18 novembre 2012

The Kid Brother (1927) de Ted Wilde, Lewis Milestone et J.A. Howe

Titre français parfois utilisé : « Le petit frère »

The Kid Brother (Film muet) Chez les Hickory, Harold est le petit dernier. Son père est le shérif du village, un force de la nature tout comme ses deux grands frères. Dans ce monde rural, le frêle Harold est bien peu considéré et on ne lui donne à faire que des tâches ménagères. L’arrivée d’un spectacle ambulant et de la belle Mary va peut-être changer les choses… The Kid Brother est un film bien peu connu aujourd’hui. Pourtant c’est très certainement le film le plus réussi d’Harold Lloyd. Bien plus que Safety Last! qui, avec sa scène de l’horloge, est son film le plus connu de nos jours, The Kid Brother est incontestablement au niveau des meilleurs Chaplin et Keaton. Les gags foisonnent, tous très bons, Harold Lloyd fait preuve ici d’une inventivité étonnante, une inventivité qui semble intarissable. The Kid Brother Son personnage a d’incroyables ressources pour se sortir de toutes les situations (et de manière élégante) et à chaque fois qu’on le croit tiré d’affaire, tout s’écroule et il doit à nouveau redoubler d’ingéniosité. Il n’y a pas que les gags qui sont novateurs, certains plans sont inédits, telle cette ascension dans un arbre où il a fallu construire un ascenseur spécial pour placer la caméra. On remarquera aussi la belle utilisation des animaux, ceux de la ferme mais aussi d’un petit singe dans un gag admirable. Comme toujours, Harold Lloyd ne se ménage pas dans les scènes d’action, ni dans son combat avec le vilain de l’histoire, joué par Constantine Romanoff un ex-lutteur professionnel. The Kid Brothers connut un grand succès à l’époque mais c’est une grande injustice qu’il soit presque oublié aujourd’hui.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Walter James, Constantine Romanoff
Voir la fiche du film et la filmographie de Ted Wilde, de Lewis Mislestone et de J.A. Howe sur le site imdb.com.

Remarque :
L’histoire est assez proche de celle de Tol’able David d’Henry King (1921) avec Richard Barthelmess, à ceci près que le traitement est bien entendu ici humoristique. Harold Lloyd aimait beaucoup ce beau film d’Henry King. Il a même été jusqu’à embaucher un acteur qui y avait joué : Ralph Yearsley.
The Kid BrotherThe Kid Brother
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20 septembre 2012

Danger Ahead (1926) de Scott Pembroke

Danger Ahead(muet, 20 minutes) La série des Hairbreadth Harry compte une douzaine de courts métrages comiques produits par les Weiss Brothers, entre 1926 et 1928. Danger Ahead est le deuxième d’entre eux. C’est une simple histoire de course poursuite (Hairbreadth Harry protège la jeune Belinda qui est poursuivie par le vilain Relentless Rudolph et sa bande) mais le résultat est beaucoup moins banal qu’on pourrait le croire. Les gags sont très inventifs (formidable effet où la bande *et* leur voiture se cachent derrière un simple poteau télégraphique), l’humour est particulièrement loufoque, le rythme est très enlevé, les cascades sont audacieuses, il y a beaucoup de jeux de mots dans les textes. Le vilain, interprété par Jack Cooper, est très réussi : rire sardonique, longues moustaches et une expression qui revient quand il rate son coup : « Curses! » (Malédiction!). Assez peu connu, Danger Ahead vaut la peine d’être découvert. Il déborde d’humour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Earl McCarthy, Charlotte Merriam, Jack Cooper
Voir la fiche du film et la filmographie de Scott Pembroke sur le site IMDB.

Remarque :
La série des Hairbreadth Harry est basée une bande dessinée (un comic strip paraissant dans un journal) de C.W. Kahles qui a débuté en 1906 et qui a continué jusqu’en 1939 (soit 8 ans après la mort de son créateur).

