26 novembre 2011

Lady Lou (1933) de Lowell Sherman

Titre original : « She Done Him Wrong »

Lady LouUn saloon du New York des années 1890 est tenu par un politicien véreux mais c’est Lou, tenancière et chanteuse, qui fait tomber tous les hommes qui passent à sa portée… She Done Him Wrong est le second film tourné Mae West mais c’est le premier où elle tient le haut de l’affiche. Le film est adapté de sa propre pièce, Diamond Lil, qui avait eu un grand succès à Broadway. C’est ce film qui va établir son personnage haut en couleur : provocante, aguicheuse et ne parlant que par phrases à double sens (sexuel évidemment). Avec son déhanchement exagéré, son personnage est très proche de la caricature. Ses robes, ultra serrées, étaient cousues directement sur elle. Mais ce sont les dialogues qui forment l’élément le plus savoureux du film, incroyablement chargés de sous-entendus et d’allusions. Nous sommes en 1932 avant la généralisation du Code Hays (règles de censure puritaine) et cela se sent ! Même les chansons sont pleines de doubles sens: “I Wonder Where My Easy Rider’s Gone”, “A Guy What Takes His Time”. Bien entendu, nous ne sommes pas ici dans la petite dentelle, c’est de l’humour assez percussif mais, à condition de ne rien prendre au sérieux, cet humour fonctionne bien. She Done Him Wrong fut un énorme succès, ce dont la Paramount avait bien besoin à l’époque, et lancera le phénomène Mae West. Le film sera également un tremplin pour Cary Grant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Cary Grant, Owen Moore, Gilbert Roland, Noah Beery, David Landau
Voir la fiche du film et la filmographie de Lowell Sherman sur le site IMDB.

Remarques :
* Noah Beery est le frère de Wallace Beery.
* C’est Mae West qui a découvert Cary Grant parmi les petits acteurs de la Paramount et qui a poussé pour qu’il ait un rôle de premier plan dans Blonde Venus avec Marlene Dietrich, tourné peu avant Lady Lou (Marlene Dietrich et Mae West étaient en très bon termes).
* Le titre est dérivé des paroles d’une chanson traditionnelle américaine appelée Frankie and Johnny que Mae West chante dans le film (en détournant un peu les paroles).
* Le film a été tourné en 18 jours pour un budget très réduit.

25 novembre 2011

Movie Crazy (1932) de Clyde Bruckman

Autre titre (Belgique) : « Silence, on tourne! »

Movie CrazyA la suite d’une méprise, un provincial qui rêve de faire carrière dans le cinéma est convoqué à Hollywood pour faire des essais… Les grands burlesques du cinéma muet ont souffert du passage au parlant. Sans échapper totalement à la règle, Harold Lloyd est celui qui a le mieux réussi à prendre le virage, avec même quelques belles réussites comme ce Movie Crazy. C’est son premier film vraiment écrit comme un parlant (et non comme un muet sonorisé). L’histoire n’est guère originale en soi et pourtant Harold Lloyd parvient à Movie Crazy éviter les situations les plus faciles et nous livre de très bons gags. Les scènes de la piste de danse et de la bagarre finale sont assez mémorables. Movie Crazy montre un bel équilibre entre l’humour et la romance, avec un personnage féminin (joué par Constance Cummings) assez travaillé. C’est inhabituel pour le burlesque muet et témoigne donc de l’évolution d’Harold Lloyd pour aborder le parlant. Le succès fut au rendez-vous, un succès justifié car Movie Crazy est au niveau de ses meilleurs films.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Constance Cummings
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Remarques :
* Le film fut tourné sans le son, les voix étant ajoutées en post-production.
* Bien que Clyde Bruckman soit crédité comme seul réalisateur, le film a été en grande partie dirigé par Harold Lloyd lui-même du fait de l’alcoolisme chronique de Bruckman.

