5 novembre 2013

Paris, Texas (1984) de Wim Wenders

Paris, TexasSous le soleil brûlant du désert à la frontière mexicaine, un homme marche avec détermination sous le regard des vautours. Il parvient enfin à une station service isolée où il s’écroule d’épuisement. Soigné, l’homme refuse de parler. Grâce à une carte de visite trouvée sur lui, on appelle son frère… Paris, Texas est un très beau film, l’un des plus beaux qui soient. Il s’en dégage une sensation de plénitude et on peut s’interroger sur son origine : est-ce la superbe photographie ? Le caractère contemplatif de l’image ? La justesse des situations et des dialogues ? La force et le naturel du jeu des acteurs ? L’inoubliable musique de Ry Cooder ? La modernité empreinte de classicisme du cinéma de Wenders ? C’est certainement tout cela à la fois. Le scénario a été écrit par Sam Shepard en collaboration étroite avec Wim Wenders. L’histoire est forte tout en restant simple, celle d’un homme à la recherche d’une vie qu’il a volontairement quittée. Le jeu d’Harry Dean Stanton est particulièrement intense, l’acteur s’étant en partie identifié avec son personnage. Quelque trente ans après sa sortie, Paris, Texas garde toute sa séduction. Comme pour tous les grands films, le temps semble ne pas avoir de prise sur lui.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell, Aurore Clément, Hunter Carson
Voir la fiche du film et la filmographie de Wim Wenders sur le site IMDB.
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Remarques :
* Wim Wenders raconte que, lorsque Sam Shepard a du s’absenter pour le tournage du film Country de Richard Pearce, c’est avec Kit Carson (le père du jeune acteur Hunter Carson) qu’il a fait les derniers ajustements de scénario.
* Pour la musique, c’est Wim Wenders qui a eu l’idée de la guitare seule jouée au bottleneck. Ry Cooder l’a composée et jouée face à l’image, « comme un musicien dans le cinéma muet » précise Wenders.
* Lorsque Harry Dean Stanton feuillette l’album photo, ce sont les photos de ses propres parents qui sont dans l’album.
* Paris, Texas est un film allemand mais la version originale en anglais.
* Paris, Texas achève la « période américaine » de Wim Wenders, une série de films où le cinéaste montre une certaine fascination (ou du moins une attraction) pour les Etats-Unis.
* Palme d’Or à Cannes en 1984.

Paris, TexasNastassja Kinski et Harry Dean Stanton dans Paris, Texas de Wim Wenders.

2 avril 2013

Quelque part dans la nuit (1946) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « Somewhere in the Night »

Somewhere in the NightGeorge Taylor se réveille sur un lit d’hôpital militaire, gravement blessé. Il ne se rappelle de rien mais préfère cacher son amnésie. Revenu à Los Angeles, il tombe sur la lettre d’un ami et se met à sa recherche. Rapidement, il découvre qu’il a été mêlé à une affaire très louche… Quelque part dans la nuit est le deuxième film de Joseph Mankiewicz, un film noir adapté d’une histoire de Marvin Borowsky. Il ne comporte pas d’acteurs de premier plan mais jouit d’un excellent scénario dont Mankiewicz tire bien parti. Il crée une atmosphère assez déroutante, nous mettant ainsi dans la peau du personnage principal qui est totalement perdu et sans repères. Il appuie ce côté étrange en employant quelques acteurs européens comme l’allemand Fritz Kortner (1). L’actrice principale est la jeune Nancy Guild (21 ans) Somewhere in the Night que le producteur Darryl Zanuck désirait lancer avec ce film. Elle cherche à jouer sur un registre énigmatique, paraissant sûre d’elle-même, un jeu qui n’est pas sans rappeler Lauren Bacall (2). Les scènes nocturnes sont réussies et, point remarquable, Mankiewicz utilise brièvement la caméra subjective au début de son film, ce qui accélère notre identification avec le héro. S’il n’est pas aussi parfait que certains des films ultérieurs de Mankiewicz, Quelque part dans la nuit est un film sans défaut et prenant. Un excellent film noir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Hodiak, Nancy Guild, Lloyd Nolan, Richard Conte, Fritz Kortner
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(1) Fritz Kortner est un acteur allemand dont la longue filmographie débute en 1915. L’un de ses rôles les plus connus des cinéphiles est celui qu’il tient dans Loulou de G.W. Pabst (1929) avec Louise Brooks.
(2)
La carrière de Nancy Guild sera cependant bien plus courte que celle de Lauren Bacall, puisqu’elle ne jouera que dans huit films.