17 septembre 2012

Upstream (1927) de John Ford

Upstream(Film muet) Une pension de famille héberge des artistes de show business et des acteurs qui ont bien du mal à trouver des contrats. L’un d’entre eux a une occasion de rêve : aller jouer Hamlet à Londres… Alors qu’il était considéré comme définitivement perdu, Upstream a été retrouvé en 2009 en Nouvelle Zélande et restauré. C’est en soi un petit évènement. Upstream est un film plutôt inhabituel pour John Ford. C’est une comédie qui fustige la vanité. John Ford décrit de près cette petite communauté disparate et haute en couleur, il nous immerge dans cette pension de famille où l’essentiel du film se déroule ; il montre une tendresse certaine pour ses personnages. Certes, Upstream n’est pas un film majeur de John Ford mais c’est une comédie plaisante avec une belle caractérisation des personnages.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nancy Nash, Earle Foxe, Grant Withers, Raymond Hitchcock
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le titre Upstream peut paraître étrange, même si Mandare dit à Brashingham : “Go upstream to your success!” avec le mot upstream mis en italique dans l’intertitre pour bien qu’on le remarque. L’expression est bien étrange… En réalité, la Fox avait prévu de sortir un film avec Dolores Del Rio appelé Upstream et avait déjà commencé à annoncer sa sortie aux distributeurs et au public. Or le projet fut abandonné. Quand le film de John Ford fut terminé, la Fox décida de changer son titre initialement prévu The Public Idol en Upstream et l’intertitre fut alors rajouté !

16 septembre 2012

By indian post (1919) de John Ford

By Indian Post(Muet, 20 mn) La plupart des courts métrages muets que John Ford (qui signait Jack Ford à cette époque) a tournés au début de sa carrière sont aujourd’hui perdus, hélas. Ceux qui restent se comptent sur les doigts d’une main et c’est donc un évènement quand l’un d’entre eux est retrouvé. Ce fut le cas dans les années 2000 pour cet By Indian Post qui refit surface chez un collectionneur qui avait malencontreusement détruit les 7 premières minutes. Seules les 13 dernières minutes sont donc visibles aujourd’hui. C’est un western : le cowboy Jode est amoureux de la fille de son patron. Il lui écrit une lettre d’amour mais se la fait voler par un indien qui va la porter à la bien-aimée. Le père fait arrêter Jode qui n’abandonne pas pour autant… L’humour est assez présent, l’ensemble est bien enlevé, on remarque l’intérêt de Ford pour les relations à l’intérieur du groupe et la solidarité, pour la traque (où l’agilité des acteurs dans le maniement des chevaux est manifeste). C’est toujours intéressant de voir ainsi les débuts d’un grand réalisateur. John Ford avait 25 ans. By Indian Post serait son 24e film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Pete Morrison, Magda Lane
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28 août 2012

Cagliostro (1929) de Richard Oswald

Titre allemand : « Cagliostro – Liebe und Leben eines großen Abenteurers »

Cagliostro - Liebe und Leben eines großen Abenteurers(Film muet) L’aventurier italien Cagliostro s’introduit au sein de la noblesse française et même à la Cour du roi Louis XIV grâce à ses tours de magie. Disgracié, il met sur pied l’escroquerie du collier de la reine pour se venger… Cagliostro est un film perdu qui a été partiellement reconstitué récemment par la Cinémathèque Française. Des 2 heures initiales, il ne reste que 58 minutes reconstruites à partir d’une version Pathé Baby amputée pour projections familiales et de chutes (passages censurés pour leur nudité). Le film que nous pouvons voir est donc très déséquilibré, aucun personnage n’est correctement développé. Les scènes à la Cour de Versailles ont certes une belle ampleur mais l’ensemble apparaît plutôt mineur comparé aux autres films de son époque. Cagliostro est l’une des dernières productions Albatros.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Hans Stüwe, Renée Héribel, Illa Meery, Alfred Abel
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Oswald sur le site IMDB.

Remarque :
Les jeunes Jean Dréville et Marcel Carné sont assistants.
>> Lire un compte-rendu intéressant écrit par Carné lui-même sur le site Marcel Carné…  Le futur réalisateur mentionne trois scènes fortes à ses yeux : la Cour de Versailles, l’arrestation  de Cagliostro (qui a effectivement un rythme très curieux mais dont le résultat n’est hélas guère convainquant) et enfin la fête au village (scène hélas perdue, le « clou » du film d’après lui).

Homonymes :
Cagliostro (Black Magic) de Gregory Ratoff (1949) avec Orson Welles
Cagliostro de Daniele Pettinari (1975) avec Bekim Fehmiu et Curd Jürgens
et sur l’affaire du collier de la reine :
L’affaire du collier de la reine de Marcel L’Herbier (1946) avec Viviane Romance
Si versailles m’était conté de Sacha Guitry (1954)
The Affair of the Necklace de Charles Shyer (2001) avec Christopher Walken et Hilary Swank

10 août 2012

La passion de Jeanne d’Arc (1928) de Carl Theodor Dreyer

La passion de Jeanne d'Arc(Film muet) Jeanne d’Arc face à ses juges, sa condamnation et sa mort sur le bûcher… La passion de Jeanne d’Arc de Carl Dreyer connait un très grand succès d’estime et on ne compte plus les fois où il a été placé dans la liste des « plus grands films de l’histoire du cinéma » ni les fois où il a été cité comme étant le « plus grand film muet ». Plus qu’un film muet, c’est plutôt un film sans paroles : Dreyer aurait voulu pouvoir enregistrer les dialogues mais n’a pu le faire car les studios français n’avait le matériel adéquat. Les intertitres, que Dreyer place souvent au milieu des phrases, cassent les plans, les meurtrissent, ils ne s’insèrent pas naturellement.

