7 février 2023

La Nuit des femmes (1961) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Onna bakari no yoru »

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)À la fin des années 1950 au Japon, les lois anti-prostitution entrainent la fermeture des maisons closes. Des centres de réinsertion pour anciennes prostituées sont créés. La jeune Kuniko est particulièrement motivée pour retrouver une nouvelle place dans la société japonaise. Avec l’aide de la responsable du centre, elle déniche un emploi dans une épicerie à Tokyo…
La Nuit des femmes est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka. Le scénario est signé Sumie Tanaka (pas de relation familiale), il est basé sur un roman de Masako Yana. Après une grosse production en couleurs (La Princesse errante), la réalisatrice se lance dans un projet plus modeste en moyens où elle nous parle de nouveau de femmes vues par des femmes. L’histoire met en relief les difficultés de réinsertion de ces anciennes prostituées : si certaines n’en ont aucune envie, d’autres désirent repartir sur de nouvelles bases mais le passé revient toujours en force. Kinuyo Tanaka a toutefois tenu à donner une fin positive à son récit, ce n’était pas le cas dans le roman. Le récit met en avant les rapports des femmes entre elles, il n’y a que peu d’hommes. La réalisatrice a choisi une actrice très peu connue pour le rôle principal, Chisako Hara. Elle fait une belle prestation : elle exprime à la fois de la fragilité et une grande détermination. Le film possède une indéniable force. Certains analystes ont rapproché La Nuit des femmes des films de la Nouvelle Vague japonaise, tel Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Ôshima par sa façon d’aborder les personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chisako Hara, Akemi Kita, Kyôko Kagawa, Chikage Awashima, Yôsuke Natsuki
Voir la fiche du film et la filmographie de Kinuyo Tanaka sur le site IMDB.

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La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru)Yôsuke Natsuki et Chisako Hara dans La Nuit des femmes (Onna bakari no yoru) de Kinuyo Tanaka.

6 février 2023

La Princesse errante (1960) de Kinuyo Tanaka

Titre original : « Ruten no ôhi »

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Tokyo, 1937. Ryūkō est une jeune fille insouciante d’origine noble qui se rêve en artiste peintre et vit auprès de ses parents et de sa grand-mère. Elle accepte d’épouser le frère de l’empereur de Maundchourie. Ce mariage est destiné à renforcer les relations entre les deux nations et introduire le sang japonais dans la famille impériale mandchoue…
La Princesse errante est un film japonais réalisé par Kinuyo Tanaka, son quatrième long métrage, son premier en couleurs. Il s’agit de l’adaptation de la biographie homonyme de Hiro Saga, publiée quelques mois plus tôt. Cette princesse a connu un destin peu commun, mouvementé et tragique. La société de production Daiei a voulu ouvertement en faire un film pour les femmes et fait par des femmes : la présentation du film à l’époque en témoigne. Le budget fut assez important. La mise en place est assez longue, s’attardant sur les protocoles des familles impériales. La suite est plus tragique, lorsque survient la guerre, avec la difficile position mandchoue dans un conflit qui déchire le pays. Pour le premier rôle, Kinuyo Tanaka a choisi Machiko Kyô, l’actrice qui l’a remplacée comme égérie de Mizoguchi. L’actrice est de tous les plans ou presque, elle fait une très belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Machiko Kyô, Eiji Funakoshi, Chieko Higashiyama, Kuniko Miyake, Mitsuko Mito, Chishû Ryû, Tatsuya Ishiguro
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Remarque :
• La fin est un peu abrupte car l’histoire était encore en cours : en 1961, soit un an après la sortie du film, le couple fut enfin réuni grâce à la permission du Premier ministre chinois et s’installe à Pékin. Hiro Saga y vivra jusqu’à sa mort en 1987, à l’âge de 73 ans. Son mari lui survivra quelques années. Leur deuxième fille (totalement absente du film), née en 1940 deux ans après l’aînée, est toujours en vie.

La Princesse errante (Ruten no ôhi)Machiko Kyô dans La Princesse errante (Ruten no ôhi) de Kinuyo Tanaka.

