15 janvier 2006

Le Club de la Chance (1993) de Wayne Wang

Titre original : « The Joy Luck Club »

Le Club de la Chance Elle :
C’est juste avant de réaliser Smoke et Brooklyn Boogie que Wayne Wang fait ce portrait sensible et douloureux de quatre chinoises ayant fui leurs pays pour vivre à San Francisco. Quatre histoires terribles de femmes, de mères et de filles autour de June. Cette jeune femme vient de perdre sa mère et tente de reconstituer l’histoire de sa famille. Terrible poids de la tradition familiale chinoise qui pèse à jamais sur les épaules de ces femmes meurtries. Concubines, bébés tués ou abandonnés, bannissement de la famille; tel est l’avenir de la femme chinoise dans les années 40. Ces femmes devenues rigides, communiquent inconsciemment les souffrances endurées à leurs propres filles qui ne parviennent pas à trouver leur identité, faute d’avoir été valorisées et suffisamment aimées. Le Club de la Chance est un film sur les femmes et pour les femmes. Les hommes ne sont pas à leur avantage sans doute parce qu’ils ont le pouvoir et qu’ils briment ces femmes peu émancipées. C’est un film original et émouvant. La caméra sublime les visages de ces femmes au teint de porcelaine.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ces portraits de quatre femmes chinoises met en parallèle, ou en opposition, le parcours assez tragique qu’elles ont eu en Chine et celui de leur fille qu’elles ont eue après avoir émigré aux Etats Unis. Si les circonstances sont souvent assez effroyables en Chine et ce qu’elles ont connu est assez terrible, leurs filles ne parviennent pas plus à trouver un bon équilibre de vie et leur mariage se termine mal. Wayne Wang montre là le poids des traditions, des cultures et cette volonté de donner une vie meilleure à ses enfants, volonté qui finit par les étouffer. La construction du film est tout en flash-back successifs et les scènes se déroulant en Chine sont particulièrement réussies et poignantes. Toutefois, l’ensemble reste globalement juste un peu long.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kieu Chinh, Tsai Chin, France Nuyen, Lisa Lu
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14 janvier 2006

Baby Doll (1956) de Elia Kazan

Baby Doll Elle :
Elian Kazan nous montre une nouvelle fois son talent pour filmer les confrontations pleines de violence et d’ambiguïté. Baby Doll interprétée par Caroll Baker est la jeune femme enfant paumée qui s’ennuie et se livre aux regards des hommes. Le mari qui fait des mauvais coups pour subsister et le possible amant tout aussi machiavélique s’affrontent sous la candeur de cette jeune fille qui n’est pas encore devenue femme. Elia Kazan oppose le noir et le blanc, joue avec les gros plans de visages, les symboles sexuels pour mieux créer le trouble. Un cinéma original et sulfureux pour l’époque.
Note : 4 étoiles

Lui :
Beaucoup de force dans cette adaptation de la pièce de Tennessee Williams, un trio d’acteurs qui semblent toujours à la limite, à la limite de trop charger leur personnage. Elia Kazan filme avec beaucoup de crudité, dans les décors, dans ses cadrages, afin que passe toute la force de cette histoire. Avec le temps, le côté « sulfureux » du film s’est en grande partie estompé ce qui nous laisse avec la possibilité de regarder le film tel qu’il est.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Karl Malden, Carroll Baker, Eli Wallach
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13 janvier 2006

Embrassez qui vous voudrez (2002) de Michel Blanc

Embrassez qui vous voudrez Elle :
Adaptation plutôt réussie du roman anglais de Joseph Conolly “Vacances anglaises”. J’ai trouvé le roman encore plus loufoque et déjanté avec des descriptions de personnages hilarantes. Michel Blanc s’en tire plutôt bien en privilégiant peut-être plus le côté sombre et grinçant de toutes ces vies déréglées. L’humour et les quiproquos sont au rendez-vous également et les acteurs sont assez convaincants. Cette satire sur les snobs, les jaloux, les couples fatigués, l’appât du gain témoigne d’une certaine réalité où l’individualisme et la réussite sociale sont les nouveaux étendards. Où sont passées nos utopies !
Note : 4 étoiles

Lui :
Comédie de moeurs très bien ficelée et dont le scénario est vraiment riche en rebondissements et quiproquos de qualité. On passe vraiment un bon moment et le film est bien plus convaincant que les films précédents de Michel Blanc. Bonnes prestations d’acteurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Jacques Dutronc, Carole Bouquet, Michel Blanc, Karin Viard, Denis Podalydès, Clotilde Courau, Vincent Elbaz
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13 janvier 2006

Le mariage des moussons (2001) de Mira Nair

Titre original : « Monsoon Wedding »

