8 octobre 2010

Fellini Roma (1972) de Federico Fellini

Titre original : « Roma »

Fellini Roma Lui :
Avec Roma, Fellini donne sa vision, ou plus exactement sa représentation (1), de la ville de Rome, entremêlant principalement deux époques : celle où il est arrivé de sa province en 1939 et l’époque actuelle, celle du film, c’est-à-dire 1972. Il s’affranchit de toute ligne narrative pour former une série de tableaux, d’évocations, de variations. Roma est, avec Amarcord, le film de Fellini le plus spectaculaire et le plus inventif sur le plan des images, tous ses tableaux ont une force visuelle indéniable, aucun ne semble plus faible. Par delà toute la richesse des thèmes évoqués, deux sentiments ressortent : une certaine nostalgie, Fellini idéalise, brode, édulcore ses souvenirs de l’époque de 1939, la Trattoria, le spectacle de music-hall, les bordels, tout évoque la vie, l’exubérance italienne (de façon symptomatique, Fellini met son propre personnage de 1939 en jeune homme tout de blanc vêtu et coiffé à la mode des années 70 : ce personnage, c’est non seulement le Fellini d’hier mais aussi le Fellini d’aujourd’hui). Fellini Roma L’autre sentiment, c’est une certaine angoisse qui se dégage de la période actuelle : une ville paralysée par les embouteillages qui la transforment en un fouillis sans âme, l’incapacité à conserver son passé (la découverte lors des travaux du métro de superbes fresques qui s’effacent aussitôt sous l’action de l’air), l’incompréhension face aux hippies, l’intellectualisme, la tristesse de la fête du quartier Trastevere et bien entendu la horde de motards qui clôt le film, sorte d’anges de la mort qui rôdent autour des grands monuments. Et totalement à part, il y a cette scène incroyable, délirante, magique : le défilé de mode ecclésiastique. Une de ces féeries visuelles dont Fellini avait le secret.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter Gonzales Falcon, Fiona Florence, Britta Barnes, Marne Maitland
Voir la fiche du film et la filmographie de Federico Fellini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Federico Fellini chroniqués sur ce blog…

(1) Federico Fellini décrit son film ainsi : « Roma est l’histoire d’une ville vue par les yeux de celui qui la raconte. C’est un ensemble de fantaisies, souvenirs, évidences, notations, affections et ressentiments comme ils peuvent affleurer dans l’âme de qui se propose une représentation de cette cité composite, contradictoire et somme toute inépuisable. » (Dramma, février-mars 72 / Ecran n°6 juin 72)

Versions :
Le film dans sa version pour l’Italie dure 128 min, avec une voix off peu présente de Fellini lui-même, et aussi une scène avec Mastroianni et Sordi. La version pour l’export dure 120 minutes avec une voix off plus développée et dite en anglais.

7 octobre 2010

Les filles de Kohlhiesel (1920) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Kohlhiesels Töchter »

Les filles de KohlhieselLui :
Dans un petit village des montagnes bavaroises, le tavernier Kohlhiesel a deux filles : autant Gretel, la plus jeune, est charmante et coquette, autant l’aînée Liesel est un véritable dragon au physique ingrat. Xavier, un solide gaillard, aimerait épouser la plus jeune mais le père lui refuse sa main tant que l’aînée n’a trouvé un mari. Il décide de se dévouer avec l’intention de divorcer rapidement… Les Filles de Kohlhiesel est une variation amusante sur le thème de la Mégère apprivoisée mais le tour de force de Lubitsch est d’avoir confié les rôles des deux sœurs à une seule et même actrice. Il est quasiment impossible de le déceler si on le sait pas l’avance et l’actrice Henny Potten réalise là une belle performance. Dans quelques scènes, elles sont même présentes toutes les deux à l’écran (probablement une double exposition avec cache). L’ensemble est plaisant avec un humour assez constant. Le film eut un grand succès populaire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Henny Porten, Jakob Tiedtke, Emil Jannings, Gustav von Wangenheim
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Remake :
Henny Porten a repris son double rôle dans Gretel and Liesel (1930) de Hans Behrendt (le film semble perdu). A noter que Henny Porten a monté une société de production qui a produit 14 films entre 1921 et 1931 (dont Gretel and Liesel).

