5 mai 2013

Le Havre (2011) de Aki Kaurismäki

Le HavreUn ex-écrivain bohème s’est volontairement exilé au Havre où il est cireur de chaussures. Il vit dans un petit quartier avec sa femme. Il trouve sur son chemin un jeune garçon, immigré clandestin d’Afrique Noire recherché par la police… Le Havre est le premier film qu’Aki Kaurismäki tourne en français. C’est une histoire assez universelle et atemporelle qui met en valeur l’humanité et la solidarité. Aki Kaurismäki insuffle beaucoup d’humour dans son récit, ne serait-ce que par le jeu des acteurs, avec des intonations très policées qui donnent une certaine noblesse (et même une certaine grandeur) aux personnages. C’est un style qui peut bien évidemment surprendre mais il suffit de se laisser gagner par l’atmosphère, finalement assez proche d’un conte. Ce style permet d’ailleurs de s’écarter du réalisme qui n’est pas ici recherché. L’histoire étant atemporelle, Kaurismäki mêle les époques, modernisme et nostalgie des années soixante se côtoient. Et l’image est superbe, Kaurismäki n’a pas son pareil pour créer une palette de couleurs subtile, un brin désuète, et dont les grandes masses de couleur peuvent évoquer l’univers de la bande dessinée style ligne claire. Le résultat lui est propre, assez unique et très beau. Sur le fond, Le Havre n’a pas de solution toute faite à donner, il met seulement en valeur les notions humaines d’humanisme et de liberté.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin
Voir la fiche du film et la filmographie de Aki Kaurismäki sur le site IMDB.

Voir les livres sur Aki Kaurismäki

Voir les autres films de Aki Kaurismäki chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Originaire du Havre, Little Bob interprète son propre rôle, ainsi qu’un morceau avec son groupe.
* On remarquera la présence de Pierre Etaix, en improbable docteur, et de Jean-Pierre Léaud en voisin dénonciateur.

16 octobre 2011

Yoyo (1965) de Pierre Étaix

Yoyo1925 : un milliardaire s’ennuie dans une immense demeure, entouré d’une armée de domestiques. Un cirque passe. Il reconnaît en l’écuyère la seule femme qu’il ait jamais aimée… Ce n’est que le point de départ de Yoyo qui se déroule sur près de quarante ans. Toute la première partie se déroulant avant le cinéma parlant, elle est donc muette (!) (avec toutefois des effets sonores) et la vitesse est très légèrement accélérée. C’est un véritable florilège de gags, de détournement d’objets, une véritable merveille qui force l’admiration. C’est un hommage aux films muets, on pense en premier à Buster Keaton bien entendu du fait de son personnage placide et sans expression, mais aussi à Max Linder. Le film devient ensuite parlant quand l’histoire passe le cap de 1928 et le film évoque alors plus les films de Chaplin, avec une belle poésie bucolique et toujours de nombreux gags qui s’enchaînent parfois très rapidement. Yoyo Car il y a beaucoup de rythme dans Yoyo. Les transitions sont toutefois quelquefois brutales. Les gags ne donnent pas dans le spectaculaire, ils sont au contraire fins, délicats, parfois très discrets ; ils créent une atmosphère amusante et chaleureuse qui donne une belle personnalité au film. C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin voir (et revoir à loisir) les films de Pierre Etaix, longtemps bloqués par un imbroglio juridique. Yoyo est son deuxième long métrage, sans doute son meilleur. C’est une merveille, un petit bijou.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Claudine Auger, Philippe Dionnet, Luce Klein
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Étaix sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pierre Étaix chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Pierre Etaix venait de voir 8 ½ de Fellini, un film qui l’avait fortement impressionné. A noter ce clin d’œil sur l’affiche d’une représentation de cirque ambulant : l’heure du spectacle est marquée « 8 ½ h ». On remarque ainsi tout au long du film de petits clins d’œil.

* Après des années et des années de blocage, les films de Pierre Etaix sont enfin distribués à nouveau, notamment dans un beau coffret DVD.

7 juillet 2011

Heureux anniversaire (1962) de Jean-Claude Carrière et Pierre Étaix

Heureux anniversaireLui :
Un mari est attendu par sa femme pour fêter l’anniversaire de leur mariage. Il doit passer chez la fleuriste, seulement voilà : nous sommes à Paris et les inconvénients de la ville vont entraver la progression de ce mari attentionné… Heureux anniversaire est la deuxième co-réalisation de Pierre Etaix avec Jean-Claude Carrière après Rupture. Le court métrage est plus ambitieux et plus riche, filmé en grande partie dans les rues (encombrées) de Paris. Nos deux compères utilisent remarquablement les tracas de la circulation automobile pour créer des situations saugrenues et drolatiques. Pierre Etaix joue le mari dans un style proche de Buster Keaton par le fait qu’il semble rester imperturbable face aux obstacles qui se succèdent et par l’ingéniosité dont il fait preuve pour se sortir des situations délicates. Il évoque aussi le Tati de Mon Oncle ou du futur Play Time. Heureux anniversaire est un vrai petit plaisir. (Court métrage de 14 minutes).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Laurence Lignières
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Claude Carrière et Pierre Étaix sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pierre Étaix chroniqués sur ce blog…

6 juillet 2011

Le grand amour (1969) de Pierre Étaix

Le grand amourLui :
Pierre s’est marié avec la femme qu’il aime mais il doit faire face à sa belle famille, plutôt envahissante. L’arrivée d’une charmante secrétaire va éveiller en lui une nouvelle passion… L’histoire du Grand amour de Pierre Etaix n’a pas tant d’importance, elle n’est en fait qu’un prétexte pour créer des situations où il peut placer ses gags. Comme toujours avec Pierre Etaix, c’est un humour délicat, subtil, inventif, qui peut se nicher dans tous les recoins de l’image, parfois très poétique comme cette célèbre scène où notre héros, dans son lit, laisse vagabonder son imagination : Le grand amour c’est en fait le lit qui part errer sur les routes où il fera diverses rencontres. Ce n’est pas un humour qui nous frappe en pleine figure mais c’est un humour auquel on repense après coup et qui donne immanquablement envie de revoir le film. Il y a de sacrés trouvailles! S’il caricature certains comportements ou certains rapports sociaux, la méchanceté est absente. Le grand amour est le premier film de Pierre Etaix en couleurs. Un petit bijou que l’on peut enfin revoir aujourd’hui après une trop longue éclipse pour des raisons juridiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Annie Fratellini, Nicole Calfan, Alain Janey
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Étaix sur le site IMDB.

Voir les autres films de Pierre Étaix chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Annie Fratellini est la femme de Pierre Etaix, à la ville comme à l’écran.