29 janvier 2023

Ma nuit chez Maud (1969) de Eric Rohmer

Ma nuit chez MaudClermont-Ferrand, quelques jours avant Noël. Un jeune ingénieur, récemment revenu de l’étranger, remarque à la messe une jeune femme blonde et décide qu’elle sera sa femme. Il retrouve ensuite par hasard un ancien ami qui l’invite à un dîner le soir de Noël chez une amie divorcée, Maud…
Ma nuit chez Maud est un film français écrit et réalisé par Éric Rohmer. C’est le troisième des Six contes moraux du réalisateur (bien qu’il ait été réalisé après le quatrième, La Collectionneuse) et sans nul doute le plus profond des six, le plus philosophique. On y parle de l’existence de Dieu et du pari de Pascal (1), de probabilités mathématiques, de l’amour. L’art de Rohmer est de rendre cela très naturel et assez attrayant. Il nous fait suivre les discussions de trois personnages aux convictions très fortes : il y a l’ingénieur croyant (Jean-Louis Trintignant), rigoriste, janséniste malgré lui, enfermé dans des principes tristes qu’il énonce joliment, le professeur de philosophie marxiste qui cultive ses illusions sources d’espoir (Antoine Vitez) et la femme libre (Marie-Christine Barrault) auprès de laquelle l’ingénieur va perdre de sa raideur le temps d’une nuit. Leurs discussions sont passionnantes à suivre et prêtent délicieusement à réflexion. Certains seront tentés d’y voir un éloge du mariage et de la famille mais, une fois de plus, Rohmer ne fait pencher la balance dans aucun sens, il nous place en observateur (même si on peut s’amuser de la pirouette finale). L’interprétation est aussi excellente que le sujet.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Trintignant, Françoise Fabian, Marie-Christine Barrault, Antoine Vitez
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(1) Ces dialogues au sujet de Pascal sont directement inspirés de l’émission L’Entretien sur Pascal (1965), un dialogue entre Brice Parain, auteur d’essais de philosophie, et le père dominicain et mathématicien Dominique Dubarle. L’émission était réalisée par Rohmer pour la télévision. (Visible sur Gallica).

Ma nuit chez MaudAntoine Vitez, Françoise Fabian et Jean-Louis Trintignant dans Ma nuit chez Maud de Éric Rohmer.

Ma nuit chez MaudFrançoise Fabian et Antoine Vitez dans Ma nuit chez Maud de Éric Rohmer.

Ma nuit chez MaudFrançoise Fabian et Jean-Louis Trintignant dans Ma nuit chez Maud de Éric Rohmer.

Six Contes moraux d’Eric Rohmer :
1963 : La Boulangère de Monceau
1963 : La Carrière de Suzanne
1967 : La Collectionneuse
1969 : Ma nuit chez Maud
1970 : Le Genou de Claire
1972 : L’Amour l’après-midi

7 janvier 2023

La Boulangère de Monceau (1963) de Eric Rohmer

La Boulangère de MonceauA Paris, dans le quartier du parc Monceau, un étudiant en droit prépare ses examens tout en fréquentant les cafés avec un camarade. Il croise fréquemment une jeune femme blonde qui lui plaît mais n’ose cependant pas l’aborder. Un jour pourtant, il engage la conversation et croit dès lors la rencontre bien engagée…
La Boulangère de Monceau est un court métrage français de 22 minutes écrit et réalisé par Éric Rohmer. C’est le premier de ses Six Contes moraux : il sera suivi de cinq longs métrages sur presque dix ans. Il comporte déjà le canevas commun aux six films, ainsi défini par Rohmer : « Tandis que le narrateur est à la recherche d’une femme, il en rencontre une autre qui accapare son attention jusqu’au moment où il retrouve la première. » Il faut ajouter que l’autre femme est toujours contraire aux principes du personnage. Ainsi, le jeune étudiant considère que la jeune boulangère n’est pas de son monde, il n’a que du mépris pour elle et fait preuve d’un cynisme odieux. Le cinéaste montre sans porter de jugement : on peut aussi bien imaginer qu’il s’identifie au personnage principal ou alors qu’il le condamne. Même s’il manque de complexité du fait de son format court, La Boulangère de Monceau préfigure entièrement la série des Contes moraux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbet Schroeder, Claudine Soubrier, Michèle Girardon
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Remarque :
* Le rôle principal est tenu par le futur réalisateur Barbet Schroeder, la voix-off du narrateur est celle du jeune Bertrand Tavernier (difficile à reconnaitre).