6 octobre 2010

Uniformes et jupon court (1942) de Billy Wilder

Titre original : « The Major and the minor »

Uniformes et jupon courtLui :
Lasse de repousser les avances des clients, la jeune employée d’un institut de soins capillaires de New York décide de rentrer dans son village natal. N’ayant pas assez d’argent pour son ticket de train, elle se déguise en fillette de 12 ans pour payer demi-tarif. Pour fuir les contrôleurs soupçonneux, elle se réfugie dans le compartiment d’un militaire-instructeur, en route vers un collège militaire de 300 élèves-officiers… Avant Uniformes et jupon court, Billy Wilder est surtout un scénariste avec de nombreuses réussites à son actif. Pour sa première réalisation américaine (1), Billy Wilder écrit un scénario assez impertinent, une histoire complètement farfelue qui va jouer bien près des limites. On se demande encore comment une telle histoire a pu passer la censure (2). Un adulte très troublé par une fillette de 12 ans (c’est du moins ainsi qu’il la voit)… une adulte qui se retrouve courtisée par une floppée d’adolescents très polis… voilà de quoi envoyer dix fois le film à la trappe, que ce soit à l’époque ou, plus encore, aujourd’hui. Certes, à aucun moment, Ginger Rogers (30 ans au moment du tournage tout de même) n’a vraiment l’apparence d’une fillette de 12 ans : elle reste une adulte déguisée en fillette et c’est d’ailleurs là le principal ressort de l’humour et de l’ambiguïté. Et l’humour fait passer beaucoup de choses… Uniformes et Jupon court n’est pas un grand Billy Wilder sur le plan de la réalisation, sa force est surtout du côté de son scénario et de son rythme. On rit franchement et très souvent, on ne s’ennuie jamais. Plusieurs scènes sont des petites merveilles d’humour, le clou étant probablement celle où Ray Milland, embarrassé et troublé, s’est mis en tête d’expliquer les « choses de la vie » à une « fillette de 12 ans » qui n’a qu’une envie : défaire ses nattes et se jeter à son cou.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, Ray Milland, Rita Johnson
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(1) Billy Wilder avait précédemment coréalisé un film avec Alexander Esway durant son escale parisienne en 1934, juste après avoir fui l’Allemagne nazie : Mauvaise Graine avec notamment une jeune actrice de 17 ans, Danielle Darrieux.
(2) Billy Wilder a déclaré (bien) plus tard : « Les censeurs n’ont rien remarqué, nous sommes passés au travers de la censure avec des situations à connotations sexuelles bien plus ambigües que Lolita ». C’est effectivement étonnant. Rien que le jeu de mots sur le titre (= Le major et la mineure) aurait du réveiller les instincts coupeurs.

Curiosité :
Le rôle de la mère de Ginger Rogers dans le film est interprété par la propre mère de Ginger Rogers, Lela Rogers. Ce sera son seul rôle au cinéma.

5 octobre 2010

La machine à explorer le temps (2002) de Simon Wells

Titre original : « The time machine »

La machine à explorer le tempsLui :
La plus grande originalité de cette nouvelle adaptation de La machine à explorer le temps est d’être réalisée par l’arrière petit fils de H.G. Wells lui-même. Le film est hélas plutôt décevant, se concentrant sur la partie dans le futur lointain avec le monde des Eloi et des Morlocks. C’est en effet l’occasion de placer des pseudo-gollums et autres effets spéciaux et de créer un spectacle qui est finalement assez vide puisque toute la substance du livre a été laissée de côté. Dès les premières minutes, le film est très hollywoodien dans sa forme, la musique formatée au possible contribuant largement à cette impression. Un très beau passage toutefois : le village des Eloi, perché au dessus d’une rivière encaissée, un décor qui fait étrangement penser à certaines créations du dessinateur Schuiten. La fin est un galimatias incohérent. Simon Wells ne fait guère honneur à son aïeul.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Guy Pearce, Samantha Mumba, Mark Addy, Sienna Guillory, Orlando Jones, Jeremy Irons
Voir la fiche du film et la filmographie de Simon Wells sur le site IMDB.