Le mariage des moussons Elle :
Ce film indien est intéressant car il nous projette au coeur d’une famille bourgeoise indienne tiraillée entre le monde traditionnel et les moeurs occidentales. On assiste aux amours, ruptures, questionnements sur les choix de vie La famille est toute puissante et les mariages arrangés sont courants. L’attirance pour l’Amérique est très forte. Ce père de famille qui va laisser partir sa fille avec un indien informaticien aux Etats-Unis est attachant de par son amour pour sa famille mais aussi parce qu’il ne cherche pas à sauver les apparences. Il va jusqu’à exclure un membre de la famille qui a abusé de sa fille adoptive. Les femmes dans leurs saris chatoyants semblent épanouies malgré leurs doutes. Des plans courts sur les rues grouillantes d’humains grisâtres rythment le film. J’ai nettement préféré ce film à Lagaan de par la richesse de son regard sur cette société indienne à deux vitesses.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film flirte avec le bollywood mais sans tomber franchement dedans. On suit avec assez d’intérêt la vie de cette famille de New Delhi, une famille qui s’apprête à célébrer le mariage (arrangé) de l’une des filles. Bien entendu, cette famille aisée n’est pas représentative et la réalisatrice a inséré entre certains plans des scènes de rues comme pour nous montrer le vrai visage des villes indiennes actuelles. La mise en scène est globalement assez heurtée et chaotique, ce qui est parfois à la limite du désagréable. L’ensemble reste bon enfant…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Naseeruddin Shah, Lillete Dubey, Shefali Shetty
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12 janvier 2006

L’intrus (1949) de Clarence Brown

Titre original : « Intruder in the Dust »

L'Intrus Elle :
Cette adaptation du roman de William Faulkner est un beau plaidoyer contre le racisme et l’intolérance. Au cinéma, en pleine période du maccarthisme, ce thème était rarement abordé. Un noir est accusé de meurtre sans enquête préalable à cause de sa couleur. C’est le sud des Etats-Unis où le racisme anti-noir est très ancré. Clarence Brown s’attarde sur des plans de foule qui veut lyncher le prisonnier et choisit de mener l’enquête par l’intermédiaire d’un adolescent qui n’est pas encore rempli de préjugés. Le ton est sobre, la mise en scène dépouillée, les silences sont pesants et la stature de Lucas, le noir accusé de meurtre, est imposante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Parfaitement mis en scène et avec un scénario sans faille, L’intrus traite du problème du racisme sans surenchère de scènes frappantes et faciles. Il prône surtout le triomphe de la raison. Tourné sans acteur connu, le film n’en a que plus de force.
Note : 5 étoiles

Acteurs: David Brian, Juano Hernandez, Claude Jarman Jr.
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12 janvier 2006

Beijing bicycle (2001) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Shiqi sui de dan che »

Beijing bicycle Elle :
Film chinois contemporain qui nous propose un regard intéressant et interrogateur sur la société chinoise à Pékin. On se sent plein de curiosité pour cette ville en activité. Le réalisateur filme les mutations à l’occidentale, la rigidité des codes, l’écart de niveau de vie entre les plus aisés et les pauvres. Le vélo y est roi et représente un trésor inestimable pour les plus mal lotis. C’est le cas pour ce jeune chinois qui se le fait voler et cherche à le récupérer à tout prix. On assiste à ses recherches, ses confrontations houleuses avec son patron et ses clients, ses combats de rue avec d’autres adolescents. Ce périple urbain qui donne l’occasion de nous plonger au coeur de cette société en mutation est malgré tout un peu lent. Il y a peu de dialogues. Le réalisateur mise sur les silences, les regards, les cadrages fixes pour faire comprendre la situation.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si on suit avec grand intérêt le début du film qui nous plonge dans l’univers d’une grande ville chinoise, le scénario s’enlise hélas un peu ensuite, avec des histoires de règlements de compte assez extravagants. C’est d’autant plus dommage que de nombreuses facettes du scénario sont laissées à l’abandon et le réalisateur reste sur l’obstination de son héros. On sent qu’il y aurait pu avoir là un très beau film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lin Cui, Li Bin, Zhou Xun
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12 janvier 2006

« En jouant ‘Dans la compagnie des hommes’ » (2003) d’ Arnaud Desplechin

En jouant ‘Dans la compagnie des hommes' Elle :
Abandon au bout de 30 minutes. Le film est surtout ennuyeux par sa forme : caméra DV cahotante, images floues, mauvaise qualité de son… Le cinéma doit-il basculer dans la ciné réalité pour faire plus vrai…? Dommage, la forme nuit au fond.
Note : pas d'étoile

Lui :
L’ensemble est rendu très confus par une façon de filmer cahotante (caméra à l’épaule, aucune image nette, plans sans intérêt) et aussi par une mise en place du scénario erratique. Il est bien difficile de s’intéresser… Abandon.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Sami Bouajila, Jean-Paul Roussillon, Hippolyte Girardot
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11 janvier 2006

