5 septembre 2008

La Chienne (1931) de Jean Renoir

La chienneElle :
(pas vu)

Lui :
Caissier d’un magasin et peintre à ses heures, Maurice Legrand rencontre la jeune Lulu exploitée par un odieux souteneur. Il l’installe dans un petit meublé. Adapté d’un roman de Georges de la Fouchardière, La Chienne est le premier grand film parlant de Jean Renoir (son premier essai dans le parlant fut en réalité avec le mineur On purge Bébé) et il y montre une grande maîtrise de cette nouvelle technique. 75 ans après sa sortie, La Chienne paraît toujours comme étant particulièrement riche. Dans un style réaliste, Renoir parvient à rendre tous ses personnages attachants, malgré leurs défauts. Le film est aussi porté par le talent extraordinaire de Michel Simon qui a ce mélange quasi unique de comédie et de tragique, nous faisant balloter de l’un à l’autre avec un naturel inégalé, toujours avec sobriété. La Chienne est l’un des plus beaux films de Renoir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Janie Marèse, George Flamant
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site imdb.com.

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Remake :
La rue rouge (The Scarlet Street) de Fritz Lang (1945) avec Edward G.Robinson.

4 septembre 2008

La rue rouge (1945) de Fritz Lang

Titre original : « Scarlet street »

La rue rougeElle :
(pas vu)

Lui :
Pour quelles raisons Fritz Lang a-t-il voulu tourner un remake de La Chienne de Jean Renoir? On peut effectivement se poser la question mais il est certain que sa vision du roman de Georges de La Fouchardière diffère de celle de Renoir en bien des points. Tout d’abord, La Rue Rouge ne baigne pas dans le réalisme populaire, l’atmosphère est ici presque atemporelle, hors de la réalité quotidienne, un climat assez lourd bâti sur les tensions. Et surtout, alors que Renoir mettait l’homme au centre de son film, Fritz Lang montre la noirceur des sentiments, la passion qui entraîne vers le malheur avec notamment cette fin pesante, tragique, présentée comme inévitable. L’histoire est pourtant la même : un caissier sans envergure et peintre du dimanche se laisse prendre dans les filets d’une jeune femme sans scrupule qui lui fait croire qu’elle l’aime. Une même histoire, deux traitements différents. Malgré tout le talent de Fritz Lang, force est de constater que La Rue Rouge pâlit quelque peu de la comparaison avec son modèle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Joan Bennett, Dan Duryea
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Bien que particulièrement tragique, la scène finale (le portrait dans la vitrine) est un amusant clin d’oeil au superbe La femme au portrait (The Woman in the window, 1944) que Lang avait tourné un an plus tôt avec… Edward G. Robinson, Joan Bennett et même Dan Duryea.
Fritz Lang réalisera un second remake d’un film de Renoir 10 ans plus tard : Désirs humains (Human Desire, 1954) remake de La Bête Humaine (1938).

3 septembre 2008

Grand Prix (1975) de Ivo Caprino

Titre original : « Flåklypa Grand Prix »

Grand Prix d’Ivo CaprinoElle :
(pas vu)