La Boulangère de MonceauBarbet Schroeder et Claudine Soubrier dans La Boulangère de Monceau de Éric Rohmer.

Six Contes moraux d’Eric Rohmer :
1963 : La Boulangère de Monceau
1963 : La Carrière de Suzanne
1967 : La Collectionneuse
1969 : Ma nuit chez Maud
1970 : Le Genou de Claire
1972 : L’Amour l’après-midi

27 novembre 2022

Manon 70 (1968) de Jean Aurel

Manon 70Jeune journaliste à Europe 1, Des Grieux rencontre Manon à l’aéroport de Tokyo et en tombe instantanément amoureux. A Paris, commence alors une relation passionnée mais ambigüe, perturbée par les intrigues intéressées de son frère Jean-Paul et les infidélités de Manon…
Manon 70 est un film français réalisé par Jean Aurel, d’après le roman Manon Lescaut de l’abbé Prévost. L’adaptation est signée Jean Aurel et Jacques Laurent (alias Cecil Saint-Laurent). Il s’agit d’une transposition dans le monde moderne du roman qui a connu de nombreuses adaptations, que ce soit au cinéma, à la télévision ou en opéra. Malgré les qualités de ses trois interprètes principaux, le film n’est pas franchement une réussite. Cet amour fou finit même par être ennuyeux. Catherine Deneuve y est toutefois resplendissante dans les robes d’Emanuel Ungaro. La musique est de Serge Gainsbourg.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Sami Frey, Jean-Claude Brialy, Elsa Martinelli
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Manon 70Catherine Deneuve et Sami Frey dans Manon 70 de Jean Aurel.

Manon 70Catherine Deneuve et Jean-Claude Brialy dans Manon 70 de Jean Aurel.

Adaptations au cinéma :
1912 – Manon Lescaut, film français d’Albert Capellani
1914 – Manon Lescaut, film américain de Herbert Hall Winslow (en)
1918 – Manon Lescaut, film italien de Mario Gargiulo (it)
1926 – Manon Lescaut, film allemand de Arthur Robison
1927 – Le Roman de Manon, film américain d’Alan Crosland
1940 – Manon Lescaut, film italien de Carmine Gallone avec Alida Valli et Vittorio De Sica
1949 – Manon, film d’Henri-Georges Clouzot
1954 – Les Amours de Manon Lescaut (Gli amori di Manon Lescaut), film italien de Mario Costa
1968 – Manon 70, film français de Jean Aurel avec Catherine Deneuve
1981 – Manon, film japonais de Yōichi Higashi
2013 – Manon Lescaut, film français de Gabriel Aghion

2 novembre 2022

Si j’étais un espion (1967) de Bertrand Blier

Titre complet : « Si j’étais un espion (Breakdown) »

Si j'étais un espionLe docteur Lefebvre, veuf qui mène une vie tranquille avec sa fille, compte parmi ses patients un dépressif dénommé Guérin. Celui-ci change souvent d’adresse. Il est recherché par sa femme et par des inconnus qui surveillent le docteur, le cambriolent, le menacent…
Si j’étais un espion est le premier long métrage de fiction de Bertrand Blier qui avait alors 28 ans. S’il est auteur de l’idée originale avec Antoine Tudel, il n’en a pas écrit le scénario. C’est un film en noir et blanc où s’installe une atmosphère intrigante assez intense. On ne sait vraiment d’où vient le danger, ni même quel est ce danger. Le fait d’avoir un individu quelconque donne des accents kafkaïens à cette histoire. Bertrand Blier met en scène pour la première fois Bernard Blier, son père. A noter qu’il n’y a pas d’humour, le futur style Bertrand Blier n’est pas encore perceptible. La musique est de Serge Gainsbourg. Le film fut un échec commercial, il aurait mérité mieux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Bruno Cremer, Patricia Scott, Claude Piéplu, Suzanne Flon
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Remarque :
* Le film est ressorti après restauration à Cannes 2022.

Si j'étais un espionBruno Cremer et Bernard Blier dans Si j’étais un espion de Bertrand Blier.