Précédente adaptation du livre de H.G. Wells :
La machine à explorer le temps (The Time Machine) de George Pal (1960) avec Rod Taylor (adaptation qui simplifiait aussi l’histoire originale mais pas au point de cette nouvelle version).

4 octobre 2010

Forfaiture (1915) de Cecil B. DeMille

Titre original : « The Cheat »

ForfaitureLui :
(Film muet, 59 minutes) Certains films muets ressurgissent tout à coup alors qu’ils étaient considérés comme perdus à jamais. Dans le cas de Forfaiture, seuls des fragments subsistaient, au grand dam des cinéphiles car sa réputation était fort grande (1). Miracle : une copie complète refit surface il y a une quinzaine d’années, issue des propres archives de Cecil B. DeMille (2). Elle est aujourd’hui parfaitement restaurée avec même les teintures d’époque. L’histoire est un grand drame teinté d’orientalisme (à légère tendance xénophobe) : pour se tirer d’un mauvais pas, une jeune femme mondaine, frivole et dépensière, accepte une forte somme d’argent d’un riche japonais qui lui faisait la cour. Il exige en retour qu’elle se donne à lui. Quand elle refuse, il la marque au fer rouge comme il le fait pour les bibelots qu’il collectionne… Fanny Ward La jeune femme, c’est l’étonnante ex-actrice de music-hall Fannie Ward qui, à 43 ans, semble n’en avoir que la moitié grâce à son visage juvénile (et un peu de paraffine pour cacher les rides…) Le japonais est le jeune Sessue Hayakawa qui deviendra une grande (et quasiment unique) vedette japonaise à Hollywood (3). Le rythme de Forfaiture est très soutenu grâce à un montage soigné et une tension assez continue. Cecil B. DeMille fait ici un large usage des gros plans, ce qui était assez nouveau pour l’époque. De nombreuses scènes sont superbement éclairées avec un jeu d’ombre et de lumière particulièrement esthétique. La fin, avec cette scène de foule, est assez étonnante. Forfaiture est un film très complet. Ce fut un immense succès, le premier succès pour Cecil B. DeMille qui tournait à l’époque un film par mois. Aux Etats-Unis et même en France, le film fut largement salué par la critique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Fannie Ward, Sessue Hayakawa, Jack Dean
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(1) L’écrivain et critique de cinéma Léon Moussinac écrivait en 1925 que Forfaiture était la seule date qui méritait d’être retenue dans l’histoire du cinéma avec La Sortie des Usines Lumière de 1895.
(2) La copie correspond à la version de 1918. Après les protestations d’associations japonaises, Paramount refit en effet une version en 1918 où le personnage japonais Hishuru Tori est présenté comme le birman Haka Arakau… En outre, les dates sur le chèque et sur la une du journal furent modifiées pour indiquer 1918.
(3) Entre 1914 et 1961, Sessue Hayakawa aura tourné près de 100 films. Quarante ans après Forfaiture, il sera notamment le colonel Saito du Pont de la Rivière Kwaï (1957).

Remakes :
La flétrissure (The Cheat) de George Fitzmaurice (1923) avec Pola Negri
The Cheat de George Abbott (1931) avec Tallulah Bankhead
Forfaiture de Marcel L’Herbier (1937) avec… Sessue Hayakama (qui joue à nouveau le même rôle), Lise Delamare et Louis Jouvet.