24 novembre 2011

L’esprit s’amuse (1945) de David Lean

Titre original : « Blithe Spirit »

L'esprit s'amuseUn écrivain organise une séance de spiritisme au cours de laquelle son ex-femme fait sa réapparition. Lui seul peut la voir ce qui crée quelques complications avec sa femme actuelle… L’esprit s’amuse est l’adaptation d’une pièce de Noel Coward qui eut un énorme succès des deux côtes de l’Atlantique. Malgré des offres alléchantes venant d’Hollywood, Coward préféra voir une adaptation bien anglaise de sa pièce. Et effectivement, l’atmosphère de cette comédie est délicieusement ‘british’. L’histoire est simple mais la réussite de l’ensemble repose sur de savoureux dialogues, pleins d’esprit et d’humour subtil, sur un excellent jeu d’acteurs, Rex Harrison avec sa séduisante élégance britannique et Margaret Rutherford déchaînée dans un rôle de medium haut en couleur, et enfin sur une utilisation intelligente de la couleur. L’humour est assez impertinent avec parfois de jolis sous-entendus à caractère sexuels (certaines phrases furent coupées dans les versions américaines). L’esprit s’amuse et nous aussi.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Rex Harrison, Constance Cummings, Kay Hammond, Margaret Rutherford
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22 novembre 2011

Vers sa destinée (1939) de John Ford

Titre original : « Young Mr. Lincoln »

Vers sa destinéeEmployé d’une petite échoppe au fin fond de l’Illinois, le jeune Abe Lincoln troque quelques tissus contre des livres de Droit qu’il étudie longuement. A la mort de la jeune fille qu’il aimait, il décide d’aller à Springfield pour se lancer dans une carrière d’avocat… Vers sa destinée (Young Mr Lincoln) retrace donc les débuts de la carrière publique d’Abraham Lincoln, alors qu’il n’était qu’un simple avocat de province. Abraham Lincoln est unanimement vénéré aux Etats-Unis (nous n’avons pas d’équivalent en France) et donc le sujet n’est pas si facile à traiter. La grande réussite de John Ford est de l’avoir rendu très humain et d’avoir évité toute grandiloquence. Son cinéma est, dans le fond et dans la forme, d’une simplicité qui engendre la perfection, l’harmonie. Le scénario s’inspire de faits historiques tout en gardant une certaine liberté (par exemple, le procès décrit a eu lieu beaucoup plus tard dans sa vie, alors qu’il avait largement débuté sa carrière politique). John Ford fait ici un éloge de la ruralité, des hommes ordinaires qui bâtissent la Nation. Henry Fonda est l’incarnation parfaite du jeune Lincoln, à la fois par sa stature, sa prestance, sa simplicité naturelle et la puissance de son jeu (1). Vers sa destinée (Young Mr Lincoln) a longtemps été considéré comme mineur. Curieusement, c’est Eisenstein qui a relancé sa popularité parmi les critiques en déclarant à la fin des années cinquante que c’était, parmi tous les films américains, celui qu’il aurait aimé avoir fait.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Alice Brady, Donald Meek, Marjorie Weaver, Pauline Moore, Ward Bond, Arleen Whelan
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Remarques :
(1) Dans son autobiographie, Henry Fonda raconte que lorsqu’un producteur est venu lui demander s’il connaissait Abraham Lincoln, il a répondu : « Je suis absolument dingue de Lincoln. J’ai lu les trois-quarts des bouquins qui lui ont été consacrés ! » L’acteur refusa néanmoins le rôle, comme par crainte de commettre un crime de lèse-majesté. C’est John Ford qui réussit à le convaincre, plusieurs mois plus tard, en insistant sur le côté « petit avocat de province » du héros de son film.

21 novembre 2011

L’argent (1928) de Marcel L’Herbier

L'argentSaccard, directeur de la Banque Universelle, subit un revers financier important lorsque son ennemi de toujours, le banquier Gunderman, bloque une augmentation de capital d’une filiale stratégique. Il est proche de la ruine. Pour se remettre en selle, il décide de financer l’aviateur Jacques Hamelin qui projette d’aller exploiter des gisements de pétrole en Guyane… Tourné dans les toutes dernières années du cinéma muet, L’argent est une transposition moderne du roman homonyme d’Emile Zola. Marcel L’Herbier, réalisateur qui a fortement contribué à hisser le cinéma au rang d’art véritable au tout début des années vingt, réussit à mettre sur pied cette ambitieuse production dotée de larges moyens (qui seront d’ailleurs dépassés). Composant, parfois difficilement, avec un producteur pointilleux, il a fortement imprimé sa marque sur le film. L’argent est donc bien un film d’auteur.

