11 septembre 2012

Le vent de la plaine (1960) de John Huston

Titre original : « The Unforgiven »

Le vent de la plaineLa famille Zachary vit isolée dans les grandes plaines de l’Ouest : la mère, ses trois fils dont l’aîné est le chef de famille, et Rachel qui a été recueillie bébé et adoptée. Apparaît un mystérieux et fantomatique cavalier qui prétend connaître une vérité cachée et prédit que justice sera faite… Adaptation d’un roman d’Alan Le May (également auteur de La prisonnière du désert adapté par John Ford et dont le thème est assez proche), Le vent de la plaine est un film qui a connu un tournage difficile du fait d’accidents, de mésententes et d’un environnement hostile. De plus, le premier montage fut amputé de nombreuses scènes par les producteurs. John Houston juge sévèrement le résultat. Et pourtant, Le vent de la plaine reste un beau film, intéressant par les thèmes qu’il aborde (le poids du passé, la conscience, le racisme, la cohésion sociale, …)(1) et servi par une belle mise en scène, Le vent de la plaine précise et même inventive, qui sait tirer profit de la beauté des décors naturels(2). Les personnages forts sont nombreux et Audrey Hepburn étonnamment dans le ton, sa juvénilité et son charme sont tous à fait dans le personnage, même si l’actrice montre ses limites dans les scènes les plus dramatiques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Audie Murphy, John Saxon, Charles Bickford, Lillian Gish, Albert Salmi, Joseph Wiseman
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(1) De façon surprenante, Le vent de la plaine fut à sa sortie jugé comme étant raciste envers les indiens par la critique alors que le propos est tout à fait (et de façon évidente) contraire.
(2) Le film a tété tourné au Mexique, dans le désert de Guadiana près de Durango.

2 juillet 2012

L’homme qui voulut être roi (1975) de John Huston

Titre original : « The man who would be king »

L'homme qui voulut être roiAux alentours de 1880, en Inde, deux ex-soldats de l’armée britannique décident de se rendre au Kafiristan, petit pays voisin mais isolé par de hautes montagnes où aucun européen n’a mis les pieds depuis Alexandre le Grand. Leur but est de prendre possession du pays et de s’y faire sacrer roi… Grand lecteur de Kipling depuis l’enfance, John Huston avait déjà en projet dans les années cinquante d’adapter la courte nouvelle L’homme qui voulut être roi ; les deux rôles principaux allaient être tenus par Clark Gable et Humphrey Bogart. Le décès de ce dernier mis fin au projet et ce n’est que vingt ans plus tard qu’il pourra le concrétiser. John Huston enrichit la nouvelle qui, tout en étant un grand film d’aventures, garde toute sa dimension philosophique sur l’attrait du pouvoir et de la richesse opposé à des sentiments plus nobles d’honneur, d’idéalisme et de loyauté dans l’amitié. Les images sont superbes (le film a été tourné entièrement au Maroc) et Michael Caine et Sean Connery forment un duo parfait, très britannique, les deux acteurs s’étant parfaitement entendus sur le tournage. L’homme qui voulut être roi est un film d’une belle ampleur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Michael Caine, Christopher Plummer
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Remarques :
* Le Kafiristan est aujourd’hui le Nouristan, une province au nord-ouest de l’Afghanistan.
* L’actrice qui interprète Roxanne est la propre femme de Michael Caine, d’origine indienne.

