22 juin 2023

Un drôle de paroissien (1963) de Jean-Pierre Mocky

Un drôle de paroissienGeorges Lachaunaye appartient à une vieille famille aristocratique désargentée pour laquelle il n’est pas imaginable d’exercer un travail. Il faut cependant bien se nourrir. Fervent croyant, il se rend dans une église pour adresser une supplique au Seigneur. Il croit voir une réponse dans le geste d’une paroissienne qui met une pièce dans un tronc au même moment. Il va dès lors utiliser différents stratagèmes pour piller les troncs des églises parisiennes…
Un drôle de paroissien est un film français réalisé par Jean-Pierre Mocky, adaptation du roman Deo gratias de Michel Servin. Il s’agit d’une comédie assez farfelue avec une belle prestation de Bourvil, la première collaboration de l’acteur avec Jean-Pierre Mocky. Son personnage, naïf et persuadé de suivre une mission divine, est poursuivi par une brigade de police spécialisée, une véritable bande de pieds nickelés, menée par Francis Blanche. Tout le côté irrévérencieux de l’histoire est un peu émoussé aujourd’hui mais l’ensemble reste très amusant et plein de fraicheur. Le film connut un très grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Tissier
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Mocky sur le site IMDB.

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Un drôle de paroissienFrancis Blanche et Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky.

Remarques :
* La scène du rêve est en couleurs alors que le reste du film est en noir et blanc. Jean-Pierre Mocky a expliqué que cette scène fut tournée après coup et ajoutée pour allonger le film de 1 h 19 à 1 h 23, afin de s’approcher du format minimum de 1 h 30 demandé par les exploitants de salles de l’époque.
* Jean-Pierre Mocky fait une courte apparition : c’est le clochard au landau.

15 septembre 2020

Miquette et sa mère (1950) de Henri-Georges Clouzot

Miquette et sa mèreEn 1898, Miquette Grandier est une jeune fille sage qui aide sa mère à exploiter un bazar-bureau de tabac dans une petite ville de province. Elle rêve de faire du théâtre. Elle est discrètement amoureuse du sympathique et maladroit, Urbain de la Tour Mirande qui est lui-même épris d’elle sans oser se déclarer. L’oncle d’Urbain, le marquis de la Tour Mirande, un vieux beau qui se vante d’être doué d’une nature « brillante et corrompue » s’oppose à cette idylle…
Cette comédie de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet datant de 1906 avait déjà été portée à l’écran par de Henri Diamant-Berger en 1934. Cette nouvelle adaptation est assez inattendue dans la filmographie d’Henri-Georges Clouzot qui a réalisé peu de films si mineurs. La distribution est pourtant assez prestigieuse, l’histoire pourrait même être plaisante mais tout cela a bien mal vieilli et n’a rien de remarquable. Avec de la bonne volonté, on peut sans doute sauver le film en soulignant toute la dérision mise dans les personnages. Le plus amusant réside dans les scènes montrant l’envers du décor d’une troupe de théâtre de dernière zone. Henri-Georges Clouzot a expliqué plus tard qu’il avait prévu de tourner un autre film auquel il avait dû renoncer sous la pression du Centre du cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Louis Jouvet, Bourvil, Saturnin Fabre, Danièle Delorme, Mireille Perrey, Pauline Carton, Jeanne Fusier-Gir
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Miquette et sa mèreDanièle Delorme et Bourvil dans Miquette et sa mère de Henri-Georges Clouzot.

Précédente adaptation :
Miquette et sa mère d’Henri Diamant Berger (1934) avec Blanche Montel et Michel Simon.

5 juin 2020

Les Grandes Gueules (1965) de Robert Enrico

Les grandes gueulesAprès plusieurs années au Canada, Hector Valentin est de retour dans les Vosges où il hérite de la scierie familiale après la mort de son père. L’entreprise est presque en ruines mais il décide de la faire revivre. Laurent et Mick, deux anciens prisonniers en cavale se font embaucher et lui suggère d’employer des détenus en liberté conditionnelle…
Les Grandes Gueules est adapté du roman Le Haut-Fer (1) de José Giovanni qui a écrit lui-même l’adaptation (2). Le scénario est fort bien construit avec de récurrentes montées de tension qui rendent le récit très prenant. Bourvil (ici dans un rôle dramatique) et Ventura tiennent merveilleux les premiers rôles, bien secondés par un plateau d’acteurs tous très bien utilisés. C’est une histoire rude et virile. Les grandes gueules a été qualifié par certains critiques de « western vosgien », une expression qui décrit très bien le film.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bourvil, Lino Ventura, Marie Dubois, Jess Hahn, Jean-Claude Rolland, Michel Constantin, Paul Crauchet
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Enrico sur le site IMDB.