L'argent Le plus visible de sa démarche réside dans les audacieux et inventifs mouvements de caméra. Le plus célèbre est un vertigineux traveling vertical au dessus de la Corbeille mais il y a beaucoup d’autres travelings, parfois très rapides, qui apportent beaucoup de mobilité. L’autre aspect le plus visible est l’utilisation des flous, soit pour mieux isoler un personnage, soit pour exprimer un sentiment, un état d’esprit, une situation trouble. Très étonnant. Il faut aussi remarquer le montage avec notamment des plans alternés très efficaces. Toute cette créativité pourrait sembler vaine si elle n’était au service de l’intensité du drame qui se noue devant nos yeux.

L'argentLes décors Art-Déco sont superbes. Star auréolée du succès de Metropolis, Brigitte Helm n’a qu’un second rôle, celui de l’intrigante baronne Sandorf. Lascive et féline, elle distille, dans les scènes où elle apparaît, une forte sensualité qui atteint son paroxysme dans son altercation avec Saccard (1). Pierre Alcover donne beaucoup de corps (!) à son personnage. Ce qui est étonnant à propos de Saccard, c’est l’ambivalence des sentiments qu’il nous inspire : il est à la fois odieux, calculateur, entièrement asservi par l’argent, mais il est parfois sympathique, surtout lorsqu’il laisse transparaître sa fragilité. L’autre banquier, Gundermann, est encore plus machiavélique, un personnage très réussi : froid et inexpressif, il ne cesse de caresser l’un de ses chats à longs L'argentpoils.

Tourné un an avant le krach boursier de 1929, L’argent a été donc assez prophétique dans sa dénonciation du pouvoir extrême de l’argent. Il trouve d’ailleurs un nouvel écho aujourd’hui, 80 ans plus tard. L’argent eut un succès mitigé : à sa sortie, il fut mal considéré par la critique et il faut attendre les années soixante pour le voir réhabilité et remis à sa juste place, c’est à dire parmi les 5 ou 10 plus grands films du cinéma muet.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Alcover, Brigitte Helm, Marie Glory, Alfred Abel, Henry Victor, Antonin Artaud, Jules Berry
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Remarques :
* Le tout jeune et inexpérimenté Jean Dréville a tourné un film de 40 minutes sur le tournage de L’argent : Autour de L’argent. Ce petit film est passionnant, un document précieux.
L'argent * Les scènes de bourse furent réellement tournées à la Bourse (Palais Brongniart à Paris) que Marcel L’Herbier put avoir trois jours à son entière disposition pendant le week-end de l’Ascension. 2000 figurants (dont certains étaient de véritables opérateurs de bourse), une quinzaine de caméras, le réalisateur ne lésina guère sur les moyens. Le résultat est saisissant : l’effervescence de ce temple de la finance est clairement perceptible.  Pour l’un des plans les plus audacieux de toute l’histoire du cinéma, L’Herbier a fait chuter une volumineuse caméra au dessus de la Corbeille depuis la coupole, soit 22 mètres en quasi-chute libre.

(1) Le film/making-of de Jean Dréville nous montre que cette scène (entrevue entre Saccard et la baronne Sandorf) fut la première à être tournée. C’est assez étonnant lorsqu’on voit l’intensité dramatique et sensuelle qu’elle atteint à l’écran.

Remake :
L’argent de Pierre Billon (1936) avec Nicolas Amato et Pierre Richard-Willm (film perdu?)

21 novembre 2011

Autour de l’argent (1928) de Jean Dréville

Autour de l'argent(Court-métrage de 40 mn) Autour de l’argent est ce que nous appelons aujourd’hui un making-of. Jean Dréville a 22 ans lorsqu’il propose à Marcel l’Herbier de filmer le tournage de son film L’Argent, grosse production de 1928. Nous sommes là dans les toutes dernières années du cinéma muet. Jean Dréville n’a absolument aucune expérience cinématographique, ni pour tourner, ni pour monter, mais il s’appuie sur ses connaissances de photographe amateur. Il s’agit donc de son tout premier film. Autour de l’argent est un document très précieux car il nous montre donc comment Marcel L’Herbier a tourné : le grand studio, les trouvailles ingénieuses, les chariots pour ses mouvements complexes de caméra ; nous voyons tomber la caméra dans la fameuse scène de la bourse, l’incroyable traveling au dessus de la soirée chez Saccard, nous voyons L’Herbier diriger ses comédiens. Toutes ces images sont d’un intérêt extrême, c’est un document inestimable. Il est intelligemment monté en grands chapitres. Initialement muet, un commentaire en voix-off de Jean Dréville a été rajouté en 1971.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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20 novembre 2011