4 juin 2012

Fat City (1972) de John Huston

Titre français parfois utilisé : « La dernière chance »

La dernière chanceUn boxeur déchu aimerait reprendre l’entrainement et les combats. De son côté, un jeune boxeur tente de percer et de démarrer une carrière… John Huston, qui a pratiqué la boxe quand il était jeune, a toujours désiré tourner un film sur la boxe, un film qui montre le vrai visage de ce sport et de ceux qui le pratiquent. Les films sur la boxe montraient les succès mais ceux qui réussissent sont très peu nombreux. L’immense majorité est composée de ceux qui nourrissent l’espoir de percer mais qui sont condamnés à des petits combats de troisième zone et ont souvent une vie sordide. C’est cette face que John Huston nous montre dans Fat City, avec un réalisme et une authenticité qui donne un côté presque documentaire à son film. Il a puisé largement dans ses souvenirs personnels pour ses personnages et, en dehors des rôles de premier plan, il a utilisé des acteurs non professionnels. Fat City a une certaine force émotionnelle qui lui donne toute sa puissance. Le film fut bien accueilli par la critique mais le public le bouda, le jugeant certainement un peu trop déprimant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stacy Keach, Jeff Bridges, Susan Tyrrell, Candy Clark
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Remarque :
En argot américain, « he is in Fat City » signifie « ça marche terrible pour lui ».

24 avril 2012

La lettre du Kremlin (1970) de John Huston

Titre original : « The Kremlin letter »

La lettre du KremlinUn ex-officier de l’armée est recruté pour diriger une action d’espionnage : il s’agit d’aller à Moscou récupérer une lettre compromettante à la fois pour les américains et les russes… La décennie des années soixante a vu fleurir au cinéma le genre des films d’espionnage faciles et divertissants, James Bond en tête. Avec La lettre du Kremlin, John Huston prend le contrepied de cette image et cela explique en grande partie l’échec commercial du film : loin d’être affriolant, l’univers de l’espionnage qu’il nous dépeint est celui des coups bas, des traitrises, de l’exploitation sans scrupule des faiblesses de l’autre, et pire encore. Un portrait, froid et dur certes, mais certainement plus proche de la réalité. Tous ses personnages n’ont aucun sens moral, ce sont des mercenaires qui peuvent même changer facilement de camp. C’est un film sans héros. L’histoire, adaptée d’un roman de Noel Behn, est complexe, tortueuse même. John Huston filme de façon simple et directe, sans tape à l’œil ni morceau de bravoure. Les personnages ont des particularités très marquées, souvent surprenantes… Le casting, assez international, est de haute volée et, assez logiquement, l’interprétation est remarquable. La lettre du Kremlin est un beau film, une vision sur le monde de l’espionnage (et peut-être sur le monde tout court…)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Patrick O’Neal, Bibi Andersson, George Sanders, Max von Sydow, Orson Welles, Richard Boone, Nigel Green, Barbara Parkins
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Remarques :
John Huston fait une apparition dans un petit rôle, celui de l’amiral au début du film.

18 septembre 2011

La charge victorieuse (1951) de John Huston

Titre original : « The red badge of courage »

