26 mars 2011

L’appel de la forêt (1935) de William A. Wellman

Titre original : « The call of the wild »

L'appel de la forêtLui :
En pleine fièvre de l’or dans le Yukon, en Alaska, Jack Thornton part avec une vieille connaissance à la recherche d’une mine d’or découverte par un prospecteur qui est mort avant d’avoir pu la déclarer. Pour ce faire, il achète plusieurs chiens dont un gros saint-bernard réputé in-dressable, Buck… Parmi les différentes adaptations du roman de Jack London L’appel de la forêt, le film de Wellman est n’est pas le plus fidèle, loin de là. Bien peu du livre a été conservé ! Le climat est néanmoins bien rendu malgré une utilisation un peu trop marquée du tournage en studios. Certaines scènes ont toutefois été tournées en décors naturels dans l’état de Washington. Clark Gable a une prestance naturelle qui lui permet d’être très crédible. L’appel de la forêt est un film de commande.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Loretta Young, Jack Oakie, Reginald Owen, Frank Conroy
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Remarques :
* Le happy-end un peu béat a été ajouté après les premières projections aux publics-test qui étaient déçus de voir mourir Shorty.
* Pendant le tournage du film, une idylle s’est développée entre Loretta Young et Clark Gable, idylle qui est allé assez loin puisqu’est née Judy Lewis quelques mois plus tard. Clark Gable étant marié par ailleurs et les deux acteurs ayant une clause de moralité dans leur contrat, Loretta Young a déclaré avoir adopté un bébé abandonné. Judy Lewis a révélé ses vraies origines dans son livre, dans les années quatre-vingt. Judy Lewis a été actrice à Broadway et dans certaines séries télévisées.
Autres versions :
Call of the Wild de David W. Griffith (1908)
Call of the Wild de Fred Jackman (1923) avec Jack Mulhall
L’appel de la forêt (Call of the Wild) de Ken Annakin (1972) avec Charlton Heston
+ plusieurs adaptations TV

25 mars 2011

Un après-midi de chien (1975) de Sidney Lumet

Titre original : « Dog day afternoon »

Un après-midi de chienLui :
Basé sur un fait divers réel, Un après-midi de chien relate comment deux hommes ont retenu en otage une dizaine de personnes lors d’un braquage de banque à Brooklyn… Le déroulement est beaucoup plus inhabituel que ne le laisserait penser cette base de départ, à la fois par la personnalité des braqueurs, jeunes et d’une naïveté qui attire la sympathie, et aussi par l’interaction avec les medias et la foule qui, rapidement, prend fait et cause pour eux. Le film de Sydnet Lumet brocarde allègrement le rôle voyeur des medias, l’inorganisation de la police et met à mal un certain idéal américain. Le film est en grande partie improvisé ce qui contribue à générer cette impression d’authenticité. Al Pacino, épuisé après le tournage du Parrain 2, livre une superbe performance, apportant beaucoup de richesse et surtout d’humanité au film. Très précis dans son déroulement, Un après-midi de chien ne comporte aucun temps mort, montrant au contraire une constante intensité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Al Pacino, John Cazale, Charles Durning, Chris Sarandon, James Broderick, Carol Kane
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Remarques :
La phrase la plus célèbre du film, ce cri d’Al Pacino à la foule « Attica ! Attica ! », était en fait une improvisation. Ce slogan est une référence à la mutinerie de la prison d’Attica (état de New York) en 1971 où des prisonniers noirs se sont révoltés après qu’un militant des Black Panthers ait été tué par des gardiens de prison. Ils réclamaient un traitement plus humain.