Lui :
Grand Prix du norvégien Ivo Caprino est vraiment une petite perle du film d’animation qui vaut la peine d’être découverte. Grand Prix n’est pas franchement méconnu puisque c’est un film culte dans son pays d’origine où il a fait 5 millions d’entrées (alors que la Norvège ne compte qu’un peu plus de 4 millions d’habitants !) Il aurait, dit-on, inspiré Georges Lucas pour créer sa « Pod Race » de Star Wars La Menace fantôme, 25 ans plus tard. L’histoire est celle d’un inventeur excentrique (il vit en haut d’une montagne avec un canard débrouillard et une grosse taupe dépressive…) qui invente une voiture de course révolutionnaire. C’est une histoire très enfantine et naïve, avec des gentils et des méchants, mais les personnages sont réellement attachants. De plus, l’univers recréé est plein d’appareillages et d’inventions farfelus ce qui a permis à Caprino de parsemer le tout d’un humour tout en finesse assez omniprésent. Il y en a vraiment pour tout le monde, de 5 ans à 95 ans… La technique utilisée est celle du « stop-motion » (petites marionnettes que l’on filme image par image). L’animation est très bien réalisée, à peine moins fluide que les marionnettes en pâte à modeler de Nick Park 20 ans plus tard (Wallace et Gromit, Chicken run, etc…). Grand Prix a été réalisé en 3 ans et demi par une petite équipe de 5 personnes. Ivo Caprino n’a pas réalisé d’autres longs métrages d’animation par la suite. Grand Prix apparaît aujourd’hui comme un film d’animation assez unique, plutôt en avance sur son temps, un de ces films sur lesquels le temps ne semble pas avoir de prise.
Note : 5 étoiles

Acteurs:
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Homonyme :
Grand Prix de John Frankenheimer (1966), avec James Garner et Yves Montand.

2 septembre 2008

Vous avez un message (1998) de Nora Ephron

Titre original : You’ve got mail

Vous avez un messageElle :
(En bref) Enième comédie à la recette américaine. La craquante Meg Ryan (une pauvre petite libraire) et le sémillant Tom Hanks (puissant dirigeant d’une chaîne de magasins dédiés au livre) se détestent dans la vraie vie mais vont sans le savoir nouer des relations d’un tout autre type grâce au courrier électronique. Le film se laisse regarder mais c’est tout de même très léger.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) Film gentillet et divertissant, le genre de comédie qui vaut plus par ses acteurs que par son scénario (il faut tout de même garder à l’esprit que le fait que le scénario pouvait paraître en 1998 beaucoup plus inattendu et original que 10 ans plus tard). Ceci dit, Vous avez un message est en fait l’adaptation d’une pièce de Miklós László écrite à la fin des années 30.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Meg Ryan, Greg Kinnear
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Adaptations de la pièce Parfumerie de Miklós László :
Shop around the corner (Rendez-Vous) d’Ernst Lubitsch (1940) avec James Stewart
In the Good Old Summertime (Amour poste restante) de Robert Z. Leonard (1949) avec Judy Garland et Van Johnson
You’ve got mail (Vous avez un message) de Nora Ephron avec Tom Hanks et Meg Ryan.

31 août 2008

Sommaire d’août 2008

Les mystères d'une âmeThe two JakesAgence CupidonL'ami de la familleIl était un pèreChronique d'un scandaleFantasmesLa maladie de Sachs

Les mystères d’une âme

(1926) de Georg Wilhelm Pabst

The two Jakes

(1990) de Jack Nicholson

Agence Cupidon

(1951) de George Cukor

L’ami de la famille

(2006) de Paolo Sorrentino

Il était un père

(1942) de Yasujiro Ozu

Chronique d’un scandale

(2006) de Richard Eyre

Fantasmes

(1967) de Stanley Donen

La maladie de Sachs

(1999) de Michel Deville

Eros + massacreMetropolisMetropolisTrust the manDialogue avec mon jardinierLa croisée des destinsBreakfast on PlutoLes liaisons dangereuses 1960

Eros + massacre

(1969) de Yoshishige Yoshida

Metropolis

(1927) de Fritz Lang

Metropolis

(2001) de Rintaro

Trust the man

(2005) de Bart Freundlich

Dialogue avec mon jardinier

(2007) de Jean Becker

La croisée des destins

(1956) de George Cukor

Breakfast on Pluto

(2005) de Neil Jordan

Les liaisons dangereuses 1960

(1959) de Roger Vadim

L'enfant sauvageRembrandtC'est quoi la vie?Le roi et l'oiseauAdieu Cuba2 Days in ParisLe paradis des mauvais garçonsGuerre au crime

L’enfant sauvage

(1970) de François Truffaut

Rembrandt

(1999) de Charles Matton

C’est quoi la vie?

