22 février 2011

L’introuvable (1934) de W.S. Van Dyke

Titre original : « The thin man »

L'introuvableLui :
Pour son dernier roman policier, Dashiell Hammett adopte un ton plus léger, puisant en partie l’inspiration dans sa vie personnelle (1). Nick Charles est un ancien détective qui a épousé Nora, une riche héritière. Tous deux mènent une vie assez oisive, sorte de soirée mondaine permanente, toujours un verre à la main, faisant preuve d’un grand détachement et de désinvolture vis-à-vis de tout, y compris le danger. Presque sans avoir l’air d’y toucher, le gentleman-détective va résoudre une énigme difficile : retrouver un savant introuvable et démasquer son meurtrier. Le couple William Powell / Myrna Loy fonctionne à merveille, plein d’humour, de charme et de sensualité. Le casting n’était pas évident, Louis B. Mayer était contre ce choix, préférant cantonner Myrna Loy à des rôles d’orientales et Powell à des rôles plus sérieux. Van Dyke dut promettre de tout tourner en douze semaines (2). Les seconds rôles apportent beaucoup de substance et surtout d’humour L'introuvable avec des personnages très typés. L’Introuvable rencontra un grand succès : en ces années post-Dépression, cette comédie policière se déroulant dans un monde où semblait facile apportait une bouffée de légèreté et d’insouciance dont tout le monde avait besoin. Ce fut le premier d’une longue série de « Thin Man ».
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Maureen O’Sullivan, Nat Pendleton, Minna Gombell, Porter Hall
Voir la fiche du film et la filmographie de W.S. Van Dyke sur le site IMDB.
Voir les autres films de W.S. Van Dyke chroniqués sur ce blog…

(1) Jon Tuska le souligne dans son excellent livre Détective in Hollywood (1978), Dashiell Hammett fréquentait alors très assidûment Lillian Hellman, qui présente bien des points communs avec la Nora de son livre. Elle a d’ailleurs introduit l’écrivain à une certaine oisiveté. Beaucoup pensent que Hammett n’aurait certainement pas arrêté d’écrire s’il n’avait pas rencontré Lillian Hellman.

L'introuvable (2) En réalité, il tourna tout en dix-huit semaines, ce qui est extrêmement rapide. Il avait parfois deux décors dans la même pièce, l’un face à la caméra, l’autre dans son dos. Quand la première scène était dans la boîte, tout le monde se retournait et on tournait une autre scène pendant que des techniciens démontaient le premier décor ! W.S. Van Dyke est réputé pour avoir été l’un des réalisateurs les plus rapides à tourner.

Voir aussi : ce site d’un collectionneur d’affiches de Thin Man

21 février 2011

Ne te retourne pas (2009) de Marina de Van

Ne te retourne pas Lui :
Alors que Jeanne, écrivaine en mal d’inspiration, tente de faire remonter ses premiers souvenirs, son environnement immédiat semble se transformer sous ses yeux, l’intérieur de son appartement change et elle commence même à observer des modifications sur son propre visage… A la base, Ne te retourne pas est un pari audacieux : jouer avec le visage de deux actrices réputées pour leur beauté et les modifier en les modelant comme une pâte pour passer de l’un à l’autre. La mise en place est assez étonnante et n’en finit pas de nous intriguer. Hélas, il y a un décalage certain entre l’importance de notre trouble face aux évènements montrés et « l’explication » Ne te retourne pas qui en est ensuite donnée, assez décevante car elle paraît trop simple. Ne te retourne pas est toutefois une tentative louable d’offrir un contenu assez fantastique sans tomber dans le paranormal avec son cortège de lourds poncifs. La réalisation technique des effets est en tout cas parfaite, les métamorphoses sont vraiment étonnantes. Même s’il n’est pas vraiment réussi, le film de Marina de Van est une entreprise originale.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sophie Marceau, Monica Bellucci, Andrea Di Stefano, Thierry Neuvic, Brigitte Catillon, Sylvie Granotier
Voir la fiche du film et la filmographie de Marina de Van sur le site IMDB.