La charge victorieusePendant la Guerre de Sécession, un jeune soldat fuit son premier champ de bataille. Après une errance dans les bois, il rejoint sa compagnie. Quand il faudra repartir à l’attaque, il trouvera le courage de combattre… La charge victorieuse est l’adaptation d’un roman de Stephen Crane, jeune auteur très talentueux (1). Il ne faut surtout pas se limiter à une lecture militariste (ou même antimilitariste), le propos est plus de montrer la réalité psychologique d’un champ de bataille et les mécanismes de la peur. Le film eut une histoire mouvementée. Dès l’écriture du scénario, le film fut l’objet de vives tensions à la tête de la MGM (2). A la fin du tournage, John Huston s’est détaché du film pour aller préparer le tournage d’African Queen. Dépité par les réactions de rejet des publics-test, il laissa ses producteurs faire de larges coupes et ajouter une voix off. Au final, le film fut en bonne partie défiguré et ne durait plus que 69 minutes, une durée trop courte pour une bonne exploitation commerciale (3). Ce n’est qu’avec le temps que La charge victorieuse fut reconnu comme un film d’importance. Bien qu’il paraisse assez décousu, le film brille par la profondeur de son étude psychologique par son réalisme, les scènes de bataille font penser à Griffith (4). L’image est assez belle, avec des côtés bucoliques qui tranchent avec la dureté des combats. Assez paradoxalement, John Huston avait choisi comme interprète principal, Audie Murphy, l’homme qui était connu pour être le soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audie Murphy, Bill Mauldin, Douglas Dick, Royal Dano
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Remarques :
(1) Stephen Crane est né juste après la Guerre de Sécession et n’avait pas l’expérience directe d’un champ de bataille. Néanmoins, son livre a été jugé très réaliste. Il s’est appuyé sur des interviews et des récits de vétérans.
(2) Louis B. Mayer était opposé à l’idée d’adapter le roman de Stephen Crane, persuadé que ce serait un échec commercial. Dore Schary, alors vice-président chargé de la production, était au contraire partisan de tourner le film. Il alla trouver Nicholas Schenck (président de Loew’s Inc.), homme discret qui avait tous les pouvoirs, et obtint son soutien. Le film fut donc mis en chantier. Mis ainsi sur la touche, Louis B. Mayer en profita pour quitter le studio et prendre sa retraite.
(3) Toute l’histoire de la production de ce film a été l’objet d’un livre de la journaliste du New Yorker Lillian Ross : « Picture : A story about Hollywood ». La version complète du film, tel que Huston le voyait, est hélas perdue. Cette version aurait probablement montré un grand film.
(4) Les scènes de bataille furent d’ailleurs tournées à San Fernado Valley, près d’Hollywood, là où D.W. Griffith avait filmé les batailles de Naissance d’une Nation. Le film de John Huston fait également penser à certains courts-métrages de Griffith.

10 septembre 2011

Gens de Dublin (1987) de John Huston

Titre original : « The Dead »

Gens de DublinA Dublin, aux alentours de 1900, deux demoiselles âgées et leur nièce reçoivent un petit groupe d’amis et de membres de la famille le soir de Noël… Adapté d’une nouvelle de James Joyce, Gens de Dublin est le dernier film de John Huston. Peu de cinéastes ont pu clore leur filmographie avec un film si accompli. Sous des apparences anodines et sur un ton léger, le film déploie une mosaïque de sentiments et de réflexions sur les liens d’amitié et d’amour, l’art, la nostalgie, le temps qui passe, la mort. Une grande authenticité et surtout beaucoup d’humanité se dégagent de l’ensemble. Nous avons l’impression d’être très proche des personnages. John Huston est entouré de son fils Tony qui signe l’adaptation et de sa fille Angelica qui tient l’un des premiers rôles ;  être ainsi entouré lui a certainement permis d’atteindre cette harmonie empreinte de sérénité. Gens de Dublin se termine par une scène assez bouleversante et un monologue sur un ensemble complexe de sentiments, l’un des plus beaux de toute l’histoire du cinéma. John Huston a dirigé le film en fauteuil roulant, sous perfusion et pourtant tout y est parfait. Le film a une certaine grâce atemporelle.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anjelica Huston, Donal McCann, Dan O’Herlihy, Donal Donnelly, Helena Carroll
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Remarques :
* A la nouvelle de James Joyce, Tony Huston a ajouté le personnage de Mister Grace afin de lui faire lire le poème anonyme irlandais du XVIIIe siècle Donal Óg (= jeune Donald).
Pour le lire (en anglais) : http://www.poets.org/viewmedia.php/prmMID/19457
(traduit du gaélique par Lady Augusta Gregory). Ce poème fait un étonnant écho à la scène finale.

* John Huston est décédé peu avant la sortie du film. Il avait alors 81 ans.