24 mars 2011

Le déjeuner sur l’herbe (1959) de Jean Renoir

Le déjeuner sur l'herbeLui :
Un éminent biologiste développe une théorie pour faire adopter l’insémination artificielle afin de faire progresser la race humaine. Nénette, déçue de l’amour après une expérience malheureuse, désire se porter volontaire. La jeune fille descend de son mas isolé de Provence alors que le guindé scientifique organise un déjeuner sur l’herbe pour officialiser ses fiançailles avec sa cousine… Parfois jugé réactionnaire quand il est sorti en 1959, le film de Jean Renoir prend une nouvelle résonnance aujourd’hui : il s’agit d’une fable assez poétique qui fustige le développement scientifique aveugle et prône le rapprochement à la nature. Avec le recul, le film peut paraître étonnamment visionnaire sur certains points. Le déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet Le titre est bien entendu une référence au tableau homonyme de Manet qui mêle, tout comme le film, nature, sexualité et intellectualisme. L’influence ou hommage à l’impressionnisme est d’ailleurs présente dans le film sous plusieurs formes, ne serait-ce que par cette glorification de la nature que son père, Auguste Renoir, a si souvent peinte (1). Catherine Rouvel peut aussi évoquer certains modèles du peintre. Le déjeuner sur l’herbe est un film plein de fraîcheur et de simplicité, avec une certaine naïveté attachante. Les personnages sont admirablement typés, volontairement avec excès pour certains. Paul Meurisse excelle dans ce style de personnage guindé, pompeux et maniéré ; le film regorge de seconds rôles hauts en couleur. Constamment, de petits détails relance l’humour, la satire. Le Déjeuner sur l’herbe est un film qu’il faut regarder avec un certain abandon pour se laisser gagner par sa grande fraîcheur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Paul Meurisse, Catherine Rouvel, Fernand Sardou
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Remarques :
(1) Le film a été tourné dans la propriété familiale des Renoir, « Les Collettes » à Cagnes-sur-Mer, où Auguste Renoir a vécu les vingt dernières années de sa vie. Jean Renoir était alors enfant.
Si les images sont remarquables, Jean Renoir a été probablement handicapé par le nouveau procédé qu’il testait, celui de filmer avec plusieurs caméras (de 3 à 8). Si ce système permettait effectivement de jouer des scènes avec une certaine continuité, évitant les interruptions et les reprises pour changer de plan, il était trop contraignant sur le placement des caméras car il fallait éviter que chacune ne soit dans le champ des autres. Il avait utilisé ce même procédé sur Le testament du Docteur Cordelier.
* Le berger à la flute est une figuration provençale du dieu Pan, le dieu de la nature et de la fécondité. Il peut être vu comme une façon pour Renoir de se représenter lui-même.

23 mars 2011

Johnny roi des gangsters (1941) de Mervyn LeRoy

Titre original : « Johnny Eager »

Johnny roi des gangstersLui :
Libéré sur parole, Johnny Eager est en apparence chauffeur de taxi. En réalité, il est à la tête d’une petite organisation de paris clandestins. Rusé et n’accordant aucune place aux sentiments, il manœuvre habilement pour faire ouvrir un cynodrome, pour les courses de lévriers…
Les années trente et début des quarante aux Etats-Unis ont été la grande époque des films de gangsters. Johnny, roi des gangsters est rarement cité parmi les films de ce genre qui a précédé le film noir. Il a pourtant de grands attraits : Johnny roi des gangsters tout d’abord un scénario intelligent reposant sur des manœuvres assez subtiles et même habiles du personnage central et surtout une fabuleuse interprétation. Robert Taylor est ici dans l’un de ses plus beaux rôles et face à lui, Lana Turner, avec enfin un rôle de tout premier plan, est lumineuse, renversante de beauté. Mais, plus remarquable encore est Van Heflin, bouleversant dans un second rôle, un personnage d’une étonnante profondeur qui lui valut un Oscar.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Lana Turner, Edward Arnold, Van Heflin, Robert Sterling
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22 mars 2011

Charlot au music-hall (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A night in the show »