La passion de Jeanne d'Arc L’esthétisme des images est aussi très différent de beaucoup de films muets : l’image est très claire, avec peu d’ombres. Dreyer cherche à donner une dimension spirituelle à ses images (notamment dans les plans sur Jeanne) tout en gardant un haut niveau de réalisme (surtout dans les plans sur les juges). L’éclairage adopté par Dreyer s’inscrit dans cette double démarche (on peut voir très souvent, dans les pupilles de Jeanne, le reflet du grand et unique réflecteur utilisé).

La passion de Jeanne d'ArcMais le plus spectaculaire est bien entendu la généralisation des plans rapprochés et ces gros plans où l’on voit tous les pores de la peau. Plus surprenante encore est la très large utilisation des contre-plongées. Pratiquement tous les plans des juges sont en contre-plongée ce qui leur donne un caractère de caméra subjective : nous sommes à la place de Jeanne. Vers la fin du film, on remarquera des plans audacieux, qui sont toutefois plus expérimentaux que vraiment signifiants.

La passion de Jeanne d'Arc Les acteurs surjouent et roulent des yeux ce qui, dans le cas des juges, pousse la caricature au-delà du raisonnable. Le film peut paraître assez long mais, dans le derniers tiers, Dreyer montre tout son talent et crée l’émotion avec intensité. La passion de Jeanne d’Arc est un film très austère. Ce n’est pas un film que je conseillerais à une personne que je cherche à convaincre de l’intérêt du cinéma muet ! Je ne suis d’ailleurs pas certain de le classer parmi les meilleurs films muets. C’est plutôt un film marquant et à nul autre pareil.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Maria Falconetti, Eugene Silvain, André Berley, Maurice Schutz, Antonin Artaud, Michel Simon, Jean d’Yd
Voir la fiche du film et la filmographie de Carl Theodor Dreyer sur le site IMDB.
Voir les autres films de Carl Theodor Dreyer chroniqués sur ce blog…

Autres films sur Jeanne d’Arc :
Jeanne d’Arc de George Méliès (1900)
La vie de Jeanne d’Arc d’Albert Capellani (1909)
Jeanne d’Arc (Joan the woman) de Cecil B. DeMille (1916) avec Geraldine Farrar
La merveilleuse vie de Jeanne d’Arc de Marco de Gastyne (1929) avec Simone Genevois
Das Mädchen Johanna de Gustav Ucicky (1935) avec Angela Salloker
Jeanne d’Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming (1948) avec Ingrid Bergman
Destinées de Jean Delannoy (1954, film à sketches) avec Michèle Morgan
Jeanne au bûcher (Giovanna d’Arco al rogo) de Roberto Rossellini (1954) avec Ingrid Bergman
The story of mankind de Irwin Allen (1957) avec Hedy Lamarr
Sainte Jeanne (Saint Joan) de Otto Preminger (1957) avec Jean Seberg
Le procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson (1962) avec Florence Delay
Le début (Nachalo) de Gleb Panfilov (1970) avec Inna Churikova
Jeanne la Pucelle de Jacques Rivette (1994) avec Sandrine Bonnaire
Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999) avec Milla Jovovich
Jeanne captive de Philippe Ramos (2011) avec Clémence Poésy
+ de très nombreuses versions pour la télévision.

8 août 2012

Isn’t Life Terrible? (1925) de Leo McCarey

Isn't Life Terrible? (Court métrage de 22 minutes) Charley n’est pas un homme à qui tout sourit : sa femme lui impose la présence de son frère qui a un poil dans la main et il ne peut partir en vacances comme le font ses voisins. A un concours de vente de stylos en porte à porte, il gagne une croisière pour toute la famille. La chance va-t-il enfin lui sourire? … Isn’t Life Terrible? (1) apparaît plutôt décousu, un assemblage hétéroclite de scènes. Les gags sont assez inégaux, parfois beaucoup trop longs comme celui du stylo éclabousseur. Chase et McCarey parviennent néanmoins à construire, à partir de peu de choses, une comédie jouant sur le nonsense. Le beau-frère paresseux est interprété par Babe Hardy, alias Oliver Hardy (le tandem Laurel et Hardy sera formé peu après, en 1926) qui ne fait pas grand-chose ici. On remarquera aussi la présence de Fay Wray en cliente potentielle des stylos. Isn’t Life Terrible? n’est certainement pas le premier film à regarder pour découvrir cet excellent comique du muet qu’est Charley Chase.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Katherine Grant, Oliver Hardy
Voir la fiche du film et la filmographie de Leo McCarey sur le site IMDB.

