16 mars 2014

Jour de paye (1922) de Charles Chaplin

Titre original : « Pay Day »

Jour de paye(Muet, 21 mn) Alors que son premier long métrage The Kid est déjà un très grand succès, Chaplin doit encore par contrat trois courts métrages à la First National. Ce seront des courts métrages dans l’esprit de ceux de la Mutual, c’est-à-dire un humour typé slapstick avec tout de même une légère connotation sociale. Ce Jour de paye est l’un des trois. Il est en deux parties. Dans la première, Chaplin est ouvrier d’un petit chantier de construction. Plusieurs scènes sont ici assez remarquables, notamment celles où il joue avec le monte-charge et celle où il montre une étonnante dextérité pour attraper à la volée des briques qui sont lui sont lancées. La seconde partie est plus classique : après avoir dépensé sa paye dans bar, il s’efforce de renter chez lui passablement éméché.  Jour de paye Chaplin reprend ici le personnage de l’homme ivre, personnage qu’il connait bien puisque c’est celui qu’il interprétait sur scène à Londres dix ans auparavant et qu’il a repris de nombreuses fois. Il arrive toutefois toujours à trouver de nouveaux développements de gag. Globalement, on peut déceler un certain désenchantement derrière l’humour : la vie de cet ouvrier est loin d’être attrayante. Il doit beaucoup encaisser… Jour de paye a la réputation d’être le meilleur court métrage de Chaplin (1) ce qui, personnellement, me semble loin d’être le cas mais il reste très plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Phyllis Allen, Mack Swain, Edna Purviance
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Remarque :
* Notons que lorsque Jour de paye sort sur les écrans, la Prohibition est déjà en place depuis deux ans.

(1) Cette réputation doit certainement beaucoup au fait que Chaplin ait un jour déclaré que Jour de paye était son court-métrage favori…

19 février 2014

Le Royaume de Tulipatan (1920) de Hal Roach

Titre original : « His Royal Slyness »

Le royaume de Tulipatan(Muet, 2 bobines soit 22 mn) A New York, un vendeur d’encyclopédies se laisse persuader, par le prince d’un lointain royaume dont il est le parfait sosie, d’aller prendre sa place à la cour où il doit épouser une jeune princesse… His Royal Slyness est une variation du thème du Prisonnier de Zenda où un simple quidam doit aller prendre la place d’un noble dans une cour royale. C’est le propre frère d’Harold Lloyd, Gordon Llyod, qui jour le rôle du véritable prince. Il n’est pas crédité au générique, certainement pour alimenter le doute et, effectivement, certains critiques de l’époque louèrent une merveilleuse utilisation de la « double exposition ». Les gags sont nombreux et bien amenés. On notera le petit contenu politique puisque ce pays imaginaire voit éclater une révolution et que nous sommes alors au lendemain de la Révolution russe.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, ‘Snub’ Pollard, Gus Leonard, Noah Young
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Le royaume de TulipatanRemarques :
* Le titre est un beau jeu de mot avec la formule royale His Royal Highness (slyness signifiant « ruse »).
* His Royal Slyness est le quatrième film avec le « glass character » (personnage à lunettes).
* Harold Lloyd avait déjà fait jouer son frère dans Luke’s Double (1916), également une histoire de double.
* Détail amusant : Harold Lloyd fait jouer au même acteur (Gus Leonard) les rôles du roi et d’un agitateur révolutionnaire.
* Harold Lloyd réutilisera le thème de la révolution dans le long métrage Why Worry ? (1923)

Remake :
Vive le roi (Long fliv the King) de Leo McCarey (1926) avec Charley Chase (et Oliver Hardy dans un petit rôle).