20 février 2011

Les noces rebelles (2008) de Sam Mendes

Titre original : « Revolutionary Road »

Les noces rebellesLui :
Après quelques années de mariage et deux enfants, Franck et April sont insatisfaits de leur vie, cette impression d’avoir manqué quelque chose, cette peur devant le vide sans espoir (« hopeless emptiness » très belle formule en anglais) de leur existence. Dans un sursaut, ils envisagent de tout plaquer et de partir vivre à Paris. C’est décidé, ils le feront dans quelques mois… Les Noces Rebelles est une belle réflexion sur la normalité et la façon dont elle broie les idéaux : cette jeune femme s’était faite une haute idée de l’homme qu’elle épousait, la réalité est toute différente. Sam Mendes met en scène cette histoire avec retenue. Un beau second rôle : présenté comme souffrant de maladie mentale, ce personnage est utilisé pour énoncer sans ménagement la vérité sur l’état de leur couple. Malgré une tête d’affiche racoleuse, Les Noces Rebelles se révèle assez profond et intense.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Kathy Bates, Michael Shannon, Kathryn Hahn, David Harbour
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Mendes sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sam Mendes chroniqués sur ce blog…

19 février 2011

Matrimony’s speed limit (1913) de Alice Guy

Matrimony's Speed LimitLui :
(Muet, 10 mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Ruiné par une opération financière malheureuse, un jeune homme va annoncer à sa fiancée qu’il ne peut plus l’épouser. Celle-ci lui propose toutes ses économies pour se refaire mais il refuse. Elle imagine un stratagème subtil : elle lui fait parvenir un faux télégramme d’un notaire lui annonçant qu’il hérite d’une forte somme à condition d’être marié le jour même avant midi. Une course-poursuite commence… Cette base de scénario sera reprise plusieurs fois par la suite, on pense notamment à Buster Keaton et ses Fiancées en Folie. La comédie repose ici sur un bon jeu d’acteurs et un rythme qui s’accélère. Le lieu du mariage est assez original…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fraunie Fraunholz, Marian Swayne
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

Note : On pourra noter le gag de la femme abordée vue de dos qui se révèle être noire au grand effarement du héros, gag révélateur du racisme ambiant de cette époque (au moins de la totale non-acceptation des mariages inter-raciaux qui seront illégaux jusqu’en 1948). On retrouve d’ailleurs ce type de gag chez Keaton ou chez Harold Llyod quelques années plus tard.

Remarque :
Ce film fait partie de la période américaine d’Alice Guy, la cinéaste ayant suivi son mari, l’anglais Herbert Blaché qui avait été énvoyé par Gaumont aux Etats-Unis en 1907. Après une interruption de trois ans pour mettre au monde une fille, Alice Guy-Blaché fonde sa propre compagnie de production, la Solax, en 1910 et tourne à nouveau des films. Elle connaitra une grande popularité. Des studios seront construit à Fort Lee, dans le New Jersey, en 1912 (le centre névralgique du cinéma était à Fort Lee à cette époque, avant de se déplacer à Hollywood quelques années plus tard). Après son divorce en 1922, Alice Guy reviendra en France.

19 février 2011

The pit and the pendulum (1913) de Alice Guy

The Pit and the Pendulum Lui :
(Muet, 10? mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Adaptation d’une nouvelle d’Edgar Poe, l’histoire de The pit and the pendulum commence par une scène champêtre où un amoureux est écarté sans ménagement par un rival. Sa vengeance va être assez terrifiante puisque nous sommes dans l’Espagne du début du XIXe siècle et qu’il va entrer dans un monastère de moines dissidents, adeptes de l’Inquisition. Une fois moine, il dépose chez son ancien rival un objet volé au monastère. Il parvient à faire ainsi à le faire arrêter ainsi que son ancienne dulcinée et les accuse de sorcellerie. Et… la seule copie qui subsiste (à la Library of Congress) s’arrête là, peu après sept minutes, mais on peut supposer qu’il va leur arriver le pire (le titre, « le puits et le pendule » ne laisse rien supposer de bon)(1). On peut estimer qu’il manque environ trois minutes et c’est fort dommage The Pit and the Pendulum car l’atmosphère est particulièrement forte, angoissante et oppressante. L’ancien rival étant devenu un médecin philanthrope qui soigne gratuitement les pauvres, on peut supposer qu’après avoir été en grand danger face à des appareils de torture terrifiants, le couple sera sauvé par les habitants du village.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