30 octobre 2022

Oedipe Roi (1967) de Pier Paolo Pasolini

Titre original : « Edipo Re »

Oedipe Roi (Edipo Re)Oedipe Roi est un film ambitieux et complexe que Pier Paolo Pasolini décrit ainsi : « Ce film est autobiographique. Je raconte l’histoire de mon propre complexe d’Oedipe. Je raconte ma vie mystifiée, rendue épique par la légende d’Oedipe ». Le prologue, situé dans l’Italie des années 1920, « présente un nouveau-né cristallisant ce qui est communément appelé le complexe d’Oedipe (…) Son père, pour le punir, le prend par les pieds, accomplissant à travers le « symbole » du sexe (les pieds) une sorte de castration. Après quoi, dans la deuxième partie, commence la projection du mythe de ce fait psychanalytique. Oedipe roi se présente donc, dans cette deuxième partie, comme un énorme rêve du mythe qui se termine par un réveil, avec le retour à la réalité » (1).
Le film de Pier Paolo Pasolini est donc plus une interprétation qu’une adaptation de la tragédie de Sophocle. La représentation de la Grèce antique n’est d’ailleurs pas rigoureuse aux niveaux des costumes, ni des personnages, ni des lieux. Elle n’en a pas besoin. L’un des thèmes centraux est qu’il est difficile d’affronter l’énigme qui est en nous. Le grand malheur d’Oedipe est de savoir qu’il ne veut pas savoir ce qui est en lui. On retrouve cette contradiction entre ignorance et savoir dans tout le film et plus généralement dans toute l’œuvre de Pasolini. On peut reprocher au film une certaine austérité et un manque d’accessibilité mais il est indéniablement doté d’une belle force.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Silvana Mangano, Franco Citti, Alida Valli, Ninetto Davoli
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Remarque :
* Pasolini tient lui-même le rôle du grand prêtre qui vient sommer le roi de délivre la ville de la peste. A noter que, bien que située en milieu de film, la phrase qu’il récite est la première du texte de Sophocle.

(1) Pasolini, « Entretien avec Jean Narboni », Cahiers du cinéma, no 192,‎ juillet-août 1967

Oedipe Roi (Edipo Re)Silvana Mangano et Franco Citti dans Oedipe Roi (Edipo Re) de Pier Paolo Pasolini.

15 septembre 2022

Les Créatures (1966) de Agnès Varda

Les créaturesDans l’île de Noirmoutier, un écrivain s’est isolé avec son épouse dans un fortin pour écrire son nouveau roman. La femme a perdu l’usage de la parole après un accident. Des faits troublants se produisent dans le village. Plusieurs habitants semblent perdre le contrôle d’eux-mêmes…
Les Créatures est un film français écrit et réalisé par Agnès Varda. Le film paraît tout d’abord abscons et il faut attendre le dernier tiers pour mieux en comprendre le sens, une partie plus brillante avec « le jeu des créatures » qui explique le titre. Agnès Varda aborde plusieurs thèmes : la solitude de l’écrivain (1), l’inspiration et la confusion qu’elle crée, l’enchevêtrement de l’imaginaire dans le réel, le couple qui, même avec amour, peut n’être qu’une juxtaposition de solitudes, l’amour salvateur. Le menu est donc copieux mais, hélas, la forme nous coupe l’appétit. Les effets, qu’ils soient scénaristiques ou de montage, paraissent souvent maladroits et trop présents, la musique de Pierre Barbaud (l’inventeur de la musique algorithmique) dérange plus qu’elle ne crée une atmosphère, l’ensemble apparait pataud et abscons. Les Créatures est certes original, Agnès Varda explore des voies, mais il est préférable d’en avoir le mode d’emploi pour l’apprécier ! (Exceptionnellement, je mets ci-dessous en commentaire l’explication, du moins celle que je pense être).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Eva Dahlbeck
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(1) Agnès Varda a écrit le scénario dans des conditions proches de ce qu’elle met en scène : courant 1965, avec Jacques Demy, ils se sont isolés dans un ancien moulin qu’ils avaient acheté sur l’île de Noirmoutier pour écrire chacun dans leur coin : dans une pièce, Jacques Demy écrivait Les Demoiselles de Rochefort pendant qu’Agnès Varda écrivait Les Créatures dans une autre.

Les créaturesCatherine Deneuve et Michel Piccoli dans Les Créatures de Agnès Varda.