3 octobre 2010

Inglourious Basterds (2009) de Quentin Tarantino

Inglourious BasterdsLui :
Inglourious Basterds est une variation sur l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, sorte de réalité alternative où la vraisemblance n’est pas de mise. C’est avant tout le spectacle, et la création d’images fortes, qui est recherché. C’est surtout long et verbeux… Par rapport à ses films précédents, Inglourious Basterds pêche vraiment par son rythme, ici particulièrement poussif. Les interminables dialogues, le plus souvent sur le principe du jeu du chat et de la souris, n’ont aucun intérêt, ni même aucune tension car l’issue est trop évidente. On s’ennuie ferme. Et, bien entendu (mais cela était prévisible), il ne faut pas trop s’arrêter à l’idéologie embarquée sur la justification de la violence… Le plus mauvais Tarantino à ce jour.
Note : 1 étoile

Acteurs: Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Diane Kruger, Daniel Brühl, Til Schweiger
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2 octobre 2010

Remorques (1941) de Jean Grémillon

RemorquesLui :
Le capitaine d’un remorqueur de sauvetage a une vraie passion pour métier. Lors d’une opération de sauvetage, il recueille une jeune femme qui cherche à fuir son mari. Adaptation d’un roman de Roger Vercel par Jacques Prévert qui a également écrit tous les dialogues, Remorques est une histoire d’amour fou avec ce dilemme entre la passion et l’amour sage avec une troisième prétendante : la mer. Le côté documentaire du film était prévu pour être plus développé (comme toujours avec Grémillon) mais le tournage fut interrompu par le début de la Seconde Guerre Mondiale. Les scènes de tempête ne furent donc tournées qu’un an plus tard, plus modestement, avec des maquettes en studio. Le film est l’occasion que réunir à nouveau le couple de Quai des Brumes, Michèle Morgan et Jean Gabin. Remorques contient de très belles scènes, notamment celle sur la grande plage déserte (1) et dans la grande maison vide ou encore celles situées dans la salle des machines du remorqueur. Un film au lyrisme sobre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Madeleine Renaud, Michèle Morgan, Fernand Ledoux
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Remarques :
Jacques Prévert n’a guère apprécié que Jean Grémillon mette une musique assez religieuse sur le texte qui clôt le film. Il lui en a voulu et ne souhaitait plus retravailler avec lui. Il écrira néanmoins le scénario de Lumière d’été deux ans plus tard, mais ce sera leur dernière collaboration.

(1) La plage du Vougot à Guissény dans le Finistère.

30 septembre 2010

Sommaire de septembre 2010

Juliette des espritsProvidenceRachel se marieLes marins de CronstadtAustraliaLovers and LollipopsL'enquête est closeQuatre nuits avec Anna

Juliette des esprits

(1965) de Federico Fellini

Providence

(1977) de Alain Resnais

Rachel se marie

(2008) de Jonathan Demme

Les marins de Cronstadt

(1936) de Efim Dzigan

Australia

(2008) de Baz Luhrmann

Lovers and Lollipops

(1956) de Morris Engel et Ruth Orkin

L’enquête est close

(1951) de Jacques Tourneur

Quatre nuits avec Anna

(2008) de Jerzy Skolimowski

Tokyo!Le récit du colonelThe lonely villaL'orgie romaineLe coeur et l'argentErreur tragiqueChériLa troisième génération

Tokyo!

(2008) de Michel Gondry, Leos Carax et Joon-ho Bong

Le récit du colonel

(1907) de Louis Feuillade

The lonely villa

(1909) de David W. Griffith

L’orgie romaine

(1911) de Louis Feuillade

Le coeur et l’argent

(1912) de Louis Feuillade

Erreur tragique

(1913) de Louis Feuillade

Chéri

(2009) de Stephen Frears

La troisième génération

(1979) de Rainer Fassbinder

Le retour de TopperL'honneurSparrowsDe la guerreFoxfireArsenalLe petit fruit de l'amourGabbo le ventriloque