(1999) de François Dupeyron

Le roi et l’oiseau

(1979) de Paul Grimault

Adieu Cuba

(2005) de Andy Garcia

2 Days in Paris

(2007) de Julie Delpy

Le paradis des mauvais garçons

(1952) de Josef von Sternberg et Nicholas Ray

Guerre au crime

(1936) de William Keighley

CasablancaLes européensAnna M.

Casablanca

(1942) de Michael Curtiz

Les européens

(1979) de James Ivory

Anna M.

(2007) de Michel Spinosa

Nombre de billets : 27

31 août 2008

Les mystères d’une âme (1926) de Georg Wilhelm Pabst

Titre original : « Geheimnisse einer Seele »
Autre titre français : « Le cas du Professeur Mathias »

Les mystères d’une âmeLui :
(film muet) Les mystères d’une âme semble être le premier film qui utilise les théories de Freud qui étaient en plein développement dans ces années 20. Le film fait même plus que les utiliser puisqu’il nous fait une véritable démonstration d’un cas précis où la psychanalyse permet de soigner une névrose en apparence inexplicable. Le cas est inspiré de faits réels et deux psychanalystes ont participé à l’écriture du scénario. La première moitié du film expose le cas : un homme marié  a soudain la phobie des couteaux et a des pulsions de meurtre envers sa femme qu’il aime pourtant plus que tout au monde. L’homme est également en proie à des rêves étranges qui permettent à Pabst de montrer toute son inventivité pour créer ces images oniriques, dans un style proche de l’expressionnisme allemand. La seconde moitié du film est occupée par l’explication du psychanalyste que l’homme va consulter, explication qui n’omet aucune des scènes auxquelles nous avons assisté. La démonstration est presque didactique. Je ne dirais pas que Les mystères d’une âme est un grand film mais il est intéressant à visionner en le replaçant bien entendu dans son époque. Le choix des acteurs peut laisser perplexe puisqu’il y a une grande différence d’âge entre les trois acteurs principaux alors qu’ils sont censés avoir grandi ensemble. Cela a tendance à nous mettre d’ailleurs sur une fausse piste.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Werner Krauss, Ruth Weyher, Jack Trevor, Pavel Pavlov
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30 août 2008

The two Jakes (1990) de Jack Nicholson

Titre canadien  : « Piège pour un privé »

The two JakesElle :
(pas vu)

Lui :
Jack Nicholson se met lui-même en scène pour cette suite (16 ans après) à Chinatown. Hélas Nicholson n’est pas Polanski et sa mise en scène, tout en étant techniquement sans défaut majeur, nous paraît sans âme et The Two Jakes n’a pas cette atmosphère qui aurait pu le sublimer. Il ne reste donc que l’histoire, embrouillée à souhait mais finalement assez simple et pas bien passionnante, impression qui tourne à la déception vers la fin du film. Jack Nicholson est pourtant convaincant dans son rôle de privé, l’acteur étant certainement l’un des plus aptes à prolonger l’esprit des films noirs des années 40. Assez mal définis, les seconds rôles sont plus fades, nous sommes par exemple loin des meilleures prestations d’Harvey Keitel. Un troisième film était prévu : Chinatown traitait de l’eau dans les années 30, The Two Jakes des forages de pétrole dans les années 40, Cloverleaf aurait du traiter des dégâts dus à la construction des autoroutes dans les années 50. Le film ne vit jamais le jour.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach
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29 août 2008

Agence Cupidon (1951) de George Cukor

Titre original : « The Model and the Marriage Broker »

La croisée des destinsElle :
(pas vu)