A Night in the ShowLui :
(Muet, 23 minutes) Charlot se rend au music hall. Tout d’abord, il change plusieurs fois de place avec, à chaque fois, beaucoup d’interactions avec les autres spectateurs ou même les musiciens de l’orchestre qui sont juste devant lui. Ensuite, il perturbe parfois malgré lui le bon déroulement du spectacle… En réalité, Chaplin joue deux rôles différents : celui d’un spectateur mondain alcoolique et celui, un peu moins reconnaissable car plus moustachu, d’un spectateur plus populaire à l’étage, encore plus éméché. L’ensemble est bien enlevé, le bon rythme venant d’un enchaînement assez rapide des gags qui sont nombreux et assez variés. A noter qu’Edna Purviance n’a ici qu’un tout petit rôle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance
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21 mars 2011

Théorème (1968) de Pier Paolo Pasolini

Titre original : « Teorema »

ThéorèmeLui :
Un jeune homme, d’une beauté angélique, passe quelque temps dans une riche famille milanaise. Auprès de chacun des membres de la famille, il agit comme un révélateur, il ouvre des portes. Son départ va les laisser totalement transformés… Théorème part d’une hypothèse, d’une interrogation : que se passerait-il si un être supérieur rendait visite à une famille bourgeoise bien installée dans les codes de la société ? Notons que cet être absolu peut être vu comme un jeune Dieu ou un jeune diable (1). La « révélation » passe dans tous les cas par le sexe qui joue ici un rôle central, une passerelle vers un autre moi. A long terme, les effets sur chacun sont très variables et dépendent de l’individu puisque cela ira de la catatonie totale à l’explosion créative. En cette fin des années soixante, Théorème est un film très libre, sans contrainte, sans dogme ; Pasolini le définit plutôt comme un poème. Il parvient parfaitement à mêler réel et onirisme, on semble toujours osciller entre les deux. C’est aussi un film très beau, à la fois par ses images et ses cadrages très purs, et aussi par une belle utilisation du Requiem de Mozart.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Silvana Mangano, Terence Stamp, Massimo Girotti, Anne Wiazemsky, Laura Betti, Andrés José Cruz Soublette
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Remarques :
(1) L’Office catholique international du cinéma y a vu un jeune Dieu puisqu’elle a attribué un prix à Théorème. L’attribution de ce prix, quelque peu surprenant il est vrai, a fait grand scandale à l’époque, plus que le film lui-même…!

20 mars 2011

The Box (2009) de Richard Kelly

The BoxLui :
Dans les années soixante-dix, un homme apporte à un jeune couple une boîte avec un gros bouton. L’inconnu leur explique que s’ils appuient sur le bouton, on leur donnera un million de dollars mais en même temps un humain, inconnu d’eux, mourra quelque part. Ils ont 24 heures pour se décider… Cette histoire, adaptée d’une courte nouvelle de Richard Matheson, est donc une réflexion sur l’individualisme, la conscience, la nature humaine. Richard Kelly a bien su développer et enrichir cette base de scénario. Il parvient à mettre en place un climat très particulier entre suspense angoissant et puissances supérieures. Malgré quelques effets probablement superflus, The Box montre beaucoup de retenue dans son déroulement et évite le spectaculaire. Le choix de Cameron Diaz pour le rôle principal est, ceci dit, assez… inattendu. Toujours est-il qu’à l’heure où les scénarios de science-fiction sont de plus en plus simples, il est assez courageux de proposer un film potentiellement bien plus complexe… la preuve en est que le film n’a pas été particulièrement bien accueilli par le public. En fait, The Box s’inscrit plutôt dans la ligne des films de science-fiction des années cinquante et soixante et c’est une très bonne chose.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, James Rebhorn, Holmes Osborne
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Remarques :
Richard Matheson a écrit la nouvelle Button, Button (Le jeu du bouton) en 1970. L’histoire était plus réduite puisque la personne qui mourrait n’était autre que le mari. A l’étonnement de la femme, il était répondu : « Pensiez-vous vraiment connaître votre mari ? »
Richard Matheson a ensuite développé légèrement l’histoire pour un épisode de la série Twilight Zone (celle des années 80 bien entendu, pas celle des années 50), version qu’il a désavouée et finalement signée d’un pseudonyme. C’est Richard Kelly qui a considérablement développé le personnage du messager/ange organisateur.

