La société emploie actuellement 800 personnes, 800 acteurs peut-on même dire. Si l’on considère que le cinéma joue constamment avec les barrières entre réel et fiction, on comprend aisément pourquoi mettre en scène Family Romance  LLC a attiré un cinéaste comme Werner Herzog : on ne sait plus très bien où mettre ces barrières si tant est qu’elles existent encore ici. Herzog a tout de même écrit un scénario et a tourné le film avec des moyens très légers, laissant les acteurs improviser. Le cinéaste précise qu’il ne parle pas japonais mais qu’il percevait le sens des échanges. Tous les acteurs sont des non professionnels. Accessoirement, le film nous permet de découvrir un petit pan de la culture japonaise. Un film assez troublant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Ishii Yuichi, Mahiro Tanimoto, Miki Fujimaki
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Family Romance, LLCIshii Yuichi et Miki Fujimaki dans Family Romance, LLC de Werner Herzog.

Family Romance, LLCMahiro Tanimoto, Ishii Yuichi et Werner Herzog sur le tournage de Family Romance, LLC de Werner Herzog.

6 septembre 2021

Les Enfants du temps (2019) de Makoto Shinkai

Titre original : « Tenki no ko »

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Alors qu’un phénomène météorologique extrême touche le Japon, exposé à des pluies constantes, un jeune lycéen fugueur, Hodaka, arrive à Tokyo et trouve un emploi dans une revue dédiée aux sciences occultes. Dépêché pour enquêter sur l’existence de filles-soleil, il croise la jeune Hina…
Les Enfants du Temps (titre international : Weathering with You) est un film d’animation japonais écrit et réalisé par Makoto Shinkai. Il s’agit du cinquième long métrage de celui que l’on surnomme parfois le « nouveau Miyazaki ». Bien qu’il semble en premier être destiné aux adolescents, le film a de quoi séduire bien au-delà de cette tranche d’âge. Les dessins sont magnifiques, avec beaucoup de détails et une superbe utilisation de la lumière (y compris sous la pluie qui est très présente). Le graphisme force l’émerveillement. En outre, les qualités de conteur de Makoto Shinkai sont manifestes : nous sommes happés par cette histoire somme toute assez simple (et même un peu simplette) mais qui génère en nous de multiples émotions. Habilement, le récit traite de la question du dérèglement climatique tout en introduisant des héros positifs. Tout cela fait beaucoup de qualités, on pourra juste regretter les (ostensibles) placements de produits. Très gros succès.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Kotaro Daigo, Nana Mori, Tsubasa Honda
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Remarque :
* Les Enfants du Temps semble présenter des similitudes avec Your Name. (2016), le film précédent de Makoto Shinkai, ce qui a pu décevoir ceux qui l’ont vu (personnellement, je ne l’ai pas (encore) vu).

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.

Les Enfants du Temps (Tenki no ko)Les Enfants du Temps (Tenki no ko) de Makoto Shinkai.