4 janvier 2014

Dr. Jack (1922) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Dr. Jack(Muet 59 min) Une jeune fille souffreteuse (Mildred Davis) est maintenue quasiment cloitrée dans une grande maison par un médecin dont les honoraires sont « équivalents à la dette de l’Allemagne » (1). Le conseiller juridique de la famille a l’idée de faire appel à un jeune médecin (Harold Lloyd) qui soigne ses malades avec beaucoup de simple bon sens… Dr. Jack est le premier long métrage d’Harold Lloyd conçu en tant que long métrage (cinq bobines). Ce format lui permet bien évidemment de mieux développer ses personnages. C’est ainsi qu’une bonne première partie nous montre le Docteur Jack faire preuve d’une certaine débrouillardise pour soigner ses malades. Tout au long du film, les gags sont extrêmement nombreux, c’en est même assez étonnant. Une longue et frénétique poursuite à l’intérieur de la maison clôt le film, elle est assez remarquable par ses trouvailles multiples (avec une mention spéciale pour le chien). Dr. Jack ne fait pas partie des films les plus connus d’Harold Lloyd mais pourtant il ne dépare en rien la filmographie de ce grand comique du cinéma muet.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Eric Mayne
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Remarque :
* Le générique de début est très original pour l’époque  : il est écrit sur une sorte de cahier (il s’agit en fait d’un cahier d’ordonnance de médecin tel qu’ils étaient à cette époque) dont les pages sont arrachées une à une.

(1) Nous sommes au lendemain du traité de Versailles qui, à l’issue de la Première Guerre mondiale, a imposé à l’Allemagne un lourd paiement des réparations.

15 décembre 2013

Le Manoir hanté (1920) d’Hal Roach et Alfred J. Goulding

Titre original : « Haunted Spooks »

Le manoir hanté(Muet 25 min) Une jeune fille sans le sou hérite d’un grand domaine à la condition qu’elle y vive pendant au moins un an avec son mari. Elle n’est pas mariée. Au même moment, The Boy (Harold Lloyd) est désespéré à la suite d’un chagrin d’amour… Dans une première moitié du film, nous suivons les péripéties d’Harold Lloyd dans sa tentative d’épouser une jeune fille riche et oisive qui, au final, se désintéressera de lui. Il tente de prendre de vitesse un autre prétendant et il y a beaucoup de belles trouvailles d’humour ; les tentatives de suicide sont assez savoureuses. Le manoir hantéMais, c’est la seconde moitié qui est restée la plus célèbre, celle où Harold Lloyd et Mildred Davis se retrouvent dans une grande demeure prétendument hantée, ce qui est l’occasion de placer de très nombreux gags dont le célèbre gag des cheveux qui se dressent sur la tête. A noter que c’est pendant le tournage de Haunted Spooks qu’Harold Lloyd eut son grave accident à la main (1). Il y eut donc une interruption de cinq mois pendant le tournage sans que cela soit vraiment décelable à l’écran.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Wallace Howe
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Le manoir hantéRemarques :
* On peut comparer Haunted Spooks avec The Haunted House de Buster Keaton (1921) qui est lui est postérieur d’un an environ.
* Comme c’est hélas souvent le cas à cette époque, on peut déceler une pointe de racisme dans quelques gags. Les domestiques à peau noire sont représentées comme étant des personnes très peureuses et prêtes à croire n’importe quoi.

(1) En août 1919, alors qu’il est en plein tournage de la grande scène du trajet automobile de Haunted Spooks, Harold Lloyd se rend à une séance photo pour un journal. L’une des poses qu’il doit prendre est d’allumer négligemment une cigarette avec la mèche allumée d’une bombe qu’il tient à la main. Du fait d’une incompréhensible erreur d’accessoire, il se retrouva avec une vraie bombe dans la main. L’explosion fut terrible, le blessant au visage et lui arrachant le pouce et l’index de la main droite. Pendant tout le restant de sa carrière, Harold Lloyd utilisera une prothèse très bien faite, cachée par un gant couleur chair, pour que cela ne se remarque pas à l’écran et il utilisera beaucoup sa main gauche. Toutes les prouesses acrobatiques qu’il fit par la suite paraissent d’autant plus extraordinaires quand on sait qu’il n’avait plus que trois doigts valides à la main droite.