Remarques :
L’affiche, retrouvée depuis, conforme ces craintes…
A noter également, que cette affiche mentionne « 3 bobines » ce qui laisserait que le film est beaucoup plus long, 25/30 minutes! C’est étonnant car Alice Guy faisait semble t-il surtout des 2-bobines à cette époque mais il est possible que, s’agissant d’une adaptation littéraire, la réalisatrice ait opté pour un format plus long.

Remakes :
La chambre des tortures (Pit and the pendulum) de Roger Corman (1961) avec Vincent Price
Le vampire et le sang des vierges (Die Schlangengrube und das Pendel) de Harald Reinl (1967) avec Christopher Lee
Le puit et le pendule (The pit and the pendulum) de Stuart Gordon (1991) avec Lance Henriksen

19 février 2011

The girl in the arm-chair (1912) de Alice Guy

The Girl in the Arm-ChairLui :
(Muet, 10 mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Un fils de bonne famille est appelé par ses parents qui lui présentent une jeune fille qu’ils aimeraient voir épouser. S’il la jeune fille a le coup de foudre en le voyant, ce n’est pas hélas réciproque. Peu après, le jeune homme se voit accablé par des dettes de jeu et vole de l’argent dans le coffre de son père. Ayant surpris la scène alors qu’elle s’était assoupie dans un large fauteuil (d’où le titre), la jeune femme est bien décidée à le sauver du déshonneur… Cette comédie dramatique montre les effets néfastes des jeux d’argent et la suprématie de l’amour qui finit toujours par éclore.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Blanche Cornwall, Mace Greenleaf
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

19 février 2011

The detective’s dog (1912) de Alice Guy

The Detective's DogLui :
(Muet, 8 mn à 18 im/sec = env. 11 mn à l’origine) Un inspecteur de police et sa femme autorisent leur petite fille à garder un gros chien promis à la fourrière. Peu après, sur une enquête, alors qu’il est sur la piste de faux-monnayeurs, l’inspecteur tombe dans un traquenard et se retrouve en fort mauvaise posture, ligoté sur une table de menuisier comportant une scie circulaire à son extrémité… Bonne tension dramatique avec une montée progressive du suspense. Les acteurs jouent avec naturel. The Detective's DogEtonnante scène de la scie circulaire, assez radicale, une scène qui sera reprise de nombreuses fois par la suite au cinéma. La seule copie existante  aujourd’hui (celle du Library of Congress) s’arrête après 8 minutes, on peut supposer qu’il manque environ deux minutes : le détective capture probablement la bande de malfrats…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lee Beggs, Blanche Cornwall, Magda Foy, Darwin Karr
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