24 juillet 2011

The African Queen (1951) de John Huston

Titre français : « La reine africaine »
Autre titre français : « L’odyssée de l’African Queen »

La reine africaineAfrican Queen est le film le plus célèbre de John Huston et d’Humphrey Bogart, ce n’est pas vraiment le meilleur mais il a au moins le mérite d’être très particulier. Pendant la Première Guerre mondiale, en Afrique, une missionnaire anglaise et un aventurier canadien descendent une rivière dans un vieux rafiot pour aller attaquer un navire allemand… Que l’histoire soit passablement improbable n’est pas très important, ce huis clos à ciel ouvert en pleine Afrique fait partie de ces films totalement à part qui forment presque une classe à eux seuls. On ne peut parler ici d’exotisme de pacotille car African Queen a été tourné en majorité sur place, au Congo, dans des conditions épouvantables pour l’équipe ; d’ailleurs, dans ce face-à-face, il y a bien un troisième personnage : la nature, omniprésente, active même, que Huston parvient parfaitement à mettre en scène et qui profite du beau Technicolor de Jack Cardiff. Katharine Hepburn et Humphrey Bogart font tous deux une belle prestation même s’ils paraissent parfois sceptiques face à leur personnage. Production indépendante réalisée en Angleterre, hors des Etats-Unis alors en plein maccarthisme, African Queen rencontra un très grand succès. Par son équilibre entre aventures, romance inattendue et même comédie, il reste toujours aussi attrayant aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Katharine Hepburn
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Remarques :
* Le tournage a été mouvementé : attaques de moustiques, fourmis géantes et autres animaux, maladie touchant toute l’équipe, bateau coulé, etc. Huston et Hepburn semblait se plaire en Afrique ce qui rendait Humphrey Bogart fou car lui n’avait qu’une idée : en finir au plus vite. Lauren Bacall l’avait heureusement accompagné.
* Seuls Huston et Bogart échappèrent à la maladie, « sans doute parce que nous buvions plus de scotch que d’eau » précise Huston dans ses mémoires.
* Grand amateur de chasse, John Huston se levait très tôt pour aller chasser le gros gibier avant de tourner. C’est l’objet du film de Clint Eastwood Chasseur blanc, coeur noir (White Hunter Black Heart, 1990) adapté du livre homonyme de Peter Viertel écrit en 1953.
* Lauren Bacall raconte comment elle était étonnée de voir Katharine Hepburn profiter des moments où elle ne tournait pas pour aller visiter la région alors que chaleur et moustiques n’incitaient guère à un comportement si volontaire.
* En 1987, Katharine Hepburn a écrit un livre sur le tournage : « The Making of The African Queen: Or How I Went to Africa With Bogart, Bacall and Huston and Almost Lost My Mind » (Le tournage d’African Queen, comment je suis allé en Afrique avec Bogart, Baccall et Huston et faillis en perdre la raison) .

26 mars 2008

La nuit de l’iguane (1964) de John Huston

Titre original : « The night of the iguana »

La nuit de l’iguane Elle :
(pas vu)

Lui :
La pièce de Tennessee Williams La Nuit de l’Iguane avait tout pour intéresser John Huston car elle est centrée sur trois personnages comme il les aime, en lutte pour retrouver leur dignité et, par la même, leur humanité. Ils sont tous trois dans une position délicate et échouent dans un hôtel surplombant le paysage idyllique d’une baie mexicaine. John Huston s’est approprié la pièce pour la modeler selon son désir, Tennessee Williams désapprouva notamment la fin bien plus heureuse que dans sa pièce, assez noire. Huston est servi par trois acteurs qui donnent une réelle dimension à leur personnage : Ava Gardner, Deborah Kerr et Richard Burton dont on connaît le talent sur les planches. La nuit de l’iguane Trois personnages forts dans une quête similaire sous une apparence différente, comme le démontre si bien le dialogue entre Hannah/Deborah Kerr et Lawrence/Richard Burton dans le hamac, probablement la scène la plus forte du film. La multiplicité des questions soulevées par La Nuit de l’Iguane en fait un film dont la portée est sans aucune mesure avec les autres films ; malgré cela, John Huston parvient à placer ici et là quelques petites touches d’humour qui viennent relâcher la tension qui reste par ailleurs très forte.
Note : 5 eacute;toiles

Acteurs: Richard Burton, Ava Gardner, Deborah Kerr, Sue Lyon
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