(1) Le terme « haut-fer » désigne, dans le massif des Vosges, une scierie traditionnelle dont la force motrice est hydraulique et constituée d’un banc, porteur de la grume (appelée tronce) qui avance en face d’une lame verticale à mouvement alternatif. (source Wikipédia)

(2) José Giovanni est un ex-condamné à mort qui, après avoir été gracié, s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers et de scénarios de cinéma. On lui doit les scénarios de Le Trou de Becker (récit autobiographique de sa tentative d’évasion), Classe tous risques de Sautet et beaucoup d’autres. Il a en outre réalisé 19 films dont La Scoumoune avec Belmondo.
Le film suivant de Robert Enrico, Les Aventuriers (1967) avec Delon et Ventura, sera de nouveau une collaboration avec Giovanni.

Les grandes gueulesLino Ventura, Jean-Claude Rolland et Bourvil dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico.

6 juin 2019

La Traversée de Paris (1956) de Claude Autant-Lara

La Traversée de ParisA Paris, sous l’Occupation, Marcel Martin (Bourvil) doit transporter de nuit un cochon découpé dans quatre valises pour le compte d’un commerçant pratiquant le marché noir (Louis de Funès). Son habituel acolyte venant d’être arrêté, il propose à un inconnu rencontré dans un café, Grandgil (Jean Gabin), de l’accompagner…
Film bien connu que l’on ne présente plus, La Traversée de Paris est basé sur une nouvelle de Marcel Aymé, adaptée par Jean Aurenche et Pierre Bost. Le film surprit, et même dérangea, à sa sortie par son ton très acide. C’est en effet un portrait mordant de la monstruosité ordinaire, une vision finalement assez noire des rapports humains. Plus que détestables, les personnages paraissent toutefois plutôt pitoyables (Bourvil) ou très ambigus (Gabin). La force du propos est décuplée par la vivacité des dialogues. C’est Autant-Lara qui a imposé Bourvil, son premier grand rôle sérieux au cinéma, au grand dam de Marcel Aymé qui a tout fait pour contester ce choix. Jean Gabin est lui aussi dans un rôle assez inattendu, beaucoup plus exubérant qu’à l’habitude. Au final, c’est un film quasi parfait, souvent décrit comme le chef d’œuvre d’Autant-Lara.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Bourvil, Louis de Funès
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Remarque :
* La nouvelle de Marcel Aymé se terminait tragiquement : Marcel Martin tuait Grangil.

La Traversée de Paris
Jean Gabin et Bourvil dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

La Traversée de Paris
Louis de Funès et Bourvil dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

La Traversée de Paris
« Salauds de pauvres ! » Bourvil et Jean Gabin sur le point de dire sa célèbre réplique dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara.

24 juin 2017

Le Jour le plus long (1962) de Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki

Titre original : « The Longest Day »

Le Jour le plus longAdapté d’un livre de Cornelius Ryan, Le Jour le plus long retrace les évènements du 6 juin 1944, jour du débarquement des alliés en Normandie. Trois réalisateurs, un nombre incalculable d’acteurs connus, un budget important, le producteur Darryl F. Zanuck a tout fait pour créer le film qui soit la reconstitution ultime d’un évènement majeur de l’Histoire.
Cinématographiquement parlant, le film n’a pas grande valeur : il est mal écrit et mal monté, confus et même parfois ennuyeux. C’est un véritable fourre-tout.
En revanche, du fait de son succès commercial, le film eut un impact considérable. C’est probablement le plus bel exemple du « cinéma qui se substitue à l’Histoire ». Deux exemples : c’est le film Le Jour le plus long qui a vraiment fait entrer dans l’Histoire l’épisode du parachutiste resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église, devenant l’anecdote la plus célèbre du Débarquement ; les historiens restent très partagés sur sa véracité. Le cas des deux Messerschmitt en est un autre : cette séquence un peu grotesque, dont l’humour paraît déplacé, a fait prospérer la croyance que l’aviation allemande était ce jour-là inopérante (alors qu’en réalité, il y eut plus de sept cent sorties d’avions allemands pour attaquer les troupes alliées). En fait, cette séquence a été introduite parce que Zanuck n’avait réussi à mettre la main que sur deux Messerschmitt en état de voler.
Mais pour beaucoup, le film est devenu l’Histoire et le fait qu’aucun autre film ne vienne le détrôner a accentué le phénomène (le plus proche est Il faut sauver le soldat Ryan en 1998). Malgré ses défauts, Le Jour le plus long a tout de même atteint son objectif : rendre hommage à tous ces soldats dont beaucoup laissèrent leur vie ce jour-là sur une plage de Normandie. Ils méritaient bien qu’une telle superproduction leur soit consacrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, John Wayne, Henry Fonda, Curd Jürgens, Bourvil, Gert Fröbe, Eddie Albert, Arletty, Jean-Louis Barrault, Richard Beymer, Richard Burton, Red Buttons, Pauline Carton, Sean Connery, Irina Demick, Mel Ferrer, Steve Forrest, Leo Genn, John Gregson, Paul Hartmann, Jeffrey Hunter, Karl John, Fernand Ledoux, Alexander Knox, Christian Marquand, Roddy McDowall, Sal Mineo, Kenneth More, Edmond O’Brien, Wolfgang Preiss, Madeleine Renaud, Georges Rivière, Robert Ryan, George Segal, Jean Servais, Rod Steiger, Richard Todd, Peter van Eyck, Robert Wagner, Georges Wilson
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A lire : un récit intéressant sur le tournage du film

le jour le plus long
John Wayne dans Le Jour le plus long de Darryl F. Zanuck.