Nos années sauvages (1991) de Wong Kar-wai

Titre original : « A fei jing juen »

Nos Années Sauvages Elle :
C’est par une mise en scène brillante que Wong Kar-wai porte son regard sur une jeunesse désoeuvrée, sans but et sans amour. Le jeune Yuddy passe d’une femme à l’autre après avoir assouvi ses désirs et rêve de retrouver la mère qu’il n’a jamais connue. Ses proies dont l’une est interprétée par la belle Maggie Cheung préfèreraient le mariage. Ces personnages se font face sans jamais se comprendre et expriment leurs frustrations dans la torpeur de petits appartements vétustes, dans les couloirs et passages sombres ou sous la pluie de la mousson. Les éclairages de mi-obscurité sont superbes; la caméra est fluide et donne l’impression de voler. Elle frôle des visages pour mieux exprimer les tourments qui les animent. Le montage subtil est rythmé par des accélérations, des gros plans. C’est du grand cinéma malgré parfois l’impression d’attendre on ne sait quoi.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film est à la fois une chronique de fin d’adolescence, sur la difficulté de passer à l’âge adulte (ce qui lui a valu d’être parfois surnommé La Fureur de Vivre asiatique) mais aussi et surtout sur les difficultés de communication : les personnages se croisent sans se rencontrer, se cherchent sans se trouver, questionnent sans obtenir de réponse. Wong Kar-wai a su créer un climat qui se révèle épais sans être lourd, noir sans être sombre, grâce à une mise en scène assez délicate. Au désoeuvrement de ses personnages, il oppose une caméra mobile et douce qui semble parfois effleurer les corps. Très belle photographie, avec un jeu sur les éclairages et des clairs-obscurs que l’on aurait cru réservés au noir et blanc.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Leslie Cheung, Maggie Cheung, Andy Lau
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10 janvier 2006

The king of Marvin Gardens (1972) de Bob Rafelson

The King of Marvin Gardens Elle :
Atlantic City, une station balnéaire toc et déserte, deux femmes névrosées accompagnées de deux frères tout autant « à côté de leurs pompes ». Leur seul objectif  dans la vie est un mauvais plan insensé : acquérir une île à Hawaï par des moyens douteux. Le décor est planté. L’atmosphère est sinistre et les personnages hystériques. Le rêve américain consacré à la puissance de l’argent s’effondre. C’est le néant et ces quatre losers tournent en rond. Les intentions du réalisateur sont louables mais il faut toute de même s’accrocher pour aller jusqu’au bout. Un film assez déprimant.
Note : 2 étoiles

Lui :
Pour son troisième film, Bob Rafelson jette à nouveau un regard sur l’Amérique comme il l’avait fait dans 5 pièces faciles (Five easy pieces). Il nous en dresse un portrait sans illusion, terriblement pessimiste, une vision qui s’inscrivait à l’époque, en 1971, entièrement en contrepoint de la contre culture. Ici, le capitalisme a pratiquement décérébré les personnages principaux qui semblent ne vivre que pour un projet grotesque, en l’occurence créer une sorte de Las Vegas sur une île du Pacifique. Tels des drogués, ils semblent avoir perdu toute notion, ne reconnaissant que leurs chimères liées aux dollars qu’ils ne verront jamais. Un portrait assez dur mais assez visionnaire tout de même.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Bruce Dern, Ellen Burstyn
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9 janvier 2006

Désirs humains (1954) de Fritz Lang

Titre original : « Human desire »

Désirs Humains Elle :
Adaptation à l’américaine de La bête humaine de Jean Renoir tiré du roman de Zola. Fritz Lang transpose le film au moment de la guerre de Corée si bien qu’on est à l’heure des trains électriques. Il imprime fortement au film son style et en fait plutôt un film noir. La tension entre les personnages est forte. C’est plutôt un film psychologique glauque qui révèle la noirceur des sentiments, les tourments intérieurs et les intentions maléfiques. A l’opposé, Renoir mettait en avant le milieu des cheminots et leur vie difficile. Les personnages de Jean Gabin et Julien Carette étaient plus attachants. A partir du même sujet, ces deux réalisateurs de grand talent ont créé deux films très différents.
Note : 4 étoiles

Lui :
J’ai trouvé cette version américaine de La Bête Humaine bien moins intéressante que celle de Renoir. Au lieu d’un grand drame social, nous avons un film noir, c’est à dire où l’aspect policier tient le premier plan. D’autre part, le jeu tout en retenue de Glenn Ford ne fait pas décoller son personnage qui est bien loin d’avoir la force que lui avait donné Gabin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Gloria Grahame, Broderick Crawford
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