L’assassinat du Père Noël (1941) de Christian-Jaque

L'assassinat du Père NoëlUn petit village de Savoie, isolé par la neige, se prépare à fêter Noël. Comme chaque année, c’est le vieux Gaspard Cornusse, fabricant de mappemondes, qui va faire le Père Noël. Mais, cette année sera marquée par plusieurs évènements : le retour du Baron après un long voyage et surtout le vol de l’anneau de saint Nicolas dans l’église… L’assassinat du Père Noël est le premier film sorti par la Continental, compagnie de production cinématographique créée sous l’Occupation en France par les allemands (1). Le film est adapté d’un roman de Pierre Véry (également auteur des Disparus de Saint-Agil adapté trois ans plus tôt par Christian-Jaque). L’ensemble repose sur une bonne intrigue et, bien qu’un fort indice nous soit donné très tôt dans le film, nous n’avons aucune certitude. Cette intrigue flotte dans une atmosphère de légère féérie, que l’on retrouvera dans de nombreux films sous l’Occupation. Les seconds rôles sont assez intéressants et bien définis. Comme toujours, Harry Baur fait une bonne prestation, mais sans être remarquable toutefois. La réalisation est assez classique. L’assassinat du Père Noël fut un grand succès populaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Renée Faure, Robert Le Vigan, Fernand Ledoux, Marie-Hélène Dasté
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Remarques :
Bernard Blier, de retour d’un camp de prisonnier, incarne un petit rôle, le gendarme à la fin du film. La petite fille dans la boutique n’est autre que Danielle Dorléac (4 ans), sœur aînée de Catherine Deneuve et de Françoise Dorléac.

(1) Quand les allemands ont occupé la France en 1940, ils ont fait jouer toute une série de films allemands dans les cinémas. Le succès fut très médiocre. Les allemands créèrent alors la société de production Continental, une firme allemande filiale de l’U.F.A., dans le but de tourner des films 100% français sous leur contrôle. Goebbels avait donné des instructions pour que le cinéma français produise « des films légers, vides et si possible, stupides ». La Continental produira 30 films entre 1941 et 1945 (sur un total de plus de 200 films français). Heureusement, tous ne sont pas « vides et stupides », loin de là.

19 novembre 2011

After hours – Quelle nuit de galère (1985) de Martin Scorsese

Titre original : « After hours »

After Hours - quelle nuit de galèrePaul, informaticien sans histoire, rencontre Marcy un soir dans un snack. Il la rappelle peu après et elle l’invite à venir dans son loft à Soho qu’elle partage avec une artiste. Paul ne sait pas encore qu’il s’apprête à passer la nuit la plus mouvementée de sa vie… Avec After Hours, Scorsese dresse un certain portrait de New York dans ce qu’il a de plus imprévisible et même dérangeant. Dans ce sens, on peut faire un certain parallèle avec Taxi Driver, sauf que le registre est totalement différent : c’est ici plutôt une comédie… d’humour noir, bien entendu. C’est presque une descente aux enfers pour ce garçon bien rangé de l’Upper West Side qui descend à Soho, opposition de deux quartiers, de deux mondes différents. After Hours est remarquable par son montage et sa mise en scène, avec une caméra très mobile, mettant en relief beaucoup de détails qui alimentent l’étrange et le saugrenu. Scorsese fait preuve de virtuosité sur certaines scènes. Belle composition de Griffin Dunne.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom, Linda Fiorentino, Teri Garr, John Heard
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After Hours - quelle nuit de galère Remarques :
* After Hours est également le titre d’un standard du jazz et aussi le titre d’une chanson chantée par Nico (sur le troisième album du Velvet Underground).
* Dans la boîte Club Berlin, la personne qui manie le projecteur n’est autre que Martin Scorsese lui-même.
* Scorsese eut du mal à trouver une fin satisfaisante. Une autre fin fut tournée avec Paul restant prisonnier de sa statue. Cette fin fut rejetée par le public lors des projections-tests.