18 février 2011

A house divided (1913) de Alice Guy

A House DividedLui :
(Muet, 10 mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Alors qu’il s’est fait asperger de parfum au bureau par un représentant, un homme est suspecté par sa femme lorsqu’il rentre à la maison. De son côté, il la suspecte également après avoir trouvé une paire de gants oubliée par un livreur. Tous deux vont chez l’avocat et signe un pacte où ils décident de vivre « ensemble séparément », c’est-à-dire d’occuper la même maison mais de ne jamais s’adresser la parole… A House Divided est une comédie de mœurs où l’humour est omniprésent. L’acteur qui joue le mari (Fraunie Fraunholz) est très expressif, à la limite de surjouer mais sans jamais franchir la ligne. Les seconds rôles apportent aussi beaucoup d’humour, comme cette secrétaire frénétique mâcheuse de chewin-gum (oui, cela existait déjà). L’ensemble est très frais, bien rythmé et fait inévitablement penser aux futures comédies de Lubitsch et aux futures screwball comedies. C’est assez étonnant. A house divided mériterait d’être remis à la bonne vitesse pour mieux l’apprécier (film vu ici à 18 im/sec).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Fraunie Fraunholz, Marian Swayne
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Ce film fait partie de la période américaine d’Alice Guy, la cinéaste ayant suivi son mari, l’anglais Herbert Blaché qui avait été énvoyé par Gaumont aux Etats-Unis en 1907. Après une interruption de trois ans pour mettre au monde une fille, Alice Guy-Blaché fonde sa propre compagnie de production, la Solax, en 1910 et tourne à nouveau des films. Elle connaitra une grande popularité. Des studios seront construit à Fort Lee, dans le New Jersey, en 1912 (le centre névralgique du cinéma était à Fort Lee à cette époque, avant de se déplacer à Hollywood quelques années plus tard). Après son divorce en 1922, Alice Guy reviendra en France.

18 février 2011

Falling leaves (1912) de Alice Guy

Titre français : « Quand les feuilles tombent »

Falling leavesLui :
(Muet, 8 mn à 18 im/sec = env. 11 mn à l’origine) Nous sommes à l’automne. Une jeune fille, Winifred, est atteinte de tuberculose. Le docteur annonce qu’elle sera morte avant que la dernière feuille ne soit tombée. Pour sauver sa sœur, la toute jeune Trixie va dans le jardin pour rattacher les feuilles aux arbres. Passe alors un médecin-bactériologiste qui vient justement de mettre au point un sérum… Falling Leaves est un mélodrame touchant, propre à vous tirer des larmes, qui eut un très grand succès. Le film est sorti en France. Les plans sont statiques. Le jeu des acteurs est mesuré, donnant de la crédibilité à l’ensemble.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mace Greenleaf, Blanche Cornwall, Marian Swayne, Magda Foy
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Par une terrible ironie du sort, Mace Greenleaf, qui joue ici le médecin-bactériologiste, est mort quelques jours après la sortie du film de pneumonie typhoïde, autre affection pulmonaire infectieuse.

18 février 2011

Greater love hath no man (1911) de Alice Guy

Greater Love Hath No ManLui :
(Muet, 10 mn à 18 im/sec = env. 14 mn à l’origine) Dans une concession de mine d’or au Nouveau Mexique, un nouveau directeur est nommé. C’est le coup de foudre pour la jeune Florence au grand désespoir de Jake qui en était éperdument amoureux. Les chercheurs d’or mexicains du camp trouvent le nouveau directeur ne pèsent pas correctement ce qu’ils ont extrait et menacent… Mêlant action et romance, le scénario de Greater Love Hath No Man est assez élaboré avec deux histoires entremêlées. Greater Love Hath No Man L’ensemble est bien construit avec une bonne montée de la tension dramatique. L’atmosphère far-west est bien rendue dans les scènes d’intérieur, un peu moins bien en extérieurs du fait d’une végétation un peu trop abondante (le film a été tourné dans le New Jersey). On remarque les petites notes d’humour et aussi le reflet de la xénophobie de l’époque.
Note : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Alice Guy sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Alice Guy chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Ce film fait partie de la période américaine d’Alice Guy, la cinéaste ayant suivi son mari, l’anglais Herbert Blaché qui avait été énvoyé par Gaumont aux Etats-Unis en 1907. Après une interruption de trois ans pour mettre au monde une fille et un garçon, Alice Guy-Blaché fonde sa propre compagnie de production, la Solax, en 1910 et tourne à nouveau des films. Elle connaitra une grande popularité. Des studios seront construit à Fort Lee, dans le New Jersey, en 1912 (le centre névralgique du cinéma était à Fort Lee à cette époque, avant de se déplacer à Hollywood quelques années plus tard). Après son divorce en 1922, Alice Guy reviendra en France.