Le retour de Topper

(1941) de Roy Del Ruth

L’honneur

(1926) de Amo Bek-Nazaryan

Sparrows

(1926) de William Beaudine

De la guerre

(2008) de Bertrand Bonello

Foxfire

(1987) de Jud Taylor

Arsenal

(1929) de Alexandre Dovjenko

Le petit fruit de l’amour

(1926) de Alexandre Dovjenko

Gabbo le ventriloque

(1929) de James Cruze

L'apprentiLe coeur nous trompe

L’apprenti

(2008) de Samuel Collardey

Le coeur nous trompe

(1921) de Cecil B. DeMille

Nombre de billets : 26

30 septembre 2010

Juliette des esprits (1965) de Federico Fellini

Titre original : « Giulietta degli spiriti »

Juliette des espritsLui :
Tourné après 8 ½, Juliette des esprits est en quelque sorte son pendant : après l’homme, c’est au tour de la femme. Guilietta découvre soudainement que son mari la trompe et va entreprendre un cheminement intérieur pour trouver un nouvel équilibre. Pour se libérer de son carcan, elle devra faire ressurgir les angoisses, les oppressions familiales qui l’ont marquée mais aussi ses rêves et aspirations. C’est l’occasion pour Fellini de créer à nouveau un spectacle bariolé et haut en couleur où il crée des tableaux avec moult personnages très typés. On pourra sans doute objecter qu’il s’agit plutôt du portrait intérieur d’une femme telle que le voit un homme. C’est le premier long métrage en couleurs du cinéaste et il utilise beaucoup le blanc et le rouge, et aussi le vert (ce sont les trois couleurs du drapeau italien…) Les costumes sont assez exubérants (avec une mention spéciale pour les chapeaux!) et la maison de poupée de Guilietta tranche joliment avec le délire visuel qu’offre la maison de sa voisine avec ses fêtes pseudo-païennes. Le rôle principal est tenu par la propre femme de Fellini qui adopte un jeu très terne, probablement à la demande du cinéaste. Juliette des esprits a plutôt été mal accueilli à sa sortie et il reste sans doute un peu sous-estimé. Tout au plus, peut-on l’accuser de quelques longueurs…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Giulietta Masina, Sandra Milo, Mario Pisu, Valentina Cortese, José Luis de Villalonga
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29 septembre 2010

Providence (1977) de Alain Resnais

ProvidenceLui :
En proie à l’insomnie et aux douleurs, un écrivain septuagénaire passe une mauvaise nuit tout en imaginant les scènes de son prochain roman. Peu à peu, il construit son histoire autour d’un procureur cynique et insensible, de sa femme qui aspire à une autre vie et d’un apathique doux rêveur. Providence est un film à plusieurs facettes : c’est en premier un film sur les mécanismes, parfois douloureux, de la création : cet écrivain puise dans ses proches pour créer des personnages en les transformant pour qu’ils deviennent tels qu’il les voit ; il place aussi ses propres terreurs, ses angoisses, sa propre culpabilité. C’est aussi un film sur l’imaginaire, un imaginaire qui n’est pas sans éviquer celui de Lovecraft (1). C’est un film sur l’autorité et le despotisme avec ce climat de guerre et de junte militaire directement issu des angoisses mêlés de souvenirs de l’écrivain. C’est un film sur la mort, omniprésente par la menace de son imminence. C’est un film sur la personnalité, celle qui est visible et celle qui est enfouie. Le retour à la réalité à la fin du film avec son déjeuner en plein air est à la fois éclairant et même amusant, car il nous donne les clés de son imaginaire de la nuit. Providence est ainsi un film très riche, qui peut dérouter, certes, mais qui s’inscrit indéniablement parmi les plus grands films d’auteur du cinéma français.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dirk Bogarde, Ellen Burstyn, John Gielgud, David Warner, Elaine Stritch
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(1) Alain Resnais a très probablement nommé la maison de l’écrivain Providence en hommage à H.P. Lovecraft. Lovecraft a en effet vécu toute sa vie dans la ville de Providence (Rhode Island) aux Etats Unis.