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(1) Le titre est un clin d’œil au long métrage de D.W. Griffith sorti l’année précédente : Isn’t Life Wonderful (1925) avec Neil Hamilton. Les sujets n’ont toutefois rien en commun.

12 juin 2012

Satan (1920) de Wallace Worsley

Titre original : « The Penalty »

SatanA la suite d’un accident, un jeune garçon est inutilement amputé des deux jambes à cause de la précipitation d’un docteur. Des années plus tard, nous le retrouvons à la tête de la pègre et bien décidé à se venger… The Penalty est le film qui a fait éclater au grand jour le talent de Lon Chaney (1). C’est l’un de ses plus grands rôles. Il joue ici avec ses deux jambes repliées, mollet contre cuisse. Il ne pouvait ainsi jouer que quelques minutes à la fois, avant que la douleur ne soit intolérable. Les muscles de ses jambes ne s’en remettront jamais tout à fait. Et pourtant, il semble se déplacer avec grande aisance. Mais Lon Chaney, ce n’est pas qu’une performance physique, c’est aussi un visage qu’il peut modeler de mille et une façons pour créer autant d’expressions. The Penalty est globalement assez terrifiant, avec un climat assez lourd qui nous met mal a l’aise mais le plus remarquable réside dans la palette de sentiments que nous inspire le personnage joué par Lon Chaney : tantôt il nous fait frémir, tantôt il nous fait pitié, tantôt on le comprend, tantôt on le hait. Il montre un subtil mélange de cruauté et d’humanité. Les seconds rôles sont très bien tenus. La fin gentillette est (hélas) en contraste total avec le reste du film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Jim Mason, Ethel Grey Terry, Claire Adams
Voir la fiche du film et la filmographie de Wallace Worsley sur le site IMDB.

Remarques :
* Un plan montrant Lon Chaney descendant un escalier sur ses deux jambes (entières) fut inséré à la fin du film pour prouver au public que l’acteur n’était pas lui-même amputé. Il fut enlevé lors d’une ressortie en 1926 et il est depuis perdu.

* On notera quelques touches assez ostensibles d’anticommunisme. Cela peut étonner pour 1920 mais il faut se rappeler que le Parti Communiste américain a été créé en 1919 et que ses premières années furent assez agitées.

* L’auteur du livre, Gouverneur Morris (1876-1953), est l’arrière petit fils de Gouverneur Morris (1752-1816), homme politique, père fondateur des Etats-Unis d’Amérique. Cet illustre aïeul avait d’ailleurs perdu une jambe à l’âge de 28 ans, dans un accident disait-on (en réalité, il semble qu’il ait sauté par une fenêtre pour échapper à un mari trompé). Serait-ce cette infirmité qui a inspiré l’arrière petit-fils pour son roman ?

(1) Bien que Lon Chaney ait tourné dans de très nombreux films à partir de 1913, il a été principalement remarqué dans un film de 1919, The Miracle Man, (film dont seules quelques minutes sont parvenues jusqu’à nous). The Penalty a ensuite vraiment démontré qu’il était un acteur totalement unique.

Homonyme (sans autre lien que le nom) :
The Penalty de Harold S. Bucquet (1941) avec Lionel Barrymore

2 mai 2012

The Dream (1911) de Thomas H. Ince

The Dream (muet, 11 minutes) Un homme fêtard rentre chez lui passablement éméché. Il est très désagréable avec sa femme et s’endort sur le canapé. Il fait un rêve où les rôles sont inversés. Il voit sa femme se comporter comme un soudard avant de sortir pour aller festoyer avec un homme… The Dream est un film étonnant car il met en scène le propre couple de Mary Pickford ! Dès ses débuts au cinéma, l’actrice est tombée amoureuse de l’acteur Owen Moore. Elle l’épouse en secret alors qu’elle n’a pas même 19 ans. Aussitôt après le mariage, Owen Moore se révèle être odieux, alcoolique et fêtard ; la vie commune tourne au cauchemar. Le scénario de The Dream aurait été écrit par Mary Pickford elle-même pour tenter de lui faire prendre conscience de son comportement égoïste. Le film n’eut, hélas pour elle, aucun effet sur son couple. Ils finiront par divorcer en 1920. Cette fable moraliste est l’un des premiers films de Thomas Ince. Il n’a rien de remarquable sur le plan de la mise en scène mais l’ensemble est plutôt amusant quand les rôles sont inversés car la femme y va fort…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Owen Moore
Voir la fiche du film et la filmographie de Thomas H. Ince sur le site IMDB.