Lui :
George Cukor est connu pour ses portraits de femmes et ce film n’échappe pas à la règle. Agence Cupidon est plus profond que le titre français ne le laisse supposer. Mae Swasey, une énergique quadragénaire que la vie n’a pas toujours épargnée, tente de maintenir à flot sa petite agence matrimoniale. Elle organise des rencontres, conseille, donne un coup de pouce à des personnes qui n’ont pas tous les atouts pour y parvenir seuls. Un hasard va mettre une jeune et jolie femme-mannequin sur sa route. Tout le film repose sur la performance de Thelma Ritter, actrice de grand talent, éternellement vouée aux seconds rôles du fait de son physique trop « ordinaire », une sorte de Pauline Carton américaine. Thelma Ritter Le fait que son nom ne figure qu’en 3e position au générique d’Agence Cupidon montre bien toute l’injustice du physique pour les acteurs : Jeanne Crain n’a pour travail que de montrer son joli minois, et elle n’en fait pas beaucoup plus d’ailleurs… mais elle se retrouve en tête d’affiche. Quoiqu’il en soit, le rôle principal est bien tenu par Thelma Ritter et elle ne laisse pas passer cette occasion hélas trop rare : avec son accent new-yorkais, elle se donne totalement pour donner vie à ce personnage au grand cœur. Elle sait apporter à la fois une dimension dramatique et beaucoup d’humour, parfois dans la même scène. Sa performance permet à Agence Cupidon d’être assez relevé et plaisant à regarder.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Jeanne Crain, Scott Brady, Thelma Ritter
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28 août 2008

L’ami de la famille (2006) de Paolo Sorrentino

Titre original : « L’amico di famiglia »

L’ami de la familleElle :
(pas vu)

Lui :
Dès le générique de L’ami de la famille, le ton est donné : Paolo Sorrentino cherche à créer des images qui surprennent et qui frappent à la manière d’un clip. Cette impression ne nous quitte plus ensuite : on a constamment l’impression que l’on cherche à nous épater avec des plans surprenants, des transitions saugrenues, des effets visuels faciles. Le contenu passe au second plan et c’est un peu dommage car le personnage de ce septuagénaire radin et cupide qui prête de l’argent à tout son voisinage (moyennant des taux d’intérêt faramineux) pouvait prêter à une belle comédie à l’italienne. Hélas, l’histoire se développe, certes, mais de façon trop prévisible et peu intéressante et surtout les personnages rencontrés sont trop survolés pour donner de la substance à cet Ami de la Famille.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Giacomo Rizzo, Laura Chiatti, Fabrizio Bentivoglio
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27 août 2008

Il était un père (1942) de Yasujiro Ozu

Titre original : « Chichi ariki »

Il était un pèreElle :
(pas vu)

Lui :
Il était un père est l’un des rares films qu’Ozu a réalisé pendant la guerre, une période où étant mobilisé il dut interrompre ses tournages et qui semble avoir marqué un tournant dans sa façon de filmer. Traitant des relations père-fils, le thème peut sembler proche de Le Fils Unique de 1936, son premier film parlant (Ozu s’est mis très tard au parlant) mais le développement est tout autre puisque ici il s’agit d’une relation assez fusionnelle et d’une adoration sans limite d’un fils pour son père. La forme est aussi très différente car Ozu montre dans Il était un père tous les prémices du style qui marquera ses films des années 50 : une histoire très simple de gens simples et surtout cette façon de filmer en plans fixes avec une caméra au ras du sol et ces plans transitionnels, personnages vus de dos, couloirs vides, … Ce style épuré est déjà très présent dans Il était un père, un film que l’on a découvert que récemment en France. L’histoire est d’autant plus forte qu’elle est très simple avec une réflexion sur le temps, la transmission des générations, sur le sens que nous donnons à nos vies. La présence de Chishu Ryu, acteur que l’on retrouvera dans nombre des ses films ultérieurs, renforce cette impression de visionner l’un des premiers films du « style Ozu ».
Note : 4 étoiles

Acteurs: Chishu Ryu, Shûji Sano, Shin Saburi, Takeshi Sakamoto
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