11 octobre 2013

Noix de coco (1929) de Robert Florey et Joseph Santley

Titre original : « The Cocoanuts »

The CocoanutsA l’époque de la bulle immobilière des années vingt en Floride, un directeur d’hôtel tente de vendre aux enchères des terrains marécageux… The Cocoanuts est le premier film des Marx Brothers, basé sur leur show du même nom qui avait connu un immense succès à Broadway et dans le reste du pays. C’est un musical, c’est-à-dire que régulièrement des chansons ou des danses de chorus grils à la chorégraphie élaborée viennent ponctuer le récit assez farfelu et plein d’humour. C’est surtout Harpo et Groucho qui sont les plus actifs, Chico étant ici plutôt discret (très beau morceau de piano toutefois) et Zeppo quasi inexistant. Les dialogues entre Groucho et Margaret Dumont sont comme toujours assez savoureux. Le film a été tourné au tout début du parlant et donc les caméras sont statiques. The Cocoanuts est le film des Marx Brothers le plus mal conservé, certains (courts) passages sont un peu détériorés. Cela ne l’empêche pas d’être toujours très amusant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Zeppo Marx, Oscar Shaw, Mary Eaton, Kay Francis, Margaret Dumont
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Remarques :
* Peu habitués à se voir au cinéma, les Marx Brothers furent si mécontents du résultat qu’ils proposèrent de racheter les négatifs pour les brûler.
* Robert Florey est un français (alors âgé de 29 ans) qui avait été assistant de Louis Feuillade avant d’émigrer aux Etats-Unis au début des années vingt.
* The Cocoanuts est le premier film avec un plan sur des danseuses filmées du dessus afin de former des motifs kaléidoscopiques. Busby Berkeley utilisera largement ce type de vision par la suite.
* Reprise de nombreuses fois dans le film, la chanson When my Dreams Come True composée par Irving Berlin n’a pas été le hit escompté.
* Les caméras étaient alors enfermées dans un grand caisson insonorisant qui empêchaient tout mouvement et tout panoramique latéral. Des traits à la craie avaient été tracés sur le sol pour que les personnages ne sortent pas du champ. Beaucoup de scènes ont été tournées avec cinq caméras pour permettre d’avoir plusieurs plans.
* Pour que les paroles soient bien compréhensibles, les micros d’alors étaient poussés au maximum et de ce fait les bruitages étaient enregistrés trop forts. C’est ainsi que tous les papiers étaient détrempés avant de tourner afin qu’ils ne fassent aucun bruit. C’est particulièrement visible lors de la fameuse scène entre Groucho et Chico avec la grande carte (« Viaduct… why a duck ? »).

Homonyme :
Noix de coco de Jean Boyer (1939) avec Raimu et Michel Simon

23 septembre 2013

Smithy (1924) de George Jeske

Titre français parfois utilisé : « Un gars du bâtiment »

Smithy(muet, 24 minutes) Rendu à la vie civile, un ancien soldat se fait embaucher sur un chantier de construction… Après un prologue à l’armée où Stan Laurel et James Finlayson s’affrontent hélas un peu trop brièvement, Smithy se déroule essentiellement sur le chantier de construction d’une maison. Stan Laurel apparaît ici sans son futur partenaire Oliver Hardy puisque le duo ne se formera que deux ans plus tard. L’humour est dans une veine d’humour pur slapstick, on se prend des coups et des objets divers sur la tête. Il y a quelques bons gags avec une échelle et aussi dans la queue d’embauche. Stan Laurel est ici totalement impassible, rappelant ainsi quelque peu Buster Keaton. Production Hal Roach.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, James Finlayson
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Remarques :
Il est intéressant de comparer le film avec ce que feront Stan Laurel et Oliver Hardy quatre ans plus tard sur un thème très similaire : Laurel et Hardy constructeurs (The Finishing Touch, 1928) de Clyde Bruckman et Leo McCarey. Un film bien plus abouti.

22 septembre 2013

Faust (1926) de F.W. Murnau

Titre original : « Faust – Eine deutsche Volkssage »