18 novembre 2011

Toute la ville danse (1938) de Julien Duvivier

Titre original : « The Great Waltz »

Toute la ville danseTourné par Julien Duvivier aux Etats-Unis (1), Toute la ville danse est une biographie (très) romancée de Johan Strauss. Le scénario est assez indigent, sombrant dans le mélo aussi conventionnel qu’affligeant. Mais l’intérêt de Toute la ville danse n’est pas là… Son premier atout, ce sont les morceaux musicaux, joliment recréés dans leur environnement naturel dans le Vienne du XIXe siècle. Son deuxième atout réside dans la superbe photographie et l’étonnante virtuosité technique : la caméra virevolte, semble légère, nous entraîne dans un tourbillon enivrant (2). Le troisième atout est la soprano russe Miliza Korjus. Toute la ville danse D’une grande beauté, elle fait preuve d’une extraordinaire présence à l’écran et illumine le film autant par son sourire que par sa voix. Sa carrière cinématographie commence et, hélas, se termine avec ce film (3). Au final, à condition d’être (très) indulgent avec le scénario, Toute la ville danse est un bon et beau divertissement musical. Dans un registre assez inhabituel pour lui, Julien Duvivier a su créer un grand succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Luise Rainer, Fernand Gravey, Miliza Korjus, Hugh Herbert, Lionel Atwill
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Remarques :
La fin du film (les adieux près du bateau à aubes et la création-éclair du Beau Danube Bleu) a été tournée par Josef von Sternberg. Certaines scènes de valses auraient été tournées par Victor Fleming.

(1) Le succès de Pépé le Moko avait retenu l’attention des dirigeants de la M.G.M. qui invitèrent Julien Duvivier à venir à Hollywood tourner Toute la ville danse. Le film terminé, Duvivier est rentré en France. Il reviendra à Hollywood pendant la guerre, de 1940 à 1945.
(2) On trouve parmi les mémos de David O.Selznick une requête adressée à l’équipe d’Autant en Emporte le vent alors en cours de tournage : « Je désire vivement que toute l’équipe technique voie immédiatement The Great Waltz qui est, à mon avis, l’une des meilleures réalisations techniques d’Hollywood depuis plusieurs années. »
(3) Miliza Korjus fut nominée aux Oscars pour ce rôle. Hélas, victime l’année suivante d’un accident automobile où elle faillit perdre une jambe, elle ne tournera d’autres films si ce n’est un (assez obscur) film mexicain pendant la guerre. Elle poursuivra toutefois sa carrière de chanteuse d’opéra.

Autres films sur la vie de Johan Strauss :
Waltzes from Vienna (Le chant du Danube) d’Alfred Hitchcock (1933)
The Great Waltz (Toute la ville danse) d’Andrew L. Stone (1972)

17 novembre 2011

Girlfriend experience (2009) de Steven Soderbergh

Titre original : « The girlfriend experience »

Girlfriend ExperienceIl faut le savoir : Girlfriend Experience (GFE pour les habitués) est un type de service proposé par les prostituées, à savoir se comporter comme une petite amie… Soderbergh a maintenant l’habitude d’intercaler des petits films, tournés très rapidement, entre ses grosses productions. Ici, il nous fait suivre l’une de ces escort-girls sur environ cinq journées avec une chronologie éclatée (Soderbergh oblige…) L’ensemble n’est pas exactement passionnant. Très ennuyeux au début, le film finit tout de même par intéresser grâce au regard porté sur les relations humaines : les clients de cette geisha moderne sont très stressés et ne lui parlent que d’angoisses économiques (nous sommes juste avant l’élection d’Obama qui leur fait très peur). Ses relations avec son (vrai) petit ami ont du mal à trouver un équilibre. Mais le personnage principal de Girlfriend Experience, on ne le voit pas vraiment mais tout le monde en parle : c’est l’argent. Il s’insinue partout dans les rapports sociaux, règne sur les comportements. Soderbergh a choisi une actrice principale venant du cinéma pornographique (mais il n’y a aucune scène explicite, ni même de nudité d’ailleurs). Et le réalisateur expérimente : personnages flous, séquences très libres visiblement improvisées, etc. Le film n’est toutefois pas totalement convaincant, notamment quand il aborde le thème de la pudeur et de la fragilité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sasha Grey, Chris Santos, Philip Eytan
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