Remarques :
* L’anglais Ken Annakin a tourné les scènes anglaises, l’américain Andrew Marton a tourné les scènes américaines et l’allemand Bernhard Wicki les scènes allemandes.
* Darryl F. Zanuck était très présent sur le tournage et a même réalisé lui-même certaines séquences.
* Le tournage eut lieu en Normandie mais aussi en Corse et sur l’île de Ré.
* Bon nombre d’acteurs sont beaucoup trop âgés pour leur rôle : par exemple, le lieutenant-colonel Vandervoort interprété par John Wayne avait en réalité 27 ans. Même au moment du tournage 17 ans plus tard, il avait dix ans de moins que John Wayne (54 ans)!
* Le Jour le plus long est l’une des rares superproductions hollywoodiennes où les acteurs s’expriment dans leur langue : les français parlent français, les allemands parlent allemand… Une version tout en anglais fut toutefois réalisée pour le marché américain notamment.
* Le film connut un immense succès commercial, une manne bienvenue pour la Fox qui était alors bien mal en point à cause de Cléopâtre.
* Une version colorisée a été réalisée pour le 50e anniversaire du débarquement en 1994. Elle fut diffusée sur TF1, puis vendue en version VHS.

le jour le plus long
Darryl F. Zanuck sur le tournage (à la Pointe du Hoc) du Jour le plus long.

11 septembre 2013

La Ferme du pendu (1945) de Jean Dréville

La ferme du penduDans une vaste ferme de Vendée, la mort du patriarche laisse seuls trois frères et leur soeur. Pour l’aîné, il n’est pas question de vendre ou de morceler le domaine. Afin de garder la famille soudée, il use même de son autorité pour empêcher ses frères et soeurs de penser au mariage… La Ferme du pendu est un solide et intense drame paysan qui met en scène l’acharnement d’un homme dont l’attachement à la terre devient obsession destructrice. Il se double d’une description assez minutieuse du monde paysan de l’Entre-deux-guerres, un aspect presque documentaire, Dréville gardant une certaine distance avec ses personnages et évitant tout surcroît de dramatisation. L’interprétation est remarquable ; Charles Vanel apporte une grande intensité à l’ensemble mais tous les rôles sont parfaitement tenus. La Ferme du pendu est le premier film de Bourvil qui n’a ici qu’un petit rôle de commerçant du village qui lui permet tout de même de pousser sa célèbre chansonnette Les Crayons dans la scène du mariage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Alfred Adam, Guy Decomble, Lucienne Laurence, Claudine Dupuis, Arlette Merry, Bourvil
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Remarque :
La Ferme du pendu est adapté d’un roman de Gilbert Dupé (1900-1986), écrivain régionaliste qui connut un certain succès.

19 septembre 2011

Le cercle rouge (1970) de Jean-Pierre Melville

Le cercle rougeDans le train Marseille-Paris, un gangster échappe au commissaire qui l’escortait. Il se réfugie dans le coffre de la voiture d’un jeune truand, sorti de prison le matin même. Les deux hommes se lient d’amitié. Le commissaire poursuit sa traque… Comme l’indique le titre (1), Le cercle rouge est un film sur la fatalité. C’est aussi un film qui montre la fascination de Jean-Pierre Melville pour les truands de haut vol… et pour Alain Delon qu’il met merveilleusement en scène une nouvelle fois. Comme dans Le Samouraï, son personnage est froid et taciturne mais le spectateur est en totale empathie avec lui. Tout le film est d’ailleurs économe en paroles, et même en musiques, ce silence culmine dans la longue scène (25 minutes) du casse qui se déroule sans un dialogue. Ce casse évoque ainsi celui de Quand la ville dort de John Huston et celui de Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (2). A côté de Delon, Bourvil campe un commissaire très crédible, loin des rôles franchouillards qu’il a si souvent tenus, un personnage hors-normes par plusieurs aspects. Gian Maria Volonte et Yves Montand complètent ce beau quarteron d’acteurs sur lequel Melville peut s’appuyer pour mettre en scène cette histoire avec perfection et beaucoup de style.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Bourvil, Gian Maria Volonté, Yves Montand, François Périer
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Remarques :
(1) Le titre vient d’une citation attribuée à Krishna, placée en épigraphe : « Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
(2) Melville a affirmé avoir eu l’idée de cette scène en 1950, soit avant la sortie des films de John Huston (1950) et de Jules Dassin (1955), et avoir mis l’idée de côté à cause de ces deux films.