FaustLe démon Méphistophélès se targue auprès de l’archange Gabriel de pouvoir corrompre l’esprit du vieux docteur Faust et l’asservir. Pour le prouver, il descend lui-même sur terre et va proposer à Faust de retrouver sa jeunesse… Le Faust de Murnau est l’adaptation la plus remarquable de cette légende créée par Goethe. C’est le dernier film allemand de Murnau (1), pour lequel il a bénéficié de moyens colossaux de la part de l’UFA qui désirait frapper un grand coup sur le marché américain. Le perfectionnisme du réalisateur se ressent à tous les niveaux. L’image est assez remarquable, avec de superbes scènes en clair-obscur et de très beaux effets de brumes qui créent une atmosphère forte. Les effets spéciaux montrent aussi une certaine perfection (pour l’époque, bien entendu) ; certaines scènes sont particulièrement saisissantes, telle celle où Méphistophélès étend sa grande cape noire sur la ville de Faust ; Faust la scène de vol (réalisée avec des maquettes) est, quant à elle, magique. L’histoire est un peu réduite, sans doute un peu trop centrée sur l’histoire d’amour entre Faust et Gretchen. On peut aussi regretter le jeu parfois excessif d’Emil Jannings (2) et se demander si le personnage de la tante était bien nécessaire (3). Mais cela n’altère en rien sa valeur : Faust est, par la puissance évocatrice de son atmosphère fantastique, l’un des films les plus importants du cinéma muet.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gösta Ekman, Emil Jannings, Camilla Horn, Wilhelm Dieterle, Yvette Guilbert
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Voir les autres films de F.W. Murnau chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Lorsque Wilhelm Dieterle (qui interprète ici le frère de Gretchen) émigrera aux Etats Unis en 1930, il prendra le nom de William Dieterle pour faire une belle carrière de réalisateur (voir les films de William Dieterle chroniqués sur ce blog).

(1) Murnau ira s’installer aux Etats Unis avant même la sortie du film.
(2) A noter que Emil Jannings avait déjà interprété le rôle de Méphistophélès au théâtre.
(3) Le personnage de la tante de Gretchen est interprété par l’actrice française Yvette Guilbert et son inclusion était surtout destinée au public français. L’UFA voulait vraiment faire de Faust un succès international.

Principales autres adaptations du mythe de Faust :
Faust et Marguerite de Georges Méliès (1897)
La Damnation du Docteur Faust de Georges Méliès (1904)
La beauté du diable de René Clair (1950) avec Gérard Philipe et Michel Simon
Doctor Faustus de Richard Burton et Nevill Coghill (1967) avec Richard Burton et Elizabeth Taylor
Faust d’Alexandre Sokurov (2011)

19 septembre 2013

L’Éventail de Lady Windermere (1925) d’Ernst Lubitsch

Titre original : « Lady Windermere’s Fan »

Lady Windermere's Fan(Film muet) Dans la haute société de Londres, Lord et Lady Windermere occupent une place de premier plan. Un matin, Lord Windermere reçoit une étrange lettre : une certaine Mrs Erlynne demande à le rencontrer pour éviter que certaines informations fâcheuses ne soient divulguées. Il se rend à son domicile… La pièce d’Oscar Wilde, L’Éventail de Lady Windermere, a été portée à l’écran (grand et petit) de nombreuses fois mais la version de Lubitsch reste la plus remarquable. La pièce écrite pour le théâtre comporte une grande quantité de textes et l’adapter en film muet est en soi une gageure. Lubitsch y parvient magnifiquement, de surcroit avec très peu d’intertitres : il réussit à tout dire par l’image, jouant beaucoup avec l’espace, les mouvements de caméra, le déplacement des personnages. La démesure des décors est assez notable : nous sommes dans la haute société et les pièces sont tellement hautes qu’il est impossible d’entrevoir le haut des fenêtres ou des portes (1). Lady Windermere's Fan Lubitsch a modifié quelque peu l’histoire originale mais en a gardé l’esprit, une satire des relations sociales bourgeoises, de l’hypocrisie et de la mesquinerie. A l’inverse des personnages, le spectateur est omniscient : Lubitsch nous dit tout et nous mesurons ainsi à quel point les personnages se trompent et tirent des conclusions erronées à partir d’informations partielles. Le drame et la comédie sont en symbiose, les touches d’humour sont constantes, inventives, subtilement entremêlées au drame qui se déroule devant nous. L’Éventail de Lady Windermere est un vrai petit bijou.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Irene Rich, May McAvoy, Bert Lytell
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.

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(1) A la vue de ces décors, la fameuse phrase « Doors ! Doors ! Doors ! » de Mary Pickford revient à l’esprit. L’actrice, qui avait joué deux ans plus tôt dans Rosita (1923), le premier film américain de Lubitsch, se plaignait qu’il s’intéresse plus aux portes qu’à elle. Elle l’avait qualifié de « director of doors ».