Remarque :
La jeune femme du début, compagne de beuverie d’Owen Moore, est Lottie Pickford, la jeune soeur de Mary Pickford. Elle a beaucoup tourné avec sa soeur entre 1909 et 1912.

25 avril 2012

Le brasier ardent (1923) de Ivan Mosjoukine

Le brasier ardent (Film muet) Une femme fait un cauchemar où elle est comme poursuivie par un même homme dans différents déguisements et dans d’étranges situations. Au réveil, elle se rend compte que cet homme est le détective Z dont elle a lu une histoire avant s’endormir. Parisienne, amoureuse de sa ville, elle vit une vie de plaisirs au grand dam de son mari… Acteur russe le plus célèbre en son pays, Ivan Mosjoukine et sa femme Nathalie Lissenko font partie d’un groupe d’acteurs et de cinéastes qui émigrèrent en France après la Révolution de 1917 (1). Mosjoukine est principalement un acteur mais il a aussi réalisé deux films, dont Le brasier ardent. C’est un film étonnant tout à fait dans le ton de l’Avant Garde française du début des années 20. Il en a écrit le scénario et en interprète lui-même le rôle principal. L’acteur est le spécialiste des expressions faciales (2), sa présence à l’écran est absolument énorme. Le brasier ardent est enthousiasmant par sa créativité, son imagination débordante, Le brasier ardent ses effets graphiques, ses gadgets plein d’humour, le remarquable travail sur la lumière (3)… Avec ces images, Mosjoukine parvient à fondre le réel et l’imaginaire. Son film est aussi très russe dans l’esprit : c’est sur la profondeur de l’âme de la femme volage que le détective promet d’agir. Le brasier ardent n’eut aucun succès à l’époque (4). Presque un siècle plus tard, il est pourtant toujours capable de nous surprendre et de nous enchanter, d’autant plus qu’il est magnifiquement restauré. C’est une merveille.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko, Nicolas Koline, Camille Bardou
Voir la fiche du film et la filmographie de Ivan Mosjoukine sur le site IMDB.

Le brasier ardent(1) Outre Ivan Mosjoukine (de son vrai nom, Ivan Ilyitch Mozzhukhin) et Nathalie Lissenko, on peut compter dans ce groupe Volkoff, Protazanov, Viktor Tourjansky, Starevitch, Nicolas Koline, Nathalie Kovanko et le producteur Joseph Ermoliev. Au sein de la compagnie Albatros, le groupe travaillait plutôt en circuit fermé. Certains, comme Protazanov retourneront ensuite en Russie. Ivan Mosjoukine, quant à lui, sera appelé par Hollywood en 1926 qui ne saura pas l’utiliser et détruira son personnage en tentant de l’américaniser.
Pour en savoir plus, voir la section sur les films Albatros du site de Cinémathèque Française

(2) C’est en utilisant des plans de l’acteur Mosjoukine que Lev Kulechov a fait sa fameuse démonstration de l’importance du montage pour générer des sentiments différents.

(3) Le directeur de la photographie est le français Joseph-Louis Mundwiller qui a débuté sa carrière en Russie sous le nom de George Meyer. On le retrouvera ensuite sur le Napoléon d’Abel Gance.

(4) Ecoutons Jean Renoir : « Un jour, au cinéma du Colisée, je vis Le brasier ardent mis en scène par Mosjoukine et produit par le courageux Alexandre Kamenka des films Albatros.  La salle hurlait et sifflait, choquée de ce spectacle si différent de sa pâture habituelle. J’étais ravi. Enfin, j’avais devant les yeux un bon film en France. Bien sûr, il était fait par des Russes, mais à Montreuil, dans une ambiance française, sous notre climat ; le film sortait dans une bonne salle, sans succès, mais il sortait. Je décidai d’abandonner mon métier qui était la céramique, et d’essayer de faire du cinéma. »
Jean Renoir, Mes années d’apprentissage, extrait de Écrits (1926-1971).