19 mars 2011

L’arte di arrangiarsi (1954) de Luigi Zampa

L'arte di arrangiarsiLui :
L’arte di arrangiarsi (traduction littérale : l’art de la débrouille) nous retrace le parcours sur quarante ans d’un arriviste intéressé par les femmes et l’argent. Impliqué dans la vie politique, il change radicalement de bord suivant ses intérêts et trempe dans des magouilles de troisième ordre… Luigi Zampa est un réalisateur qui a souvent dépeint la société italienne dans ses travers et imperfections. Sa satire est souvent légère, manquant un peu de mordant ce qui fait qu’il n’a pas eu le même impact que d’autres réalisateurs. C’est ici le cas, L’arte di arrangiarsi est une comédie plaisante, bien enlevée par un Alberto Sordi en bonne forme, mais il manque l’étincelle qui aurait porté le film beaucoup plus haut. En bon scénariste, Zampa sait créer de belles situations, chacune ayant un très fort potentiel de développements mais ceux-ci se révèlent être trop sages, notamment au niveau des dialogues. Ce film, assez rare, n’en reste pas moins une bonne comédie qui met en relief avec humour un certain art de la « débrouillardise »…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Armenia Balducci, Carlo Sposito, Elli Parvo
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18 mars 2011

L’ombre de l’introuvable (1941) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Shadow of the Thin Man »

L'ombre de l'introuvableLui :
Par pur hasard, Nora et Nick Charles se retrouvent par deux fois à l’endroit où un crime est commis. L’enquête va les entraîner dans le milieu des paris sur les courses hippiques et les combats de catch… L’ombre de l’introuvable est le quatrième film de la série des Introuvable et force est de constater que la formule continue de très bien fonctionner. Mêlant humour et enquête, le film forme un cocktail très divertissant, les scénaristes ayant l’intelligence de ne trop appuyer leurs effets. Les personnages de Nick et Nora restent égaux à eux-mêmes, lui en alcoolique mondain qui aborde les pires situations avec grand flegme, elle en épouse frivole mais audacieuse ; on remarquera que le personnage de Nora est moins mis en avant, il faut dire que Myrna Loy ruait dans les brancards et d’ailleurs quittera la MGM pour quelque temps après ce film. Le scénario de L’ombre de l’introuvable est assez peu vraisemblable mais on ne s’en soucie guère car l’ensemble est on ne peut plus plaisant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Barry Nelson, Donna Reed, Sam Levene
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17 mars 2011

L’astronome indiscret (1900) de George A. Smith

Titre original : « As seen through a telescope »

L'astronome indiscretLui :
(Muet, 1 minute) Un homme âgé, qui observe le ciel en pleine rue avec une lunette astronomique, est attiré par un sujet plus intéressant : un passant relace le soulier de sa jeune épouse. La lunette lui permet d’avoir un très gros plan de la scène… As seen through a telescope montre la première utilisation d’un cache devant l’objectif et une utilisation nouvelle du gros plan. Il faut bien entendu garder à l’esprit, qu’à cette époque où les robes trainaient par terre, la cheville d’une femme était une partie du corps fortement chargée d’érotisme. Comme on le sait, le voyeurisme a joué un rôle important dans le développement de la photographie et du cinéma. Ici George Albert Smith intègre parfaitement dans une histoire sa nouveauté de placer un cache devant l’objectif. Toute la scène centrale est un gros plan en vision subjective. George Smith repasse en vision objective pour la scène finale, avec une chute amusante.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* George Albert Smith est avec James Williamson l’un des pionniers du cinéma anglais, il est le réalisateur le plus important de « l’école de Brighton ».
* George Albert Smith a réutilisé ce principe de cache quelques semaines plus tard dans Grandma’s reading glass (1900) où un enfant regarde les différents objets d’une pièce à travers une loupe. Les plans sont plus nombreux mais l’ensemble a moins de force et d’impact.