Autres adaptations :
Lady Windermere’s Fan de Fred Paul (1916)
Lady Windermeres Fächer de l’allemand Heinz Hilpert (1935) avec Lil Dagover
Historia de una mala mujer de l’argentin Luis Saslavsky (1948) avec Dolores del Rio
L’Éventail de Lady Windermere (The Fan) d’Otto Preminger (1949) avec Jeanne Crain, Madeleine Carroll et George Sanders
La séductrice (A Good Woman) de Mike Barker (2004) avec Helen Hunt et Scarlett Johansson

22 juillet 2013

The Farmer’s Wife (1928) de Alfred Hitchcock

Titre français : « Laquelle des trois ? »

Laquelle des trois?Samuel Sweetland, propriétaire terrien, se retrouve seul dans sa ferme après le décès de sa femme et le mariage de sa fille. Mitra, sa jeune et fidèle servante, veille à la bonne marche de la maison. Lorsqu’il décide de se remarier, Mitra l’aide à faire la liste des candidates… The Farmer’s Wife est l’adaptation d’une pièce de théâtre d’Eden Phillpotts qui fut très populaire à Londres. Il s’agit d’une comédie qui comportait beaucoup de textes et le challenge pour Hitchcock fut de réduire au maximum le nombre d’intertitres. Il y parvint parfaitement en accentuant les effets comiques avec les personnages secondaires, notamment le commis de ferme. La scène de la réception chez la vieille fille regorge de petits détails comiques, elle est d’une grande densité. Pour la photographie, Hitchcock est toujours inspiré par le style des expressionnistes allemands ce qui nous vaut de belles scènes (lorsque que son chef opérateur, Jack Cox, est tombé malade, c’est Hitchcock lui-même qui a dû le remplacer). En réalité, le seul point faible de The Farmer’s Wife est l’histoire en elle-même, gentiment simplette, mais le traitement qu’en fait Hitchcock rend le film assez plaisant. (Film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jameson Thomas, Lillian Hall-Davis, Gordon Harker
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Remarque :
Le film a une durée de 97 minutes. Assez étrangement, la version américaine dure 129 minutes, la différence n’étant due qu’à la vitesse de défilement : 18 images/sec au lieu de 24. Tout y est donc plus lent… très très lent…

Remake :
The Farmer’s Wife de Leslie Arliss et Norman Lee (UK, 1941) avec Basil Sydney (film perdu, semble t-il)

20 juillet 2013

The Ring (1927) de Alfred Hitchcock

Titre français : « Le Masque de cuir »
Autres titres français : « La Piste », « L’Arène »

Le masque de cuirDans une attraction foraine, le boxeur ‘One-Round’ Jack Sander affronte n’importe quel spectateur, qu’il envoie au tapis en moins d’une reprise. Il est très épris de la jeune femme qui vend les tickets. Mais il tombe sur forte partie lorsque Bob, un vrai champion de boxe, s’intéresse à la même jeune femme… The Ring traite d’un sujet plutôt inattendu chez Hitchcock : la boxe. Le scénario qu’il a écrit ne comporte aucune crime, c’est un drame sentimental reposant sur le triangle amoureux classique : deux hommes épris de la même femme. Le masque de cuirLe fait qu’ils soient boxeurs permet de donner une traduction vraiment physique à cette lutte. Le film est surtout remarquable par les trouvailles et expérimentations d’Hitchcock qui jalonnent le film. Il parvient à faire passer tant de choses par ses images qu’il n’y a qu’assez peu d’intertitres. Il parvient même à faire passer des sons par ses images. Le réalisateur a particulièrement soigné la scène finale de boxe : il multiplie les angles de prises de vue, du plus large au plus serré, il y a même un court passage en caméra subjective. Le montage est très habile. Sur le plan de la photographie, on peut remarquer l’influence de l’expressionnisme allemand, Hitchcock ayant trouvé le chef opérateur qui lui permet d’obtenir exactement ce qu’il souhaite : Jack Cox. Grâce à toutes ces trouvailles et innovations, The Ring connut un très bon accueil de la critique mais le succès auprès du public fut bien plus mitigé. (Film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Brisson, Lillian Hall-Davis, Ian Hunter
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Remarque :
Le titre The Ring fait référence à trois éléments du film : le ring de boxe, la bague au doigt, le bracelet rond offert (en revanche, on peut se demander à quoi fait référence le titre français, car personne ne porte de masque de cuir…)