15 octobre 2012

Une aussi longue absence (1961) de Henri Colpi

Une aussi longue absenceThérèse tient seule un bistrot de banlieue avec une jeune employée. Observant un vagabond qui passe tous les jours devant sa devanture, Thérèse croit reconnaître son mari, disparu quinze ans plus tôt pendant la guerre. L’homme est amnésique… Une aussi longue absence est le premier long métrage d’Henri Colpi, monteur réputé(1). Le scénario est cosigné par Marguerite Duras qui a écrit les dialogues. C’est un film sur la mémoire, sur l’incertitude, sur l’amour aussi, celui qui défie le temps. Colpi met cette histoire en images avec une certaine délicatesse et, à l’instar de Thérèse, il nous faut capter des bribes, nous avançons à petit pas, sans certitude. Le début du film exprime même une certaine vacuité et le film prend petit à petit de l’intensité pour devenir au final très émouvant. Loin de toute débauche de dialogues, Une aussi longue absence est un film très sobre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alida Valli, Georges Wilson, Charles Blavette
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Remarques :
* Palme d’or à Cannes en 1961 (ex-aequo avec Viridiana de Bunuel).
* La chanson « Trois petites notes de musique », écrite par Henri Colpi et Georges Delerue, est chantée par Cora Vaucaire. Elle a été reprise par Juliette Gréco et Yves Montand.

(1) Henri Colpi a été le monteur d’Alain Resnais notamment.

3 janvier 2012

Les as d’Oxford (1940) de Alfred J. Goulding

Titre original : « A Chump at Oxford »

Les as d'OxfordLaurel, déguisé en femme, et Hardy se font engager comme domestiques dans une maison bourgeoise où ils perturbent un grand diner mondain. Devenus balayeurs, ils aident à l’arrestation d’un voleur de banque. Pour les récompenser, le directeur les fait entrer à Oxford pour parfaire leur éducation. Pour les bizuter, les étudiants leur jouent des mauvais tours… Les as d’Oxford (A Chump at Oxford) est situé plutôt dans les derniers films tournés par Laurel & Hardy. L’ensemble est un peu décousu, on ne retrouve pas ici la rigueur de leurs meilleurs films. Il comporte néanmoins de bons moments comme ces étonnants jeux de mains dans le labyrinthe.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, James Finlayson, Peter Cushing
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15 août 2011

Monsieur Wilson perd la tête (1940) de W.S. Van Dyke

Titre original : « I Love You Again »

Monsieur Wilson perd la têteLors d’une croisière transatlantique, un homme, de nature ascète et pingre, prend un coup sur la tête. Il n’a plus aucun souvenir de sa vie récente mais retrouve la mémoire qu’il avait perdue neuf ans auparavant : il était alors un escroc spécialiste des arnaques. Il décide de profiter de la situation… Monsieur Wilson perd la tête, I Love You Again, est une bonne surprise : il s’agit d’une comédie dans la meilleure veine des screwballs (1) des années trente. Pas moins de cinq scénaristes ont participé à l’écriture, avec de très bons résultats puisque le déroulement de l’histoire est habile, complexe tout en restant  simple. Monsieur Wilson perd la tête L’histoire est surtout totalement farfelue. L’humour est continuel, aucune scène n’en est dépourvue. Cet humour est bien équilibré entre les situations, inattendues et drolatiques exploitant merveilleusement toutes les possibilités de l’amnésie, et les dialogues vifs et relevés. Le couple Myrna Loy / William Powell fonctionne ici très bien. W.S. Van Dyke les connaît bien puisqu’il a réalisé plusieurs films de la série des Thin Man. Le flegme de William Powell fait une fois de plus des merveilles. De fort belle facture, Monsieur Wilson perd la tête est un délicieux divertissement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Frank McHugh, Edmund Lowe, Donald Douglas
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(1) Screwball = genre de comédie américaine qui fut très populaire entre 1934 et 1942, reposant sur des situations saugrenues, de dialogues vifs et utilisant les rapports homme/femme comme ressort de l’humour (personnalités marquantes : Frank Capra, Howard Hawks, Cary Grant, Ernst Lubitsch, etc.)