Les créaturesLucien Bodard et Michel Piccoli dans Les Créatures de Agnès Varda.

Les créaturesLes Créatures de Agnès Varda.

8 septembre 2022

Et Satan conduit le bal (1962) de Grisha Dabat

Et Satan conduit le balA Collioure, Ivan (Jacques Perrin), beau gosse désinvolte et oisif, a un accident avec la voiture qu’il a « empruntée » à un garage. Pour éviter la prison, il doit trouver l’argent des réparations. Avec sa petite amie (Catherine Deneuve), ils se joignent à deux autres couples dans une luxueuse villa…
Et Satan conduit le bal est un film français de Grisha Dabat, produit et scénarisé par Roger Vadim. Egyptien d’origine, ancien journaliste, co-fondateur du fameux club Objectif 49 (1), Grisha Dabat n’a réalisé qu’un seul long métrage. On ne peut dire qu’il est très réussi. Il s’agit d’un marivaudage entre couples mais le manque d’enjeu et de développement le rend assez insipide. La mise en scène n’est pas plus remarquable, quelques tentatives d’effets de caméra ou de montage font même sourire. Dans ce film très Nouvelle Vague, le plateau d’acteurs est finalement le plus intéressant et la photographie est signée Raoul Coutard.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Françoise Brion, Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Jacques Doniol-Valcroze, Henri-Jacques Huet, Jacques Perrin, Jacques Monod
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Remarque :
* Dans son passionnant livre d’entretiens avec Bernard Bastide, Bernadette Laffont raconte que Catherine Deneuve, qui n’était pas encore connue, était alors en couple avec Vadim qui aimait toujours Annette Stroyberg (Annette Vadim), sa précédente compagne. « Dans le film, elle a sa coiffure et ses vêtements, un aspect très Bardot qui ne lui allait pas du tout… »

(1) Objectif 49 est un ciné-club fondé fin 1948 par André Bazin (avec l’aide d’Astruc, Kast, Doniol-Valcroze et Claude Mauriac) sous l’impulsion de Jean Cocteau pour montrer des films nouveaux et/ou mal distribués au lieu des habituels « grands classiques ». Voir un livre sur Objectif 49

Et Satan conduit le balJacques Perrin et Catherine Deneuve dans Et Satan conduit le bal de Grisha Dabat.

28 août 2022

Z (1969) de Costa-Gavras

ZDans un pays qui n’est pas nommé, un député de l’opposition vient de la capitale pour tenir une conférence en faveur du désarmement. Une violente contre-manifestation se déroule sous les yeux de la police qui reste passive. Le député est frappé et renversé par un triporteur motorisé…
Z est un film français réalisé par Costa-Gavras, son premier film politique. Le cinéaste franco-grec en a coécrit le scénario avec l’espagnol Jorge Semprún. Il est basé sur le roman homonyme de Vassílis Vassilikós, écrit à la suite de l’assassinat du député grec Grigóris Lambrákis à Thessalonique en mai 1963, avec comme juge d’instruction dans cette affaire Chrístos SartZetákis (qui deviendra président de la République de Grèce de 1985 à 1990). Lorsque le film sort, la Grèce est depuis deux ans sous la Dictature des Colonels (1967-1974) et il marqua fortement les esprits, non seulement en France mais aussi dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis. Costa-Gavras dénonce les collusions entre la police et les groupuscules d’extrême-droite et il le fait de façon directe et simplificatrice mais terriblement efficace, calquant ses méthodes sur celles du cinéma commercial. Le film eut ainsi un énorme impact. Le succès auprès du public fut immense, les critiques vinrent plutôt de la gauche qui lui reprochait son manichéisme et l’absence d’analyse politique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Irene Papas, Jean-Louis Trintignant, François Périer, Jacques Perrin, Charles Denner, Pierre Dux, Georges Géret, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi, Julien Guiomar, Renato Salvatori, Jean Bouise, Jean Dasté
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Remarque :
* L’explication du titre est donnée à toute fin : la lettre Z est l’initiale du mot grec ancien « ζῇ / Zi », qui signifie « il est est vivant ». Les opposants au régime inscrivaient cette lettre sur les murs pour protester contre l’assassinat de Grigóris Lambrákis.

ZJean-Louis Trintignant et François Périer dans Z de Costa-Gavras.